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But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ? - Page 2


 
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But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ? :: 

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Fanella Ozark
# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Jeu 19 Mai - 22:48
Fanella commençait peu à peu à reprendre conscience du monde qui l’entourait. Sa préoccupation avait été de savoir où se trouvait Eugène. Elle l’entendit lui demander si elle allait bien mais elle décida de remettre sa question à plus tard. Il était difficile de répondre. Elle ne pouvait dire comment elle se sentait. Les images qui lui venaient ne faisaient pas vraiment sens. Elles étaient douloureuses, dérangeantes, mais lointaines.

La réalité de leur mission ne lui revint en mémoire que lorsqu’elle croisa son regard. Son visage. Ses cheveux. Ses vêtements. Son. Corps.

Dès que Carter la libéra, elle plongea sur lui pour le noyer de larmes de joie et de soulagement. Elle passa ses doigts dans ses cheveux, pour s’assurer que c’était réel. Elle se répétait que ça avait marché pour s’en convaincre. Elle sentait ses doigts serrer faiblement ses vêtements et son corps trembler sous les sanglots. Ses bras se serraient artificiellement autour d’elle et elle devina qu’il utilisait la télékinésie pour bouger. Elle espéra que le reste de l’équipe mettrait ça sur le compte de son retour récent. Elle était de toute façon trop émue pour se préoccuper des secrets. Elle était si heureuse de le voir, de rendre réelle cette image maintes fois répétée dans son esprit. Oui il était encore allongé sur son brancard et oui il était faible, mais le miracle était déjà tellement grand.

— Tu m’as ramené, articulait-il à travers ses sanglots, Tu as réussi…

La jeune chercheuse avait été juste heureuse de le voir là, vraiment là. C’était comme retrouver un ami avec qui on a une relation longue distance depuis des années. Le sentiment était d’autant plus intense qu’Eugène était la personne la plus proche d’elle, celui qui la connaissait le mieux, lui qu’elle appréciait le plus. Mais elle réalisait brusquement ce qu’elle venait de faire pour lui. Par dessus la joie, elle se sentait fière, elle était presque gênée.

— Merci… Mille fois merci, ajouta-t-il et cela lui fit monter le rouge aux joues.

Elle ne sut pas quoi répondre alors elle le serra contre elle un peu plus fort. Ils restèrent là un moment et le reste de l’équipe se taisait respectueusement. Lorsqu’elle se redressa, la tête de Fanella lui tourna un peu. Le ciel, la forêt lui semblaient irréels et ses jambes lui semblaient aussi solides que des roseaux. Dans sa tête, elle revoyait le pont, en boucle, comme un écho qui se rapprochait. Elle se demanda si Eugène le voyait aussi, comme elle, au même moment. Intellectuellement, elle se souvenait. Joy avait tiré sur elle, et même à ce moment elle avait pensé que c’était la femme la plus merveilleuse. Non. Joy avait tiré sur Eugène.

Elle sécha ses larmes du mieux qu’elle put et marcha près d’Eugène, ne sachant pas quoi dire, étrangement frébrile. Durant les 45 min de marche qui les séparaient du campement, elle ne s’éloigna pas de lui. De temps à autre, elle attrapait sa main délicatement en lui souriant.

Voir les tentes lui procura un infinie sentiment de soulagement. Le pire était fait. Elle était grimpé la montagne, elle avait traversé les souvenirs. Il ne restait plus qu’à rentrer. L’équipe médicale installa Eugène dans la grande tente médicale et elle resta assise près de lui.

Jonathan ne s’éloignait pas non plus la machine toujours sur son dos. Il la posa près du lit ou Eugène était installé.

— Est-ce que tu penses que je peux l’éteindre ?


Il détournait le regard. Regarder Eugène dans les yeux était difficile pour lui. Il ne savait dire comment il se sentait à propos de cela. Son cerveau disait qu’il était bien là, ses tripes disaient qu’il était mort.

Carter les rejoignit poussa la toile blanche.

— Bon, Eugène… on va essayer de faire un point sur ta mobilité d’accord ?

Fanella se redressa, un brin anxieuse.

— Tu crois… tu crois que ça va aller… Carter ?

Juste après elle regretta ses paroles. Eugène devait se sentir assez anxieux comme ça. Il était inutile d’en rajouter.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Sam 21 Mai - 16:31
Eugène était presque plus heureux de pouvoir serrer Fanella dans ses bras, même faiblement que d’être en vie. Les deux allaient de paire évidemment mais cette sensation depuis si longtemps oubliée le transportait vers un bonheur qu’il avait rarement connu, même dans son passé. Sentir une telle chaleur était si réconfortant. Malgré tous les doutes qui l’avaient assailli, malgré les souvenirs de sa vie passée qui était un supplice ou aucun jour passé sur Terre ne faisait sens, revenir parmi les vivants valait quand même le coup. Du moins tant qu’il pouvait profiter de ce que lui offrait cette deuxième chance. Emu aux larmes, le médium avait enseveli son amie de remerciements sincères. Personne d’autre qu’elle n’aurait pu lui offrir cette opportunité et il lui serait à jamais redevable, ne serait-ce que pour les risques qu’elle avait encourus. Leur étreinte dura encore quelques instants avant qu’ils ne doivent se séparer. Eugène cligna plusieurs fois des yeux pour chasser les larmes et le convoi reprit sa route tranquillement.

Fanella marchait à ses côtés et à chaque fois que sa main venait serrer la sienne, il tressaillait un peu, comme si chaque contact lui rappelait qu’il était vivant aussi clairement que le vent sur son visage ou le bruissement de la forêt dans ses oreilles. C’était un geste inattendu, qu’il ne pouvait prédire mais il s’arrangeait pour que sa main serre un peu la sienne à chaque fois et lui souriait presque avec extase. Pour la première fois il réussissait peu à peu à calmer l’angoisse d’être fermé à l’esprit de toute une troupe de personnes et à simplement profiter de l’instant présent avec son amie. Lorsque l’expédition regagna finalement le camp, Eugène fut emmené dans la grande tente médicale et les pauvres soignants qui avaient du porter son brancard purent enfin se reposer.

— Est-ce que tu penses que je peux l’éteindre ? demanda Jonathan en déposant la machine tampon à côté du lit.

Eugène avait remarqué l’attitude étrange de Jonathan. Il n’avait pas sauté de joie comme Carter ni montré de grande émotion depuis son retour. En réalité, il n’osait même pas le regarder et le médium se retrouva plutôt gêné par la situation. Il préféra ne faire aucune remarque cela dit. Bousculer ainsi les lois de la vie et de la mot devaient soulever tout un tas de questions et d’émotions et il devait être préférable de lui laisser le temps de digérer.

— Si tu l’éteins les fantômes vont revenir, expliqua-t-il calmement. Ça risque d’être difficile au début mais je devrais pouvoir les gérer quand je me serais habitué à leur présence à nouveau.

Plus que leurs présences ou leurs mots, c’était leurs souvenirs qui risquaient de malmener Eugène le temps que son cerveau fasse le tri entre ce qui lui appartenait ou pas. Tout le reste, le froid, les morsures, les griffures, les cris, il connaissait. Sa priorité était de pouvoir revenir sereinement et il était déterminé à les recaler s’ils devenaient trop étouffants. Rien ne l’empêcherait de profiter de ce moment, pas même Volgin. Il le ferait savoir. Sur ces entrefaites, Carter arriva à son tour.

— Bon, Eugène… on va essayer de faire un point sur ta mobilité d’accord ?

— Tu crois… tu crois que ça va aller… Carter ? questionna Fanella dont on sentait l’inquiétude dans la voix.

L’intéressé sentit son cœur rater un battement d’appréhension et la sensation lui parut bizarrement terrifiante, même si elle ne dura pas. Il tenta de la ravaler pour faire preuve de courage et de détermination. Il voulait tout réapprendre, se réapproprier son corps au plus vite. Pouvoir marcher, manger, être libre. La volonté ne lui faisait pas défaut.

— Sans essayer, on ne saura pas si ça va ou non, accepta-t-il avec un petit sourire nerveux. J’arrive à bouger un peu mes mains mais les sensations sont encore très bizarres. Qu'est ce que je dois faire ?

Son corps lui paraissait lourd. Il imaginait chaque geste rapide et fluide, ne lui coutant aucune énergie, comme lorsqu’il était un fantôme. La réalité réveillait tout un tas de muscles et forçait son cerveau à envoyer et recevoir tout un tas de commandes à chaque centimètre de son corps. Il avait l’impression d’être un pilote dans son premier avion de ligne. Le seul avantage, c'était qu'il n'allait pas se crasher et qu'il pouvait prendre son temps pour apprendre.
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Fanella Ozark
# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Dim 22 Mai - 12:04
Sans regarder Eugène, Jonathan s’était enquis de savoir s’il pouvait éteindre le machine. Fanella devinait à son attitude empressée qu’il n’avait qu’une envie : quitter cette tente. La jeune chercheuse s’assit près du lit d’Eugène ou l’équipe médicale venait de le déposer. Elle se demanda pourquoi son second de laboratoire était si distant et l’idée l’effleura qu’il y avait encore des choses qu’elle ne savait pas.

— Si tu l’éteins les fantômes vont revenir,
répondit Eugène calmement. Ça risque d’être difficile au début mais je devrais pouvoir les gérer quand je me serais habitué à leur présence à nouveau.

Jonathan ne sut visiblement pas quoi penser de cette réponse. Il déchargea la machine de son dos et la posa près d’Eugène avec des gestes rapides.

— Tu vois le bouton vert là ? Si tu veux l’éteindre, presse le bien trois secondes. La batterie est presque morte mais je vais la brancher.


Le chercheur chercha une prise et Carter vint l’aider. Au loin le ronronnement du groupe électrogène indiquait que la tente était équipée de tout le matériel nécessaire. En effet, Carter avait anticipé qu’Eugène pourrait avoir besoin de soins intensifs après son retour. Heureusement il n’en était rien. Il parlait, il était conscient, pas douloureux, ses constantes étaient bonne comme l’indiquaient les quelques bis tranquilles des machines. Après avoir branché la machine Jonathan disparu sans rien ajouter.

L’ambiance s’allégea quelque peu alors Carter entrepris de faire son travail de médecin, maintenant qu’ils avaient fini leur randonné de la journée. Le ciel était encore haut, dehors Fanella entendait le reste de l’équipe qui sortait de quoi manger un peu après cette dure journée.


— Bon, Eugène… on va essayer de faire un point sur ta mobilité d’accord  ? commença le médecin.

La jeune chercheuse imagina Eugène bloqué dans ce lit pour encore plusieurs mois. Elle se réjouit qu’il ne puisse pas voir les images qu’elle formait dans sa tête. Elle voulait le voir marcher, se déplacer, vivre. Elle voulait lui faire visiter Salt Lake City et d’autres lieux pourquoi pas. Peut-être faudrait-il être patients. Sans compter qu’il allait sans doute falloir un jour ou l’autre lui retirer les puces qui se trouvaient toujours quelque part sous son crâne.

— Tu crois… tu crois que ça va aller… Carter ? questionna-t-elle anxieusement.

Le médecin haussa les épaules avec un sourire puis se tourna vers son patient pour écouter quelle serait sa réponse.

— Sans essayer, on ne saura pas si ça va ou non, répondit Eugène. J’arrive à bouger un peu mes mains mais les sensations sont encore très bizarres. Qu'est ce que je dois faire ?

Le sourire de Carter s’élargit. Fanella songea qu’il était bien courageux, elle avait l’impression qu’il avait moins peur qu’elle, mais après tout, elle ne lisait pas les pensées. Dans son esprit se bousculèrent des images douloureuses issues des souvenirs qu’Eugène lui avait montrés. Ceux qui étaient flous, ceux du laboratoire et de son corps maigre et entravé. Ce n’était pas cette vie qu’elle voulait pour lui. L’enthousiasme de Carter la rassura quelque peu malgré tout.

— C’est très encourageant que les mains répondent déjà. A ça j’ajouterais que tu parles et que ton visage est au moins en partie mobile.


Il se tourna vers Fanella avec un large de sourire.

— Je pense qu’on peut être raisonnablement optimistes. On n’a pas eu a  ranimer. La respiration fonctionne. C’est déjà énorme. C’est déjà beaucoup mieux que ce qu’on avait anticipé.

Tout aussi joyeusement, il se tourna vers Eugène à nouveau.

— Ce qu’on va faire tout simplement c’est une sorte d’inventaire. On va prendre chaque partie de ton corps et on va essayer de savoir si elle a des sensations et le cas échéant, si elle peut bouger ou non. Ensuite on partira de ce qui est là pour progresser petit à petit. Tous les jours, je noterais où on en est pour voir l’évolution. Ça va nous permettre aussi de savoir jusqu’à quel point tu as besoin d’être assisté dans tes fonctions vitales.

Fanella songea qu’en effet, au moment de planifier l’expédition, ils avaient été beaucoup plus pessimistes et dans la tente se trouvait tout le matériel pour soigner quelqu’un qui était plongé dans un profond coma, déposé la par l’équipe médicale qui quittait progressivement la tente. Ils n’avaient d’ailleurs pas pensé à un invité un kiné car dans leurs esprits, cette étape là n’aurait lieu que bien plus tard. Elle se rassura avec cette idée. Tout se passait beaucoup mieux que prévu. Alors pourquoi se sentait-elle si terriblement anxieuse ? Elle n’arrivait pas à se défaire de l’idée que quelque chose de catastrophique n’allait pas tarder à arriver. Le retour d’Eugène, cela lui semblait si improbable. Si fragile. Quelque part à l’arrière de son esprit encore brumeux, une détonation résonnait de temps à autres.

— Avant de commencer, ajouta Carter, j’ai besoin de savoir si tu as mal quelque part. Si ton corps nous envoie un signal d’alerte quelconque c’est mieux de l’écouter non ?
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Mar 24 Mai - 10:12
Jonathan jugea finalement qu’Eugène pouvait gérer la machine lui-même. Il la brancha sur secteur car la batterie était bientôt vide, lui expliqua sur quel bouton il devait appuyer puis s’éclipsa hors de la tente. Il se sentait un peu triste et à l’origine des troubles du jeune homme et espérant qu’un petit moment seul suffirait à apaiser les pensées qui semblaient agiter son esprit. Qui n’aurait pas le cerveau en ébullition après avoir ramené quelqu’un à la vie, cela dit ? Le scientifique s’était après tout confié sur sa peur de violer un tabou et celle-ci s’était à présent réalisée.

Une fois sorti, Carter se tourna vers lui pour lui proposer d’évaluer sa motricité. Cela sembla inquiéter la jeune femme à côté de lui et Eugène se demanda ce qui pouvait bien lui traverser l’esprit. Même si la machine tampon lui facilitait la vie, il se voyait mal se séparer de ses capacités à jamais. Elles faisaient partie de lui, c’était un mal nécessaire avec lequel il devait coexister pour être lui tout entier. L’angoisse de ne pas pouvoir lire dans les esprits des autres, même si le processus était intrusif et qu’il le regrettait, risquait de ne faire qu’augmenter au fil du temps. Pour l’instant il était entouré de personnes de confiance donc sa peur restait tranquillement cachée au fond de son ventre.

— C’est très encourageant que les mains répondent déjà. A ça j’ajouterais que tu parles et que ton visage est au moins en partie mobile. Je pense qu’on peut être raisonnablement optimistes. On n’a pas eu à ranimer. La respiration fonctionne. C’est déjà énorme. C’est déjà beaucoup mieux que ce qu’on avait anticipé.

Eugène adressa à ses deux congénères un sourire maladroit et tremblant. Ils avaient vraiment pensé au pire, encore plus que lui qui pourtant était passé maitre dans l’art du scénario catastrophe. Qu’il le veuille ou non il s’était accroché à l’idée de revenir et cet espoir l’avait porté à travers l’océan sombre des possibles. Il n’était d’ailleurs pas encore tout à fait remis de sentir son visage s’animer à chaque mot qu’il formulait. S’il se concentrait sur sa respiration, bien qu’instinctive, il y voyait comme un miracle s’exécuter à chaque cycle.

— Et j'ai mes lunettes donc j'arrive à vous voir, ajouta-t-il, amusé. C'est vrai que c'est déjà bien.

S'il avait du voir complètement flou en plus d'être fermé à leurs pensées, il aurait sans doute paniqué de se retrouver comme dans les laboratoires. Carter se tourna vers lui pour lui expliquer en quoi consistait exactement cette histoire de point sur la mobilité et il lui en fut reconnaissant. En d’autres circonstances il aurait immédiatement compris de quoi il s’agissait mais dans le cas présent, il avait besoin que des mots soient formulés. Et en même temps, le médecin était peut-être le premier à finalement prendre le temps de lui expliquer quelque chose avant de se lancer dans de grandes expériences.

— Ce qu’on va faire tout simplement c’est une sorte d’inventaire. On va prendre chaque partie de ton corps et on va essayer de savoir si elle a des sensations et le cas échéant, si elle peut bouger ou non. Ensuite on partira de ce qui est là pour progresser petit à petit. Tous les jours, je noterais où on en est pour voir l’évolution. Ça va nous permettre aussi de savoir jusqu’à quel point tu as besoin d’être assisté dans tes fonctions vitales. Avant de commencer, j’ai besoin de savoir si tu as mal quelque part. Si ton corps nous envoie un signal d’alerte quelconque c’est mieux de l’écouter non ?

Eugène n'était pas du genre à se plaindre. La douleur avait été une partie de sa vie devenue normale. Une vieille amie qu’il connaissait depuis toujours. S’il souffrait, c’est qu’il était vivant d’une certaine manière. Du moins c’est ce qu’il se disait, à l’époque. Il n'avait plus l'habitude de se focaliser dessus et il lui fallut donc un petit moment pour faire un constat honnête. Sans les fantômes et les sensations d'autrui, c'était étonnement plus facile de distinguer ce qui lui appartenait ou non. Toutes ses années il avait pensé n’être qu’une coquille vide, qu’un réceptacle à autrui. Que c’était ce qui forgeait son identité et que sans l’autre en face de lui il n’était rien1. Il se rendait compte qu’il avait eu faux sur toute la ligne et c’était encore une fois grâce à Fanella.

— Pour l'instant j'ai juste un fond de mal de tête mais comme à l'époque... c'est en continu, plus ou moins fort selon ce que je fais. Je me sens fatigué et nerveux en même temps. Et mon corps est lourd et engourdi. Le reste ça a l'air d'aller.

Tant qu’il était allongé, il se portait comme un charme. Il ne savait pas ce qui pourrait se passer ensuite. Ses membres semblaient bien attachés, il ne devrait rien laisser dans le brancard si on tentait de le lever mais tout de même le doute persistait. Il avait vu dans leurs esprits d’où il revenait, dans quel état il avait été alors que le temps s’inversait.
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Fanella Ozark
# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Mer 25 Mai - 15:11
Fanella était admirative d’Eugène, capable de faire des blagues sur le retour miraculeux de ses lunettes. Elle-même ne pouvait pas secouer une certaine angoisse et semblait ne faire qu’augmenter au fur et à mesure du temps. Pourtant il n’y avait rien à craindre. Ils étaient au campement. Demain ils n’aurait qu’à redescendre et le soir, ils seraient dans l’avion, en route pour la maison. Elle passait peu de temps chez elle, du moins avant l’arrivée d’Eugène, mais à présent elle n’avait qu’une seule envie  : se blottir en sécurité dans le lit gris de son appartement de Salt Lake City.

Carter avait proposé de faire l’inventaire de l’état du corps d’Eugène. Il avait commencé par lui demander s’il avait mal quelque part. Elle attendit qu’il parle un peu anxieusement. Elle s’en voulait que cette question n’ait même pas effleuré son esprit.

— Pour l'instant j'ai juste un fond de mal de tête mais comme à l'époque... c'est en continu, plus ou moins fort selon ce que je fais. Je me sens fatigué et nerveux en même temps. Et mon corps est lourd et engourdi. Le reste ça a l'air d'aller.

Fanella fut soulagée par cette réponse. Le médecin ne semblait pas s’en inquiéter non plus, même si sa mine s’assombrit quelque peu.

— Je suppose que c’est à cause de ce dont on a parlé hier… souffla-t-il. Tu sais, si certains traitements peuvent t’apaiser ?


Le médecin songea qu’il allait falloir s’occuper de ce problème plus rapidement que prévu s’il voulait éviter à son patient cette douleur chronique sur une trop longue période. En même temps, il fallait prendre les difficultés une par une sans quoi il risquait de trop s’éparpiller.

— Bon on va commencer… est-ce que tu préfères que Fanella sorte ?

Après tout, cela restait un examen médicale. Carter sentait qu’ils étaient proches et précisément pour cette raison il pensait que son patient pourrait vouloir cacher certaines choses à son ami, pour la ménager ou ne pas l’inquiéter. Dans tous les cas, sa déontologie l’obligeait à poser la question.

— Oui.. je peux sortir si tu veux ? ajouta Fanella qui semblait comprendre.

Le médecin remarqua l’expression d’angoisse sur son visage. Après, il faudrait qu’il lui propose un entretien pour débrieffer ce qu’elle venait de vivre. Il ne devait pas oublier qu’il n’avait pas qu’un seul patient mais deux sur cette mission.

Puis Carter effectua l’examen avec patience et précaution. Au bout d’une heure, les résultats furent plutôt encourageants. Eugène semblait avoir des sensations dans tous son corps. Sa peau était sensible partout. Au niveau du mouvement, le visage était entièrement mobile ce qui était une très bonne nouvelle. Il n’y avait pas de raison de penser que les organes internes n’étaient pas déjà opérationnels ce qui signifiait qu’il n’aurait pas non plus à le sonder. Le problème restait la mobilité générale. Les mais pouvaient bouger et se serrer mais les bras restaient très faibles. Les pieds ne répondaient presque pas et les jambes pas du tout. Pour le moment, Eugène ne tiendrait pas assis. Il était tout simplement cloué au lit.

— Bon, la bonne nouvelle, commença Carter, c’est que toutes tes fonctions vitales sont probablement opérationnelles. Je ne vais pas devoir te sonder. En revanche, tu es plus ou moins coincé dans ce lit pour le moment on dirait non ? Je vais te donner une sonnette comme ça tu pourras appeler les infirmiers si tu as besoin de quelque chose, d’accord ?

Carter espéra que cette situation ne suscitera pas trop d’angoisses en lien avec les souvenirs traumatisants de l’enfermement dans les laboratoires et les opérations subies de force. Pour l’instant l’humeur d’Eugène semblait positive, mais lui aussi risquait d’expérimenter un contre coup. Pour sûr, il allait être pas mal débordé dans les jours à venir.

— Sinon, on va commencer par t'hydrater doucement et voir pour ce mal de tête...

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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Jeu 26 Mai - 10:35
A demi-mots, parce qu’ils n’étaient pas seuls dans le campement et que les parois étaient fines, Eugène avait évoqué une sorte de mal de tête lancinant mais supportable qui faisait le lien avec ses révélations de la veille et les puces enfoncées dans son cerveau. Puisque le temps avait remonté et influé sur tout son corps, elles devaient fonctionner à nouveau. Mais peut-être que la machine tampon qui emprisonnait ses capacités comme les fantômes calmait ces douleurs ; elles ne devenaient insupportables que lorsqu’il usait trop de ses pouvoirs après tout.

— Je suppose que c’est à cause de ce dont on a parlé hier. Tu sais, si certains traitements peuvent t’apaiser ?

Eugène hocha doucement la tête pour confirmer et remercia silencieusement Carter pour sa discrétion. Même s’il ne pouvait plus lire dans ses pensées, il lui apparaissait toujours comme un médecin digne de confiance. Concernant la possibilité de soulager sa douleur, il avait rarement eu accès à des traitements puisque le but était qu’il souffre après tout.

— On ne m’a jamais rien donné pour soulager la douleur, admit-il tristement. Je ne sais pas ce qui pourrait fonctionner ou non.

Bien sûr, ses paroles pouvaient ouvrir la porte à toute une série de tests de médicaments ou d’anesthésiants et il craignait un peu cette partie laboratoire et étude de cas mais c’était un mal pour un bien. Et surtout, ce n’était pas pour le torturer mais pour l’aider. Ce n’était que ses souvenirs cachés dans l’ombre qui troublaient ses pensées. Pour l’instant, elle était tolérable et évaluer sa mobilité semblait la priorité pour tout le monde. Ils s’occuperaient de cette histoire de médicaments ensuite.

— Bon on va commencer… est-ce que tu préfères que Fanella sorte ?

— Oui.. je peux sortir si tu veux ?

Eugène rougit un peu et les observa tous les deux, bien en peine de prendre une décision. Il comprenait qu'il faudrait peut-être le déshabiller dans une certaine mesure. Fanella semblait très inquiète pour des raisons qu’il ne pouvait pas vraiment appréhender pour l’instant. Une partie de lui aurait voulu la ménager car si le diagnostic de Carter n’était pas bon, cette angoisse risquait d’augmenter et en même temps, comme il se sentait plutôt bien quoiqu’immobilisé dans le lit, peut-être que l’examen allait également l’apaiser. Elle avait vu ses souvenirs, avait même été dans sa peau l’espace de quelques instants. Cela ne servait à rien de cacher ce qu’elle avait déjà vu.

— Je ne sais pas trop… Ça ne me dérange pas que tu restes, je n'ai pas grand chose de plus à cacher mais tu as l'air déjà suffisamment inquiète comme ça et je ne voudrais pas en rajouter.

Encore une fois, le choix revenait à son amie. Si elle se sentait en capacité de suivre l’examen avec lui, il ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’elle soit présente. Bien sûr, son propre corps maigre et marqué par la vie l’avait toujours gêné mais il eut bien vite d’autres chats à fouetter et de réponses à donner lorsque Carter commença. Il redécouvrit quelques sensations dans ses jambes, sur sa peau, même s’il lui était impossible de les lever, peu importe la force et la volonté qu’il voulait y mettre. Son esprit habitait bien son corps mais ne semblait pas se l’être totalement réapproprié, ni en mesure de le faire obéir. Il aurait voulu pouvoir marcher et rassurer Fanella mais il savait aussi que revenir d’entre les morts et se réacclimater à la vie risquait d’être lent. Un exploit suffisait pour une journée. Il attendit néanmoins le verdict avec inquiétude.

— Bon, la bonne nouvelle, c’est que toutes tes fonctions vitales sont probablement opérationnelles. Je ne vais pas devoir te sonder. En revanche, tu es plus ou moins coincé dans ce lit pour le moment on dirait non ? Je vais te donner une sonnette comme ça tu pourras appeler les infirmiers si tu as besoin de quelque chose, d’accord ? Sinon, on va commencer par t'hydrater doucement et voir pour ce mal de tête...

Une vague de soulagement déferla sur Eugène tandis que des images horribles de son passé disparaissaient. Dès que Carter avait évoqué le mot sonde, tous ces moments où on avait enfoncé des tuyaux à des endroits différents de son corps l’avaient frappé et l’angoisse avait menacé de prendre le dessus. Heureusement, ses oreilles et son cerveau avaient très bien entendu qu’il pouvait s’en passer et se raccrochaient à cette idée. Personne n’allait tenter de le nourrir de force. Même l’idée de pouvoir appeler s’il avait besoin de quelque chose était nouvelle et déstabilisante pour lui et il serra la sonnette que Carter lui donna dans sa main faible de peur de la perdre. Il n’était pas trop demandeur et avait peur d’embêter tout le monde mais pouvoir appuyer sur un bouton en cas de véritable urgence le rassurait beaucoup.

— D’accord, acquiesça-t-il avec un petit sourire rassuré. Même ça, c’est assez nouveau pour moi mais c’est rassurant. Merci.

On allait vraiment le soigner, prendre soin de lui. Essayer de diminuer sa douleur. Il ne savait pas encore très bien comment il allait pouvoir manger ou boire, si tout allait bien se passer et il avait peur d’avaler de travers et de repartir sur la plage. Ce serait tout de même ridicule. Mais il avait la volonté d’essayer, de ressentir à nouveau. De faire de son mieux pour Fanella qui avait réussi à le ramener contre vents et marées.
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Fanella Ozark
# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Jeu 26 Mai - 23:50
A l’évocation de ces douleurs à la tête, Carter s’était évidemment souvenu des puces implantées dans la tête d’Eugène. Il s’était efforcé de remettre cette préoccupation à plus tard. Il fallait d’abord se concentrer sur la mobilité.

— On ne m’a jamais rien donné pour soulager la douleur,je ne sais pas ce qui pourrait fonctionner ou non.


Carter soupira. Il avait oublié qu’Eugène n’avait pas passé sa vie dans hôpital mais dans un laboratoire. Autrement dit, un lieu où personne ne se souciait de son bien-être. Voire où la souffrance était un outil de contrôle utilisé pour qu’il fasse ce qu’on attendait de lui. Le médecin se souvint qu’il était important d’être très prudent avec Eugène, de lui expliquer tout ce qu’il allait lui faire et de s’assurer d’avoir son consentement pour tous les gestes.

— Bon… on commencera du moins fort au plus fort et on verra bien.

Carter se mis en devoir d’expliquer ce qui allait suivre à Eugène afin d’éviter toute surprise. Le rescapé laissa le choix à Fanella de sortir ou non. Comme le médecin l’espérer, elle décida de les laisser seuls tous les deux. Elle s’éclipsa sans rien dire, l’air préoccupé. Il déshabilla quelque peu Eugène pour l’examiner. Son corps était marqué par son vécu, il fallait bien se l’avouer. Malgré tout, son patient se prêta à l’exercice avec beaucoup de bonne volonté. Lorsque ce fut terminé, Carter était assez content. Il lui annonça qu’il n’aurait pas à lui mettre de sonde. Rien n’indiquait que le système digestif n’était pas opérationnel. Le médecin lui confia également une sonnette. A la manière dont Eugène la serra malgré la faiblesse de sa main, il comprit que son patient était beaucoup plus angoissé que ce qu’il voulait bien lui dire.

— D’accord, répondit-il. Même ça, c’est assez nouveau pour moi mais c’est rassurant. Merci.

Carter déglutit douloureusement et il fut content qu’Eugène ne puisse pas voir ce qu’il imaginait à ce moment précis, puisque la machine était toujours en route. Il se retourna autant pour attraper de l’eau et de quoi dissoudre un Doliprane dedans que pour cacher l’expression de son visage. Lorsqu’il se sentit capable de sourire à nouveau, il se tourna à nouveau. Il posa près de lui la carafe et le verre et l’aida à se redresser dans le lit en arrangeant les coussins. Puis il lui montra le verre.

— C’est un Doliprane. Un antidouleur classique que tu trouves sans ordonnance en pharmacie. On verra si ça suffit.

Carter aida Eugène à boire et laissa l’ensemble à portée de main.

— Et voilà, c’est déjà une bonne chose. On va voir comment ton corps se débrouille avec ça. Si tout va bien, dans une petite heure les infirmiers te feront manger quelque chose.

Le médecin prit l’air un peu plus grave et s’assit près de lui.

— En attendant Eugène, dis-toi bien qu’ici c’est une tente médicale d’accord ? On ne peut rien te faire sans ton consentement. On doit veiller à ce que tu te sentes bien et que tu n’aies mal nulle part. Aide-nous à faire ça, en nous disant si tu as besoin de quoique ce soit, d’accord ? Même si c’est juste d’avoir quelqu’un à côté de toi. C’est déstabilisant ce que tu viens de vivre. D’être coincé dans ce lit, ça pourra être difficile. A ce moment-là, on t’aideras d’accord ?


Carter espéra avoir été assez clair. Cependant il était bien placé pour savoir que dans ce genre de situations, les mots ne portaient parfois pas assez fort. Seuls les actes avec le temps, prouveraient à Eugène qu’il était en sécurité. Il finit par quitter la tente quand il se fut assuré qu’il était calme. Après tout, il avait aussi besoin de se reposer. L’examen qu’il venait de pratiquer pouvait être fatiguant… sans parler du fait de revenir à la vie.

Il alla trouver le reste de l’équipe médical qui mangeait tranquillement et leur fit un retour sur l’état d’Eugène. Il insista sur l’importance de ne pas brusquer les choses, de ne rien forcer sur lui. Tous hochèrent la tête. Avoir traverser le complexe scientifique suffisait sans doute pour qu’ils se doutent de la situation. Puis il chercha Fanella du regard.

Il la trouva un peu à l’écart, en train de picorer un peu sandwich.

— Alors ? Comment va ma deuxième patiente ? demanda-t-il joyeusement.

— Pas très bien, répondit-elle sans détour.

Il aima sa franchise. Au moins n’aurait-il pas trop de mal à l’aider si elle lui parlait ouvertement de ce qui la préoccupait.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Sam 4 Juin - 14:08
Une fois l’examen physique terminé et Eugène gentiment rhabillé, Carter s’était détourné pour chercher des médicaments qui pourraient éventuellement aider à dissiper l’inconfort des puces revenues dans sa tête. Dans son corps solide. Décidément, il avait du mal à s’y faire et d’après le constat du médecin, il lui faudrait un certain temps d’adaptation pour pouvoir marcher à nouveau. Le lit était confortable mais le médium s’inquiétait de devoir appeler quelqu’un au moindre besoin ; il ne voulait pas déranger ou laisser son angoisse le rendre trop demandeur.

— C’est un Doliprane. Un antidouleur classique que tu trouves sans ordonnance en pharmacie. On verra si ça suffit.

Carter lui avait amené un verre dans lequel se dissolvait un cachet et venait de l’aider à s’asseoir. Ce genre de traitements, il connaissait plus ou moins. Il avait déjà eu à en prendre plusieurs fois mais jamais pour sa tête comme motif premier. Soit pour des foulures à l’entraînement ou bien sur le champ de bataille. Jamais en laboratoire. Il savait que le gout n’était pas très bon et avala doucement de peur de s’étouffer. Là encore, tout sembla répondre correctement et les deux hommes se sourirent mutuellement.

— Et voilà, c’est déjà une bonne chose. On va voir comment ton corps se débrouille avec ça. Si tout va bien, dans une petite heure les infirmiers te feront manger quelque chose.

— Merci pour le médicament j’espère que ça fera effet et que j’arriverai à manger un peu.

Une heure ce n’était pas bien long. Il ne devrait rien se passer de grave d’ici là, il ne devrait pas avoir besoin d’appeler. En soi, Eugène n’avait pas l’impression d’avoir faim mais il ne refuserait pas l’opportunité de prendre des forces. Il n’avait jamais été un grand mangeur après tout mais l’eau, quoiqu’au gout étrange et chimique, lui avait fait du bien. Carter vint s’installer à coté de lui, un air plus grave sur le visage qui inquiéta quelque peu le médium.

— En attendant Eugène, dis-toi bien qu’ici c’est une tente médicale d’accord ? On ne peut rien te faire sans ton consentement. On doit veiller à ce que tu te sentes bien et que tu n’aies mal nulle part. Aide-nous à faire ça, en nous disant si tu as besoin de quoique ce soit, d’accord ? Même si c’est juste d’avoir quelqu’un à côté de toi. C’est déstabilisant ce que tu viens de vivre. D’être coincé dans ce lit, ça pourra être difficile. A ce moment-là, on t’aideras d’accord ?

Il s’attendait à ce que le médecin lui annonce quelque chose d’horrible vu sa tête. Ces propos rassurants firent soupirer Eugène de soulagement. Il était un peu perdu à essayer de déchiffrer les émotions d’autrui sans avoir leurs pensées sur lesquelles s’appuyer. Oui bien sûr, ce qu’il avait révélé à son nouvel ami sur ses anciennes conditions de vie devaient peser dans son esprit. A ses côtés il se sentait en sécurité mais il ne saurait dire si cela serait toujours le cas face aux autres soignants qu’il ne connaissait pas.

— Je vais tâcher de garder ça en tête et sinon, il suffira d’éteindre la machine pour que je sois rassuré mais pas tout de suite. Je ne me sens pas la force d’affronter les fantômes… je suis un peu fatigué et je vais essayer de me reposer un peu. C’est rassurant de savoir que tu n’es pas loin.

C’était certainement le contrecoup qui commençait à retomber sur ses épaules car il sentait que son esprit bouillonnant peinait à maintenir la cadence de ses pensées. Il allait remettre à plus tard la désactivation de la machine tampon et les problèmes qui s’ensuivraient. Il laissa Carter sortir de la tente et resta longuement seul à observer son environnement. C’était dépaysant car tant qu’il ne voyait personne, il avait l’impression d’être seul au monde et c’était à la fois reposant et angoissant. Il entendait quelques voix ténues au dehors néanmoins et ferma les yeux pour se concentrer dessus et tenter de se détendre.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Dim 5 Juin - 12:22
Carter avait éprouvé le besoin de réexpliquer les choses à Eugène. Il ne fallait pas sous estimer l’anxiété qu’il ressentait et qu’il s’efforçait sûrement de cacher. Il l’avait vu serrer la sonnette. Il allait passer pas mal de temps aliter à dépendre des autres. Une situation qui serait naturellement de nature à ramener à lui toute une série de souvenirs désagréables. Heureusement, sa petite mise au point sembla porter ses fruits.

— Je vais tâcher de garder ça en tête et sinon, il suffira d’éteindre la machine pour que je sois rassuré mais pas tout de suite. Je ne me sens pas la force d’affronter les fantômes… je suis un peu fatigué et je vais essayer de me reposer un peu. C’est rassurant de savoir que tu n’es pas loin.

Le médecin se remit à sourire.

— Oui je ne serais pas loin Eugène et on a toute une équipe pour s’occuper de toi. Repose-toi bien, on revient te voir bientôt. Pour la machine, tu es libre de l’utiliser comme tu souhaites… j’imagine que Fanella va plancher sur une version compacte dès son retour.

Il quitta la tente avec le sentiment du devoir accomplit. Bientôt il solliciterait une des infirmières pour voir s’il pouvait manger quelque chose. Il n’avait pas de raison de penser que cela pourrait aller de travers. Il était temps maintenant de s’occuper de sa deuxième patiente. Il trouva Fanella un peu à l’écart du camp, pensive. Lorsqu’il l’interrogea elle déclara sans ambiguïté qu’elle se sentait assez mal.

— Je t’écoute, on va parler un peu tous les deux d’accord ?

Fanella lui raconta absolument tout. Les cris de douleurs dont elle ne savait dire s’ils appartenaient aux victimes d’Eugène ou à lui-même. Les crises de nerfs dans la petite chambre de béton triste. Le pont, surtout le pont. La déclaration d’amour, la déflagration qui les a tué tous les deux d’un même coup. La plage et la terreur. Carter écouta tout cela sans rien dire puis lui posa quelques questions sur son état. Visiblement sa patiente était assez angoissée.

— Bon, écoute, je vais te prescrire un petit traitement.

Fanella hocha la tête en reniflant, les joues ruisselantes de larmes.

— Tu as mangé ?, reprit le médecin.

La jeune chercheuse s’apperçu qu’elle avait faim. Non elle n’avait rien mangé. Son estomac noué l’en avait empêchée mais elle se sentait un peu mieux à présent. Elle secoua la tête.

— Alors vas-y, pose toi un peu… et dis-toi que demain soir, on sera de retour à Salt Lake City

Fanella s’accrocha à cette pensée une fois à table pour essayer de retrouver un peu d’optimisme. Après tout son entreprise folle avait fonctionner. Les membres de l’équipe qui passaient très d’elle la félicitaient. Elle n’avait pas l’impression qu’elle le méritait sans s’expliquer pourquoi. Elle se sentait nulle, sans valeur, inutile, comme un poids. C’était peut-être comme cela qu’Eugène avait l’habitude de se sentir. Après avoir prit son repas, elle ira le voir à nouveau. Juste pour vérifier qu’elle avait bien réussit et qu’elle ne s’était pas trompée. Pour elle, une éternité s’était écoulée entre ce matin et ce repas dans le soleil et l’air frais de la montagne.

Pendant ce temps dans la tente, l’infirmière entra avec un bol de nourriture fumante.

— Bonjour Eugène, alors comment on se sent après être revenu d’entre les morts ? Vous avez faim ? Si oui, j’ai l’autorisation de vous aider à manger.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Dim 5 Juin - 21:01
Avant de quitter la tente, Carter l’avait rassuré encore une fois sur le fait que lui et toute son équipe étaient là pour l’aider. Pour l’instant, Eugène parvenait à tranquilliser son esprit avec ce simple constat. Il espérait néanmoins ne pas avoir à rester trop seul et que Fanella reviendrait le voir. Il se faisait beaucoup de souci pour elle après ce qu’elle venait de vivre. Bien sûr, il avait confiance en sa capacité à surmonter tout ça mais en attendant, il aurait préféré ne pas être source de détresse. Epuisé et bien incapable de remédier à cette situation, le médium s’enfonça dans le lit et les coussins. Il ne pouvait rien faire d’autre que se reposer pour tenter d’aller mieux au plus vite. Pour lui et pour tout le monde. Il ne se laissa pas aller au sommeil mais ses yeux se fermèrent lentement et il se concentra sur sa respiration pour oublier les pensées intrusives et tournoyantes qui prenaient parfois le contrôle. En même temps, respirer était toujours si nouveau qu’il s’émerveillait à chaque cycle. C’était peut-être le seul moment de sa nouvelle existence où il serait aussi aisé de se distraire et le temps fila bien plus vite qu’il ne l’aurait cru.

Il sursauta faiblement lorsque le bruit d’une personne entrant dans la tente le tira de son introspection. Evidemment, l’antenne radio greffée à son cerveau ne l’avait pas entendu arriver, pas plus qu’il ne pouvait lire ses intentions et il dut se faire violence pour ne pas laisser une sourde panique prendre le dessus. Les paroles de Carter lui furent bien utiles et il se rappela qu’il avait voyagé avec toutes les personnes du camp, qu’il n’avait rien senti de suspect. Cette infirmière avenante avec son assiette ne devait pas être là pour lui faire du mal. Après tout, en laboratoire il n’avait que rarement eu droit à de la nourriture solide.

— Bonjour Eugène, alors comment on se sent après être revenu d’entre les morts ? Vous avez faim ? Si oui, j’ai l’autorisation de vous aider à manger.

Un sourire encore un peu nerveux malgré tout étira son visage. Nul doute que la soignante allait répéter ses propos à Carter donc Eugène allait s’employer à réfléchir encore une fois sur son état. Son mal de tête semblait s’être un peu apaisé mais il se sentait toujours aussi fatigué. En soi, cela ne l’inquiétait pas plus que ça mais s’il fallait tout noter pour la science, il allait faire de son mieux pour partager son ressenti.

— Bonjour madame, lui répondit-il poliment car il n’était pas certain de se rappeler son nom. C'est toujours déstabilisant mais pour l’instant je dirais que ça va, j’ai un peu moins mal à la tête. Je n’ai pas très faim mais j’aimerai bien essayer de manger oui, s’il vous plait.

Même pour lui, ces mots qui sortaient de sa bouche étaient rares. L’idée de redécouvrir le gout, l’odorat, de pouvoir manger quelque chose à nouveau prévalait sur son estomac parfois difficile et capricieux. Il voulait reprendre des forces, que tout aille pour le mieux pour que personne n’ait à s’inquiéter. Surtout pas Fanella qui devait déjà porter beaucoup de choses sur ses épaules. Il se demanda aussi si Jonathan viendrait le voir à un moment mais quelque chose lui disait qu’il ne fallait pas trop compter là-dessus. Il se redressa à nouveau avec l'aide de l'infirmière et avisa l'assiette fumante devant lui. D'ores et déjà, il pouvait dire que cela sentait bon et une certaine excitation heureuse s'empara de lui. Il repensa aux restaurants de Salt Lake City où il pourrait aller avec Fanella lorsqu'il pourrait marcher à nouveau. Il fit de son mieux pour manger seul mais sa main tremblait faiblement à chaque geste et il fut soulagé d'avoir une présence et un peu d'aide à ses côtés.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Lun 6 Juin - 18:23
L’infirmière était de bonne humeur. Après tout, il y avait de quoi. Elle venait de participer à une mission ayant pour résultat de ramener quelqu’un à la vie. Il se tenait là dans son lit en chair et en os, elle ne pouvait pas le croire. Elle lui proposa donc un repas avec enthousiasme, s’attendant malgré tout à moitié à ce qu’il refuse.

— Bonjour madame, lui répondit-il, affable. C'est toujours déstabilisant mais pour l’instant je dirais que ça va, j’ai un peu moins mal à la tête. Je n’ai pas très faim mais j’aimerai bien essayer de manger oui, s’il vous plait.

Elle se mit à sourire.

— Bon si la douleur va mieux c’est bien et c’est aussi le signe que vous avez pu digérer le traitement alors on a aucune raison de s’inquiéter… peut-être que l’appétit viendra en mangeant ?

Elle l’aida à se redresser ce qui ne fut pas facile. Il était encore faible. Manger s’avéra en revanche plus aisé que prévu, à mesure que les bras malhabiles faisaient leur office. Elle quitta à nouveau la tente dès qu’il eut terminé, non sans s’être assurée qu’il était bien installé et qu’il n’avait besoin de rien d’autre.

Il se passa encore une heure avant que Fanella ne fasse son apparition de nouveau.

— Eugène ? Tu dors ? Tu vas bien ? demanda-t-elle très doucement.

Elle-même semblait fatiguée. Elle avait fait de son mieux pour cacher les traces des pleurs de la matinée. Pour se donner contenance elle ajouta.

— On reste ici pour aujourd’hui et demain, on repart vers l’aéroport. Demain soir on est à Salt Lake City.

Répéter les mots de Carter lui fit un peu de bien. Voir Eugène l’aidait aussi. Il semblait moins mal que ce qu’elle avait imaginé avant de rejoindre la tente à nouveau.

Elle avait une tonne de travail, des données à analyser mais elle avait beaucoup de mal à le laisser là tout seul alors finalement elle ramena une table en plastique et son ordinateur pour travailler calmement près de lui. Les résultats étaient conformes à ses attentes mais le point d’impact avait été un peu plus haut que prévu, d’où la perte de quelques appareils. Rien de dramatique en somme. Rien de dramatique, se répétait-elle.

Elle ne le quitta que pour manger son repas du soir, puis pour aller discuter des résultats avec Jonathan.

— Tu es allé lui parler ? lui demanda-t-elle en plus.

— Non pas vraiment… j’ai du mal…


— Pourquoi ? Il va bien en plus…

Jonathan passa nerveusement sa main dans ses cheveux.

— Tu as raison…

Lorsqu’il poussa les tissus de la tente médicale, cependant la nuit était déjà entamée et Eugène dormait. Jonathan décida de ne pas insister ou plutôt il se trouva cela comme excuse. Il devait bien s’avouer qu’il avait du mal avec l’idée qu’une fois revenu à la vie et une fois sur pieds il aurait à les regarder tous les deux commencer leur histoire d’amour. Il devait bien admettre que cela le préoccupait bien plus que l’idée d’avoir ramené un mort à la vie. Décidément, il ne valait pas mieux qu’un collégien encore une fois. A un moment où a un autre, il faudrait bien qu’il regarde Eugène en face.

Avant d’aller dormir il prit le temps de vérifier que Fanella dormait bien dans sa tente. Il s’inquiéta parce qu’elle avait l’air épuisée mais ne s’attarda pas plus.

Le lendemain, le convoi se remis en route très tôt. On démonta la tente médicale autour d’Eugène après s’être assuré d’avoir répondu à ses besoins. Des mains expertes le placèrent le brancard qui serait porter par quatre membre de l’équipe. Un cinquième était chargé de maintenir la machine tampon à proximité. Sur les chemins escarpés il n’y avait pas d’autres solutions.  Carter vient s’assurer qu’il allait bien avant le départ. La jeune chercheuse chemina près d’Eugène. Elle n’avait qu’une hâte  : se réfugier dans une jeep, passer la frontière sans encombre, retrouver la sérénité du laboratoire.
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# Re: But the monsters turned out to be just trees so... are we out of the woods ?Ven 10 Juin - 10:29
Eugène avait réussi à manger et c’était pour lui une victoire si grande qu’il se sentait presque pétiller de joie. Il n’aurait pas su mettre des mots sur ce que l’infirmière lui avait donné, mais il avait trouvé ça bon. C’était un point plutôt positif. Et le positif, c’était bien mieux que se pétrir d’inquiétude ou s’auto culpabiliser toute la journée. Il ne voulait pas vraiment penser au moment où on devrait l’emmener aux toilettes. Même si on lui laissait rarement le luxe de l’intimité au laboratoire, il avait bien compris et se répétait que la tente n’en était pas un et sa pudeur naturelle pouvait revenir au galop. Peut-être qu’une fois rentré à Salt Lake City, la différence entre ce qu’il avait vécu et le laboratoire de Fanella serait un peu réduite mais il gérerait ce problème là une fois arrivé.
Elle le rejoignit d’ailleurs quelque temps après et Eugène sourit dès qu’il l’aperçut. Une partie de lui avait craint de ne plus la voir de la journée ; elle devait avoir tellement de choses à gérer entre l’expédition et ce qu’elle avait vécu.

— Eugène ? Tu dors ? Tu vas bien ?

— Je suis là Fanella, je vais bien. Et toi, ça va ?

Derrière sa simple question s'en cachait mille autres qu'il ne pouvait formuler. Eugène ne savait même plus vraiment comment on faisait pour dormir. En même temps, il n’y avait pas de mode d’emploi. Il fallait juste se vider la tête mais la sienne était tout le temps pleine, malgré la machine tampon. Elle l’était juste un peu moins mais ses propres pensées compensaient celles des autres qu’il ne percevait plus. Même celles de Fanella lui étaient à présent inaccessible. Il essaya de se dire que c’était bien aussi de ne plus être intrusif mais il aurait voulu savoir ce qu’elle ressentait pour l’aider. Après tout, l’épreuve qu’elle venait de passer se devinait encore un peu sur son visage malgré tout.

— On reste ici pour aujourd’hui et demain, on repart vers l’aéroport. Demain soir on est à Salt Lake City.

Il aurait aimé pouvoir tendre le bras pour lui saisir la main mais il se contenta d’un grand sourire. Il espérait que le retour se passe bien, que personne ne dise quoi que ce soit à l’aéroport en les voyant revenir avec un lit médicalisé. La sécurité devait avoir tout prévu.

— J’ai hâte de rentrer et d'aller mieux pour qu'on puisse faire plein de choses ensemble, confessa-t-il.

Aller se promener ou aller manger arrivaient premiers de la liste. Se baigner aussi peut être, il aimait bien l'eau. Tout ce qui pouvait lui procurer des sensations en tout cas et confirmer qu'il vivait. La forêt lui semblait paisible au-delà de la toile de la tente, mais il savait toujours où il était et quels fantômes rôdaient au-delà du champ d’action de la machine. Peut-être qu’à Salt Lake City, ils auraient perdu sa trace mais Eugène en doutait. En réalité, il avait du mal à oser les affronter tant qu’il n’était pas dans un lieu sécurisé et cela le tiraillait, s’opposait à son envie d’éteindre la machine pour se rassurer. Fanella s’installa à côté de lui avec son ordinateur et travailla longuement à ses côtés, ce qui apaisa Eugène qui la regarda faire longuement en silence pour ne pas la déranger, simplement content de profiter de sa présence.

Puis le soleil commença à décliner dans le ciel et le médium se retrouva seul à nouveau à l’heure du repas, jusqu’à ce qu’une infirmière vienne l’aider. Lorsque son amie fut repartie, la fatigue accumulée et la nuit qui approchait brisèrent quelque peu sa résistance et l’angoisse revint au galop. Il s’efforça de manger avec beaucoup de bonne volonté mais il savait qu’au plus profond de la nuit, lorsque tout le monde dormirait, le contrecoup de sa résurrection viendrait le hanter. Il hésita longuement à demander quelque chose pour dormir à Carter mais se résigna, sachant pertinemment que ce genre de médicaments n’auraient un effet que très limité sur lui.

Il s’autorisa néanmoins à demander si on pouvait l’aider à se tourner sur le côté pour qu’il puisse essayer de trouver le sommeil, puisque son instinct lui rappelait que c’était la position dans laquelle il se sentait le plus rassuré. L’entreprise ne fut pas trop compliquée même si le changement de position le perturba pendant une petite heure jusqu’à ce qu’il s’y habitue. La nuit passa lentement tandis qu’il oscillait entre le repos et la peur de ne plus se réveiller. Ou de se réveiller en fantôme à nouveau, hors de son corps. Il ne voulait plus mourir. L’idée de se retrouver privé de tout à errer comme il l’avait fait pendant soixante ans le terrifiait à présent. Et le fossé entre cette période où il s’était senti délivré de la vie et maintenant, où il en savourait chaque seconde, lui donnait l’impression que le sol s’ouvrait sous ses pieds parce qu’il restait toujours au milieu. La plupart de ses cauchemars tournèrent autour de cette boucle et au final, à chaque fois qu’il sentait son corps partir vers le sommeil, ses pensées dériver, illustrées par ses angoisses, il se réveillait en sursaut et plus forcément très sûr d’où il était parmi les bruits et les lumières des scopes. Une ou deux fois il eut l’impression d’entendre la tente s’ouvrir mais il préféra rester immobile et faire semblant de dormir puisque son esprit ne pouvait pas être certain de qui il s’agissait.

Il ne devait pas avoir une tête très fraiche au matin lorsque le va et viens des équipes dehors le tira d’un très léger sommeil dans lequel son esprit épuisé s’était réfugié de force. Au moins puisque le soleil s’était levé, il pouvait mieux discerner ce qui l’entourait et se rappela de la veille pour se rassurer. Eugène espérait que personne n’aurait à le laver ce matin, que cela pouvait attendre leur retour. Oui c’était ça, Fanella l’avait dit, ce soir ils seraient tous à Salt Lake City. Mais d’abord il fallait entamer la longue descente de la montagne.

Carter vint s’enquérir de son état tandis qu’autour de lui, la tente se faisait démonter et Eugène joua la carte de l’honnêteté en disant qu’il n’avait pas beaucoup dormi et que le trajet de retour dans la montagne l’inquiétait un peu ; l’aller avait déjà été si difficile et personne n’avait à porter un brancard. A quoi bon mentir, cela se voyait de toute façon. Au moins, il pouvait compter sur son amie scientifique pour rester à ses côtés tout le long du trajet. Il jeta quelques regards à Jonathan plus loin sans savoir si le jeune homme le détestait, avait peur de lui ou de ce à quoi il venait de participer, puis à la machine tampon et d’autres questions se tortillèrent dans son esprit.

— Est-ce qu’elle aura assez de batterie jusque dans l’avion, la machine ? demanda-t-il doucement à Fanella.

Si elle devait s’éteindre, il valait peut-être mieux que les fantômes ne reviennent pas à l’attaque dans l’avion. Il ne voulait pas être responsable d’un crash ou d’une panique et en même temps, il ne voulait pas faire son show devant tout le monde ou attirer l’attention. A l’aller cependant, ils n’avaient pas réussi à penser à tout et Eugène ne voulait pas que cela se reproduise vu les conséquences.
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