« La petite citation pour faire joli. »
JAuteur de la citation
Underco
Faire Face


 
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

Faire Face :: 

Demons & Angels

 :: 

50 states of American Dream

 
Fanella Ozark
# Faire FaceSam 18 Fév - 19:12
Carter était très satisfait du tour que prenait cette discussion. Eugène avait réalisé qu’il n’était pas obligé de rester triste pour le restant de ses jours, sans même que beaucoup d’efforts aient été fournis, il avait accepté l’idée d’allumer la montre plus souvent pour éviter tout accident et apparemment, il ne semblait pas fermé à l’idée d’un traitement. Parfois, le médecin avait le sentiment que sa capacité pouvait être un obstacle dans les progrès de son patient. Aujourd’hui elle lui permettait surement de faire confiance, d’être capable de voir les choses d’un autre point de vue que le sien, de prendre du recul.

— Quelque chose pour calmer mes angoisses, devina-t-il. Je crois que… ça serait bien. J’aimerai pouvoir dormir plus paisiblement même quand Fanella n’est pas là et arrêter d’imaginer tout un tas de scénarios catastrophes. Je crois que je devrais prendre quelque chose mais je voudrais pas y devenir accoutumé.

Carter lui sourit. L’accoutumance était une préoccupation très normale que beaucoup de patients avaient. Il avait déjà des réponses toutes prêtes pour ça.

— Ce que tu as vécu a déréglé ton corps et son fonctionnement. On va juste l’aider un peu à se remettre en ordre. Si tu continues à me parler, il n’y a pas de raisons que tu ne puisses pas t’en passer à un moment donné. Ça sera sûrement beaucoup plus facile quand tu seras sorti, d’ici, que tu te seras construit une vie. On ne peut pas te demander la lune non plus si ?


Il savait déjà qu’Eugène comprendrait. Il sorti de sa poche la pile d’ordonnance pour y écrire de son écriture la plus affreuse. Pour autant, les infirmières arrivaient toujours à le lire de manière inexplicable.
*******

Fanella était heureuse qu’Eugène ait accepté cette rencontre. Enfin, elle l’avait été quand il le lui avait annoncé, et il l’avait été jusqu’à dans la nuit où l’angoisse l’avait prise par surprise. Et si Everett n’avait pas les intentions qu’il disait ? Et si quelque chose allait de travers ? Et si quelqu’un perdait son sang froid. Jusqu’au petit matin, elle avait tourné en rond avec des centaines de scénarios catastrophe. Heureusement, elle avait dormi seule cette nuit là. Quelques heures seulement en somme. Elle avait apporté un soin particulier à sa tenue, comme souvent lorsqu’elle avait à rencontrer des gens importants. Quelle utilité puisque deux agents de la CIA l’avaient déjà vue en pyjama lapin. Elle essayait de se donner l’air plus vieille et plus sérieuse qu’elle n’était.

Cela ne faisait que renforcer son sentiment qu’elle n’était pas préparée à tout cela. Son projet de vie, au départ, c’était simplement de faire de la recherche. Pas de se retrouver dans un film d’action. Spencer avait hésité sur la question de savoir si l’endroit devait être reculé ou fréquenté. Il avait opté pour cette première option. Au milieu de nulle part, Eugène pourrait utiliser toute l’étendue de sa capacité sans être vu, ce qui constituait un avantage stratégique important. Ils avaient rendez-vous dans une gorge à plus d’une heure de la ville.

Fanella aurait apprécié la magnificence de l’endroit dans d’autres circonstances. Les falaises au dessus d’eux perçaient le ciel gris. Elle y apercevait les visages minuscules de l’équipe de renfort dont on espérait qu’elle n’aurait pas à intervenir. Les roches blanches la faisait se sentir minuscule. Le froid les mordit immédiatement lorsqu’elle sorti de la voiture. Il fallut aider quelque peu Eugène à faire de même. Le bruit du moteur au loin indiquait que leurs interlocuteurs arrivaient.

Au moins, avaient-ils eu la gentillesse de ne pas trop les faire attendre. Elle ne savait pas comment elle aurait supporté une heure à attendre son coeur battre à ses tempes. Contrairement à elle, Eugène ne pouvait pas encore danser d’un pied sur l’autre. Mais ils étaient là dans l’espoir que bientôt, cela soit la seule préoccupation qui lui reste. Finir de se soigner. Savoir ce qu’il voudrait faire ensuite.

- Allez, dit-elle pour elle-même autant que pour lui, c'est un mauvais moment à passer.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Faire FaceDim 19 Fév - 15:37
La discussion entre Carter et Eugène se clôturait de manière plutôt positive. La mésaventure qui emplissait son cœur de tristesse et de culpabilité semblait se dissiper peu à peu. Allumer sa montre et prendre un anxiolytique faisaient partie de sa remise en question face à cet incident. Peut-être qu'ainsi, tout le monde serait plus rassuré de savoir qu'il se prenait en main. Bien entendu, le médium s'était inquiété d'une possible accoutumance au traitement mais là encore, le médecin l'avait rassuré. C'était bien moins pire qu'un antidépresseur ou les benzodiazépines qu'on lui donnait de force. Son esprit ressortait de tout cela un peu plus léger alors il gratifia l'homme en face de lui d'un sourire sincère.

— Merci pour tout ça, Carter... Tu me permets d'avoir une qualité de vie que je n'osais même pas imaginer autrefois et ça compte beaucoup pour moi. J'espère qu'un jour j'arriverai à ne plus avoir peur de tout ce qui pourrait arriver...

Carter semblait dire que tout serait plus facile lorsqu'il serait sorti du laboratoire, aurait sa petite vie. Il en rêvait et nul doute que cela lui ferait beaucoup de bien mais il appréhendait aussi beaucoup l'idée de se confronter à l'extérieur, de se trouver un travail alors qu'il se sentait bon à rien, de se faire de nouveaux amis à qui il faudrait peut-être mentir et cacher ses pouvoirs. C'était quelque chose d'assez difficile pour lui. Mais pour l'instant il allait déjà se concentrer sur sa guérison, sur le fait de pouvoir marcher à nouveau, sur sa relation avec Fanella et sur sa possible discussion future avec Everett Jones.

Il avait commencé son traitement dans les jours qui avaient suivi mais lorsqu’il avait appris la démission de l’infirmière et avec la préparation de sa rencontre avec le directeur de la CIA, le moment semblait mal choisi pour en mesurer les effets correctement. Il se sentait un peu plus calme mais la nuit surtout il rêvait de ce qui pourrait advenir si leur entrevue se finissait mal ; la mort de Fanella, sa capture, la torture... Il se réveillait souvent montre allumée certes mais complètement terrifié par d'horribles cauchemars où le passé revenait le hanter. Finalement, il avait préféré laisser sa montre allumée la grande majorité du temps car à chaque fois qu'il l'avait éteinte et plus les jours passaient, les fantômes et les angoisses de Fanella avaient menacé d'empirer les siennes. Cette fois, il lui trouvait une vraie utilité, salutaire. Il essayait de se dire que tout irait mieux une fois que cette horrible situation serait derrière eux mais en attendant, il avait du mal à dormir, à manger, voire à être lui-même parfois, ayant du mal à se concentrer sur autre chose que sur la date du rendez-vous. Il en parlait avec Carter, radotait même, mais cela éloignait le mal seulement quelques heures par jour. Et pourtant sans les anxiolytiques il savait que tout ceci aurait été bien pire.

La nuit puis le matin du jour de la rencontre furent horribles pour lui. Pour tenter de se calmer, il s'était levé et préparé seul, presque au beau milieu de la nuit puisque de toute façon il n'arrivait pas à dormir. Il aurait aimé partir tout de suite pour qu'Everett Jones puisse lui dire tout ce qu'il avait sur le cœur et vice versa et qu'ils ne se revoient plus jamais. Mais Spencer avait monté une opération jusque dans ses moindres détails et Eugène ne voulait pas le froisser. Si c'était pour assurer sa sécurité, il allait évidemment s'y conformer. La montre du médium serait bien évidemment éteinte et la rencontre se ferait dans un endroit reculé. Eugène était si surpris qu'Everett ait accepté qu'il avait l'impression que tout ceci était un piège.  Mais peut être que le chef de la CIA devait penser la même chose. Il but une tisane à contrecœur mais laissa tout le reste sur son plateau, sachant pertinemment qu’il irait vomir son angoisse ensuite s’il avalait quoi que ce soit de solide.

Eugène ne prononça aucun mot lorsqu'il fallut monter en voiture pour le trajet, son visage figé par un masque froid tel ceux des statues de marbre blanc à qui on avait tenté d'insuffler la vie. Cela pouvait être terrifiant, il savait qu'il ressemblait un peu à ce fantôme du passé que plus rien ne semblait atteindre. Une partie de lui regrettait que Fanella ait à le voir ainsi mais c'était son seul moyen de défense face à ce qui allait suivre ; se fermer aux émotions et laisser la partie sombre et calculatrice qui avait fait de lui un espion terrifiant reprendre le dessus pour avoir le contrôle sur la situation. S'il s'était laissé aller, ses mains n'auraient pas été les seules à trembler et il se serait probablement effondré, paniqué, avant même de sortir de la voiture une fois dans les gorges. C’était tout de même plus aisé que par le passé. L'endroit lui rappelait malheureusement un peu le Kazakhstan mais il était fermé aux souvenirs et aux émotions qui y étaient liées pour le moment, plutôt enclin à se répéter que si la situation dégénérait, il ferait le nécessaire. Il était prêt à tout, même à véritablement redevenir un monstre, pour empêcher que ses cauchemars ne deviennent réalité à nouveau.

Une fois sorti de la voiture, Eugène inspira profondément, emplissant ses poumons tremblants d'un air si froid qu'il sembla lui brûler la gorge, les mains serrées sur les roues de son fauteuil. Il percevait chaque homme placé en hauteur et même les soldats des pick-up de la CIA qui arrivaient de l’autre côté à plusieurs centaines de mètres encore.

— Allez, lui dit soudain Fanella, c'est un mauvais moment à passer.

Il fit un effort pour lui adresser un sourire qui se voulait rassurant et chaleureux, au moins un peu. Il aurait aimé lui prendre la main pour qu’ils se donnent du courage mutuellement. Elle était terriblement inquiète elle aussi et il ne voulait pas qu’elle le reste alors il s’était déjà promis d’aller droit au but pour que cette réunion soit la plus concise et efficace possible et qu’ils puissent tous rentrer chez eux. Après cela, il lui offrirait tous les câlins dont elle voudrait.

— Je vais gérer, lui assura-t-il d'une voix ferme, quoique toujours assez froide.

Deux voitures noires apparurent et se garèrent en travers de la route, ce qui offrait d'avantageux points de replis aux hommes à l'intérieur si la situation devait dégénérer en fusillade par exemple. Tous les agents de terrain ainsi qu'Everett étaient cependant bien au courant que le danger principal n'était pas les hommes de Spencer dont ils ignoraient de toute façon l’emplacement, mais lui, faible homme cloué dans un fauteuil roulant, qui pouvait faire d'eux ses marionnettes sans qu'ils aient aucun moyen de défense. Les hommes de la CIA étaient terrifiés, sur la défensive, tout comme Everett d'ailleurs, même s'il sortit de la voiture sans rien en montrer. Le médium comprit très vite qu'ils avaient des renforts qui se tenaient plus loin avec qui les gardes du corps discutaient par radio et qui interviendraient s'il se passait quoi que ce soit. Leur plan avait été savamment préparé. Il pouvait lire dans la tête d'Everett que personne n'avait approuvé sa décision de discussion en face à face. Tout simplement parce qu'il exposait à la connaissance d'Eugène tous les nouveaux secrets confidentiels de la CIA. Si le médium n'avait pas l'intention de fouiller jusque-là, il en avait bel et bien le pouvoir et ses intentions n'intéressaient pas ceux du gouvernement. Ils pensaient toujours en termes de bénéfices risques, de calculs froids et Eugène et ses pouvoirs, ses émotions, ses valeurs, étaient une équation avec beaucoup trop de variables. Personne n’aimait ça, ce qu’il pouvait comprendre. Mais il savait aussi pertinemment que s’il faisait le moindre mal à Everett, il deviendrait l’ennemi numéro un des Etats-Unis et que ses espoirs de vivre tranquille seraient anéantis.

Déterminé, il s’avança un peu difficilement avec son fauteuil roulant mais il tenait à se débrouiller seul, surtout devant eux. Ne pas pouvoir marcher devenait même un brin humiliant dans une telle situation. Everett Jones et ses hommes dont le regard balayaient les alentours s’avancèrent aussi mais tout le monde maintint une distance mesurée. Le directeur de la CIA sembla enfin accepter la réalité de son retour à la vie maintenant qu’il le voyait en chair et en os mais il n’était pas directeur pour rien et bien qu’impressionné, il ne se laissa pas démonter.

— Mademoiselle Ozark, comme convenu nous nous retrouvons, salua-t-il d'abord la jeune femme, par politesse, avant de se tourner vers le principal intéressé. Eugène, je dois admettre que faire votre connaissance à quelque chose d’impressionnant mais je n'en suis pas moins soulagé de pouvoir entamer une discussion.

Everett disait la vérité mais Eugène savait bien que ce n’était qu’une maigre formule respectueuse pour prendre la température et apaiser les tensions. Le médium n’était pas venu demander réparation pour ce qui était arrivé par le passé et dont ce directeur-ci n’était absolument pas responsable. Mais il tenait quand même à lui rappeler le contexte malheureux qui faisait écho à cette ‘‘rencontre impressionnante’’. Car les conséquences, il les vivait en ce moment même.

— Ce serait sans doute moins impressionnant si les services secrets américains et russes n’avaient pas conspiré pour m’assassiner la première fois, rétorqua-t-il sur le même ton froidement calme que précédemment. Je suggère que nous en venions aux faits si cela ne vous importune pas, je pense que cela arrangera tout le monde.

Il ne voulait pas se montrer agressif et faire monter en tension les hommes armés autour d’Everett qui avaient déjà le doigt sur les gâchettes de leurs armes. Tout cela n’était qu’un constat et le directeur lui-même acquiesça sans se formaliser de l’accusation du médium. Fanella voudrait sans doute servir de médiateur à cette discussion. Il ne voulait pas lui compliquer le travail donc il en resterait là dans ses accusations.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Faire FaceDim 19 Fév - 17:26
Toute à son angoisse, Fanella n’avait pas réalisé à quel point Eugène était méconnaissable. Il n’était plus l’homme aimant et doux qu’elle connaissait. C’était un soldat qui va à la guerre. Cela ne fit qu’augmenter sa crainte. Elle avait voulu avoir un mot gentil pour lui, mais avec ce visage impassible, il ne semblait pas en avoir besoin. C’est à peine si elle le reconnaissait. Heureusement lorsqu’elle lui parla, il lui adressa un sourire crispé. La preuve qu’il était toujours là, derrière ce masque de froideur qu’il venait de mettre. Cela suffit pour qu’elle sente qu’ils étaient ensemble.

— Je vais gérer,
assura-t-il et sa voix lui sembla changée.

— Tu n’es pas seul, jugea-t-elle utile de rappeler.

Il s’était déjà refermé. Prêt à affronter ce qui suivrait. Lorsque les deux voitures arrivèrent le sentiment qu’elle avait d’être dans une fiction augmenta. Ils avaient bloqué le passage et elle essayait de se rassurer avec l’idée qu’Eugène pouvait sûrement le dégager à nouveau si nécessaire. Elle tira sur sa veste de tailleur. « Fake it until you make it » C’est comme cela qu’elle allait aborder ce moment. Un personnage de film, elle était un personnage avec du sang froid, de l’assurance.

Son visage devait ressembler à celui d’Eugène lorsque Jones s’avança vers eux. Elle pouvait lire la peur dans le regard de ses hommes et un peu dans le sien. S’ils se contentaient d’être terrifiés les uns des autres, les choses ne pourraient pas avancer. Fanella se força à respirer lorsque le chef de la CIA prit la parole en premier. Elle pouvait le faire. Ils étaient tous des êtres humains cherchant la solution la moins pire possible.

— Mademoiselle Ozark, comme convenu nous nous retrouvons, la salua-t-il.

Elle risqua un sourire qui se voulait rassurant. Un rapide coup d’oeil à Eugène l’informa qu’il était toujours aussi fermé. L’air entier semblait s’attendre à ce qu’un coup de tonner éclate. Il fallait dire que les accents dramatiques du paysage que Spencer leur avait choisi n’aidait en rien.

— Eugène, reprit Jones. je dois admettre que faire votre connaissance à quelque chose d’impressionnant mais je n'en suis pas moins soulagé de pouvoir entamer une discussion.

Il n’était pas hostile et c’était un soulagement. La jeune chercheuse voulait croire qu’il jouait le jeu. On ne pouvait pas lui reprocher d’avoir prit quelques précautions. Eux-même avaient quelques hommes armés sur les hauteurs.

— Ce serait sans doute moins impressionnant si les services secrets américains et russes n’avaient pas conspiré pour m’assassiner la première fois,
répliqua immédiatement Eugène très calmement. Je suggère que nous en venions aux faits si cela ne vous importune pas, je pense que cela arrangera tout le monde.

Eugène, lui était hostile. Elle ne pouvait pas le lui reprocher non plus mais il ne fallait pas laisser le dialogue s’envenimer. Le coup de feu qui résonna dans sa tête manqua de la faire sursauter, mais il était faux. Elle espérait que depuis le temps, Eugène avait pris l’habitude qu’elle l’entende de temps à autre. Elle savait ce que cela faisait, d’être assassinée. De l’être pas quelqu’un qu’on aimait profondément. Elle voulait juste que tout s’arrête. On avait pas idée de se faire des choses pareilles, entre humains, justement.

— Au téléphone,vous avez mentionné des accords de confidentialité. Nous avons besoin de savoir si la sécurité d’Eugène serait garantie, s’il aurait les mêmes droits que tout un chacun dans le cas où il signerait,
commença-t-elle dans l’espoir d’aller droit au but.

Elle jugea la réaction de Jones, incertaine. En même temps moins de temps ils resteraient dans cette situation tendue et mieux cela vaudrait.

— Je ne vous conseille pas de mentir, ajouta-t-elle, surtout pour signifier à Eugène que malgré tout, elle était de son côté.

Elle se retint de tirer sur son tailleur à nouveau car cela aurait trahi sa nervosité, ou de jeter un regard vers Eugène. Elle savait très bien de toute façon que son visage serait toujours aussi glacé, implacable, méconnaissables. À cet instant précis, la seule chose qui devait le préoccuper devait être les pensées d’Everest Jones en face d’eux. Elle pria pour qu’il sache maîtriser sa peur et toutes les émotions que cette situation ne devait pas manquer de susciter.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Faire FaceDim 19 Fév - 18:33
Eugène n’était pas seul, c’était ce que lui avait dit Fanella. Il aurait pu craindre cette situation, de se dire qu’elle était là, en ligne de mire comme une faiblesse ou un moyen de pression mais il préféra choisir le soutien et le courage que cela pouvait lui apporter. Après tout, elle était de son côté, elle était là pour le soutenir. Elle avait tant fait pour lui, jusqu’à plaider sa cause au téléphone pour que cette rencontre ait lieu dans d’assez bonnes conditions, pour entrevoir une possibilité d’entente. Il ne pouvait pas la décevoir. Il avait été assez ferme sur sa première remarque et restait sur la défensive de manière mesurée, scrutant toutes les pensées de ses interlocuteurs et leurs ramifications possibles.

— Au téléphone, vous avez mentionné des accords de confidentialité. Nous avons besoin de savoir si la sécurité d’Eugène serait garantie, s’il aurait les mêmes droits que tout un chacun dans le cas où il signerait. Je ne vous conseille pas de mentir.

Comme Fanella en parlait, Eugène vit les pensées d’Everett se diriger vers le contenu d’une valise restée dans la première voiture qui contenait lesdits accords de confidentialité. Il n’avait pas chômé et avait effectivement bon espoir qu’Eugène les signe. Bien sûr, un petit point dans son esprit faisait toujours fleurir l’espoir qu’Eugène soit prêt à coopérer et à les aider si le besoin s’en faisait sentir mais c’était hors de question. Tant que cette idée ne restait qu’un grain de sable minuscule, tout se passerait bien et Eugène ne comptait pas lui faire miroiter de faux espoirs.

— Mentir n’est pas dans mon intérêt face à quelqu’un qui peut lire dans mon esprit. J’ai accédé à votre demande d’une rencontre en face à face malgré les risques certains que cela comportait et le refus catégorique de mes supérieurs et conseillers. De cette manière, je suppose que vous pouvez d’ores et déjà deviner que ma démarche est sincère.

Au moins, il ne mentait pas. Il ne tentait même pas de le manipuler. Une petite voix en Eugène disait que tout cela était bien suspicieux mais il se rappelait de toutes ces discussion avec Carter à ce sujet. Si c’était vraiment suspicieux, il l’aurait détecté tout de suite. Everett n’était pas là pour l’entourlouper juste pour le faire taire sur tous ces scandales de la guerre froide et de la conquête spatiale qui entachaient les États-Unis. Eugène hocha la tête silencieusement pour l’inviter à poursuivre et à répondre à Fanella.

— Je n'oublie pas la demande d'asile que vous avez lancée pour obtenir des papiers. Evidemment, si vous vous engagez à ne rien dévoiler de ce que vous avez pu apprendre par le passé, ou dès à présent lors de cette rencontre, nous ferons en sorte d’assurer votre sécurité pour que cela ne s’ébruite pas non plus ailleurs et par d’autres moyens. En tant que citoyen américain, vous jouirez des mêmes droits que n'importe quel autre agent qui serait amené à signer une telle clause, voire plus encore, vu la sensibilité de votre cas.

Bien évidemment il parlait d’enlèvement et de torture de la part des russes, de manière à peine dissimulée. C’était une possibilité mais s’ils faisaient bien leur travail, ça n’aurait pas à arriver. Everett avait aussi en tête ses papiers d’identité et la demande d’asile, il n'avait pas oublié la possibilité d'y apporter sa contribution. S’il redevenait officiellement un honnête citoyen américain, cela justifiait en plus sa protection. Mais l’idée ne plaisait guère à Eugène car il savait ce que cela pouvait impliquer derrière. Il voulait être certain que ce terme de protection signifiait la même chose pour les deux parties.

— Je ne veux pas d’une paire d’espions qui surveillent mes faits et gestes H24, de près comme de loin. Contentez vous d’espionner les autres pays et leurs opérations comme vous l’avez toujours fait mais je n’ai pas besoin de protection. Je ne veux plus être mêlé de près ou de loin à une agence d’espionnage, j’entends mener une vie tranquille et qu’on me fiche la paix. Je signerai vos accords de confidentialité si cela peut me permettre d’être serein.

Son silence en échange d’une vie avec le moins de problèmes possibles, c’était tout ce qu’il demandait. Il aurait aimé, comme Fanella d’ailleurs, que tout ces scandales éclatent et que les gens comprennent à quel point l’espionnage pouvait être un monde dangereux et malsain. Il ne cherchait même pas la justice puisque de toute façon, il était censé être mort et n’existait pour ainsi dire pas encore officiellement. La justice, il pouvait la laisser enterrée derrière lui avec ses amis, il s’en remettrait. Mais revivre comme dans le passé, il ne pouvait plus se le permettre.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Faire FaceDim 26 Fév - 10:37
Fanella avait pris la parole pour avancer droit au but. De cette façon elle espérait éviter une escalade. Elle avait conseillé à Jones de ne pas mentir en présence d’Eugène pour qu’il l’entende prendre son parti. Qui savait ce qui pouvait lui passer par la tête à ce moment précis, entre deux falaises, au milieu de rien, alors que plusieurs lunettes de sniper étaient probablement braquées droit sur eux. Elle voulait rappeler ce fait à Eugène. Il était maître de tout ce qui se passerait. La réponse de Jones alla d’ailleurs dans son sens.

— Mentir n’est pas dans mon intérêt face à quelqu’un qui peut lire dans mon esprit. J’ai accédé à votre demande d’une rencontre en face à face malgré les risques certains que cela comportait et le refus catégorique de mes supérieurs et conseillers. De cette manière, je suppose que vous pouvez d’ores et déjà deviner que ma démarche est sincère.


Le jeune femme pris une seconde pour admirer cet homme qui avait pris cette décision face à l’avis contraire de toutes les personnes sensés le conseiller. Pour elle, cela dénotait qu’il cherchait à faire ce qui était juste, indépendamment du regard qu’on pouvait porter sur lui. Il disait tout cela, là encore, sans la possibilité de la moindre dissimulation. Si des hommes avec ce genre de convictions pouvaient accéder à des lieux de pouvoir, alors l’humanité n’était pas si noire qu’elle pensait parfois.

— Je n'oublie pas la demande d'asile que vous avez lancée pour obtenir des papiers. Evidemment, si vous vous engagez à ne rien dévoiler de ce que vous avez pu apprendre par le passé, ou dès à présent lors de cette rencontre, nous ferons en sorte d’assurer votre sécurité pour que cela ne s’ébruite pas non plus ailleurs et par d’autres moyens. En tant que citoyen américain, vous jouirez des mêmes droits que n'importe quel autre agent qui serait amené à signer une telle clause, voire plus encore, vu la sensibilité de votre cas.

Cette proposition convenait à Fanella. Elle espérait qu’Eugène pourrait accepter ces accords de paix. Il existait une probabilité non négligeable qu’il reste coincé dans la rancoeur du passé. Heureusement, sa capacité jouait en sa faveur et empêcherait sûrement qu’il confonde l’histoire avec le présent. Elle le laissa prendre la parole en premier car après tout, cela restait sa décision.

— Je ne veux pas d’une paire d’espions qui surveillent mes faits et gestes H24, de près comme de loin. Contentez vous d’espionner les autres pays et leurs opérations comme vous l’avez toujours fait mais je n’ai pas besoin de protection. Je ne veux plus être mêlé de près ou de loin à une agence d’espionnage, j’entends mener une vie tranquille et qu’on me fiche la paix. Je signerai vos accords de confidentialité si cela peut me permettre d’être serein.

La jeune femme était soulagée. Au moins cette histoire prenait fin ici et maintenant. Il n’y aurait pas d’autre scène surréaliste de rencontre au milieu de nulle part. Ils repartiraient d’ici plus heureux et sereins qu’ils n’étaient arrivés.

— Comme vous avez pu le remarquer, le laboratoire dispose lui-même d’un service de sécurité conséquent. Nous assurerons nous-même la protection d’Eugène si nous l’estimons nécessaire, jugea-t-elle utile de compléter.

Eugène avait déjà accepté l’aide de Spencer par le passé. Il n’y avait pas de raisons que ça change. Peut-être ne serait-il même plus obligé de dormir au laboratoire. Elle s’autorisa à imaginer la chose l’espace d’une seconde, avant de ressaisir  : les accords n’était pas encore signés. Il était trop tôt pour penser à cela. Contrairement à lui et son visage impassible, elle n’était pas vraiment maître de ses émotions. Elle espéra qu’Everest Jones était venu avec les accords justement et qu’ils n’auraient pas à attendre encore pour en découvrir les détails.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Faire FaceJeu 2 Mar - 20:15
Everett Jones n’était effectivement pas censé se trouver là. Du moins, s’il avait suivi les conseils avisés de son entourage. Il fallait lui laisser ce courage et ce désir de faire les choses bien. Cela rassura u peu Eugène puisqu’il voyait bien qu’il ne mentait pas et était même capable d’être motivé par une certaine compassion ; un appel téléphonique aurait été plus sûr mais il comprenait pourquoi le médium aurait refusé. Le directeur de la CIA allait devoir passer de nombreux tests et examens en rentrant pour que tout le monde puisse être certain qu’il soit en pleine possession de ses moyens et non possédé par Eugène, même à distance. Personne ne semblait comprendre que plus la personne était loin et moins Eugène avait de chance de réussir et que ce n’était pas son intention mais la peur n'aidait pas à faire comprendre l’étendue de son pouvoir. Jones était prêt à faire face à ces conséquences de toute façon, il le voyait bien. La proposition qu’il énonça à voix haute sembla satisfaire Fanella et Eugène était prêt à la signer, pour peu que cela signifie qu’on le laisse tranquille. Il préféra l’exprimer à voix haute pour que les choses soient claires.

— Comme vous avez pu le remarquer, le laboratoire dispose lui-même d’un service de sécurité conséquent. Nous assurerons nous-même la protection d’Eugène si nous l’estimons nécessaire.

Everett hocha la tête retenant un léger sourire. Il regarda un instant Spencer qui les avait accompagnés et attendait près de la voiture. Il était à peu près certains que d’autres membres de l’équipe de sécurité étaient embusqués et eux-mêmes s’étaient préparés à un affrontement qui heureusement n’aurait pas lieu. Jones ne faisait habituellement confiance qu’à son agence de renseignement pour fournir une gestion de la sécurité mais il pouvait tolérer que Fanella et son laboratoire s’en charge. Car ce qu’elle y faisait était après tout un secret très bien gardé et qu’il fallait continuer de protéger également.

— Dans ce cas je vous fais confiance. Si nous devions avoir vent d’une opération étrangère visant Eugène de quelque manière que ce soit, nous vous préviendrons et vous fournirons un appui si vous le souhaitez mais si ce dernier souhaite vivre une vie rangée de civil sans attirer l’attention, nous avons peut-être des chances que son retour passe inaperçu. Nous y veillerons en tout cas.

Eugène espérait vraiment pouvoir vivre loin des manigances. Fanella l’imaginait déjà à son appartement à nouveau maintenant que son identité n’avait plus vraiment besoin d’être secrète, au moins sur ce territoire ci et l’idée gonfla son cœur qui avait tenté de s’endurcir tout au long de cette matinée et de cette rencontre de joie nouvelle. Il avait hâte que cet entretien se termine mais devait juste tenir encore un peu plus longtemps. Everett fit signe à un de ses soldats de récupérer la malette dans la voiture contenant les papiers, qu’il prit ensuite doucement pour l’ouvrir. Il ne voulait pas attirer des soupçons par des gestes suspects, même si Eugène aurait vite réagi si cela avait été un piège. Il s’autorisa ensuite à approcher un peu plus en tendant une grande enveloppe scellée à Eugène.

— Voici les accords. Vous n’êtes pas obligés de les signer tout de suite, vous pouvez les lire à tête reposée et j’enverrais quelqu’un les chercher lorsque ce sera fait.

Puisqu’il les avait lui-même rédigés, Eugène pouvait voir à l’avance leur contenu, plus ou moins. Pas d’entourloupes, pas de petites lignes en bas du contrat. Le médium s’autorisa à avancer précautionneusement avec son fauteuil pour les prendre et poser l’enveloppe sur ses genoux. Everett Jones ne chercha pas à lui serrer la main et intérieurement, il l’en remercia car il n’aurait pas voulu se forcer à devoir répondre à ce geste.

— Je vous remercie, dit-il tout de même d’un ton bien plus posé qu’au début de la conversation. Je n’étais pas des plus serein en venant mais vous ne m’avez pas menti alors même si je ne peux pas tirer un trait sur le passé… je vais accepter de vous laisser une petite chance.

Everett s’autorisa cette fois un sourire plus franc, presque un brin soulagé. Il savait qu'il ne pouvait pas faire disparaitre les erreurs du passé, simplement choisir de comment se déroulerait peut être le présent. Eugène aurait pu effectivement le mettre dans la même case que ses prédécesseurs, mélanger le passé et le présent. Il ne savait pas si c’était les médicaments de Carter qui l’aidaient un peu ou toute cette situation qui était bien différente de ses expériences passées qui l’y aidait, peut être un peu les deux. Sans oublier la présence de Fanella et même, à son niveau, de Spencer, qui le rassurait beaucoup.

— Votre situation est particulière et vous auriez toutes les raisons de vous venger, même si le monde à continué de tourner pendant votre… ‘‘absence’’. Donc je vous remercie de considérer le chemin d’une possible entente, aussi minime soit-elle, entre nous.

Eugène sourit un peu à son tour en se disant que tout cela ressemblait bien à la période de la Guerre Froide qu’il connaissait si bien. Cette entente minime et fragile n’allait perdurer que si les deux parties faisaient des efforts et des compromis, lui en restant muet comme une tombe, la CIA en ne se mêlant pas de sa vie. Il pouvait à présent rentrer et lire les accords tranquillement avec Fanella avant de les signer.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Faire FaceDim 5 Mar - 18:22
Evrett Jones semblait sincère dans sa démarche. Apparemment le fait que la sécurité du laboratoire s’occupe de s’assurer qu’Eugène reste libre ne posait pas de problème. Il avait même proposé de les prévenir si la nouvelle se répandait au delà des frontières. Il assurait en plus qu’il essayerait de faire le nécessaire pour que son retour reste secret. Fanella ne pouvait rien espérer de plus. Un des soldats s’avança au pas de course vers leur voiture et revint avec une mallette qui semblait elle aussi tout droit sortie d’un film d’action.

— Voici les accords, expliqua Jones. Vous n’êtes pas obligés de les signer tout de suite, vous pouvez les lire à tête reposée et j’enverrais quelqu’un les chercher lorsque ce sera fait.

Eugène apprécierait sans doute d’avoir le temps d’y penser encore un peu, au moins n’avait-il pas le sentiment qu’on lui forçait la main. Vraiment, tous les efforts avaient été fait pour que la paix soit possible. Le principal concerné s’avança avec son fauteuil et Fanella interrompit le geste qu’elle avait amorcé. C’était son histoire, après tout. Il ouvrit la manette en sorti une enveloppe qu’il posa sur ses genoux. Les deux hommes se toisèrent un moment sans plus de familiarités. Pour autant, il ne semblait pas rester beaucoup de méfiance ou d’animosité entre eux. Au moins, les snipers s’étaient déplacés pour rien.

— Je vous remercie, reprit Eugène calmement. Je n’étais pas des plus serein en venant mais vous ne m’avez pas menti alors même si je ne peux pas tirer un trait sur le passé… je vais accepter de vous laisser une petite chance.

Evrett Jones s’autorisa un sourire et Fanella le lui rendit un peu. Une petite chance, c’était tout ce dont ils avaient besoin pour avancer sans doute. Tous les deux faisaient preuve de courage pour passer par dessus des années de méfiance et de coups bas. Eugène surtout, parce que cela voulait dire qu’il n’obtiendrait sans doute jamais réparation par rapport à l’immense préjudice qu’il avait subi toute sa vie. Cette deuxième chance qui lui été donné de vivre, il ne pourra pas la saisir sans cela de toute façon.

— Votre situation est particulière et vous auriez toutes les raisons de vous venger, souligna Jones, même si le monde à continué de tourner pendant votre… ‘‘absence’’. Donc je vous remercie de considérer le chemin d’une possible entente, aussi minime soit-elle, entre nous.

Il y avait de quoi remercié en effet mais Fanella voulait se convaincre que de bonnes choses en sortiraient pour tout le monde. Personne ne souhaitait que cette entrevue dure plus que nécessaire, aussi ils y mirent fin dès que possible. La jeune femme lâcha un grand soupire une fois à l’arrière de la voiture. En face à travers le pare-brise, elle observa Everett Jones qui remontait dans son propre véhicule, puis elle risqua un sourire en direction d’Eugène.

— On l’a fait, déclara-t-elle encore un peu incrédule.

Le moteur démarra et elle posa sa tête sur son épaule. Il aurait été plus précis de dire que Eugène l’avait fait. Le coeur de la jeune femme s’allégea lorsqu’ils regagnèrent la ville et les choses lui semblèrent plus réelles à nouveau. Quel était ce scénario de film auquel ils avaient échappé ?

*******

Depuis la rencontre avec Everett Jones, la vie s’était installée dans une sorte de routine. Spencer avait tenu à ce que la demande d’asile d’Eugène aboutisse avant qu’il puisse quitter le laboratoire. Alors celui-ci partageait son temps entre les soins médicaux, les séances de kinésithérapie et les expériences concoctés par Jonathan autour de ses capacités.  Eugène avait signé un contrat de travail avec le laboratoire puisque cela occupait pour le moment une bonne partie de son temps. Tous les jours il offrait à Fanella des centaines de données à compiler en plus de son travail avec le générateur. Quelques fantômes lui avaient aussi répondu sur leurs expériences de la mort, mais pour l’instant le générateur n’atteignait rien qui se trouve au delà de l’entre deux. Parfois, tard le soir, elle essayait d’effectuer quelques réglages mais elle ne réussissait en général qu’à griller quelques composants. Ce soir là, elle était de bonne humeur cependant, car deux bonnes nouvelles s’étaient succédées dans la journée. Depuis que Eugène gardait sa montre allumée la plupart du temps, elle pouvait lui faire des surprises. Enfin, c’est ce qu’elle espérait mais elle n’était pas certaine qu’il ne se doute pas déjà de quelque chose.
Elle souriait lorsqu’elle le retrouva, juste un peu trop. Ils avaient pris l’habitude de manger à la cafétéria du labo le soir, de toute façon tout le bâtiment était ouvert aussi la nuit. Ensuite, elle restait dormir avec lui ou non en fonction de son état de fatigue.

— J’ai une bonne nouvelle, commença-t-elle en attrapant deux plateaux pour eux deux.

Elle voulait d’abord qu’il essaye de deviner, alors elle laissa hésiter le temps qu’elle rassemble de quoi manger et qu’ils aillent s’installer. L’immense salle aux néons blancs étaient presque vide, alors ils avaient un peu d’intimité. Elle savait déjà que bientôt de toute façon, ils pourraient manger ailleurs sans problèmes. Priant pour qu’Eugène n’ait pas triché, elle sorti de sa sacoche quelques documents.

— Ta demande d’asile a été acceptée, Eugène. J’en ai parlé avec Spencer, il estime que tu peux aller où tu veux sans danger maintenant. Tu as rendez-vous demain à la mairie pour faire une vraie carte d’identité.

Son sourire s’élargit, parce qu’elle aimait voir l’émotion sur son visage. Mais elle avait encore une surprise. Enfin si la montre était toujours allumée sans quoi elle était cuite, car elle ne pouvait pas vraiment s’empêcher d’y penser. Tout cela avait demandé beaucoup d’organisation et de secrets. Aujourd’hui c’était le moment parfait. Lorsqu’ils eurent terminé le repas elle déclara, n’y tenant plus.

— J’ai encore une surprise pour toi, on va prendre un taxi.

Elle rit un peu amusée, une fois dans la voiture en essayant d’éviter les questions. Le trajet les conduisit un peu hors de la ville sur les hauteurs au dessus du lac. Il fallu faire quelques lacets mais ils ne mirent pas longtemps. Le véhicule s’arrêta devant une clôture de bois foncé. Le jardin était en pente légère et dans la brume du soir se dégageait une habitation toute en bois humide. A l’étage, d’immenses vitres en forme de triangle offraient probablement une très jolie vue sur le lac et la ville en contrebas. Il y avait là quelques arbres saisis par le froid de l’hivers entourés par d’élégants cercles de dalles. On pouvait choisir entre une rampe ou une volée de marches pour accéder à un porche de planches plus clairs, ou une petit table et des bancs pourraient servir pour les beaux jours.

— J’ai eu les clefs hier,
expliqua Fanella en peinant à contenir sa joie. Je pensais qu’on serait mieux là que dans mon appartement. De toute façon je ne peux plus le voir, avec ses murs tous gris là ? Et puis il y a deux pièces en plus. Qu’est-ce que tu penses ?

Elle espéra qu’il aimerait l’endroit au moins. Sinon elle pouvait toujours louer et acheter ailleurs. Comme sa banquière aimait souvent le lui rappeler, elle avait beaucoup trop d’argent qui dormait sur son compte courant. Ce serait plus joyeux en tout cas que la pleine ville et il suffisait de quelques minutes de marche pour qu’un bus les amène au labo, quand Eugène pourrait marcher correctement, ça serait parfait. En plus, elle n’avait pas donné l’adresse à sa mère encore, ce qui éviterait qu’elle débarque à l’improviste pour le moment. Il faudrait qu’elle y songe, un jour ou l’autre cependant.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Faire FaceMar 21 Mar - 22:23
Pour le plus grand plaisir d’Eugène, l’entrevue se terminait rapidement et ne s’était pas éternisée. Lui et Everett étaient restés plutôt concis dans leurs propos et leurs objectifs. L’ancien espion repartait donc avec les accords de confidentialité qu’il allait bien relire avant de signer sur ses genoux. Everett retourna dans sa voiture avec ses gardes et s’empressa de faire demi-tour sans que le moindre coup de feu n’ait eu besoin d’être tiré. C’était comme si l’endroit avait retenu son souffle car dès que la voiture disparut dans un virage, il sembla à Eugène qu’il entendait à nouveau les oiseaux chanter. Ou bien était-ce juste parce qu’il s’était fermé à tout le reste avant cette réunion secrète. A présent, il était épuisé, son corps tremblait, pris par le contrecoup. Il n’aurait pas pu remonter dans la voiture sans aide et s’affaissa contre la banquette arrière une fois installé avec Fanella.

— On l’a fait, souffla la jeune femme en posant sa tête contre son épaule.

Eugène comprenait son espèce d’incrédulité. Il s’était attendu à bien pire. Alors il prit sa main et la serra doucement, s’autorisant enfin à se détendre, à respirer comme si c’était la première fois à nouveau, à quitter ce masque froid qui avait été le sien pendant un moment pour lui adresser un sourire fier et chaleureux. Les ennuis semblaient enfin derrière eux.

— On l’a fait, confirma-t-il en passant un bras autour d’elle.

Sa principale source d’inquiétude de ces derniers jours s’en allait enfin. Il allait pouvoir se reposer et se concentrer sur son bien être maintenant qu’il semblait assuré, au moins pour un futur suffisamment lointain pour qu’il ne s’imagine pas d’improbables scénarios encore. Sa prochaine étape serait surtout de pouvoir marcher, c’était l’objectif qu’il se fixait.
***
Les semaines qui suivirent furent bien plus sereines pour Eugène. Il avait craint un peu les expériences avec Jonathan qui devaient enfin commencer maintenant qu’il allait un peu mieux. Une partie de lui culpabilisait toujours un peu, comme s’il avait l’impression de lui avoir volé Fanella en quelque sorte et qu’il essaye de le lui faire payer. Il avait donc laissé sa montre éteinte les premières fois, juste pour se rassurer mais n’avait pas oublié les conseils de Carter ; une fois une espèce de routine mise en place, après s’être rendu compte qu’il pouvait toujours discuter avec Jonathan et lui faire confiance, il l’avait rallumée car c’était peut-être mieux pour lui de ne pas savoir ce que le scientifique pensait tout le temps. Au moins, il se sentait utile en faisant avancer la recherche et cela l’aidait beaucoup. Il était même payé pour cela puisqu’il avait fièrement signé un contrat de travail. Tout ceci était nouveau et plaisant alors même s’il ne pouvait pas encore quitter le laboratoire, il se sentait globalement de meilleure humeur et plus libre que jamais.
Le soir venu, il retrouva Fanella à la cafétéria pour le repas. Sortir de sa chambre même en fauteuil roulant avait été difficile au début mais finalement, se repérer dans le laboratoire et pouvoir se déplacer comme il l’entendait avait participé à le mettre à l’aise. Il était content de la voir comme toujours et même s’il ne lisait pas dans ses pensées, son visage lui indiquait qu’elle était particulièrement heureuse ce soir là.

— J’ai une bonne nouvelle, commença-t-elle en remplissant les plateaux repas.

Eugène la regarda d’abord, intrigué, mais il comprit qu’elle n’allait pas céder à la facilité. Il songea à éteindre sa montre pour savoir ce qu’elle pouvait bien avoir en tête mais il avait bien compris qu’elle voulait lui faire une surprise. Il ne voulait surtout pas gâcher cela alors il se laissa prendre au jeu.

— Tu as fait de bonnes avancées dans tes recherches ? On sort boire un chocolat chaud après ? Ou bien on va regarder un film ce soir ? tenta-t-il avec amusement.

Il y avait trop de possibilités même pour son cerveau qui réfléchissait trop. Il espérait au moins un peu que cela puisse avoir quelque chose à voir avec ses papiers. Il attendait désespérément des nouvelles de sa démarche. Il s’installa avec elle à table devant son plateau, le cœur rempli de questions.

— Ta demande d’asile a été acceptée, Eugène. J’en ai parlé avec Spencer, il estime que tu peux aller où tu veux sans danger maintenant. Tu as rendez-vous demain à la mairie pour faire une vraie carte d’identité.

— Oh c’est vrai, ça y est ? Mais c’est fantastique !

La joie gonfla dans sa poitrine et son visage s’éclaira d’un grand sourire. Demain lui semblait si proche et pourtant si loin maintenant. Est-ce qu’il savait encore comment faire une signature digne de ce nom ? Est-ce que cela avait un semblant d’importance ? Pas vraiment. C’était sa première signature dans ce nouveau monde où il vivait sa seconde existence. Qu’elle ressemble à l’ancienne ne changeait rien. L’excitation lui avait presque coupé l’appétit. Il appréciait la compagnie de Fanella mais il voulait déjà que cette soirée se termine vite pour que demain arrive. Mais c’était sans compter sur les autres surprises que sa petite amie lui réservait apparemment.

— J’ai encore une surprise pour toi, on va prendre un taxi.

— Un… un taxi ?

Il espérait ne pas incommoder le conducteur avec son fauteuil roulant. Il se débrouillait beaucoup mieux et arrivait même à tenir debout voire a faire quelques pas avec le kiné, ce qu’il s’était bien gardé de révéler à Fanella. Elle était friande de surprises mais lui aussi attendait le jour où il pourrait voir son visage s’éclairer lorsqu’il marcherait vers elle. Peut-être qu’il avait deviné juste en parlant d’aller boire un chocolat chaud, elle n’avait rien confirmé. Plus elle esquivait ses questions et plus son cœur commençait à battre la chamade, pas vraiment de peur, mais d’appréhension certaine. Il dut se faire violence pour ne pas éteindre la montre et regarda donc la ville défiler par la fenêtre du taxi pour tenter de comprendre ce qui se passait. Ils n’allaient visiblement pas au petit salon de thé, la surface du lac brillait tandis qu’ils montaient dans les hauteurs et que la route se faisait plus sinueuse.

Lorsque le taxi s’arrêta devant une maison en bois avec un petit jardin, perdue dans la brume, il se demanda avec terreur si elle avait prévu de lui faire rencontrer ses parents. Il n’avait rien préparé, il n’était pas présentable. Il ne savait pas quoi leur dire. L’endroit était très joli mais la panique semblait occulter le fait qu’il n’y avait aucune lumière et donc aucune trace de vie à l’intérieur. Il dut attendre que Fanella reprenne la parole pour comprendre que personne ne l’attendait dans la petite maison. Mais plutôt qu’elle les attendait, eux.

— J’ai eu les clefs hier, expliqua Fanella en peinant à contenir sa joie. Je pensais qu’on serait mieux là que dans mon appartement. De toute façon je ne peux plus le voir, avec ses murs tous gris là ? Et puis il y a deux pièces en plus. Qu’est-ce que tu penses ?

Abasourdi, Eugène papillonna entre la maison et la jeune femme. Elle avait… déménagé ? L’appartement en ville lui plaisait mais cette petite maison loin de tout, avec vue sur le lac et ce petit jardin étaient tout bonnement adorables. Il n’y avait pas de voisins dont les pensées pourraient le perturber, tout était calme, logé dans un paisible écrin de verdure. Il n’aurait jamais pu rêver mieux. La surprise était parfaite mais il aurait encore une fois aimé pouvoir participer financièrement. Il savait à l’avance les réponses que la scientifique lui donnerait s’il avait à évoquer cette pensée alors il préféra la chasser tandis que, comme à son habitude, ses yeux se remplissaient de larmes.

— Je la trouve… vraiment incroyable. C’est… c’est vraiment pour nous deux ? On peut vivre ici ?

Ses questions ne trahissaient que peu à quel point il n’en croyait pas ses yeux. Demain il aurait sa carte d’identité, sa nationalité et dès ce soir il pouvait vivre ailleurs que dans le laboratoire dans cette petite maison. Il ne savait clairement pas comment il allait faire pour retourner au laboratoire pour ses séances de kinésithérapie ou son travail avec Jonathan même si techniquement, il avait toujours son vieux permis, mais il ne voulait pas y penser. Il s’approcha de la clôture avec son fauteuil puis se tourna pour sourire à Fanella. Même s’il ne marchait pas tout à fait, il avait de rendre ce moment encore plus important pour eux deux.

— Je pense que c’est parfait mais ça le sera encore plus si tu m’aides à passer la porte… debout.

Il n’allait pas se compliquer la tâche à essayer de traverser le jardin. Eugène monta donc la rampe en fauteuil en attendant qu’elle déverrouille la porte mais ensuite, avec son aide, il abandonna son moyen de locomotion pour se lever. Ses jambes avaient gagné en force pour supporter son poids, ainsi Fanella n’avait pas à le porter mais il devait tout de même s’accrocher à elle pour pouvoir faire quelques pas en gardant son équilibre. Mais au moins, il avait pu rentrer debout, fièrement, franchir ce cap de toutes les manières. Mais surtout, avec la présence de Fanella à ses côtés, toujours. Et c'était ce qui le rendait le plus heureux.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Contenu sponsorisé
# Re: Faire Face
en bref

Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum