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Demons & Angels

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50 states of American Dream

 
Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Une discussion qui s'imposeMer 8 Déc - 17:34
La soirée avait été épuisante pour Eugène comme pour Fanella. Elle lui avait proposé de rester tandis qu’elle se reposait et il n’aurait voulu être ailleurs pour rien au monde. Tant qu’elle était aux alentours, il se sentait en sécurité. Retourner au laboratoire et la laisser seule au fond de son lit après ce qu’ils venaient de partager risquait de lui rappeler sa douloureuse expérience avec Tanner une nouvelle fois. Alors il avait veillé sur Fanella comme un bon fantôme cette nuit-là. A défaut de lui offrir une étreinte rassurante et chaleureuse, il avait subtilement usé de ses pouvoirs pour accroitre doucement la pression sur la couette grise sous laquelle s’était réfugiée son amie, qu’elle puisse s’y sentir emmitouflée, bien au chaud et protégée. Il aurait pu lui éviter les cauchemars qui semblaient la hanter, bien évidemment, mais l’esprit choisit de ne pas céder à la facilité. Il savait bien que ces rêves chaotiques étaient une manière pour l’esprit de se confronter et de digérer ce qu’il ne voulait pas voir ; un mal pour un bien donc. Parfois il fallait accepter de laisser le temps au temps.

Il avait passé le reste de la nuit à la fenêtre, observant les lumières, partageant les pensées d’inconnus qui traversaient brièvement la rue au loin. Perdu dans ses pensées, tournées à la fois vers le passé et les souvenirs qui venaient de ressortir mais aussi vers le futur, il se sentait bien solitaire à ne pas pouvoir dormir. Et lorsqu’il aurait de nouveau un corps, parviendrait-il a se laisser aller au sommeil à nouveau ? Cela lui semblait inconcevable d’être capable de s’habituer à ces sensations vivantes perdues depuis plus de 60 ans. Du moins rapidement, mais alors combien de temps cela prendrait-il ? Allait-il ne serait-ce que savoir comment respirer, encore ? La nuit était plus courte que toute cette appréhension qui régnait dans son esprit. D’autant que le lendemain il fallut mettre quelque peu ses inquiétudes de côté pour retourner au laboratoire avec Fanella et se concentrer sur leur futur voyage au Kazakhstan. Cela l’aidait à se rappeler qu’il fallait procéder étapes par étapes et commencer par réussir à s’acheminer jusqu’à l’autre bout du monde, ce qui n’était pas une mince affaire.

Eugène laissait à la chercheuse le soin de s’occuper de tout cet aspect technique. A part servir de guide une fois sur place, il avait bien peur de ne pas être d’une très grande utilité. Cela dit, une fois au laboratoire et voyant Fanella bien affairée avec ses réunions, il se rappela de Jonathan et des drôles d’émotions qui l’avaient animé, la dernière fois qu’ils s’étaient vus. Il semblait très proche de la scientifique, peut-être suffisamment pour qu’il lui fasse confiance et il était vrai qu’il aurait déjà pu passer un peu de temps avec lui pour faire plus ample connaissance. Depuis l’incident avec Tanner, Eugène avait décidé de ne plus rien laisser au hasard et surtout pas un sentiment négatif. Il s’était promis d’aller lui parler lorsqu’il aurait un peu de temps et il en avait, dorénavant. Il avait donc pris congé auprès de son amie toujours très occupée pour se rapprocher de la présence du second du laboratoire, qui semblait être dans son bureau.

Devant la porte, il chassa l’inquiétude et cette sale habitude de se dire que ce qu’il avait ressenti quelques jours auparavant était tourné contre lui. En réalité, il n’en savait rien. C’était pour tenter de comprendre qu’il était là. Le fantôme toqua à la porte, où plutôt usa de ses pouvoirs pour provoquer un tapotement puisque sa main aurait tout simplement traversé le matériau. Lorsque Jonathan lui confirma qu’il pouvait entrer, il émergea de la porte comme si elle avait été ouverte, ou n’avait jamais existé. Il ne savait pas sur quoi allait aboutir cette conversation mais il était presque aussi curieux que le soir où il avait rencontré Fanella pour la première fois.

- Bonjour, Jonathan, lui lança-t-il avec un petit sourire. J’espère que je ne vous dérange pas, je voulais… prendre un peu le temps de discuter avec vous, si c’est possible, faire plus ample connaissance… je me suis rendu compte que je n’en ai pas eu l’occasion depuis que je suis là.

Cela ne faisait peut être que quelques jours qu’il arpentait le monde des vivants mais cette expérience était si nouvelle et intense qu’elle aurait pu déjà s’étaler sur des mois à ses yeux. Si Jonathan lui en voulait de n’être pas venu plus tôt, c’était tout à fait justifié. Son esprit réfléchissait à toute vitesse sur la formulation à employer pour aborder le sujet qui le préoccupait. Il savait plus ou moins faire preuve de tact, tout autant qu’il prenait les choses à cœur.

- Je ne voudrais pas vous importuner mais… je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous sembliez fâché lorsque je suis parti avec Fanella l’autre jour alors je voulais être sûr que… ce ne soit pas de ma faute. Ça me travaille un peu, pour ne rien vous cacher. Il soupira un instant, visiblement mal à l’aise. Ah je suis désolé… peut-être que je suis un peu parano après ce qui est arrivé avec Tanner, je voudrais juste… que tout se passe bien, ne causer de désagréments à personne.

Il avait toujours cette impression fugace d’avoir ressenti de la jalousie mais il ne pouvait en être sûr puisque l’instant avait été rapide et que cette émotion n’avait pas été la sienne. Il en aurait vite le cœur net. Il n’y avait après tout rien qu’une discussion honnête ne puisse arranger, n’est-ce pas ?
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: Une discussion qui s'imposeJeu 9 Déc - 23:33
Depuis que les dates du voyage avaient été annoncées, Jonathan était débordé de travail. Fanella se concentrait sur l’aspect scientifique des choses et travaillait d’arrache pied avec les équipes techniques pour rendre plus légers les appareils de mesure. De son côté, il devait gérer une bonne partie de la logistique ce qui n’était pas une mince affaire.

Il se désespéra lorsqu’il entendit frapper, espérant qu’on allait pas venir lui poser une énième question sur l’organisation à laquelle il n’avait pas pensé.  D’ordinaire Jonathan détestait les voyages scientifiques. Mais cette fois, malgré le sentiment habituel qu’il n’en verrait jamais le bout, il se sentait enthousiaste. S’ils parvenaient à leur fin, cela marquerait l’histoire d’une manière ou d’une autre. Comme ça, il se consolait de la tristesse qu’il ressentait depuis quelques temps.

— Entrez,
dit-il en poussant quelque peu les papiers sur son bureau.

Il sursauta quand la silhouette d’Eugène traversa la porte. Jamais il ne s’y ferait de toute évidence. Vraiment la dernière personne qu’il avait envie de voir mais il se força à se mettre à l’écoute, malgré ses bras qui se croisaient sur sa poitrine.

- Bonjour, Jonathan, commença le fantôme avec un petit sourire. J’espère que je ne vous dérange pas, je voulais… prendre un peu le temps de discuter avec vous, si c’est possible, faire plus ample connaissance… je me suis rendu compte que je n’en ai pas eu l’occasion depuis que je suis là.

Faire connaissance avec Eugène était la dernière chose que Jonathan voulait. Il savait déjà à quel point il était exceptionnel, attentionné, gentil. Le type avait même sauvé l’humanité qu’y avait-il à savoir de plus sur lui ? Il se força à lui rendre son sourire.  Si seulement le fantôme avait pu lui donner une vraie raison de le détester, cela aurait été beaucoup plus simple.

- Vous ne me dérangez pas, non j’étais en train de finir les préparatifs,
dit-il un peu plus froidement qu’il l’aurait voulu.

La fantôme prit la parole à nouveau, beaucoup plus sérieux tout à coup.

- Je ne voudrais pas vous importuner mais… je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vous sembliez fâché lorsque je suis parti avec Fanella l’autre jour alors je voulais être sûr que… ce ne soit pas de ma faute. Ça me travaille un peu, pour ne rien vous cacher.

Un poids tomba dans la gorge de Jonathan. Avait-il été si direct ? Et Fanella s’était-elle aperçue de quelque chose ? En tout cas il s’en voulait d’avoir laissé paraître sa colère mal placée d’homme frustré. Eugène ne semblait pas lui tenir rigueur de son comportement. Pire encore, il semblait désolé.  N’avait-il décidément aucun défaut ?

- Ah je suis désolé… peut-être que je suis un peu parano après ce qui est arrivé avec Tanner, je voudrais juste… que tout se passe bien, ne causer de désagréments à personne.

L’idée qu’il ait pu seulement être rapproché en pensée de Tanner poussa Jonathan à soupirer à son tour et à avouer la vérité. Après tout ils allaient faire un voyage difficile ensemble. Si l’on mettait les choses personnelles de côté, mieux valait qu’Eugène lui fasse confiance, et inversement.

- Ecoutez, c’est moi qui suis désolé, expliqua Jonathan piteusement, je me comporte comme un collégien attardé.

Il se leva pour aller s’assoir sur son bureau un peu plus près d’Eugène, pour qu’il puisse voir son visage et sentir qu’il ne mentait pas.

- Si vous pouvez m’écouter sans m’interrompre, je vais vous expliquer et comme ça nous pourrons partir tous les deux en étant tranquilles…

Jonathan prit une grande inspiration. Il allait se couvrir de honte mais c’était la chose honnête à faire.

- J’aime Fanella depuis le jour où je l’ai rencontrée, commença-t-il, à l’entretien d’embauche qu’elle m’a fait passer pour travailler ici.

Le souvenir lui arracha un sourire amer.

- Elle était tellement gentille et en même temps si mesurée…Enfin… j’ai tout essayé pour me rapprocher d’elle. J’y suis parvenue en partie, je dirais que je suis devenu son ami, je pense avoir été la seule personne à porter ce titre pendant longtemps. Mais elle n’a jamais voulu qu’on se voit en dehors de travail et encore moins que je l’accompagne chez elle.

Jonathan eut un petit rire. Il se souvenait toutes les fois où il était resté tard, juste pour rester auprès d’elle, sentir son émulsion intellectuelle le contaminer. Il se souvenait les invitations à prendre un verre, ou au restaurant qu’elle avait effacées d’un petit rire. Il n’avait jamais vraiment pu lui en vouloir.

- De toute façon Fanella ne va presque jamais chez elle, elle passe sa vie ici, au laboratoire, jour et nuit. Parfois je me demande si elle dort. J’avais fini par me faire une raison et me dire qu’un être comme elle ne s’intéresse pas à l’amour, comme si elle était au dessus de ça, en quelques sortes. Je m’étais fait une raison, jusqu’à ce que vous arriviez. Depuis que vous êtes là, elle sort, elle rentre chez elle.


Jonathan se souvient la discussion qu’ils avaient eu, lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle devait aller chez sa mère pour se reposer. Il s’était brusquement rappelé qu’elle avait des émotions et il avait découvert à quel point elle pouvait être sensible.

- Je crois que je n’oublierais jamais ce qu’elle m’a dit…le soir du jour où… le tour noir. Elle pleurait tellement. Je ne l’avais jamais vue dans cet état. Bien sûr n’importe qui aurait été très triste à sa place, nous l’étions tous parce que nous étions presque surs de ne jamais vous revoir mais… c’était différent, c’était quelque chose d’autre.

Le chercheur du faire un effort pour se souvenir de ses mots exacts. Il entendait encore sa petite voix mouillée par les larmes qui disait « Tu ne comprends pas Jonathan, personne ne me connait comme lui ». Malgré lui, Jonathan laissa un peu d’animosité transparaître dans son expression.

- Elle a dit que personne ne la connaissait comme vous. Et depuis ce jour, moi, je me demande quel est votre secret. Qu’est ce que vous lui avez fait exactement ? Vous avez passé peu de temps ensemble après tout et pourtant, elle a le sentiment que vous partagez une forme de connexion, qui serait impossible avec une autre personne.

Jonathan détourna le regard parce que c’était le plus difficile pour lui à reconnaître.

- Ce que je veux dire, c’est que Fanella vous aime. Depuis qu’elle vous connaît elle ne jure que par vous. Elle ne s’en rend peut-être pas compte encore mais je sais reconnaître l’amour quand je le vois. Elle vous aime. C’est juste dur pour moi de me faire à cette idée. Je suppose que j’aurais du me douter qu’elle ne pourrait pas se contenter d’un simple mortel. Il lui fallait quelqu’un qui vienne d’un autre monde, capable de refermer les trous noirs.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Une discussion qui s'imposeVen 10 Déc - 17:01
Eugène avait très vite senti que sa présence dans le bureau de Jonathan n'était pas vraiment la bienvenue et il avait tenté de contenir l’inquiétude qui montait en lui. Il n'avait pas rêvé, il y avait donc bien un problème quelque part et il en faisait partie. Sachant cela, il trouvait horrible d'imposer au scientifique une discussion même s'il la jugeait nécessaire. Il fallait crever l'abcès avant qu'il n'enfle. Et pour autant, les pensées qui parcoururent l'esprit de son interlocuteur ne lui apportèrent que de la confusion. Attentionné et gentil d'accord mais exceptionnel ? Comment pouvait-il se sentir si négatif en sa présence et le trouver exceptionnel ? Comme un seau d'eau glacée se déversant sur lui, Eugène comprit qu'il avait vu juste et que Jonathan était bel et bien jaloux. Tel était le malaise qu'il faisait planer et la culpabilité naissait déjà.

- Ecoutez, c’est moi qui suis désolé, je me comporte comme un collégien attardé. Si vous pouvez m’écouter sans m’interrompre, je vais vous expliquer et comme ça nous pourrons partir tous les deux en étant tranquilles…

Le fantôme pressentait que cette discussion n'allait pas lui plaire. Tout était un peu confus et son appréhension n'aidait pas à trier rationnellement ce qu'il pressentait. Eugène se força à prendre une grande inspiration tandis que Jonathan s'installait sur son bureau. Tous les deux partageaient à présent ce sentiment d'être parfaitement ridicule.

- Très bien, acquiesça le médium avec inquiétude.

Pas d'interruption donc même s'il aurait d'ores et déjà voulu lui dire qu'il n'avait rien d'un adolescent frustré et que tout ce qu'il ressentait était sans doute justifié. Mais s'il acceptait de s'expliquer, il se devait de l'écouter dans le plus respectueux des silences. Eugène fit donc lui-même mine de s’asseoir dans le fauteuil devant le bureau.

- J’aime Fanella depuis le jour où je l’ai rencontrée, à l’entretien d’embauche qu’elle m’a fait passer pour travailler ici. Elle était tellement gentille et en même temps si mesurée…Enfin… j’ai tout essayé pour me rapprocher d’elle. J’y suis parvenue en partie, je dirais que je suis devenu son ami, je pense avoir été la seule personne à porter ce titre pendant longtemps. Mais elle n’a jamais voulu qu’on se voit en dehors de travail et encore moins que je l’accompagne chez elle.

Le souvenir de l’entretien percuta Eugène de plein fouet mais il était déjà plus ou moins préparé à une annonce de ce genre. Il se sentit triste que les choses n’aient pas mieux tourné pour Jonathan. Il pouvait être si compliqué d’avoir un brin de chance en amour. Il fit de son mieux pour rester stoïque derrière ses lunettes et la position assise de façade qu’il tenait au-dessus de la chaise. Bien sûr qu’il était devenu son ami, l’esprit de Fanella était clair à ce sujet. C’est parce qu’il était son ami qu’Eugène avait voulu éclaircir les choses et l’intégrer aux secrets que seule la chercheuse connaissait.

- De toute façon Fanella ne va presque jamais chez elle, elle passe sa vie ici, au laboratoire, jour et nuit. Parfois je me demande si elle dort. J’avais fini par me faire une raison et me dire qu’un être comme elle ne s’intéresse pas à l’amour, comme si elle était au-dessus de ça, en quelques sortes. Je m’étais fait une raison, jusqu’à ce que vous arriviez. Depuis que vous êtes là, elle sort, elle rentre chez elle.

Evidemment, c’était logique. Le vieux fantôme débarquait au milieu de leur vie et soudainement, Fanella faisait tout ce qu’elle avait refusé au jeune homme. Il aurait été en colère et amer à sa place aussi. Il ne put s’empêcher de baisser les yeux, accusant le coup même si sachant pertinemment qu’il n’était pas totalement responsable des choix et de l’engouement de la jeune femme. Il avait peut être juste attisé la flamme.

- Je crois que je n’oublierais jamais ce qu’elle m’a dit…le soir du jour où… le tour noir. Elle pleurait tellement. Je ne l’avais jamais vue dans cet état. Bien sûr n’importe qui aurait été très triste à sa place, nous l’étions tous parce que nous étions presque surs de ne jamais vous revoir mais… c’était différent, c’était quelque chose d’autre. Elle a dit que personne ne la connaissait comme vous. Et depuis ce jour, moi, je me demande quel est votre secret. Qu’est ce que vous lui avez fait exactement ? Vous avez passé peu de temps ensemble après tout et pourtant, elle a le sentiment que vous partagez une forme de connexion, qui serait impossible avec une autre personne.

Eugène avait eu un aperçu de ce qu’avaient été les jours qui avaient suivi la fermeture du trou noir dans l’esprit de Fanella mais les souvenirs que Jonathan s’en faisait complétaient un autre côté du tableau. Une grande partie de lui regrettait vraiment de ne pas s’être défendu. Il ne serait pas là à souffrir sporadiquement et sa disparition n’aurait pas fait pleurer Fanella. Qui saurait dire maintenant ce qui aurait pu arriver ? Il aurait voulu répondre tout de suite à Jonathan car il était évident qu’il ne pouvait plus lui cacher ce qui rendait sa relation avec la chercheuse si spéciale mais ce dernier semblait avoir encore des choses à dires. Des choses dont Eugène se doutait, mais qu’il appréhendait d’entendre presque autant que de retrouver son corps. Pourquoi fallait-il que cette discussion prenne la pire tournure qu’il pouvait anticiper ?

- Ce que je veux dire, c’est que Fanella vous aime. Depuis qu’elle vous connaît elle ne jure que par vous. Elle ne s’en rend peut-être pas compte encore mais je sais reconnaître l’amour quand je le vois. Elle vous aime. C’est juste dur pour moi de me faire à cette idée. Je suppose que j’aurais du me douter qu’elle ne pourrait pas se contenter d’un simple mortel. Il lui fallait quelqu’un qui vienne d’un autre monde, capable de refermer les trous noirs.

Son visage s’était décomposé comme si Jonathan l’avait giflé ou poussé au fond d’un lac gelé. Il voulut d’abord tout réfuter en bloc, expliquer à quel point c’était absurde, répondre à tout en même temps et il se perdit dans une vague de panique qui le fit traverser le fauteuil avant de se mettre à flotter jusqu’au plafond. Fanella n'avait pas besoin d'un super héros ou d'un fantôme. Refermer des trous noirs, il s'en serait passé. Jonathan le faisait passer pour un surhomme alors qu'il était juste l'esprit désincarné d'un dépressif contre lequel s'agglutinait les morts et dont la vie avait été jalonnée par la folie, la guerre et la souffrance. Rien de très glamour.

- Oh… oh non… gémit-il d’une voix blanche presque au bord des larmes en prenant sa tête entre ses mains.

Il n’avait rien remarqué alors il ne pouvait pas avoir raison. Une petite voix dans sa tête argua que pour Joy aussi, il était resté sourd à tous les signes. Et des signes, il y en avait, si on y repensait sous cet angle. Il l’avait séduite puis n’avait eu de cesse de partager les sentiments et souvenirs de sa vie passée avec sa femme. Qu’avait-elle bien pu en penser ? Mais quel horrible monstre il faisait. Non, il fallait arrêter de se culpabiliser. Il n’avait jamais voulu ça, c’était peut-être un autre larsen qui les avait piégés tous les deux et qu’aucun des deux n’avait senti. Il n’en savait rien. Eugène prit le temps de respirer profondément pour se rappeler que l’impression de mort imminente qu’il ressentait n’était due qu’à la panique face à quelque chose qu’il ne contrôlait pas. Une panique qui n’avait peut-être pas lieu d’être à ce moment précis, puisqu’il avait un interlocuteur qui attendait certainement des réponses.

- Juste... une seconde, lâcha-t-il d’une voix blanche. Que je remette les choses en ordre.

Il fallait faire le tri entre les faits et les émotions. Les choix et les conséquences. Se souvenir de la différence entre ce que l’on pense et ce que l’on dit, comme Fanella l’avait fait. La situation dans laquelle il avait mis ces deux jeunes gens le peinait horriblement mais il fallait mettre de côté ses sentiments pour se concentrer sur Jonathan. Il s’était ouvert à lui et ne méritait pas qu’Eugène se referme égoïstement sur son propre ressenti. Il se força à redescendre du plafond et à reprendre un semblant de contenance, rassemblant ses pensées le plus calmement possible. Il fallait repartir depuis le début.

- Je suis vraiment désolé Jonathan, je ne voulais pas m'immiscer de cette manière dans votre vie et tout a été si précipité… Je ne me suis pas… vraiment rendu compte de ce qu’il se passait.

Quel comble pour un télépathe tel que lui, d’être aussi fermé. Il continuait malgré tout de penser que s’il n’avait rien remarqué, c’était parce qu’il n’y avait rien, justement. Etait-ce des pensées là uniquement pour le rassurer ou ce constat était-il fidèle à la réalité ? Le pauvre esprit sentait qu’il perdait pied à nouveau et se focalisa sur son intention première ; expliquer désespérément à Jonathan que la complicité qui existait entre eux était due à ses pouvoirs, que le reste n’était peut-être qu’une méprise.

- j'ai effectivement un secret... c'est une autre des raisons de ma venue. Vous avez été honnête avec moi et Fanella a confiance en vous alors vous méritez d'être au courant également. Bon euh restez bien assis.

Il n’allait pas faire la même erreur qu’avec son amie, Eugène ne comptait rien omettre. Pas même la manipulation dont il pouvait être capable. Peut-être que cette information allait se retourner contre lui mais peut-être pas. L’omission avait fait suffisamment de dégâts comme ça.

- Il s'avère que, vivant comme mort... j'ai la sensibilité de pouvoir lire les pensées des gens et des fantômes. Je peux faire bouger des objets, c'est comme ça que j'ai refermé le trou noir... et, même si je ne m'en sers pas, je peux contrôler et manipuler l'esprit humain si nécessaire. Lorsque nous sommes allés chez elle l'autre jour c'était parce que je ressentais le besoin de lui faire voir certains de mes souvenirs.

Et Fanella avait emmené ses appareils de mesure. Même si le moment s’était avéré intime dans le partage d’émotions, même s’il s’était déroulé chez elle, elle gardait toujours une grande place pour le travail dans sa vie. Sans doute car cela la rassurait, c’était un aspect sur lequel elle avait un contrôle total.

- C'est cette capacité qui fait dire a Fanella que je la connais mieux que personne et qui facilite nos échanges car elle sait qu'elle n'a pas besoin de parler pour que je la comprenne... mais c'est un peu de la triche. Vous avez plus de mérite à la connaître après l'avoir côtoyée des années que moi. C’est la personne la plus brillante et intelligente que je connaisse mais un tel don ne peut exister sans ses travers. Elle est peut-être maladroite dans ses relations mais je sais que vous comptez beaucoup pour elle.

Il ne voyait pas pourquoi Jonathan n’aurait pas encore toutes ses chances. Et en même temps il le comprenait. Après quelques années, c’était normal de se laisser aller à la lassitude. Les mœurs aussi avaient évolué, la guerre et la mort ne menaçait plus l’amour entre deux personnes. Il n’y avait plus d’urgence à se faire la cour ou à vouloir en profiter avant la fin.

- Et moi... Je suis un vieux fantôme a qui vous prêtez beaucoup trop de qualités. J'ai commis mon lot d'horreurs pendant la guerre, j'ai mes horribles défauts et elle le sait. Et même si elle y croit et que je le voudrais aussi, rien ne garantit que je puisse revenir... Je suis désolé mais je pense que vous vous méprenez… je ne vois pas pourquoi elle aimerait quelqu’un comme moi.

Ils se connaissaient peut-être suffisamment mais sans doute pas depuis assez longtemps pour que quelque chose naisse aussi vite. Surtout après avoir partagé ce qu’il avait de plus monstrueux avec elle. Après qu’elle l’ait vu à l’œuvre torturer des gens. Et en même temps, connaître quelqu’un sans filtre pouvait offrir une assez bonne évaluation sur l’envie de passer sa vie avec non. C’était un cercle vicieux qui jamais ne s’arrêtait et le pauvre Eugène restait au milieu. Comment allait-il pouvoir lui parler ou la regarder en face après ça ? Lui qui avait déjà beaucoup à penser avec le voyage, c'était encore pire. Sa tête était au bord de l'explosion.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: Une discussion qui s'imposeSam 18 Déc - 18:56
Jonathan avait pris sur lui pour s’ouvrir à Eugène sur les sentiments hostiles qu’il lui inspirait. Après tout, ils allaient entreprendre ensemble un grand et difficile voyage. Il comprenait le désir du fantôme que tout soit clair. Alors il lui avait relevé ses sentiments pour Fanella et aussi qu’il se doutait que la jeune femme nourrissait un amour romantique pour le fantôme. Il s’attendait à tout comme réaction, sauf de la tristesse.

Tout se passait comme s’il venait de verser un saut d’eau glacé sur sa tête. Cela le fit se sentir d’autant plus coupable. Incertain sur ce qu’il fallait faire, il l’observa se décomposer pour aller tournoyer au plafond. Il n’aurait pas cru que de savoir aimé pouvait générer un tel trouble chez quelqu’un. Il l’entendit distinctement balbutier un « Oh non » discret et leva les yeux vers la masse liquéfiée qu’il était devenu. Il chercha quelque chose à dire, sans trouver. Son idée était justement d’expliquer à Eugène qu’il n’était en rien responsable de ses mouvements d’humeur. A priori, il venait d’échouer lamentablement.

- Juste une seconde, reprit le fantôme d’une voix tremblante, que je remette les choses en ordre.

Jonathan pouvait bien lui accorder ça. Lui même sentait des pensées fourmiller en lui. Il ne s’était jamais mis à la place Eugène, il n’avait jamais imaginé la difficulté de sa vie et de sa mort. Qu’avait-il vécu pour qu’il considère le fait d’être aimé comme une source de douleur ? Le fantôme quitta le plafond à nouveau pour prétendre s’assoir sur le fauteuil. Jonathan réalisait à présent ce que cette imposture devait lui coûter d’efforts.

- Je suis vraiment désolé Jonathan, je ne voulais pas m'immiscer de cette manière dans votre vie et tout a été si précipité… Je ne me suis pas… vraiment rendu compte de ce qu’il se passait.

Jonathan, qui n’avait pas du tout pour but de faire qu’Eugène se sente coupable essaya de reprendre les choses dans l’ordre justement.

- Ce n’est pas votre faute Eugène, pas du tout. Personne ne contrôle ce qu’il ressent, ou ce qu’une autre personne ressent.

Il fallait sans doute le laisser poursuivre cela dit. Parce qu’il sentait bien qu’il n’avait pas fini.

- j'ai effectivement un secret... c'est une autre des raisons de ma venue. Vous avez été honnête avec moi et Fanella a confiance en vous alors vous méritez d'être au courant également. Bon euh restez bien assis.

Cette petite phrase surprit Jonathan au plus haut point. En posant cette question, il faisait une sorte de métaphore, à aucun moment il n’avait imaginé qu’il puisse réellement y avoir un secret,derrière la relation qu’il entretenait avec Fanella. Comme le fantôme le lui conseilla, il resta bien assis sur son bureau. Il conversait avec un mort mais il semblait qu’il y ait encore d’autres choses déstabilisantes à découvrir.

- Il s'avère que, vivant comme mort... j'ai la sensibilité de pouvoir lire les pensées des gens et des fantômes. Je peux faire bouger des objets, c'est comme ça que j'ai refermé le trou noir... et, même si je ne m'en sers pas, je peux contrôler et manipuler l'esprit humain si nécessaire. Lorsque nous sommes allés chez elle l'autre jour c'était parce que je ressentais le besoin de lui faire voir certains de mes souvenirs.

Heureusement que le chercheur était assis en effet. Son esprit refusa d’abord cette idée mais après, les théories de Fanella lui revinrent et tout s’articula comme un puzzle auquel on ajoute la dernière pièce. Celui-là dessinait un motif très déplaisant. Il déglutit douloureusement, essayant de bloquer son esprit. Ne plus penser à rien, ne plus penser à rien évidemment c’était impossible. Ce n’était que le début. Déplacer les objets. Un sacré euphémisme, il avait du déployer une force colossale pour fermer ce trou noir. Il pouvait aussi bien le soulever lui et son bureau avec.  Quand à l’idée de pouvoir montrer des souvenirs à quelqu’un d’autre. Contrôler et manipuler l’esprit. Il lui faudrait des semaines pour faire le tour des implications de cette idée là.

L’espace d’un instant, il se sentit réagir comme Tanner. Une telle créature ne pouvait pas se promener en liberté. Et si plus personne dans ce laboratoire n’était libre de ses pensées ? Et s’il décidait de la suite des recherches à l’insu de tous ? Et si depuis le début, il les manipulait tous pour être ramené à la vie ?

Mais Fanella aimait cet homme, ce fantôme, cette chose. Il avait confiance dans son jugement. Et puis, il avait refermé le trou noir. Il aurait pu aussi bien laisser l’humanité s’éteindre. Il n’était pas responsable des capacités que la nature, dans sa grande folie, lui avait donnés à la naissance.

- Euh je… eh ben… ? Je ne sais pas quoi dire là, balbutia Jonathan.

Le fantôme n’en avait pas finit avec lui pour autant.

- C'est cette capacité qui fait dire à Fanella que je la connais mieux que personne et qui facilite nos échanges car elle sait qu'elle n'a pas besoin de parler pour que je la comprenne... mais c'est un peu de la triche. Vous avez plus de mérite à la connaître après l'avoir côtoyée des années que moi. C’est la personne la plus brillante et intelligente que je connaisse mais un tel don ne peut exister sans ses travers. Elle est peut-être maladroite dans ses relations mais je sais que vous comptez beaucoup pour elle.

De la triche oui, la part jalouse en lui était d’accord avec ce constat. Une autre se paniquait que le fantôme soit capable de l’entendre penser toutes ces choses horribles et immatures. Oui il savait qu’il comptait pour elle. Il savait tout sur tout le monde cet enfoiré. Une insulte pas méritée sans doute. Il fallait se calmer. C’était difficile lorsqu’on commençait d’écouter tout ce qu’on pensait, pour analyser ce qu’un autre pourrait en penser. Il y avait là de quoi devenir fou, assurément. Il comprenait cela dit pourquoi Fanella pouvait apprécier ce casse tête chinois. D’une manière général, elle adorait cela, même. Il se força à respirer, respirer tranquillement. Sentir l’air entrer et sortir de ses poumons, des choses simples.

- Et moi... Je suis un vieux fantôme a qui vous prêtez beaucoup trop de qualités, reprit Eugène, J'ai commis mon lot d'horreurs pendant la guerre, j'ai mes horribles défauts et elle le sait. Et même si elle y croit et que je le voudrais aussi, rien ne garantit que je puisse revenir... Je suis désolé mais je pense que vous vous méprenez… je ne vois pas pourquoi elle aimerait quelqu’un comme moi.

Cette dernière phrase acheva de rassurer Jonathan, les capacités d’Eugène quelles que soient leurs implications, avaient des limites. Des limites humaines. Cet idiot à l’estime de soi dans les chaussettes était incapable de voir que le chercheur avait raison. Quand bien même il pouvait lire les pensées de Fanella, il n’avait pas vu qu’elle l’aimait. Ors Jonathan était sûr de ce qu’il avançait, malgré ce qu’il venait d’entendre. Il ne pouvait pas se tromper à ce point.

Il se força à respirer à nouveau.

- Je pense que vous êtes beaucoup trop dur avec vous-même… et je pense que je ne suis pas le premier à vous le dire.

Jonathan commença pendant qu’il parlait à saisir les implications de tout ce qu’il venait d’entendre.

- Je pense qu’il ne vaut mieux pas que d’autres personnes soient informés de vos capacités, même si je suis heureux que vous me l’ayez dit. Il n’est pas impossible que cela effraie. Je ne voudrais pas qu’on se retrouve avec un autre Tanner.

Le chercheur se sentit également obligé de préciser.

- Vous n’avez rien à craindre de moi en revanche. Je garderai cela pour moi.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Une discussion qui s'imposeDim 19 Déc - 16:14
Personne ne contrôle ce qu’il ressent. Jonathan avait raison et Eugène était pourtant bien placé pour le savoir. Encore une fois, la culpabilité avait été bien plus forte que l’expérience et que les pensées rationnelles mais les entendre de la bouche d’un autre s’imprégner dans la réalité de la pièce l’aida à calmer un peu ses ardeurs et à se reprendre. Il put au moins expliquer un peu plus calmement son plus grand et dangereux secret, en espérant que le scientifique comprendrait et y verrait plus clair sur la relation que le fantôme et Fanella entretenaient. A ses yeux, ce n’était que purement amical mais peut-être était-il dans le déni, lui aussi.

Bien évidemment, Jonathan eut du mal à digérer la nouvelle, c’était couru d’avance. Ses pensées eurent beau sombrer vers des idées inquiétantes pour le fantôme, qui lui rappelèrent l’esprit étroit et froid de Tanner, il ne se laissa pas démonter. Ses interrogations étaient tout à fait justifiées, Eugène aurait très bien pu manipuler tout le monde. Fanella seule savait qu’il ne le ferait pas sans y être contraint, de par ce qu’elle avait vu. Aussi, l’esprit se rassura vite car il y reconnaissait toujours cette trace, cette signature, qui faisait du scientifique quelqu’un de bienveillant. Il avait juste besoin d’un moment pour comprendre, se rassurer. Poser des questions s’il en sentait le besoin. Le visage d’Eugène s’était crispé par inquiétude mais il se détendit vite lorsque les pensées de son interlocuteur s’éclaircirent et se tournèrent vers des choses plus terre à terre ; ne pas penser, où se concentrer sur tout ce qu’il pensait. Cela empirait les choses mais Eugène avait l’habitude de cette réaction. Tout le monde passait par là. Tout comme il n’était pas responsable des sentiments des autres, Jonathan n’était pas responsable de l’exposition du cours de ses pensées à son regard.

Ses dernières pensées lui arrachèrent un sourire presque attendri mais pas moins amusé. Un idiot avec l’estime de soi dans les chaussettes, c’était exactement ce qu’il était. La situation était parfaitement résumée. Et s’il s’avérait que Jonathan avait bel et bien raison, le déni l’avait frappé par deux fois alors. Une chose était certaine, Eugène n’allait de toute façon pas forcer le destin. Fanella avait bien du temps devant elle pour se rendre compte de ce qu’elle ressentait ou non à son égard, il n’allait ni pousser, ni avoir l’impudeur de fouiller pour en avoir le cœur net. En attendant, il choisissait de se comporter comme d’habitude car paraître perturbé était le meilleur moyen pour précipiter les choses et ils avaient tous assez à penser avec cette fameuse expédition.

- Je pense que vous êtes beaucoup trop dur avec vous-même… et je pense que je ne suis pas le premier à vous le dire.

Eugène soupira, retirant ses lunettes pour les frotter sur son pull comme lorsqu’elles étaient pleines de buée après avoir trop pleuré. Un geste anodin pour un être vivant mais qui dans la mort, montrait à quel point cela était devenu un toc qui l’aidait à garder une certaine contenance.

- Oh non en effet… je crois que ma femme, paix à son âme, m’aurait remonté les bretelles à mon époque pour avoir osé penser et dire des choses pareilles. C’est vrai qu’elle non plus, je n’avais pas remarqué ce qu’elle ressentait. Je suis vraiment un incorrigible idiot s’il s’avère que vous avez raison...

Il ne pouvait se permettre de donner autant de détails que ceux des souvenirs qu’il avait partagés avec Fanella mais il avait vu Jonathan soulever la question de son vécu dans le tumulte de ses pensées. Oh s’il savait tout le malheur qu’avait été sa seule relation amoureuse. Et s’il venait à se reproduire quelque chose de similaire, dans le cas où il retrouverait son corps et parviendrait à prendre un nouveau départ, à aimer à nouveau ? L’idée commençait à germer. Arrosée suffisamment, elle menaçait de devenir la pire de ses craintes et de projeter sur lui une ombre ressemblant fort à une prison dont il ne pourrait franchir la limite. Aujourd’hui était un de ces jours où il aurait aimé pouvoir dormir sur ces problèmes, pour avoir l’occasion de les résoudre à un autre moment. Son esprit était épuisé de toute cette ébullition des derniers jours mais il se devait de persister et de continuer jusqu’au bout. Fanella avait raison, un thérapeute ne lui ferait pas de mal. Il allait prendre le temps d’y réfléchir et de gagner en recul jusqu’au moment où il pourrait évoquer le sujet et s’en libérer peut-être un peu. De préférence, après être revenu parmi les vivants, si l’entreprise finissait par aboutir.

- Je pense qu’il ne vaut mieux pas que d’autres personnes soient informés de vos capacités, même si je suis heureux que vous me l’ayez dit. Il n’est pas impossible que cela effraie. Je ne voudrais pas qu’on se retrouve avec un autre Tanner. Vous n’avez rien à craindre de moi en revanche. Je garderai cela pour moi.

- Je ne comptais pas vraiment informer qui que ce soit d’autre mais j’ai jugé important que ce soit votre cas… même si c’est dur à avaler et que je suis le premier à le concevoir. Si cela peut vous rassurer, je ne vous en veux absolument pas d’avoir laissé vos pensées partir un peu dans tous les sens ou de m’avoir traité d’enfoiré.

Eugène se mit même à rire de bon cœur, l’esprit plus léger. Dans tous les sens du terme, puisqu’il en était littéralement un. Il acceptait que l’insulte soit un peu méritée et surtout, qu’elle fasse du bien à Jonathan. Cela le peinait qu’il soit jaloux car il ne demandait qu’à bien s’entendre avec lui mais peut-être que c’était sa manière de passer à autre chose ? il n’y pouvait rien non plus si Fanella ne développait pas de sentiments pour lui. Il espérait de tout cœur que le jeune homme puisse trouver quelqu’un qui le rendrait heureux, même s’il n’en prononça pas un mot.

- Merci de garder ce secret. Je suis soulagé qu’on ait pu se parler avant le voyage et… vos mots m’ont fait du bien. C’est parfois difficile de ne pas me rendre responsable de tout ce qui arrive.

Il espérait que sa relation avec Jonathan allait évoluer vers le positif. Du moins le plus positif possible compte tenu des circonstances et de ce qui pourrait arriver.
Eugène (The Sorrow)
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