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And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years? - Page 2


 
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Fanella Ozark
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Dim 9 Oct - 15:37
Fanella était soulagée que tout soit réglé. Lorsque l’infirmière parti elle se réjouit qu’à présent le reste de la soirée serait à eux sans interruption. Elle avait redouté que sa mère débarque à l’improviste mais heureusement il n’en était rien. À présent, ils étaient blottis l’un contre l’autre sur le canapé pendant que la télévision patientait. Ils échangèrent plusieurs baisers. La jeune femme sentit ses mains dans ses cheveux, contre sa nuque contre son dos. Elle-même se sentait un peu maladroite avec les siennes qui caressaient ses joues ou son cou mais elle percevait la joie qui explosait dans son ventre, dans sa poitrine. Ils étaient si bien et ils faisait tellement meilleur que dehors sous le plaid.
Elle lui fit un dernier sourire et déposa un dernier baiser dans son cou avant de se tourner vers l’écran à nouveau. Elle devait bien avouer qu’une partie d’elle s’inquiétait de comment allait continuer cette soirée et même s’il savait qu’Eugène ne ferait rien qui puisse la mettre mal à l’aise, elle aimait mieux qu’ils étaient une diversion. Continuer de se regarder dans les yeux de la sorte risquait de les conduire au même résultat que s’il avait maintenu la montre éteinte. Il semblait en tout cas particulièrement impressionné par sa petite télévision. Elle avait du mal à réaliser. En effet, à son époque tout était encore en noir et blanc. Internet, YouTube, Netflix…et pire encore un téléphone portable. Il allait lui falloir du temps pour se familiariser avec toutes ces choses.
Eugène avait douté d’être assez en forme pour regarder Interstellar en entier. Elle-même en doutait aussi mais elle était presque sûre que le film lui plairait et puis elle l’avait regardé quand elle avait cru qu’il était parti pour de bon. Le revoir aujourd’hui lovée contre lui, alors que leur relation venait de prendre ce tour nouveau signifiait quelque chose de fort pour elle.
L’équipage venait d’échapper à la planète océan lorsqu’elle s’estima trop fatiguée pour continuer.

— J’ai mes yeux qui se ferment tous seuls, commenta-t-elle en appuyant sur pause.

Elle se tourna vers Eugène à nouveau pour le serrer dans ses bras, repoussant ainsi le moment où elle allait devoir se lever et déposer un baiser sur ses lèvres.

— J’espère que ça te plaît au moins. Mais on verra la fin demain je pense.

Finalement après s’être étirée, Fanella se leva. En dehors du plaid la température de l’appartement était désormais beaucoup plus douce, la chaudière avait bien fait son travail. Eugène lui sembla épuisé aussi elle ne regretta pas d’avoir interrompu leur visionnée. Après tout, c’était sa première sortie depuis longtemps.

—Est-ce que tu vas avoir besoin de que t’aide à quelque chose ? demanda-t-elle.

Elle ne voulait pas qu’il ait le sentiment de devoir se débrouiller seul sous prétexte que les infirmières n’étaient pas là. Si vraiment la situation l’exigeait cependant, il était toujours possible d’appeler celle qui était si gentiment venue déposer le sac plein d’affaires. Elle l’attrapa d’ailleurs pour le poser près de lui. Puis avec un dernier sourire elle s’éclipsa pour aller se mettre en pyjama et se brosser les dents.

En retirant ses vêtements, elle réalisa que tôt ou tard, elle devrait sans doute oser faire cela devant lui. Ce qui au petit café était un plaisant fantasme se transformait à présent en réalité angoissante. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle pourrait oser ou non, ce qu’elle serait capable de faire ou non, sans que de vieux souvenirs ne ressurgissent. Mais pour ce soir, l’envie de rester près de lui était plus forte que la crainte. Elle avait hésité à enfiler son pyjama lapin mais il faisait trop chaud à présent pour supporter la polaire. Celui qu’elle choisi portait un petit chat endormi sur le haut du pull et le legging assorti dans tes tons de rosés étaient ornés de motifs à petites moustaches. Comme ça, elle se sentait mieux plus à l’aise que dans son jean.

Une fois de retour dans l’autre pièce, elle tira un peu sur sa manche, comme elle avait l’habitude d elle faire lorsqu’elle était un peu nerveuse.

— Est-ce que tu as envie qu’on… dorme ensemble… cette nuit ?

Elle se reprit un peu vite.

— Juste dormir hein et… enfin si tu veux.. je peux aussi dormir dans le canapé je le fais tout le temps même quand je suis seule de toute façon alors…

De toute façon, peut-être qu’ils n’étaient plus à ça de malaise près. Alors elle se força à lui sourire de nouveau. Elle savait que quoiqu’il se passe, il serait adorable avec elle et c’était pour cela qu’il était le 1er avec qui elle osait entrer dans une relation de cette nature. Après tout, il avait vu jusqu’au fond d’elle, à un degré ou un autre, il devait savoir ce qui lui était arrivé. Fondamentalement, il savait qui elle était. Elle pouvait se tenir face à lui sans honte.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Mer 12 Oct - 20:04
Eugène était heureux de ce petit moment d’intimité qu’ils avaient passé à s’embrasser, lui et Fanella, cachés sous le plaid. Personne n’était venu toquer ou sonner pour les interrompre et le reste de la soirée était tout à eux désormais. Alors il s’était permis davantage de petits gestes affectueux que sur la passerelle, laissant ses mains caresser doucement les courbes de son dos comme pour tenter vainement de les mémoriser. Le moment était parfait et il aurait pu accepter de s’y perdre, de se laisser entrainer avec elle des heures durant. Puisque la machine tampon était éteinte, il avait aussi la preuve que ses pouvoirs n’influençaient pas la jeune femme inconsciemment. Il n’avait pas besoin de se mêler à son esprit pour sentir qu’elle appréciait tout autant que lui cette étreint douce et forte à la fois. Finalement, ils se séparèrent à nouveau et le médium frissonna lorsqu’elle posa ses lèvres dans son cou. L’endroit lui semblait si sensible que la sensation fit frémit son ventre. Il passa des bras un peu plus confiants autour de sa taille pour l’attirer contre lui, posant sa joue contre sa tête, le doux parfum se dégageant de ses cheveux envoutant ses sens.

Ils avaient un film à regarder, c’était vrai. Il avait presque oublié, l’espace d’un instant, au milieu de leur étreinte. Eugène se cala confortablement dans le canapé, ravi de pouvoir passer un autre moment avec elle, de découvrir quelque chose en sa compagnie. Le film était si beau qu’il se posa mille questions silencieuses. Il dépeignait un avenir où la Terre mourrait de faim et où la conquête spatiale semblait l’unique moyen de survivre. La musique surtout lui coupa le souffle et il se mit à pleurer au moment des adieux déchirants entre Murphy et Cooper. Heureusement, Fanella était toujours dans ses bras et il se retrouvait à caresser doucement ses bras du bout des doigts lorsque les émotions devenaient trop intenses pour se consoler. Lorsqu’elle mit le film en pause, après l’incroyable passage des immenses vagues de la planète océan, Eugène était pour ainsi dire scotché au fond du canapé, béat et effaré.

— J’ai mes yeux qui se ferment tous seuls. J’espère que ça te plaît au moins. Mais on verra la fin demain je pense.

— Mais c’est incroyable ! s’extasia-t-il. Comment ils ont fait pour trouver cette planète avec tellement d’eau et filmer dessus ? Et ce trou noir ? Ça ressemble réellement à ça ? Et le décollage de la fusée, ils ont attaché une caméra ? Je ne sais pas si j’ai tout bien compris à leurs théories scientifiques et aux autres choses mais je comprends pourquoi ce film te plait. Et il y a vraiment un fantôme dans la chambre de Murphy ? Je ne m’attendais pas à ce qu’ils explorent ce sujet aussi, j’adore ce film !

Il était impatient de savoir comment l’équipage allait s’en sortir après pareille déconvenue. Et tout ce temps perdu… Eugène était épuisé aussi mais il avait une irrépressible envie de voir la suite. Sa tête le lançait un peu cela dit mais ce n'était rien qu'un peu de sommeil puisse apaiser. Il ne voulait pas prendre de médicaments tant que ça n'empirait pas. Demain, c’était promis, ils continueraient le film. Nul doute qu’il risquait de passer quelques moments à se l’imaginer avant de s’endormir. Comme Fanella le serrait dans ses bras avant de se lever, il en profita pour glisser à son tour un bisou dans son cou, reconnaissant qu’elle lui ait fait partager un chef d’œuvre pareil et un si bon moment. Elle l’embrassa en retour et il lui sourit avec ses joues rouges, ému, fatigué et amusé.

— Est-ce que tu vas avoir besoin que je t’aide à quelque chose ?

— Je vais faire ce que je peux et on verra ce que ça donne, je sais que tu es là si j’ai besoin de toi.

La jeune femme déposa le sac d’affaires à côté de lui sur le canapé et il vit un pyjama bleu nuit bien plié qui n’attendait que lui dans un coin. On lui avait donné des habits de seconde main mais il préférait cela qu’une blouse de patient voire rien du tout. Il le sortit avec un petit sourire tandis qu’elle s’éclipsait à la salle de bain pour mettre le sien. Malgré la fatigue, il s’employa à enlever son pull, d’abord un bras puis l’autre puis sa tête. Son bonnet en profita pour se faire la malle par la même occasion et s’il le regarda un moment avec hésitation dans ses mains, il choisit de ne pas le remettre et surtout de ne pas s’en formaliser. Fanella l’avait vu sans, ça n’avait rien changé alors il le rangea dans le sac. Enlever son jogging en polaire fut plus compliqué et il dut se tortiller un peu, ses bras mal assurés tremblant de fatigue mais lorsque la scientifique revint, il était presque arrivé à enfiler son pyjama de manière convenable et en semblait plutôt fier. Il sourit parce que celui de Fanella avec son petit chat était très mignon.

— J’aime beaucoup ton pyjama il m’en faudrait un comme ça aussi.

Il la vit tirer nerveusement sur sa manche et même si la montre était toujours allumée et qu’il s’y faisait, Eugène se douta un peu de la question qu’elle voulait lui poser avant même qu’elle ne la formule. Simplement parce que, d’une certaine manière, il fallait la poser. Ne serait-ce que pour savoir s’il allait effectivement dormir seul sur le canapé ou non.

— Est-ce que tu as envie qu’on… dorme ensemble… cette nuit ? Juste dormir hein et… enfin si tu veux.. je peux aussi dormir dans le canapé je le fais tout le temps même quand je suis seule de toute façon alors…

Eugène rougit lorsqu’elle s’empressa de donner plus d’informations, peut être par peur qu’il ne se fasse de fausses idées. Bien évidemment, juste dormir, il n’aurait jamais osé demander ou ne serait-ce qu’en vouloir plus dans cette relation qui ne faisait que débuter. C’était compliqué pour elle et il savait pourquoi mais pour lui aussi, cet aspect d’une relation n’était pas quelque chose d’évident à appréhender. La montre tampon allait là encore lui changer la vie puisqu’il pouvait enfin avoir le contrôle sur son intimité sans être dérangé par des fantômes mais tout de même. C’était bien trop tôt pour eux deux. Le médium sourit et prit quelques secondes pour poser ses mots sinon, nul doute qu'il aurait bredouillé de nervosité.

— Si quelqu’un doit dormir sur le canapé ce sera moi, affirma-t-il, voyant que la seconde solution était de chasser Fanella de son lit, ce qui lui semblait tout bonnement inacceptable. Mais si tu te sens prête à me supporter encore un peu, je serais ravi de pouvoir te serrer dans mes bras toute la nuit... juste pour dormir évidemment.

Tout ce que cela allait lui couter, c’était ses dernières forces pour retourner dans son fauteuil puis dans le lit mais le prix à payer semblait dérisoire face à une bonne nuit de sommeil sous des draps chaleureux et en sa compagnie. Même si dormir avec quelqu'un d'autre était nouveau et déstabilisant, il ne doutait pas de réussir à s'endormir au bout d'un moment. Il espérait juste que tout se passerait bien pour elle aussi. Au pire, s’il s’avérait que Fanella veuille rester seule même au milieu de la nuit, le canapé n’était pas bien loin. Ainsi, il y avait toujours une porte de sortie si elle le désirait.
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Fanella Ozark
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Dim 16 Oct - 17:54
Lorsqu’elle avait choisi de regarder Interstellar Fanella savait qu’il serait de toute façon trop long pour qu’ils puissent le voir en entier ensemble. Elle avait demandé à ce qu’ils s’interrompe après que les héros aient finalement réussi à quitter sans encombre la planète aux immenses vagues. Elle se frotta les yeux et demanda à Eugène si le film lui plaisait. Elle ne s’attendait pas à cette réaction.

— Mais c’est incroyable ! s’exclama-t-il. Comment ils ont fait pour trouver cette planète avec tellement d’eau et filmer dessus ? Et ce trou noir ? Ça ressemble réellement à ça ? Et le décollage de la fusée, ils ont attaché une caméra ? Je ne sais pas si j’ai tout bien compris à leurs théories scientifiques et aux autres choses mais je comprends pourquoi ce film te plait. Et il y a vraiment un fantôme dans la chambre de Murphy ? Je ne m’attendais pas à ce qu’ils explorent ce sujet aussi, j’adore ce film !

La jeune femme lui sourit. Elle avait oublié à quel point Eugène était vieux. Il allait lui falloir du temps pour se faire à certaines choses. Elle avait voulu lui parler d’internet et de toute ce qui allait avec mais il fallait commencer au plus simple  : ne pas faire confiance aux images. En effet, au moment de l’apparition de la télévision, seules des choses réelles pouvaient être filmés, même si les dialogues pouvaient être fictifs. Aujourd’hui la réalité était bien différente.

— Ce sont des images de synthèses pour la plupart, Eugène. Elles sont créées avec de puissants ordinateurs. On ne sait pas encore exactement à quoi ressemblent les trous noirs mais il me semble que les réalisateurs se sont appuyé sur la recherche en cours à ce sujet.

Elle reprit plus sérieusement parce qu’après tout la confusion d’Eugène pouvait avoir des conséquences.

— Tu ne dois pas croire tout ce que tu vois à la télévision, ou sur internet. Il est possible de fabriquer n’importe quelle image de toute pièce de nos jours, ou de mélanger des images de la réalité avec de la fiction. Aucune fusée n’a décollé pour ce tournage. Il n’y a pas non plus de planète qui ressemble à ça.

En tout cas, elle avait sans doute bien fait de ne pas choisir un film d’horreur sans quoi il aurait été terrorisé. Il aurait pu aussi mal le prendre, en fonction du thème. En tout cas ils échangèrent encore quelques gestes de tendresse avant que mal à l’aise elle s’éloigne pour aller se changer. Eugène lui avait assuré qu’il préférait essayer d’abord de se débrouiller seul. Pendant qu’elle-même enfilait son pyjama, il n’appelle pas à l’aide. Entre autres choses, elle s’inquiéta de savoir s’il s’en serait sorti mais lorsqu’elle le rejoignit son pyjama était à peu près enfilé. En somme, le plus gros du problème restait ses jambes actuellement. Elle remarqua avec plaisir qu’il avait enfin osé retiré son bonnet. La blessure ne semblait pas saigner sous les bandages alors tout allait pour le mieux.

— J’aime beaucoup ton pyjama il m’en faudrait un comme ça aussi,
déclara-t-il avec un sourire.

Elle rougit un peu. Après tout Eugène avait l’habitude de la voir en tenue de travail, rarement lorsqu’elle se détendait. Il fallait dire qu’elle se détendait rarement justement. Voir qu’il appréciait aussi cette partie d’elle la rassurait.

— Merci… je devrais pouvoir te trouver ça…

Elle espérait dénicher un pyjama avec un fusée par exemple, ça serait parfait. Celui qu’il portait avait été ramené par les infirmières, bleu tout simple. Il semblait s’en contenter pour le moment.

La jeune femme s’approcha timidement. Bien sûr dans son esprit tournoyaient toutes sortes d’inquiétudes au sujet de l’avenir de cette relation, des possibles contacts plus charnels qui tôt ou tard auraient lieu entre eux. Mais pour le moment l’envie de rester à ses côtés était plus forte. Alors elle osa poser la question qui la taraudait depuis plusieurs minutes. Heureusement, sa montre était éteinte et il ne pouvait pas voir tous les scénarios catastrophe qui avaient pris place dans son esprit.

— Si quelqu’un doit dormir sur le canapé ce sera moi, répondit-il, voyant que la seconde solution était de chasser Fanella de son lit, ce qui lui semblait tout bonnement inacceptable. Mais si tu te sens prête à me supporter encore un peu, je serais ravi de pouvoir te serrer dans mes bras toute la nuit... juste pour dormir évidemment.

La jeune femme laissa son sourire s’élargir, soulagée. Une partie d’elle semblait s’attendre à ce qu’il exige en quelques sortes ça d’elle, dès ce soir, sans qu’elle ait son mot à dire. Evidemment, c’était les sensations du passé qui refaisaient surface. Elle lui faisait confiance pour ne pas leur donner raison. Elle déposa un baiser sur sa joue et attrapa le fauteuil.

— Je te supporte très bien pour l’instant, souffla-t-elle.

Cette fois, elle l’aida sans lui demander son avis pour parvenir dans la chambre et pour pouvoir s’allonger dans le lit. Elle voyait à quel point il était fatigué. Puis elle s’adonna à son rituel du soir  : vérifier que la porte était fermée en poussant la poignée quelques fois, vérifier les lumières, fermer les volets, remplir la bouteille d’eau près du lit… Enfin elle vint s’allonger près de lui à nouveau, dans le noir total.

— Tu es bien ? Tu as assez chaud ? demanda-t-elle en cachant sa tête dans son cou.

Elle aurait voulu profiter de ce moment encore longtemps mais le sommeil qui en général la boudait durant de longues heures la prit presque par surprise. C’était comme si elle pouvait se reposer enfin sans devoir se prémunir d’elle ne savait quelle menace toujours prête à s’abattre sur elle, parce qu’il veillait sur elle. Elle dormit d’un sommeil inocent, sans que rien ne vienne perturber sa nuit dans la douceur du contact sous la couette. Au matin, elle se réveilla en sursaut, surprise de sentir le soleil sur sa peau. Elle se rassura en sentant toujours ses bras autour d’elle. Elle n’avait pas oublié qu’elle n’était pas seule, comment l’aurait-elle pu ? En revanche, sa maladresse avait peut-être réveillé son compagnon de la nuit.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Lun 17 Oct - 15:27
L’engouement d’Eugène pour Interstellar avait fait sourire Fanella. Elle ne s’était pas trompée de film et même si la thématique de l’espace faisait écho à une tristesse sourde de son passé, emplie de douleur, de guerre, de conspirations, elle réveillait également une fascination étrange. Comme s’il parvenait à toucher du doigt le fruit des recherches auxquelles il avait participé, la vision que Joy avait eu derrière le hublot de sa fusée d’un monde magnifique, sans frontière, où le conflit n’existerait plus. C’était magnifique. Et en même temps, il y avait une sorte de fantôme étrange au début du film qui avait attiré son attention et lui faisait se poser bon nombre de questions. Le médium était pressé de se reposer pour connaître la fin de l'histoire le lendemain. Fanella, de son côté, avant de se lever, avait tenu à clarifier quelques petits points pour son esprit embrouillé.

— Ce sont des images de synthèses pour la plupart, Eugène. Elles sont créées avec de puissants ordinateurs. On ne sait pas encore exactement à quoi ressemblent les trous noirs mais il me semble que les réalisateurs se sont appuyés sur la recherche en cours à ce sujet. Tu ne dois pas croire tout ce que tu vois à la télévision, ou sur internet. Il est possible de fabriquer n’importe quelle image de toute pièce de nos jours, ou de mélanger des images de la réalité avec de la fiction. Aucune fusée n’a décollé pour ce tournage. Il n’y a pas non plus de planète qui ressemble à ça.

— Oh… souffla-t-il, estomaqué et un brin déçu de cette découverte qui remettait en question tout ce qu’il venait de voir, sans pour autant gâcher le film.

Eugène se doutait un peu au fond de lui que tout n’était pas vrai. Comment auraient-ils pu demander à un fantôme de tourner dans la chambre de Murphy et d’y faire tomber des objets ? Mais se dire que tout cela avait été créé par ordinateur lui semblait incroyable. Il était bien incapable de discerner le vrai du faux ici. Automatiquement il se mit à penser à ce que de telles innovations avaient pu apporter au monde de l’espionnage. Si des logiciels parvenaient à fabriquer ce genre d’images, à falsifier des preuves, il devait y en avoir pour les décortiquer et démêler le vrai du faux. Mais encore une fois, le monde avait continué de tourner, lui prouvant qu’il était maintenant à la traîne. Peut-être que dans ce domaine, ses pouvoirs aussi avaient fini par devenir désuets. Peut-être qu’on le laisserait tranquille, lui et son cerveau si étrange. Ce n’était pas plus mal, il trouverait bien d’autres choses à faire pour vivre, du moins il l’espérait.

Enfiler son pyjama lui permit de penser à autre chose et même s’il batailla un peu pour enfiler son pantalon, il avait au moins voulu essayer d’y arriver seul. L’aide de la jeune femme aurait été la bienvenue mais il voulait désespérément pouvoir se lever et marcher au plus vite et pour cela, il devait faire des efforts. Lorsqu’elle revint, il était plus angoissé d’avoir enlevé son bonnet que de vérifier qu’il était présentable. Fanella ne se formalisa pas de ses bandages ou de son manque de cheveux et il se rasséréna un peu plus, complimentant son joli pyjama. Il rit un peu lorsqu’elle proposa de lui en trouver un pour lui. Qu’il soit simple comme celui qu’il portait là où avec un petit chat comme le sien, il serait heureux qu’elle lui offre un cadeau, comme tous ceux qu’elle lui avait déjà faits depuis qu’ils se connaissaient.

Bien que sa montre soit allumée, son trouble ne lui échappa pas lorsqu’elle demanda finalement s’ils allaient dormir ensemble. Juste dormir s’était-elle sentie obligée de préciser comme s’il risquait d’en demander plus. Cela gêna quelque peu Eugène mais ne le surprit pas vu les rêveries qui avaient menacé de les emporter tous les deux, plus tôt dans la soirée. Il n’avait pas besoin de lire dans ses pensées pour savoir quelle ombre se cachait au fond de son esprit. Alors il lui avait laissé le choix en assurant qu’ils ne feraient que dormir. C’était déjà un grand moment empli de changement à vivre à deux. Il n’aurait aucun mal à s’en contenter pour cette soirée et toutes celles à venir.

— Je te supporte très bien pour l’instant, lui dit la jeune femme en déposant un bisou sur sa joue.

— Alors c’est parfait, lui sourit-il.

Attendri, il posa sa main là où ses lèvres s’étaient trouvées l’instant d’avant comme si ce simple geste allait conserver sa douceur et sa chaleur près de lui. Il avait décidément du mal à se faire a tant de charmantes attentions réconfortantes. C’était presque déjà plus que tout ce qu’il avait reçu dans sa vie précédente. Il laissa Fanella l’aider à se remettre sur le fauteuil puis l’emmener au lit sans protester car il sentait bien que ses bras seuls auraient eu du mal à faire cet effort après cette longue journée. Même lui sentit un brin de nervosité s’installer dans son cœur lorsqu’il fut allongé sous les draps. Allait-il réussir à dormir en sentant un corps bien vivant contre le sien alors que le sommeil lui avait fait quelque peu défaut depuis qu’il était revenu ? Et s’il ronflait et qu’elle n’arrivait pas à fermer l’œil de la nuit ? Il secoua toutes ces pensées en la voyant se préparer avec des gestes savamment forgés par l’habitude et lui fit de la place lorsqu’elle vint le rejoindre.

— Tu es bien ? Tu as assez chaud ?

Dans la pénombre il ne distinguait plus vraiment les traits de son visage mais il sentait son souffle contre son cou et ses doigts cherchèrent ses cheveux pour les caresser lentement. Avec un sourire, il déposa un baiser sur son front et se blottit contre elle. C’était une chaleur plus douce que celle de n’importe quelle couverture que de pouvoir la sentir près de lui. Il ferma les yeux un instant pour oublier le souvenir des explosions des bombes qui lui rappelait que la dernière fois qu’il avait dormi avec quelqu’un, le contexte était bien différent.

— Tout va bien Fanella, je crois que ça pourrait être difficilement plus agréable. Si j’ai un souci je te réveille et tu pourras faire pareil d'accord ? Fais de beaux rêves…

A part un mal de tête intempestif ou un cauchemar malvenu, il ne voyait pas trop ce qui pourrait lui arriver. Il espérait que la scientifique allait passer une nuit calme, elle qui était aussi régulièrement aux prises avec ses démons durant son sommeil. Il lutta encore un peu contre la fatigue juste pour le plaisir de la voir y céder contre lui. Finalement, sa main se posa sur la montre et après quelques minutes d’hésitation, il l'éteignit. Fanella avait peut-être fermé la porte à clé mais il n’était pas dénué d’angoisses, lui non plus. Deux trois fantômes vinrent flotter puis disparaître à travers le plafond lorsqu’il leur jeta un regard menaçant et le calme de la rue l’aida à se détendre. Personne n'allait défoncer la porte pour l’instant. Dans des immeubles non loin, on regardait encore des séries à la télévision avec des dragons immenses et des hommes en armure. Eugène sourit en se disant que malgré toute la réalité de ces images, celles-là aussi étaient fausses. Il ne s’attarda pas sur eux car, heureusement, la torpeur qui s’était saisie de sa petite amie l’attira lui aussi dans des rêves confus, mélangés, mais paisibles.

Ce fut le sursaut de Fanella qui le réveilla le lendemain matin alors que la douce chaleur du soleil sur son visage le tirait déjà quelque peu de ses songes. Son cerveau y coupa court nettement en lui donnant l’impression de tomber, comme cela lui arrivait parfois lorsqu’il s’endormait et il sursauta à son tour, espèce de grand frisson qui fit même frémir ses jambes. En ouvrant un œil quelque peu ébloui, il se rappela qu’il avait posé ses lunettes sur la table de chevet et n’y voyait pas grand-chose mais il ne s’en formalisa pas. Son esprit lui disait qu’il n’y avait personne d’autre que Fanella dans ses bras, ou même dans l’appartement, à part un fantôme qui s’était réfugié dans le frigo pour garder un peu de son énergie.

— Ça fait du bien de se réveiller avec le soleil... J'ai l'impression de n'avoir jamais vraiment dormi jusqu'à aujourd'hui, soupira-t-il, trop heureux de sentir sa caresse sur sa peau et même sur les bandages de sa tête.

Au laboratoire il n’y avait pas de fenêtres et cela lui avait manqué. Eugène avait l’impression d’avoir passé sa première vraie nuit depuis qu’il était de retour. Il espérait que la matinée ne soit pas trop avancée, que Fanella n’ait pas à trop travailler aujourd’hui, qu’ils puissent prendre leur temps. L’infirmière ne semblait pas encore là non plus. Déjà las de ces pensées venues l’attaquer, il serra la jeune femme dans ses bras et se perdit à observer son visage malgré les défauts de sa vision.

— Tu vas bien ? Tu as bien dormi ? lui demanda-t-il avec un sourire.

Son corps était toujours un peu lourd mais reposé, il le sentait. Il ignorait ce que cette journée allait lui réserver mais il était prêt à l'affronter. Tant qu'elle était à ses côtés.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Dim 23 Oct - 14:42
Allongée dans la pénombre, elle avait caché son visage contre lui. Elle avait pensé se sentir à mal à l’aise ou inconfortable mais il n’en était rien. Son corps irradiait une chaleur douce et bienvenue sous la couette avec elle. Elle lui demanda si tout allait bien et même si elle ne le voyait pas, elle le sentit qui souriait au dessus d’elle.

— Tout va bien Fanella, je crois que ça pourrait être difficilement plus agréable. Si j’ai un souci je te réveille et tu pourras faire pareil d'accord ? Fais de beaux rêves…


Elle espérait en effet qu’il oserait la réveiller en cas de problème.

— Oui… d’accord… bonne nuit…

Elle le serra dans ses bras mais très vite la pression se relâcha comme son corps se détendait. Il était rare qu’elle se sente autant en sécurité, surtout au moment de dormir. Les émotions de la soirée l’avaient épuisée, aussi elle sombra rapidement dans le sommeil. Rien ne vint perturber sa nuit, ce qui était une chose très rare pour elle. Aussi le soleil la prit de court au petit matin. Elle sursauta avant de se souvenir à qui appartenaient ces bras autour d’elle, mais trop tard, elle l’avait déjà réveillé. Apparemment, il ne s’en formalisait pas.

— Ça fait du bien de se réveiller avec le soleil... J'ai l'impression de n'avoir jamais vraiment dormi jusqu'à aujourd'hui,
souffla-t-il doucement.

Fanella partageait ce sentiment. Depuis combien d’années n’avait-elle pas aussi bien dormi ? Elle déposa un baiser dans le cou d’Eugène, un sur sa joue et un sur ses lèvres. Un coup d’oeil au réveil lui révéla qu’il était neuf heures et demi. Tout allait bien, elle avait pris sa matinée. Peut-être auraient-ils le temps de voir la fin du film après que l’infirmière soit passée. Elle s’étira doucement, en sentit avec plaisir son corps bouger contre le sien.

— Tu vas bien ? Tu as bien dormi ? Demanda-t-il encore.

Elle tourna à nouveau vers lui son visage souriant.

— Oui, mieux que d’habitude. On devrait faire ça plus souvent…


Comme ils avaient du temps devant eux, finalement elle décida de rester dans la chaleur du lit encore un peu, même si la chaudière ronronnait à nouveau. Elle échangea encore quelques caresses, quelques baisers avec lui. Dans son ventre, elle sentait des sensations inédites. Ses joues rougissaient sans qu’elle puisse le contrôler. Son esprit dessinait des gestes, des soupirs, de la peau nue. Elle n’était pas prête pour tout ça. Elle se rassura avec l’idée que la montre était toujours allumée, probablement, elle espérait.

Elle finit par se redresser, même si elle n’en avait pas vraiment envie il faudrait bien commencer cette journée.

— Tu as faim ? demanda-t-elle à Eugène.

Elle se dirigea vers la cuisine mais les placards étaient presque vides et la poussière commençait à s’accumuler sur les étagères. Un vieux yaourt probablement périmé traînait dans le frigo. Si sa mère avait vu ça, elle se serait offusquée parce qu’elle ne savait pas recevoir correctement. Alors finalement elle décida de laisser Eugène un peu seul pour aller chercher de quoi leur faire un petit déjeuner digne de ce nom. Pas très loin se trouvait une boutique qui vendait des pâtisseries françaises. La froid la prit par surprise une fois dehors. Finalement, elle remonta à l’appartement avec beaucoup plus de courses que prévu. Après tout, il était fort possible qu’Eugène revienne de temps à autre. Avec un sourire à l’adresse de son compagnon qui était visiblement parvenu à se sortir du lit et à s’habiller elle posa les pâtisseries sur le comptoir de la cuisine et s’affaira à ranger le reste.

— Je pense que ça va te plaire,
commenta-t-elle, c’est français.

Elle sorti deux petites assiettes, grises comme tout le reste des affaires de l’appartement. Elle avait soudain l’envie de s’acheter des plantes vertes pour égailler un peu sa maison. Après s’être assurée qu’Eugène était bien installé elle s’assit et s’apprêta à mordre dans un pain au chocolat lorsque son téléphone sonna.

Elle n’avait aucune envie de répondre, parce qu’elle redoutait sa mère. Un poids tomba dans son estomac lorsqu’elle vit que l’écran affichait « Spencer ». Qu’il l’appelle sur son téléphone personnel ne pouvait qu’être une mauvaise nouvelle.

— Oui Spencer ? Un problème ?


— Un problème ? Tu plaisantes j’espère  ! Tu as la moindre idée des risques que tu as pris ? Evidemment tu as pensé à prévenir Carter et pas moi. Mais à quoi pensais-tu Fanella  ! On a vos visages sur toutes les caméras de sécurité de la ville  ! Que crois-tu qu’il va se passer maintenant ?

Elle ne trouva rien à répondre. Oui il avait raison, elle n’avait pensé à rien.  C’était une question purement réthorique de toute façon.

— Tu n’en sais rien  ? Eh bien moi non plus mais ce qui est sûr ce que tôt ou tard quelqu’un des renseignements va comprendre ce que tu as fait et alors ils vont vouloir s’approprier les choses d’une manière ou d’une autre. C’est tout ce qu’on ne voulait pas Fanella.

Elle se força à respirer.

— Tous les gens qui le connaissaient sont morts…
essaya-t-elle.

— Peut-être, peut-être ou pas. Ce qui est sûr c’est qu’il reste des traces de l’ancienne vie d’Eugène accessibles… Quelqu’un va se douter de quelque chose c’est sûr, nous avons déjà l’attention de la CIA à cause de l’affaire du trou noir et de Tanner alors…


Elle avait beau essayé son esprit n’arrivait pas à se remettre en route.

— Vous allez rentrer au labo dès que l’infirmière sera passée, sans faire de détour… j’ai des gardes qui vont vous suivre. Ensuite on discutera de quoi faire, d’accord ?

— D’accord,
concéda Fanella la mort dans l’âme.

Spencer raccrocha visiblement en colère. Elle-même, se sentait mortifiée. A quoi s’attendait-elle ? A ce que tout soit facile ? Elle ne voulait pas pleurer alors qu’Eugène était là, et que les draps étaient encore défaits de leur étreinte nocturne.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: And there's a mysterious way about you dear, have I known you 20 seconds or 20 years?Lun 24 Oct - 16:38
Le réveil en sursaut de Fanella et Eugène avait au moins eu le don d’être suffisamment virulent pour qu’il ne se croie pas au milieu d’un rêve. La réalité était si douce qu’il aurait pu en douter sans problème. Après tout, la soirée d’hier avait été riche en rebondissements. Il l’avait embrassée et voilà qu’ils se retrouvaient à dormir enlacés mais tout s’était enchaîné de manière trop naturelle pour lutter contre ou se poser des questions sur les conséquences. Il avait enfin l’impression d’être quelqu’un de normal et d’entier, de vraiment exister. Lorsque les lèvres de la jeune femme vinrent caresser sa peau puis les siennes, il se dit que c’était le plus beau matin qu’il lui ait été donné de vivre, l’un de ceux qui faisait qu’on avait vraiment envie de se lever et de profiter de la journée. Avec un grand sourire, il profita qu’elle regarde l’heure pour remettre ses lunettes et lui demander comment elle allait et si elle avait bien dormi.

— Oui, mieux que d’habitude. On devrait faire ça plus souvent…

Cette proposition le fit sourire davantage et il caressa sa joue tendrement, à la fois ému et soulagé de savoir que tout allait bien et que, peut-être, le fait qu’il la rende heureuse n’y était pas étranger. Lui aussi avait mieux dormi mais le fait qu’il ait éteint sa montre et qu’il se soit retrouvé contre elle toute la nuit y avait grandement contribué.

— Ce sera avec plaisir.

C’était après tout bien plus réconfortant que de passer sa nuit seul dans un lit d’hôpital. Eugène avait presque peur d’y retourner à présent mais il savait qu’il était encore convalescent et devrait s’y conformer à un moment où à un autre. Il crut que la jeune femme allait vouloir se lever mais elle revint à lui pour l’embrasser encore et il se perdit avec elle dans de nouvelles rêveries. Même si aucun des deux n’était prêt à les voir se réaliser, son cœur s’emballa à nouveau comme s’il découvrait pour la première à nouveau à quel point elle était belle. Elle pensait que la montre était toujours allumée et Eugène fit comme si c'était le cas, c’était sa seule excuse pour garder la tête froide. Seules ses pommettes rouges pouvaient le trahir mais de toute façon il rougissait pour pas grand-chose. Elle finit par se séparer de lui à nouveau et il n’aurait pas su dire combien de temps s’était écoulé.

— Tu as faim ?

Vaste question que celle-là. Il n’était pas affamé après leur gouter tardif de la veille mais il valait mieux prendre un petit déjeuner même si la matinée était avancée. Surtout qu’il reprenait un plaisir certain à manger et à redécouvrir le gout des aliments.

— Un petit peu, avoua-t-il finalement.

Elle se leva et s'habilla si vite qu'il eut de son côté à peine le temps de sortir les pieds du lit. Par réflexe il toucha sa tête mais ses cheveux n'avaient toujours pas repoussé miraculeusement. Il retira sa main avant d'avoir un geste malencontreux qui saboterait ses bandages. S’il avait su qu’elle irait fouiller dans tout ses placards sans rien trouver, il aurait opté pour une autre réponse. Cela le gêna un peu qu’elle doive sortir acheter quelque chose tandis que lui était toujours allongé mais elle semblait vouloir lui faire découvrir quelque chose et il ne voulait pas lui gâcher ce plaisir. Il fit de son mieux pour optimiser son temps de son côté.

Eugène retourna sur son fauteuil et s'habilla comme il put, s'aidant discrètement de ses pouvoirs pour se faciliter un peu le travail le temps que Fanella revienne. L'appartement lui semblait immense et vide lorsqu'elle n'était pas là, comme s’il n’y avait plus sa place et un sentiment un peu angoissant de solitude s’installa dans sa poitrine alors il discuta quelques minutes avec le fantôme du frigo, pour se donner bonne conscience. Heureusement, la scientifique ne tarda pas à revenir et il la sentit arriver avant même qu’elle n’ouvre la porte. Elle en avait visiblement profité pour faire d’autres courses et rentrait chargée. Il insista pour prendre un sac sur ses genoux et le ramener jusqu’à la cuisine.

— Tu es beaucoup trop gentille d’aller chercher le petit déjeuner par ce froid tu sais.

Il espérait pouvoir aller faire les courses avec elle bientôt. Pouvoir pousser le chariot, parfois en courant entre les rayons pour la faire rire, regarder les produits, découvrir de nouvelles choses. Porter un sac rempli avec elle, chacun tenant une anse pour qu’il soit moins lourd. Il la laissa déballer les pâtisseries sur des assiettes et certaines avaient une forme qui lui semblait familière, bien qu’il n’ait pas le souvenir d’y avoir un jour gouté puis il lui tendit le sac avec le reste des courses qu’elle s’employa à ranger.

— Je pense que ça va te plaire, c’est français.

— Oh, se réjouit-il en tirant une assiette à lui. Ils font toujours les meilleures pâtisseries du monde ? C’est incroyable qu’on puisse retrouver des pâtisseries françaises en Amérique maintenant.

Déjà à l’époque, la réputation de la nourriture française faisait grand bruit, même si la guerre en faisait encore davantage. Le médium n’avait pas passé suffisamment de temps en France pour avoir pu découvrir sa gastronomie. Il n’en gardait pas un très bon souvenir d’ailleurs. Néanmoins, il se réconforta en se disant que les frontières et la guerre semblaient loin et que le monde devait relativement bien se porter si l’on pouvait se laisser transporter dans un autre pays l’espace d’un instant sans bouger de chez soi. Le téléphone sonna tandis qu’il découvrait la délicatesse d’un croissant et heureusement, Fanella ne le vit pas le dévorer presque en entier par pure gourmandise puisqu’elle se leva pour décrocher. Eugène s’était dit qu’il s’agissait peut être de Carter qui venait aux nouvelles, ou de l’infirmière. Au lieu de cela, il avala difficilement en se rendant compte que la voix qui résonnait dans l’esprit de la jeune femme était celle de Spencer et qu’il n’était pas content.

En entendant la discussion au téléphone il se glaça, oubliant même les miettes qui parsemaient sa bouche et le reste des pâtisseries. Fanella se faisait gronder parce qu’elle l’avait sorti du laboratoire et que toutes les caméras de la ville avaient filmé leur trajet. Il fut terrifié de la voir se faire sermonner autant que parce qu’il avait manqué de vigilance. Même si tout ceux qui le connaissaient étaient morts, comme le disait la scientifique, il craignait que son histoire ait perduré dans l’esprit de certaines personnes. Il la somma de rentrer au laboratoire dès que l’infirmière serait passée. Ce qui voulait dire qu’il n’y aurait pas de film sur le canapé. Peut-être même plus de douce soirée passée dans le même lit. Eugène n’avait plus faim et il dut même lutter contre des larmes affolées et désespérées parce que Fanella faisait de même.

S’il suivait la façon de penser de Spencer, il ne sortirait jamais du laboratoire à cause des services de renseignement qui possédaient encore son dossier. Ce n’était pas une situation acceptable à ses yeux. Pour le moment il ne pouvait pas marcher et n’avait pas de papiers pour refaire sa vie mais il n’avait jamais été question de rester enfermé pour le reste de sa vie, comme une expérience qu’on devait cacher du grand public. Le laboratoire ressembla encore un peu plus à une prison dans son esprit tandis qu’il cherchait à chasser les images qui se superposaient.

— Hé, dit-il finalement en s’approchant de Fanella pour prendre sa main et la serrer dans la sienne. C’est pas grave, d’accord ? On peut terminer le film à l’infirmerie… si tu veux. Et je pourrais sans doute revenir, Spencer nous aidera à rester discrets, ça évitera de faire perdre du temps au bus. Il est fâché mais il va se calmer, tu n'as rien fait de mal.

Il caressa le dos de sa main et voulut lui faire un sourire rassurant. Peut-être que les conséquences seraient plus graves que ce qu’il pensait mais il n’avait pas peur de la CIA et il ne voulait pas que tout cela hante ses pas à nouveau. Ils n’allaient pas prendre Fanella en otage, ses recherches étaient bien trop précieuses pour l’exposer à la mort s’il désobéissait. Il n’avait pas peur d’eux, il ne leur devait plus rien. S’il devait aller les voir pour les sommer de le laisser tranquille, il était capable de le faire. Pour l’instant, il valait peut-être mieux calmer le jeu avec Spencer. Dans tous les cas, il refusait de rester enfermé éternellement.
Eugène (The Sorrow)
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