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La nouvelle se répand


 
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Demons & Angels

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50 states of American Dream

 
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Fanella Ozark
# La nouvelle se répandDim 30 Oct - 0:56
Cette journée avait pourtant si bien commencé. Pour la première fois de sa vie, Fanella s’était réveillée dans un bras d’un homme qui avait passé la nuit avec elle. Chaque fois qu’elle avait imaginé cette situation dans sa jeunesse, l’angoisse l’avait saisie. Mais Eugène n’était pas n’importe qui. Il la connaissait de fond en comble, aidé par sa capacité et l’avait acceptée pour ce qu’elle était. Quoiqu’il se passe, ou qu’il ne se passe pas d’ailleurs, elle était convaincue qu’il ne serait que bienveillance à son égard. Comme ils avaient faim, elle était allée chercher des pâtisseries françaises, avec d’autres choses. En effet, ses placards étaient désespérément vides. Ensemble, ils avaient convenu qu’ils passeraient d’autres nuits comme celles-là, comme si tout était normal et sans plus se soucier de rien.
Pendant qu’Eugène s’étonnait qu’on puisse trouver des pâtisseries françaises en Amérique, elle allait mordre dans un délicieux pain au chocolat. Il avait fallut moins d’une seconde pour que tout bascule dans son esprit. Le temps de comprendre que c’était Spencer qui l’appelait sur son téléphone. Le visage d’Eugène apparaissait sur de nombreuses caméras de sécurité de la ville et le chef de la sécurité était convaincu que quelqu’un allait le reconnaître.
Idiote, elle avait été tout simplement idiote.
Après avoir pris tant de précautions de surcroît.
Pourquoi n’y avait-elle pas tout simplement pensé ?
Évidement, Spencer était furieux et Fanella n’aimait pas les conflits mais ce n’était pas le plus grave. Luttant contre les larmes, elle réalisait qu’elle avait elle-même mis Eugène en danger. Celui-ci avait éteint sa montre visiblement parce qu’il n’avait pas perdu une miette de cette conversation. Elle s’approcha d’elle pour serrer sa main dans la sienne.

— Hé, dit-il doucement. C’est pas grave, d’accord ? On peut terminer le film à l’infirmerie… si tu veux. Et je pourrais sans doute revenir, Spencer nous aidera à rester discrets, ça évitera de faire perdre du temps au bus. Il est fâché mais il va se calmer, tu n'as rien fait de mal.

Pas grave ? Au contraire tout cela lui semblait particulièrement grave. Mais quelle décision stupide elle avait prise !  Jamais elle n’envisagerait qu’Eugène passe sa vie enfermée juste par sécurité mais au moins, il aurait mieux valu attendre d’avoir au moins un début de plan. Elle se tourna vers lui le visage un peu blanc.

— Je crois que c’est Jonathan qui a raison, souffla-t-elle. Je suis complètement aveuglée par ce que je ressens. J’ai voulu croire un moment que tout était normal. Il aurait pu se passer n’importe quoi hier soir.

Puis, elle fit de son mieux pour se reprendre. Essayer un sourire. Si elle perdait ses moyens, lui-même ne pourrait être que terrorisé.

— Mais oui, on finira le film à l’infirmerie si tu veux, en attendant de trouver une vraie solution.

Elle le serra dans ses bras, pour essayer de rassurer. Pour l’instant après tout, rien de grave n’était encore arrivé. Ils avaient toujours un coup d’avance sur la CIA. Elle ne se sentait pas de taille à lutter contre ce type d’adversaire cependant, malgré son intelligence. Mais elle pourrait compter sur son équipe.

Lorsqu’elle s’assit pour le manger, le pain au chocolat n’avait plus la même saveur et son ventre était un peu noué. Peu après l’infirmière arriva pour s’occuper d’Eugène et elle décida d’ouvrir son ordinateur et de regarder ses mails pour lui laisser un peu d’intimité. Elle avait cru comprendre à sa façon de garder son bonnet la veille qu’il avait plutôt honte de ses blessures. À ses yeux, elles témoignaient plutôt de son courage; mais elle savait aussi qu’il était difficile de réprimer ce type de sentiments. Spencer avait déjà sollicité le service juridique du laboratoire. La juriste lui proposait un rendez-vous en fin de matinée avec, disait-elle, un début de solution. Cela l’aida un peu à affronter Spencer qui les attendaient en personne en bas de l’immeuble pour le trajet retour. Le chef de la sécurité ne fit pas plus de commentaires.

Lorsque Fanella posa sa tête sur les épaules d’Eugène dans la voiture, Spencer regretta même un peu la dureté de ses paroles. Il était plus difficile d’être en colère après ces deux êtres humains qui voulaient juste vivre un peu lorsqu’on les voyait se témoigner de discrets signes d’affection. En fait, il regrettait surtout que personne n’ait jugé bon de l’informer des plans de la soirée. Pour lui, cela constituait un manque de respect envers son travail et toutes les précautions qu’il avait prises lors de leur voyage. Mais il avait dit ce qu’il avait à dire, à présent, il fallait se concentrer sur ce qui serait possible d’imaginer pour la suite.

Le trajet se passa sans encombres et Fanella fut soulagée lorsque les portes du laboratoires se refermèrent sur eux. Peut-être, allaient-ils recevoir de la visite mais au moins ici,  c’était son lieu, ses règles, son territoire. Elle déposa encore un baiser qui se voulait rassurant sur la joue d’Eugène avait de l’abandonner à sa séance de kiné dont l’heure avait été repoussée.

Ensuite, il fut conduit au rendez-vous avec le service juridique où elle le rejoignit également, dans le bureau de la jeune femme. Spencer était là également, calé contre le mur, attendant beaucoup de cette proposition. S’il lisait ses pensées, Eugène pourrait savoir que Jonathan avait sévèrement réprimandé Fanella et ses mots tournaient encore dans son esprit. « C’est ce que je te disais, tu es devenue complètement irresponsable ». La juriste en revanche était confiante. Elle avait passé quelques heures à monter ce plan. Elle portait un tailleur bleu ciel qui contrastait avec la couleur rose de ses cheveux.

— C’est un plaisir de faire votre connaissance, dit-elle pour commencer d’une voix mélodieuse à Eugène, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un revenant  en chair et en os.

Faneca grimaça et estimait que toutes les personnes en présence auraient très bien pu se passer de ce commentaire.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandMar 1 Nov - 17:33
Eugène avait passé la soirée la plus fantastique de ses deux existences avec Fanella. Même s’il avait fait froid, sortir et prendre l’air lui avait fait du bien mais, surtout, il avait réussi à concrétiser les doux rêves qui l’avaient hanté depuis son retour. Loin de la guerre, du danger, des fantômes, il s’était pour la première fois senti serein et apaisé, sans rien ni personne pour le déranger. Comme s’il pouvait vraiment revivre et mener une existence normale. La jeune femme lui avait ouvert les bras et tellement de perspectives nouvelles avaient déferlé sur lui qu’au petit matin, la vague des conséquences, du prix à payer, l’avait quelque peu écrasé. Il aurait voulu ne jamais rentrer mais l’appel de Spencer concrétisait le fait qu’il ne pourrait pas y couper et que le lit du laboratoire allait encore être le sien pendant longtemps.

Cette idée l’avait quelque peu démoralisé alors qu’il prenait le meilleur petit déjeuner possible juste avant. Mais il devait rester fort pour Fanella ; après tout c’était elle qui se faisait engueuler au téléphone et il trouvait cela plutôt injuste. Alors il s’était approché d’elle pour tenter de la réconforter et de lui dire que rien de tout ce que Spencer avançait n’était de sa faute.

— Je crois que c’est Jonathan qui a raison. Je suis complètement aveuglée par ce que je ressens. J’ai voulu croire un moment que tout était normal. Il aurait pu se passer n’importe quoi hier soir. Mais oui, on finira le film à l’infirmerie si tu veux, en attendant de trouver une vraie solution.

Rien ne se serait passé hier soir. Fanella ne semblait pas saisir exactement tout ce qu'il aurait pu faire, s'il était effectivement arrivé quelque chose ou si quelqu'un avait essayé de leur nuire. Il était prêt à se défendre par tous les moyens possibles et à sa disposition. Quitte à rentrer dans la tête de quelqu'un pour aller lui faire laver les carreaux des devantures, voire pire. Mais il ne voulait pas l’effrayer et remettre devant ses yeux les terrifiantes images de ce qu’il avait d’ores et déjà commis par le passé.

— Moi aussi j’ai voulu croire que je pourrais enfin avoir une vie normale. J’y crois encore, de toutes mes forces. J’ai accepté de sortir hier soir en connaissance de cause. Je ne suis pas un enfant irresponsable Fanella, tu n’as pas à tout prendre sur tes épaules. Spencer peut aussi venir me reprocher mes décisions ça ne me pose aucun problème, je les assume et je les reproduirais sans hésiter si c’était nécessaire.

Il était désespéré parce que ce qu’elle ressentait, leur soirée d’hier, avait l’air de devenir négative à présent. Comme si cela brouillait son jugement et ses pensées. Qu’elle le serre dans ses bras le rassura un peu, elle ne semblait pas regretter leur rapprochement ni avoir envie d’y mettre un terme. Il lui caressa le dos gentiment et ferma un instant les yeux pour profiter de cette étreinte puisqu’il faudrait bientôt retourner à son lit d’hôpital et qu’elle devrait retourner travailler de son côté.

Elle s’installa pour finir son petit déjeuner mais le médium n’avait définitivement plus faim et se contenta d’attendre l’arrivée de l’infirmière pour les pansements qui signerait la fin de son séjour chez la jeune femme. Morose, il ralluma la montre lorsqu’elle défit les bandages car il ne voulait toujours pas voir ce qui se cachait dessous. Retirer son bonnet la veille semblait un effort suffisant. Il parla peu, regardant ses mains ou observant discrètement Fanella sur son ordinateur, attristé de devoir partir sans savoir quand ou même s’il allait revenir.

Il n’éteignit le dispositif qu’une fois habillé pour sortir. Evidemment Spencer les attendait à l’extérieur et il ne manqua pas une miette de ses pensées. Il s’excusa d’ailleurs platement de n’avoir pas pensé à le prévenir, faute qu’il tenait à partager avec la jeune femme. Même s’il lui avait semblé avoir la situation sous contrôle la veille, il n’utilisa pas cette justification, préférant assumer pleinement cette faute. Pour le reste, il préféra garder un visage aussi neutre que possible et serrer la jeune femme dans ses bras sur la banquette que de se laisser gagner par une sourde colère et l’injustice qui titillait son esprit comme on craquerait une allumette à côté d’un jerricane d’essence. Il sourit tendrement à Fanella malgré la situation lorsqu’elle posa sa tête contre son épaule et il posa à son tour sa joue contre ses cheveux. Il aurait aimé pouvoir l’apaiser, lui garantir que tout irait bien mais ce serait mentir, car il n’en savait rien. Tout ce qu’il savait, c’était qu’il était prêt à se battre, à hausser le ton, à faire valoir ses droits en tapant du poing sur la table pour que plus jamais, on abuse de lui ou d’elle comme cela avait été le cas par le passé.

Si passer les portes du laboratoire sembla rassurer la scientifique, Eugène de son coté fit de son mieux pour ravaler sa peine avec les plans de leur douce matinée qui tombait à l’eau. Lorsqu’elle l’embrassa sur la joue, il serra un peu sa main dans la sienne. Ils allaient se revoir mais pour l’instant tout ce qu’il ressentait était un déchirement épuisant. Pour la première fois, il n’avait pas envie d’aller voir le kiné. Il aurait préféré qu’on le laisse tranquille dans son lit et même si les exercices lui permirent de canaliser un peu la frustration qu’il ressentait toujours, elle ne partit pas totalement.

Au moins, il retrouva Fanella pour leur prochain rendez-vous qui s’était greffé aujourd’hui, auprès d’une juriste apparemment. Il ne savait pas exactement où tout cela allait les mener mais il s’y pliait, Spencer qui était avec eux semblait avoir bon espoir qu’il en sorte quelque chose d’utile. Le médium fit de son mieux pour rester calme mais les mots de Jonathan qu’il devinait dans l’esprit de la jeune femme l’agacèrent encore plus ; personne ne semblait remarquer qu'il avait accepté de sortir, lui aussi. Que depuis le temps qu'ils en parlaient, l'idée était sienne en totalité aussi. Elle ne l’avait ni forcé ni influencé et surtout Fanella n’était pas sa mère, elle n’était pas censée avoir la responsabilité de ses choix sur les épaules. Il avait l’impression d’être traité comme un enfant qui ne pouvait pas penser ou agir par lui-même et c’était elle qui en récoltait les pots cassés. Jonathan avait le droit d’être jaloux, pas de la traiter d’irresponsable. S’ils n’avaient pas été en rendez vous, il serait allé le chercher dans tout le laboratoire en fauteuil roulant pour lui dire deux mots.

Heureusement, il pouvait essayer de se concentrer sur autre chose, les cheveux roses de leur interlocutrice par exemple, il n’avait jamais vu ça. Il ne savait même pas que c’était possible de se colorer les cheveux d’une telle manière. Il les avait une fois teints en noir pour leur mission d’infiltration avec Joy mais les couleurs fantaisistes comme cela n’existaient pas. C’était amusant.

— C’est un plaisir de faire votre connaissance, ce n’est pas tous les jours qu’on voit un revenant  en chair et en os.

Ce fut au tour de Fanella de s’agacer ; en effet il n’était plus vraiment un revenant, désormais. Elle se vexait de la manière dont il était traité et vice versa. Il choisit de ne pas s’en formaliser et de ne pas laisser son ressentiment de la journée prendre le dessus. La dame semblait après tout avoir travaillé à un plan qu’il pouvait être intéressant d’écouter. Une fois sorti du bureau, il se focaliserait à nouveau sur le reste de ses problèmes mais pour l’instant il voulait rester concentré et écouter ce qu’elle avait à dire.

— Plaisir partagé, madame, lui dit-il gentiment avec un sourire timide. C'est bizarre pour moi aussi mais rassurez-vous je ne hante plus personne et je ne traverse plus les murs maintenant, j'ai laissé ces habitudes derrière moi.

Il avait maladroitement tenté de faire de l’humour, surtout pour rassurer Fanella. Sa remarque ne l'avait pas vexé. Même lui n'en revenait toujours pas vraiment. Les gens pouvaient bien le traiter comme ils voulaient, tant qu’elle l’aimait toujours ça n’avait pas d’importance après tout.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 5 Nov - 22:01
Eugène avait rappelé à Fanella qu’elle n’avait pas été seule à avoir pris la décision de cette sortie e la veille. La jeune femme ne considérait pas qu’il ne soit pas capable de faire ses propres choix, cependant, elle s’imaginait peut-être à tord qu’il ne saisissait pas tous les tenants et les aboutissants de ce monde, un peu comme il avait d’abord pris les images de Interstellar pour une forme de réalité. Il avait vécu dans un monde en guerre, beaucoup plus hostile mais que savait-il des caméras de surveillance et de la reconnaissance faciale ? Sans doute très peu.

Elle ne releva pas davantage cependant, d’une part parce qu’elle se sentait déjà épuisée à l’idée de la journée qui s’annonçait et aussi parce que la dernière chose qu’elle voulait était se disputer avec lui en plus de tout le reste pour savoir qui portait le plus la responsabilité de ce qui venait de se produire. Aussi, elle le laissa s’excuser auprès de Spencer.

[color:8ba2=ff6600]— Je suis le chef, de la sécurité, je sers à ça, répondit-il très fermé.

Mais il ne fit pas plus de commentaires, heureusement sans quoi Fanella aurait pu craquer et elle détestait se montrer vulnérable devant ses collègues de travail qui avaient déjà bien du mal à la respecter en fonction de son jeune âge. Nul doute qu’avec toute cette histoire, sa crédibilité allait en prendre un coup. Elle pouvait très bien comprendre pourquoi il avait eu le sentiment que son opinion aurait du être consultée.

Eugène répondit à ses gestes d’affection sur le trajet, et elle estima qu’au moins cette relation naissante n’avait pas été abîmée par toute cette déplorable situation. Quoiqu’il se passe à présent, ils y feraient face ensemble. La piste de la juriste semblait prometteuse. Aussi Fanella eut du mal à se concentrer sur les tâches de la matinée avant le rendez-vous prévu pour juste avant la pause de midi.

Lorsqu’il arrivèrent, la juriste eut un commentaire déplacé sur le fait qu’Eugène était un revenant. Heureusement, le principal intéressé ne s’en formalisa pas.

— Plaisir partagé, madame, répondit-il à la place avec un sourire. C'est bizarre pour moi aussi mais rassurez-vous je ne hante plus personne et je ne traverse plus les murs maintenant, j'ai laissé ces habitudes derrière moi.

Cela arracha un demi sourire à la jeune chercheuse qui se souvint l’époque étrange où il hantait son appartement à défaut d’avoir un autre lieu où rester qui ne soit pas le laboratoire. La juriste éclata d’un rire cristallin un peu étonnant. Tout le monde prit place autour du petit bureau, et elle s’installa derrière pour présider cette petite réunion avec empressement puis repoussa ses cheveux criards derrière son oreille.

— Bien. Alors j’ai cru comprendre qu’à priori le visage d’Eugène était déjà potentiellement connu des autorités. Eh bien j’ai pensé qu’il nous fallait la solution juridique la plus rapide possible, commença-t-elle. Pour le moment notre ami ici présent n’a pas de papiers, juridiquement il n’a pas de droits il n’existe pas. La priorité absolue il me semble c’est d’obtenir rapidement un statut. Qui que soient vos ennemis, ils réfléchiront à deux fois avant de s’attaquer à une personne avec des droits, alors qu’ils n’auront pas de scrupules à s’en prendre à un fantôme qui a été ramené à la vie.

Fanella fronça les sourcils parce que dans son esprit se dessinèrent les souvenirs d’Eugène se tordant de douleur dans le générateur. Sans qu’elle comprenne pourquoi ces images la ramenèrent au coup de feu tiré par Joy sur le pont et l’angoisse lui mordit le ventre. Elle espéra qu’Eugène ne s’exposait pas à tout cela, mais elle en doutait. Il devait vouloir connaître les intentions de leur interlocutrice. Elle-même la connaissait depuis la fac mais pour Eugène c’était sûrement une étrangère.

— Bien sûr nous aurions pu prendre l’option des faux papiers mais ils n’auraient été d’aucune utilité contre la CIA ou les renseignements par exemple. Alors je me suis dit que nous allions rester dans la légalité. En fait il existe une situation prévue par la loi qui correspond presque parfaitement à ce que vous êtes en train de vivre, dit-elle en s’adressant à Eugène.

Elle posa les mains sur le bureau fière d’elle.

— Je vous propose tout simplement de faire une demande d’asile.

Fanella ne s’attendait pas à cela, mais maintenant qu’elle y pensait cela tombait sous le sens. Cependant, son esprit stratégique arriva vite à la conclusion qu’il allait falloir aborder des sujets difficile.

— Après tout, d’après ce que je sais, même si évidemment Fanella, tu n’es pas entrée dans les détails, Eugène était persécuté dans son pays d’origine, la Russie pour des raisons notamment politiques.

Elle se tourna vers Eugène.

— Finalement peu importe comment vous avez passé nos frontières, ou même que vous soyez revenu à la vie. La dernière fois que vous avez posé le pieds sur la terre, vous étiez en Russie, victime de torture pour avoir servi les États Unis. Vous auriez été arabe ou mexicain, cela n’avait aucune chance de passer sans preuves tangibles, mais… vous avez la bonne couleur de peau donc tout va bien. Dans ce cas, dès le départ de la procédure vous obtenez le statut de demandeur d’asile et une fois terminée, de vrais papiers d’identité pour commencer une nouvelle vie.

Le sourire de la juriste grandit encore un peu avant sa conclusion.

— Et j’ai encore une bonne nouvelle  : il existe une dérogation pour vous permettre de rester sur votre lieu de vie actuel, plutôt que de devoir être placé dans un centre spécialisé. On peut invoquer une raison de santé par exemple. Il suffit d’une attestation sur l’honneur signée par le ou la propriétaire des lieux et de prévenir les autorités lorsqu’on s’éloigne à plus d’une centaine de kilomètres.

Fanella estima que finalement, la situation aurait pu être pire, bien bien pire. Déjà, elle caressait l’idée qu’Eugène préfèrerait vivre chez elle, plutôt qu’au laboratoire. Mais peut-être que là encore elle laissa ses émotions l’emporter. Cette fois, elle prendrait l’avis de Spencer avant de décider quoique ce soit.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandMar 8 Nov - 10:20
Eugène n’était pas sûr que sa maladroite tentative d’humour apaise l’atmosphère mais la juriste aux cheveux roses avait ri et Fanella s’était un peu détendue. Restait Spencer dans un coin qui semblait toujours plus ou moins courroucé. Ce tourbillon d’émotions différentes ajoutées aux siennes le fatiguait un peu mais il avait besoin de savoir à quelle sauce il allait être mangé. La justice, la loi, ses droits, c’était comme Internet et les films ; il n’y connaissait pas grand-chose. Mais à travers les pensées de leur interlocutrice, il saurait au moins si le chemin qu’il déciderait de prendre serait difficile ou non, s’il avait vraiment une chance de s’en sortir. Parfois les images qui apparaissaient dans son esprit aidaient à comprendre les mots et il ne voulait pas passer pour un si grand imbécile.

— Bien. Alors j’ai cru comprendre qu’à priori le visage d’Eugène était déjà potentiellement connu des autorités. Eh bien j’ai pensé qu’il nous fallait la solution juridique la plus rapide possible. Pour le moment notre ami ici présent n’a pas de papiers, juridiquement il n’a pas de droits il n’existe pas. La priorité absolue il me semble c’est d’obtenir rapidement un statut. Qui que soient vos ennemis, ils réfléchiront à deux fois avant de s’attaquer à une personne avec des droits, alors qu’ils n’auront pas de scrupules à s’en prendre à un fantôme qui a été ramené à la vie.

Bien évidemment, le fait qu’il n’ait aucune identité viable jouait en sa défaveur, jusque-là ce que disait la juriste faisait encore du sens pour lui, même si le constat lui arracha un pincement au cœur ; même vivant il n’existait donc pas encore tout à fait. Il ne voyait pas du tout comment se construire une identité légale après avoir disparu dans les méandres de la mort pendant soixante ans. La CIA devait effectivement posséder d’anciennes photos mais leur viendrait-il a l’idée de les comparer aux images de surveillance des caméras ? C’était possible si Fanella avait déjà attiré leur attention avec le fameux trou noir qu’il avait provoqué puis refermé. Son corps se crispa lorsqu’en plus de cela, les images apparurent depuis l’esprit de la jeune femme à côté de lui. Il n’avait pas oublié l’horrible douleur et son cœur s’emballa d’autant plus qu’il entendit le coup de feu de Joy comme un écho lointain. Il aurait aimé prendre la main de la scientifique pour la rassurer mais il n’osa pas de peur que les sensations se fassent plus vives encore. Il préféra d’abord se concentrer sur sa respiration maintenant qu’il en avait une pour se calmer et tenter de ne rien laisser paraître. Il fit de son mieux pour se concentrer sur la voix de la juriste et sur ses pensées

— Bien sûr nous aurions pu prendre l’option des faux papiers mais ils n’auraient été d’aucune utilité contre la CIA ou les renseignements par exemple. Alors je me suis dit que nous allions rester dans la légalité. En fait il existe une situation prévue par la loi qui correspond presque parfaitement à ce que vous êtes en train de vivre. Je vous propose tout simplement de faire une demande d’asile.

Eugène releva un peu la tête avec un sourire timide. Un faible espoir chassait un peu les mauvaises pensées. Il n’avait pas pensé à la demande d’asile puisqu’évidemment, il ignorait totalement que c’était possible et en quoi cela consistait. Déjà les questions déferlaient dans son esprit et il était soulagé d’avoir à se concentrer sur autre chose que des souvenirs douloureux.

— Après tout, d’après ce que je sais, même si évidemment Fanella, tu n’es pas entrée dans les détails, Eugène était persécuté dans son pays d’origine, la Russie pour des raisons notamment politiques.

— C’est à peu près ça, oui, confirma-t-il en hochant la tête.

Ces souvenirs là étaient plus lointains et en brisant les puces qui l’avaient entravé toutes ces années, il les avait envoyés un peu plus loin encore. Ce n’était plus qu’une cicatrice qui grattait encore ou le lançait certains jours où le temps était un peu rude. Mais la plaie en elle-même était refermée. La torture de Tanner, en revanche, était plus récente. Quant à sa propre mort, dur à dire s’il s’en remettrait un jour. Personne n’était censé s’en remettre après tout.

— Finalement peu importe comment vous avez passé nos frontières, ou même que vous soyez revenu à la vie. La dernière fois que vous avez posé le pieds sur la terre, vous étiez en Russie, victime de torture pour avoir servi les États Unis. Vous auriez été arabe ou mexicain, cela n’avait aucune chance de passer sans preuves tangibles, mais… vous avez la bonne couleur de peau donc tout va bien. Dans ce cas, dès le départ de la procédure vous obtenez le statut de demandeur d’asile et une fois terminée, de vrais papiers d’identité pour commencer une nouvelle vie.

Une nouvelle fois, les questions se bousculèrent avec un brin d’inquiétude. Il y avait eu un avant et un après les Etats-Unis où il n’avait été rien d’autre qu’un rat de laboratoire mais Fanella n’avait pas dû expliquer pourquoi et c’était sans doute mieux ainsi. Et qu'en était il de son assassinat réussi programmé par les Etats-Unis ? Même s'il pouvait se transformer en "tentative" puisqu'il était de retour, le pays sur lequel ses pieds étaient posés avait tout de même eu l'idée de le faire taire, à l'époque. Il se tortilla un peu sur sa chaise tandis que son trouble s’installait avec une sensation désagréable au fond de son ventre. Il prit une grande inspiration car il allait avoir besoin de clarifier certaines choses.

— J’ai été emprisonné deux fois en Russie, une fois avant d’être remis aux Etats-Unis pour la guerre et une fois en revenant. L’agence de renseignements doit encore posséder mon dossier dans ses archives, mais incomplet, il ne comporte certainement pas la partie où j’ai été renvoyé en Russie en 45 et ce qu’on m’a fait, il y a eu la guerre froide ensuite, ils n’allaient pas partager leurs informations. C'était une période compliquée vous savez, c'est les Etats-Unis qui m'ont fait tuer au final. J'espère juste qu'ils n'auront pas l'idée de refaire la même chose...

Avec un soupir, il remit nerveusement ses lunettes sur son nez et fit de son mieux pour rester posé malgré la tension qui serpentait dans son dos. Il essaya de se concentrer sur autre chose que sur son meurtre ou bien tout cela risquait d'avoir assez d'emprise sur lui pour qu'il devienne paranoïaque. Il ne voulait pas gâcher son seul espoir d'être tranquille. Heureusement, les puces avaient été posées avant son arrivée en Amérique et les sévices subis alors qu’il n’était qu’un enfant étaient tout aussi atroces que les suivants. Il savait qu’un dossier de demande d’asile ne se montait pas sans preuves et celles-ci semblaient difficiles à obtenir, mais il y en avait d’autres, plus récentes.

— Dans tous les cas je doute que la CIA nous fournisse ce dossier et au vu des dates, s’il fallait le montrer à la personne en charge de la création de mes papiers, ils se douteraient que quelque chose ne va pas. Mais Carter a fait tout un tas d’examens avant de retirer les puces qu’on m’a mis dans la tête… peut-être que les clichés peuvent aider ? Et sinon… ce n’est pas parce que je suis revenu d’entre les morts que mon corps à oublié ses cicatrices et ses blessures.

Il ne devrait pas être très compliqué de mettre en lumière quelques vieilles fractures mal consolidées et de les dater. Ses poignets et ses chevilles portaient encore les stigmates des chaines qu’il avait portées pendant des années, comme si cela allait calmer ses crises à l’époque. Si cela pouvait lui permettre d’être en sécurité, Eugène se plierait à d’autres examens sans broncher.

— Et j’ai encore une bonne nouvelle  : il existe une dérogation pour vous permettre de rester sur votre lieu de vie actuel, plutôt que de devoir être placé dans un centre spécialisé. On peut invoquer une raison de santé par exemple. Il suffit d’une attestation sur l’honneur signée par le ou la propriétaire des lieux et de prévenir les autorités lorsqu’on s’éloigne à plus d’une centaine de kilomètres.

Avec cette information, Eugène s’autorisa à sourire un peu plus encore et à se détendre. Il n’aurait pas voulu être placé dans un centre alors qu’il n’arrivait même pas encore à marcher, loin des seules personnes à qui il pouvait se raccrocher. Fanella sembla caresser l’idée qu’il vienne chez elle et évidemment elle avait raison ; c’était son vœu le plus cher.

— C’est vrai que je ne peux pas encore marcher, j’espère que c’est une raison de santé suffisante. Carter pourrait s’en occuper, ou Fanella si j’ai le droit de rester chez elle. Je serais sage, je n’ai pas de raison de m’éloigner de toute façon. Est-ce que… ça pourrait marcher ?

Il osait à peine y croire et son regard mal assuré se tourna également vers Spencer. Il avait fait l’erreur d’oublier de le consulter mais il ne voulait pas la reproduire une seconde fois. S’il lui disait qu’il était plus sage de rester au laboratoire, alors il se ferait une raison jusqu’à ce que ses papiers soient acquis. Il se demanda si les procédures allaient prendre du temps mais il glisserait cette question à un autre moment.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 12 Nov - 22:29
La juriste avait commencé d’expliquer quel était son plan  : faire faire à Eugène une demande d’asile. Fanella devait bien admettre qu’elle n’y aurait jamais pensé toute seule, mais en effet, c’était le plus logique. Eugène avait été torturé en Russie, elle ne voulait pas trop s’en souvenir, mais c’était un fait. Il avait l’espoir de ne pas l’être ici. Même si les Etats Unis à travers la main de Joy avait voulu mettre un terme à son existence, il y avait toujours été mieux traité. C’était là qu’il s’était marié, là qu’il avait vécu un peu, entre deux missions, même s’il était malgré tout resté enfermé. Ils pouvaient légitimement caresser l’espoir que tout aurait changé, avec tout ce temps et la paix relative qui régnait à présent sur les Pays les plus développés. La jeune femme avait à coeur de prouver à Eugène que ce monde-ci était plus clément que celui qu’il avait laissé au moment de son décès.  

Eugène venait de confirmer qu’en effet, il avait été persécuté pour des raisons politiques en Russie qui restait malgré tout son pays d’origine. Fanella savait déjà quelles précisions il avait besoin d’apporter  : surtout celles qui concernaient la fin. Elle fit un effort pour ne pas se laisser envahir par le souvenir, toujours cuisant alors qu’il parlait et réussit à peu près. Elle l’avait vu tiquer la dernière fois qu’il y avait pensé ce qui voulait dire que la montre était éteinte et qu’il voulait connaître les intentions de toutes les personnes présentes dans la pièce.

— J’ai été emprisonné deux fois en Russie, une fois avant d’être remis aux Etats-Unis pour la guerre et une fois en revenant. L’agence de renseignements doit encore posséder mon dossier dans ses archives, mais incomplet, il ne comporte certainement pas la partie où j’ai été renvoyé en Russie en 45 et ce qu’on m’a fait, il y a eu la guerre froide ensuite, ils n’allaient pas partager leurs informations. C'était une période compliquée vous savez, c'est les Etats-Unis qui m'ont fait tuer au final. J'espère juste qu'ils n'auront pas l'idée de refaire la même chose...


La jeune femme se souvenait très bien aussi l’allure qu’il avait lorsqu’il avait rencontré Joy pour la première fois, encore adolescent, rachitique et les yeux éteints. Deux fois oui en effet. Elle chassa cette image aussi vite qu’elle put.

— Oui, mais à ce moment-là tu agissais sous la menace qu’on fasse du mal à tes proches ou à toi. C’est très différent si tu es juste un citoyen ordinaire,
intervint Fanella.

Elle vit la juriste se mettre à sourire avant qu’elle n’ouvre la bouche.

— Oui, en effet  ! Aucune organisation si secrète ou importante soit-elle n’est au dessus des lois. C’est une chose de s’en prendre à un soldat ou espion ennemi une autre d’inquiéter un citoyen.

La jeune chercheuse s’autorisa à se sentir rassurée un peu par ce discours. Spencer dans son coin fronçait toujours les sourcils. Cependant, il ne disait rien encore.

— Dans tous les cas je doute que la CIA nous fournisse ce dossier et au vu des dates, s’il fallait le montrer à la personne en charge de la création de mes papiers, ils se douteraient que quelque chose ne va pas. Mais Carter a fait tout un tas d’examens avant de retirer les puces qu’on m’a mis dans la tête… peut-être que les clichés peuvent aider ? Et sinon… ce n’est pas parce que je suis revenu d’entre les morts que mon corps à oublié ses cicatrices et ses blessures.

Le sourire de la femme aux cheveux roses s’élargit encore un peu. Fanella était surprise qu’Eugène accepte qu’on lui fasse d’autres examens et d’en communiquer les résultats, mais après tout, c’était bon signe. Les pensées qu’il entendait lui disaient qu’il pouvait faire confiance à son équipe pour faire ce qui était le mieux. Et puis, il avait déjà passé pas mal de temps avec Carter.

— Alors c’est parfait, commenta la juriste, on peut demander à Carter de retrouver les traces des sévices que vous avez subis. Avec des preuves c’est certain que la demande va aboutir  !

Fanella trouvait qu’elle se réjouissait un peu trop que quelqu’un ait été torturé. Elle avait parfois du mal avec son caractère mais elle s’était révélée utile dans de très nombreuses situations, notamment au moment de la fondation du laboratoire et de la création des contrats de confidentialités qui entouraient les générateurs. Elle poursuivit avec l’idée qu’Eugène pourrait probablement choisir son lieu de résidence. Fanella l’imaginait déjà chez elle, lové sur son canapé et les images délicieuses de la veille s’emparèrent d’elle.

— C’est vrai que je ne peux pas encore marcher, j’espère que c’est une raison de santé suffisante. Carter pourrait s’en occuper, ou Fanella si j’ai le droit de rester chez elle. Je serais sage, je n’ai pas de raison de m’éloigner de toute façon. Est-ce que… ça pourrait marcher ?


Évidement, il avait rebondi sur cette pensée. Elle espérait que c’était par envie et non pour lui faire plaisir. Eugène se tourna vers Spencer et elle fit de même. Après tout, il avait déjà suffisamment caché comme ça. Le soupir qu’il lâcha n’augura rien de bon. Le fait qu’il croise les bras sur la poitrine avant de parler non plus.

— Le mieux serait que tu loges au laboratoire Eugène, commença-t-il sans prendre de gants. C’est un lieu ultra sécurisé, on a des caméras partout qui surveillent les allers et venues. Évidemment, il n’est pas question pour moi que tu restes enfermé, mais je pense qu’il te faut des gardes où que tu ailles.  Je veux bien entendre le propos juridique, mais je suis désolé pour moi Eugène tu restes quelqu’un qui est revenu à la vie et qui présente… d’autres particularités. Si quelqu’un veut s’en prendre à toi, il pourra argumenter que quoique tu fasses, tu présentes un risque pour contourner les règles. Après tout s’il y avait un Tanner parmi nous… qui sait ce que l’avenir nous réserve…

Fanella déglutit douloureusement, elle ne voulait pas se rappeler de Tanner et de ce qu’il avait fait. Elle ne voulait pas penser que l’humanité, confrontée à quelque chose qu’elle ne comprends pas, commence le plus souvent à construire des armes.

— Je ferais comme tu décideras Eugène, si tu veux aller vivre chez Fanella, c’est ton choix. Mais tu dois savoir que tu prends un gros risque, surtout tant que cette procédure n’est pas terminée et que nous ne savons pas quelles positions vont tenir nos ennemis éventuels.

Fanella devait bien admettre qu’il avait raison, mais cette fois elle ne commettrait pas non plus l’erreur de penser qu’Eugène n’était pas responsable de ses décisions, alors elle se tourna vers lui.

— Je serais ravie de t’accueillir chez moi,  mais en même temps, j’ai envie que tu sois en sécurité… Qu’est-ce que tu en penses ?

Malgré tout, elle préférait le voir entre ces murs tristes, plutôt que dans une civière d’où il ne pourrait pas revenir cette fois.
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# Re: La nouvelle se répandMar 15 Nov - 15:54
Parler de ce qui lui était arrivé, même à demi-mots car la juriste n’avait pas besoin de tout savoir, s’était révélé un peu compliqué pour Eugène. Plus compliqué que d’en parler lorsqu’il était un fantôme en tout cas. En même temps, son passé auparavant séparé par la mort ne l’était plus vraiment maintenant et une partie de lui avait peur que cela puisse lui arriver à nouveau. Il n’aurait pas cru que revenir fasse vraiment une différence, réveille tout ce qu’il avait enterré, ce qu’il avait pensé avoir accepté. Malgré tout, aujourd’hui subsistait le fait qu’il avait été un ennemi des Etats-Unis et il avait évoqué ce point. Pouvait-on lui refuser ses papiers ou allait-on venir le tuer encore une fois à cause de tout cela ? Fanella répondit à ses inquiétudes en premier.

— Oui, mais à ce moment-là tu agissais sous la menace qu’on fasse du mal à tes proches ou à toi. C’est très différent si tu es juste un citoyen ordinaire.

— Oui tu as raison, admit-il tristement. Si la vie de ceux que j’aimais n’avait pas été mise en jeu… il y’a beaucoup de choses que je n’aurais pas faites.

La torture en particulier. Fanella le savait déjà de toute façon, elle avait vu ses souvenirs. Ils défilaient dans ses pensées mais moins lourdement que les précédents. Il pouvait subir les images sans trop de difficultés. Elles lui inspiraient toujours de la tristesse mais c’était contrôlable.

— Oui, en effet ! Aucune organisation si secrète ou importante soit-elle n’est au-dessus des lois. C’est une chose de s’en prendre à un soldat ou espion ennemi une autre d’inquiéter un citoyen.

Eugène s’autorisa à sourire un peu, vaguement rassuré. Il n’était plus un espion. Il ne voulait plus l’être, personne ne pouvait l’y contraindre encore une fois. Il voulait devenir un citoyen normal qu’on laisserait tranquille. Il espérait vraiment que cela lui serait possible. Cela lui donna la force d’évoquer les preuves de ce qu’il avait subi pour justifier de sa demande d’asile. Son dossier était peut-être hors d’atteinte mais s’il fallait faire des radios ou un scanner et que Carter fournisse les documents nécessaires, il était prêt à accepter. Cela n’impliquait pas d’ouvrir son crâne à nouveau de toute façon.

— Alors c’est parfait, on peut demander à Carter de retrouver les traces des sévices que vous avez subis. Avec des preuves c’est certain que la demande va aboutir !

— Tant mieux, souffla Eugène qui se détendit un petit peu.

Au moins, ses efforts allaient payer. Cette juriste en était certaine et elle connaissait les lois, c’était son métier. Il n’avait pas de raison de douter de la réussite du dossier alors. A moins que quelqu’un vienne y mettre son véto plus ou moins illégalement mais il ne voulait pas penser aux scénarios catastrophes encore une fois et laisser son espoir se faner. Il n’avait que ça. Venait ensuite la question de savoir où il allait rester avant d’avoir ses papiers et Fanella avait ouvert une porte sur laquelle il s’était précipité ; celle de pouvoir vivre chez elle. Même le laboratoire lui conviendrait, tout mais pas un centre rempli de gens qu’il ne connaissait pas. Surtout dans son état. Mais cette fois, Spencer était là et il n’allait pas réitérer l’erreur de ne pas lui demander son avis.

— Le mieux serait que tu loges au laboratoire Eugène, c’est un lieu ultra sécurisé, on a des caméras partout qui surveillent les allers et venues. Évidemment, il n’est pas question pour moi que tu restes enfermé, mais je pense qu’il te faut des gardes où que tu ailles.  Je veux bien entendre le propos juridique, mais je suis désolé pour moi Eugène tu restes quelqu’un qui est revenu à la vie et qui présente… d’autres particularités. Si quelqu’un veut s’en prendre à toi, il pourra argumenter que quoique tu fasses, tu présentes un risque pour contourner les règles. Après tout s’il y avait un Tanner parmi nous… qui sait ce que l’avenir nous réserve… Je ferais comme tu décideras Eugène, si tu veux aller vivre chez Fanella, c’est ton choix. Mais tu dois savoir que tu prends un gros risque, surtout tant que cette procédure n’est pas terminée et que nous ne savons pas quelles positions vont tenir nos ennemis éventuels.

Rien que l’évocation de Tanner termina de glacer Eugène qui braqua son regard sur ses pieds pour cacher sa honte et sa tristesse. Ses particularités, comme le disaient Spencer, ne prendraient pas fin avec l’obtention de ses papiers. Qu’est ce qui lui garantissait qu’il n’aurait plus besoin de gardes une fois devenu un citoyen ? Oui, il serait protégé par des droits, par les lois, mais même si cela devait faire réfléchir la CIA à deux fois avant de s'en prendre à lui, ce n'était qu'une maigre barrière s'ils en venaient à décider qu'il était trop dangereux, qu'il en savait trop. Car même ainsi, il pourrait toujours représenter un risque. Il avait peur que Spencer ne change pas d'avis et qu'il en soit toujours ainsi.

— Je serais ravie de t’accueillir chez moi, mais en même temps, j’ai envie que tu sois en sécurité… Qu’est-ce que tu en penses ?

Bien sûr, il savait que Fanella en avait envie aussi. Il savait qu’elle ne serait pas fâchée qu’il se rétracte, juste déçue, certainement comme lui. Rester au laboratoire n'était pas ce qu'il voulait loin de là mais c'était nécessaire. Eugène savait mieux que quiconque ce que c’était que de mettre la vie de quelqu’un d’autre en danger, la vie de quelqu’un qu’on aime. Avant même de revenir, il avait craint cette situation plus que tout, que le passé se reproduise encore et encore comme un cycle infini et maudit. Que Fanella se fasse enlever, menacer, et même si cela avait peu de chance de se produire car son génie était bien trop important stratégiquement parlant, il ne fallait pas oublier que les services secrets arrivaient toujours à sortir leur épingle du jeu lorsque c’était nécessaire.

— Je ne veux faire courir de risques à personne. A toi encore moins qu’à moi, avoua-t-il en regardant tristement Fanella. Alors je vais rester au laboratoire le temps d’avoir mes papiers. Vous avez une idée de combien de temps cela pourrait prendre ?

Il ravala ses larmes du mieux qu’il put avec cette idée persistante qu’il n’aurait jamais dû mettre les pieds dehors hier. Il regrettait tellement. Pas du dénouement de la soirée, de l’avoir embrassée, d’avoir passé de bons moments avec elle. Fanella avait même fait des courses spécialement pour l’occasion et elles allaient prendre la poussière dans ses placards puisqu’il ne serait pas là pour cuisiner avec elle. Il sentait la culpabilité monter d’un cran. Il regrettait l’idée qu’il avait pu toucher à la vie normale l’espace d’un instant et qu’elle lui était douloureusement mais nécessairement retirée à présent. Un peu comme un enfant à qui l’on enlève une délicieuse sucette de la bouche, après la lui avoir laissée suffisamment longtemps pour qu’il en garde le gout en mémoire. C’était horrible, mais c’était de sa faute aussi de n’avoir pas songé aux conséquences, il l’avait assez répété aujourd’hui. Il aurait sans doute mieux valu attendre, il s’en rendait compte maintenant car se savoir privé de l’extérieur maintenant qu’il l’avait vu semblait pire que tout et réveillait de vieilles angoisses qui l’obligeaient à serrer les poings pour tenter de les maîtriser, au moins jusqu’à ce que l’entretien soit fini et qu’il puisse se cacher au fond de son lit.
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# Re: La nouvelle se répandDim 20 Nov - 12:36
Ce rendez-vous avec la juriste avait pourtant si bien commencé. Eugène pouvait faire une demande d’asile et c’était si logique qu’il était surprenant que personne n’y ait pensé avant. Il existait même des preuves des sévices qu’il avait subis et Carter pouvait les récupérer moyennant simplement quelques examens supplémentaires. Tout le monde s’accordait à dire qu’on hésiterait avant de s’en prendre à un citoyen avec des droits, plutôt qu’à une créature sans existence juridique. Encore mieux, à priori sa santé encore fragile permettait à Eugène de choisir son lieu de résidence.

La jeune chercheuse voyait déjà Eugène vivre chez elle pour les semaines à venir au moins et elle repensait à la douceur volée de leur soirée de la veille avec l’envie de vivre cela à nouveau. Evidemment, leur enthousiasme avait été douché par Spencer et ses préoccupations sur la sécurité. Il avait tout à fait raison de penser que d’autres comme Tanner pouvaient surgir de l’ombre et tout gâcher à nouveau. Si l’idée de leur soirée de la veille semblait s’éloigner, Fanella était obligée d’admettre que c’était le choix le plus raisonnable. Cependant c’était à Eugène que revenait cette décision, alors elle s’était naturellement tournée vers lui pour lui demander ce qu’il en pensait. Comme elle voyait ses yeux se mouiller de larmes qui se refusaient à couler, elle savait déjà ce qu’il allait dire.

— Je ne veux faire courir de risques à personne. A toi encore moins qu’à moi, reconnu-t-il. Alors je vais rester au laboratoire le temps d’avoir mes papiers. Vous avez une idée de combien de temps cela pourrait prendre ?

Fanella ne pouvait qu’imaginer ce que cela devait signifier pour lui de devoir rester au laboratoire. Elle admirait son courage d’être capable malgré tout de prendre cette décision-là. Spencer ne s’en réjouissait pas vraiment non plus.

— Bien, se contenta-t-il de répondre, si besoin tu peux sortir, mais préviens moi la veille pour que je puisse organiser une surveillance autour de toi, d’accord ?

Fanella se consola avec l’idée qu’ils pourraient peut-être retourner au petit café de la veille, avec deux gardes flanqués devant l’entrée, mais tout de même c’était mieux rien.

— La procédure peut prendre entre six mois et un an, conclut la juriste qui avait elle aussi quelque peu perdu sa bonne humeur, mais le simple fait de l’avoir entamée change quelque chose. Idéalement, il faudrait le faire aujourd’hui. Il s’avère que j’ai déjà pris un rendez-vous pour cet après-midi. Je ferais de mon mieux pour accélérer les choses. Les preuves médicales nous seront demandés au fur et à mesure de l’enquête.

Alors, il ne fallait pas perdre espoir, tout pouvait encore s’arranger. Croire que c’était si facile était une erreur mais cela ne pouvait pas dire que tout ce qu’elle avait imaginé serait impossible. Elle fit de son mieux pour faire un sourire encourageant à Eugène qui voulait dire « nous allons traverser ça ensemble ».

Quelques détails furent encore discutés comme l’heure du rendez-vous et le nombre de gardes nécessaires mais Fanella n’écoutait plus. Elle le regardait. Elle ne voulait pas qu’il se mette à pleurer pour de bon. Elle demanda à ce qu’on les laisse un peu seuls parce qu’elle n’avait pas envie qu’il retourne là dessus s’enfermer dans sa chambre. Personne ne protesta.

Doucement, elle s’assit sur ses genoux pour le prendre dans ses bras. Son parfum dans lequel elle avait baigné toute la nuit acheva de la rassurer.

— Ça va aller, souffla-t-elle, c’est juste plus long que prévu mais on va s’en sortir, d’accord ? Tu ne vas pas rester ici pour toute ta vie.

Elle arrivait à y croire un peu et elle espérait qu’il le sentait. Bientôt tout cela serait derrière eux. Peut-être qu’ils pourraient même partir en vacances quelque part. Cette idée était si étrange dans l’esprit de Fanella. Des vacances. Jamais elle n’avait pensé ne serait-ce qu’à poser quelques jours pour se reposer. Malgré tout, la joie de l'avoir trouvé et fait entrer dans sa vie dominait encore au fond d'elle.
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# Re: La nouvelle se répandSam 26 Nov - 10:15
Eugène avait fait le choix difficile de rester au laboratoire tant que le problème de ses papiers d'identité ne serait pas réglé. C'était une question de sécurité d'après Spencer et il le comprenait sans problème puisqu'il ne voulait causer du tort à personne. Mais il ne pouvait s'empêcher d'être triste de se savoir privé de vivre dans l'appartement de Fanella à ses côtés, de sa tranquillité, de son étreinte, des rêves éveillés qu'ils avaient partagé au petit café. La douleur de s'enfermer de son plein gré dans un laboratoire semblait devenir de plus en plus réelle et son angoisse lui intimait qu'il risquait de ne jamais en ressortir, comme un piège se refermant sur lui. Pour garder un vague espoir, il demanda combien de temps allait demander la paperasse.

— Bien, lui répondit Spencer quand il fit part de sa décision, si besoin tu peux sortir, mais préviens moi la veille pour que je puisse organiser une surveillance autour de toi, d’accord ?

Le médium n'en crut d'abord pas ses oreilles et redressa finalement la tête, surpris mais aussi soulagé. Ravaler ses larmes et sa détresse fut un peu plus facile. Il pourrait retourner chez Fanella s'il laissait Spencer gérer la sécurité. C'était bien plus rassurant. La jeune femme s'imaginait déjà retourner au café avec des gardes et Eugène espérait qu'ils n'en arriveraient pas à de telles extrémités. Laisser deux gardes devant la porte de l'appartement pendant qu'ils profitaient risquait de le gêner aussi ; ils auraient un peu moins d'intimité. Avec les moyens modernes, peut être que Spencer pourrait trouver un moyen de les surveiller autrement, sans avoir besoin que des gens leur soufflent sur la nuque toute la journée. Mais il était prêt à sacrifier cet aspect de sa vie juste pour le plaisir de sentir le vent sur sa peau encore une fois, de se retrouver sur le canapé devant un film et de pouvoir cuisiner avec Fanella.

A cela, la juriste ajouta que la procédure pouvait prendre un an au maximum. 365 jours de laboratoire... Il avait connu pire évidemment mais il ne savait pas s'il serait vraiment capable de le supporter encore. Il allait bien falloir, pour lui, pour son couple, pour sa nouvelle vie. Au moins, il avait un objectif derrière. Elle conseillait de commencer les démarches aujourd'hui et Eugène comptait bien se lancer sans hésiter si cela pouvait lui permettre de retrouver sa liberté, au moins un petit peu. Une partie de lui songeait toujours que peut être rien ne changerait mais l’autre voulait se battre. C'était tout ce qui comptait. Alors il lui rendit son sourire, pour montrer que, même si les restrictions le rendaient triste, même si la durée était angoissante, il faisait de son mieux pour ne pas perdre espoir.

— Faites comme vous pouvez c'est déjà gentil de m'épauler dans les démarches, l'encouragea-t-il. Je ferais ce que vous me demanderez si ça peut accélérer les choses, pareil pour les examens médicaux.

Ils discutèrent encore un peu de la suite des opérations et Eugène fit de son mieux pour rester concentré pour tout retenir. Il sentit le regard de Fanella peser sur lui mais il ne voulait pas l'accabler de toutes ses angoisses. Finalement, lorsque tout fut décidé sur la marche à suivre, elle demanda à ce qu'ils restent seuls un moment et il savait déjà ce qu'elle avait en tête. Il lui sourit tendrement car elle le connaissait déjà si bien ; évidemment qu'il avait songé à aller se cacher et pleurer au fond de son lit pendant que les portes du laboratoire se refermaient sur lui. Lorsqu'elle vint s'installer sur ses genoux comme la veille, il s'empressa de l'étreindre contre lui, peut-être un peu plus fort que d’habitude.

— Ça va aller, c’est juste plus long que prévu mais on va s’en sortir, d’accord ? Tu ne vas pas rester ici pour toute ta vie.

Une vague de chaleur l’avait envahi et il avait fermé les yeux pour la savourer encore un peu plus longtemps. Eugène prit le temps de respirer pour se concentrer sur lui, sur elle, sur l’instant présent pour s’éloigner du futur et du passé qui l’accablaient. Ce rendez-vous l’avait épuisé mais il voulait tout de même lui expliquer ce qui lui était passé par la tête. Elle ne lisait pas dans ses pensées mais ça ne l’avait pas empêchée de remarquer sa détresse.

— Je pensais ne plus pouvoir sortir du tout et quand je me suis rappelé que tu as fait des courses et rempli tes placards pour nous deux j'ai commencé à culpabiliser, surtout que c'était une si belle soirée hier... Mais Spencer à l'air de dire que je pourrais revenir si on le prévient donc je suis un peu rassuré.

Il ne savait pas si c’était une nouvelle fois son expérience de la guerre qui parlait mais Il était vrai qu’il n’aimait pas gaspiller ou jeter la nourriture même s’il n’avait jamais eu un grand appétit. Imaginer tout ce qu’elle avait acheté avec son argent prendre la poussière sans être cuisiné lui semblait intolérable. Tout comme l’image de la voir déjeuner tristement toute seule à table.

— Mais oui ça va aller... j'essaye de ne pas trop réfléchir au délai sinon je vais me dire qu’en un an il peut se passer tout et n’importe quoi. Au moins d’ici là je devrais pouvoir marcher à nouveau. Tu es là pour me soutenir et tu ne laisseras rien m'arriver c'est tout ce qui compte, tout ce à quoi je dois m'accrocher.

Elle imaginait des vacances. Le monde était si vaste, il ne savait pas quelle destination choisir. Un endroit calme lui suffisait. Son petit appartement lui suffisait. Mais cela signifiait qu’elle aussi avait de l’espoir pour la suite. Tout comme il avait rêvé de pouvoir sortir, il allait ajouter les vacances à ses rêves, comme un prix à l’arrivée d’un marathon. Alors, profitant qu’ils soient seuls encore un moment dans le petit bureau, il l’embrassa pour la remercier de tout ce qu’elle lui apportait déjà pour qu’il continue d’avancer dans cette nouvelle vie.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 27 Nov - 11:40
La chose était donc entendue pour le rendez-vous de l’après-midi. Eugène avait remercié la juriste de l’aider dans ses démarches et celle-ci avait répondu que c’était simplement son travail pour lequel elle était bien payée. Les employés de Fanella quelque soit leur statut n’avaient en effet jamais à se plaindre de côté là.
Elle avait ensuite demandé à ce qu’ils puissent être seuls tous les deux, parce qu’elle ne voulait pas qu’il retourne seul se terrer dans sa chambre, avec toute cette tristesse et la crainte de l’avenir. Les paroles rassurantes qu’elle avait dites n’étaient sans doute pas les meilleurs, mais elles seraient appuyés par le fait qu’elle y croyait réellement. Eugène pouvait le voir, sa capacité avait cela de pratique.
Lorsqu’elle s’installa sur ses genoux, il la serra un peu plus fort que ce dont elle avait pris l’habitude. Elle lâcha un soupir. Quand donc allait-il abandonner cette crainte de la perdre à touts moments. Qu’il reste au laboratoire ou non, ils pourraient passer des moments ensembles. Regarder la fin de leur film là bas par exemple, même si cuisiner risquait de s’avérer plus compliqué.

— Je pensais ne plus pouvoir sortir du tout et quand je me suis rappelé que tu as fait des courses et rempli tes placards pour nous deux j'ai commencé à culpabiliser, surtout que c'était une si belle soirée hier... Mais Spencer à l'air de dire que je pourrais revenir si on le prévient donc je suis un peu rassuré, commença Eugène.

Fanella ne put retenir un sourire parce que malgré tout, elle se sentait joyeuse.

— Nous avons de si grands problèmes, et tu t’inquiète  pour de si petites choses…

Elle se fichait des courses. Mais après tout en effet rien n’empêchait de prévenir Spencer et d’organiser un moment pour cuisiner chez elle. Elle avait hâte. Et c’était à leur portée. Tout n’était pas fermé jusqu’à l’obtention de la nationalité d’Eugène.

— Mais oui ça va aller... j'essaye de ne pas trop réfléchir au délai sinon je vais me dire qu’en un an il peut se passer tout et n’importe quoi. Au moins d’ici là je devrais pouvoir marcher à nouveau. Tu es là pour me soutenir et tu ne laisseras rien m'arriver c'est tout ce qui compte, tout ce à quoi je dois m'accrocher.

Fanella releva la tête pour le regarder dans les yeux.

— Tu as raison, je ne laisserais rien t’arriver. Et puis tu as raison en un an il peut se passer tout et n’importe quoi. Par exemple, il existe une probabilité non négligeable pour que les choses s'améliorent.

Eugène s’était remis à sourire alors elle était heureuse à nouveau. Lorsqu’elle échangèrent un baiser la réalité la frappa de nouveau. Comment avait-elle fait au milieu de se chaos total pour se mettre en couple, chose qui semblait parfaitement impossible jusque là ? Elle se perdit là un moment, avec lui à échanger des baisers, des bisous dans le cou et des câlins. Mais au dessus de leur tête l’horloge tournait toujours.

— Bon,
finit-elle par dire, je devrais me remettre au travail, et toi.. tu vas manquer le kiné… Je te retrouve ce soir après le rendez-vous avec l’immigration d’accord ?

Elle avait comme tous les jours une montagne de choses à faire. Cela ne lui ferait sans doute pas de mal de se replonger un peu dans le quotidien, pour ne pas perdre pieds. Une nouvelle normalité, c’était de ça dont elle avait besoin. Elle ramena Eugène jusqu’à sa chambre malgré tout, pour qu’il ne soit pas seul et l’abandonna après un dernier baiser sur le front et un sourire.

Rapidement, le travail l’absorba à nouveau comme elle en avait l’habitude et elle constata qu’elle n’avait rien perdu, plutôt gagné quelque chose en plus de tout ce qu’elle affectionnait déjà dans la vie, avant que ne débute tout cette aventure. Le temps passa vite malgré tout, et elle espéra que tout se passerait bien l’après-midi avec une vague inquiétude. Mais Spencer avait semblé confiant sur le fait que personne n’oserait s’en prendre à Eugène dans une institution publique. Cela aurait attiré beaucoup trop d’attention. Pour une fois elle surveilla l’heure malgré tout, parce qu’elle ne voulait pas émerger à 4h du matin comme cela lui arrivait parfois lorsqu’elle se passionnait trop pour les calculs qu’elle était en train de faire.

Elle allait ranger ses affaires pour rejoindre Eugène lorsque le téléphone de son bureau se mis à sonner.
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# Re: La nouvelle se répandDim 27 Nov - 16:06
— Nous avons de si grands problèmes, et tu t’inquiètes pour de si petites choses… Tu as raison, je ne laisserais rien t’arriver. Et puis tu as raison en un an il peut se passer tout et n’importe quoi. Par exemple, il existe une probabilité non négligeable pour que les choses s'améliorent.

Les mots de Fanella firent sourire Eugène ; c’était toute l’ironie de sa situation et de sa vie, il faisait souvent des montagnes de pas grand-chose. A peu de chose près, il aurait cru entendre ses anciens amis le rabrouer gentiment. Mais c’était la réalité, les services de renseignement lui faisaient moins peur que de la perdre ou de la savoir triste, elle, son rocher, son ancre dans le monde des vivants. Il aimait l’entendre parler de probabilités à nouveau et son regard se perdant intensément dans le sien le poussa à l’embrasser. Il savait qu'il allait devoir retourner dans sa chambre de laboratoire et voulait profiter encore un peu de ce petit moment rien qu'à eux. Cela lui donnait un peu de courage. Il perdit la notion du temps dans ses bras mais heureusement elle était là pour la lui rappeler.

— Bon, je devrais me remettre au travail, et toi... tu vas manquer le kiné… Je te retrouve ce soir après le rendez-vous avec l’immigration d’accord ?

Eugène ne pensait même plus au kiné et il était déjà si fatigué mentalement de toutes les émotions traversées qu'il songea d'abord a trouver une excuse avant de se rappeler sa détermination à marcher de nouveau. Peut-être serait-il un peu plus apaisé encore après s'être défoulé avec les machines. Dans tous les cas il allait attendre le retour de Fanella avec impatience.

— D'accord, lui répondit-il avec un autre sourire. Je ne vais pas me sauver et on a un film à finir en plus. On se retrouve tout à l’heure.

Le medium ne savait pas si elle dormirait avec lui dans son petit lit ou s'il devrait passer la nuit seul à nouveau mais il chassa cette pensée. Ne pas faire une montagne de ce qui n'était pas encore arrivé. Il laissa la jeune femme retourner a ses occupations et s'empressa d'aller retrouver le kiné, sans se douter de ce qui les attendait et se tramait dans l'ombre.

Car Spencer avait bel et bien eu raison en expliquant que les caméras de la ville avait certainement enregistré leurs visages. Ce qu'il ignorait par contre c'était sans doute que depuis l'incident du trou noir et la première visite de la CIA, les caméras du laboratoire étaient surveillées de près par l'agence de renseignements. Le voyage au Kazakhstan avait déjà fait monter quelques soupçons mais les preuves vidéo de la veille au soir les avaient transformés en certitude. Il n'avait fallu que quelques heures de recherche pour ressortir le dossier d'Eugène et faire concorder les images et la reconnaissance faciale. Un vent de panique avait alors soufflé dans les bureaux des plus hauts gradés et surtout celui d'Everett Jones, le directeur actuel. Une réunion de crise s’était tenue mais les quelques agents présents manquaient cruellement d’informations pour prendre des décisions radicales. Toutes les théories se valaient ; la scientifique l’avait-elle ramené pour son intérêt personnel ? Savait-elle qui il était ? Eugène était-il là pour se venger ? Cette situation ressemblait à un feu de brousse qui couvait, prêt à se répandre dès qu’il aurait assez grandi. Pour l’instant, ce n’était rien qu’un coup de fil ne pouvait clarifier et cela n’engagerait normalement que peu de conséquences. Lorsque sa secrétaire entra dans son bureau, ses hauts talons claquant sur le lino lustré, le cinquantenaire derrière son bureau contenait mal son impatience, les yeux rivés sur les feuilles éparpillées du fameux dossier datant de la seconde guerre mondiale. Il ne leva les yeux que lorsqu’elle se racla la gorge et lui tendit une feuille.

— Vous vouliez le numéro personnel de Fanella Ozark, Monsieur. Le voici.

— Merci Suzan, veillez à ce que je ne sois pas dérangé le temps que durera cet appel.

La secrétaire hocha la tête et se retira aussi rapidement qu’elle était arrivée. Une fois les portes fermées, Everett organisa quelque peu le chaos qui régnait sur son bureau et avança son téléphone sécurisé. Les caméras montraient qu’elle et Eugène étaient retournés au laboratoire dans la matinée et n’en étaient pas ressortis. Il ne voulait pas passer par l’accueil au risque de se faire refouler ou raccrocher au nez. La surprise était la meilleure solution pour déstabiliser son adversaire et tenter d’obtenir des réponses alors il avait certes fallu attendre un peu que l’équipe de recherches fasse son travail, mais il avait fini par obtenir son numéro de bureau personnel, celui qui lui permettait de contourner le bouclier de l’accueil. Il attendit au son des tonalités, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur non loin. Lorsqu’elle décrocha, il décida d’y aller doucement mais sans pour autant lui demander si elle avait le temps de lui parler car ce n’était pas vraiment négociable.

— Bonjour, Madame Ozark. Je suis Everett Jones, Directeur de la CIA. Rassurez-vous, nous sommes sur une ligne sécurisée. Je suppose que vous savez pourquoi je vous contacte aujourd’hui, n'est ce pas ?

Une question simple mais qui lui permettrait, si elle ne mentait pas, de savoir si elle était au courant de la situation ou non. Auquel cas, il se ferait une joie de lui expliquer qu’elle venait de ramener un ancien soldat russe aux pouvoirs particuliers à la vie. Au-delà d’un acte qui n’existait même pas dans la Constitution et n’était donc pas vraiment répréhensible de toute façon, il était curieux de savoir comment elle avait fait et pourquoi lui, en particulier. Mieux encore, il aurait aimé, même si au fond de son cœur il le craignait aussi, s’entretenir avec Eugène lui-même. Car au fond, tout ce qu’Everett voulait, c’était le calme, l’ordre. Cela pouvait passer par une élimination en bonne et due forme ou une poignée de main signant la paix. Eugène était comme un pavé dans la mare ; est ce que la surface de l’eau allait s’apaiser où est ce que ce qu’il lisait dans son dossier allait le pousser à faire plus de vagues encore ? Il allait devoir en juger rapidement.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandLun 28 Nov - 12:03
Fanella se faisait une joie de retrouver Eugène autant qu’elle appréciait de se replonger dans son travail après les évènements de la veille. Il lui avait rappelé qu’ils devaient encore finir Interstellar avant qu’elle le laisse et elle y pensait. Au fond, était-elle en train de découvrir que la théorie du film était vraie d’une certaine façon. L’amour était bien une force de volonté après tout et convertie en front d’ondes négatives, elle pouvait bien avoir toutes sortes d’impacts sur le monde. Elle rêvassait à cette idée tout en se demandant si l’entretien d’Eugène dans l’après-midi c’était bien passé. Il était temps de rassembler ses affaires avant que la nuit ne l’avale dans encore plus de travail et de calculs complexes. Elle avait presque terminé lorsque le téléphone sonna. À cette heure, elle était surprise. Malgré tout, elle saisit le combiné, un brin inquiète. Sa première pensée fut que l’équipe technique de surveillance pouvait lui annoncer un problème sur le générateur.

— Bonjour, Madame Ozark. Je suis Everett Jones, Directeur de la CIA. Rassurez-vous, nous sommes sur une ligne sécurisée. Je suppose que vous savez pourquoi je vous contacte aujourd’hui, n'est ce pas ?

Evidemment, comment n’y avait-elle pas pensé. Les conséquences de leur escapade de la veille ne pouvaient pas se limiter à la colère de Spencer. D’ailleurs, il avait été en colère pour de bonnes raisons. Son coeur rata un battement et heureusement il lui revint un mémoire une technique de l’époque où elle souffrait d’anxiété au téléphone.

— Pardon ? La ligne est mauvaise…


Elle avait très bien entendu son interlocuteur mais le temps qu’il répète, elle avait le temps de reprendre ses esprits. Que répondre à sa question ? Elle avait à demi menti à l’agent Cassidy lorsqu’elle était venue lui rendre visite. Devait-elle assumer ce mensonge ou non ? Devait-elle signifier qu’elle savait qu’elle savait exactement à quoi elle avait affaire ? En même temps si son interlocuteur n’en savait rien, ce qui était peu probable, mais possible, elle risquait de vendre la mèche. Finalement, elle conclut que le mieux était d’assumer. La CIA risquait de vouloir agir plus vite et plus fort si ils avaient l’impression qu’elle n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait.

— Je sais tout à fait pourquoi vous me contactez aujourd’hui Mr Jones, répondit-elle avec toute l’assurance dont elle était capable. En fonction de ce que vous voulez exactement, nous allons être amis ou ennemis je suppose.

Les mêmes questions se posaient dans sa tête que lors de son dernier échange avec la CIA. Leurs motivations étaient-elles aussi nobles qu’ils le disaient ? Ou étaient-ils tous des Tanners déguisés en humanistes ? Elle voulait croire que ces gens oeuvraient pour le bien et Cassidy lui avait semblé sincère, mais les souvenirs d’Eugène racontaient une histoire différente. Elle n’avait aucune raison de croire que l’humanité et les relations internationales se soient fondamentalement transformées dans l’intervalle.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandLun 28 Nov - 20:48
L’appel surprise d’Everett à Fanella avait au moins eu le don de la prendre par surprise comme il s’y attendait. Bien que déstabilisée, elle trouva une parade amusante et audacieuse pour gagner du temps, celle de dire qu’elle n’avait rien compris à cause d’une mauvaise ligne. Ce n’était pas vraiment possible à moins qu’elle soit en voiture sous un tunnel et le directeur de la CIA était à peu près certain qu’elle était dans son bureau. L’initiative le fit tout de même sourire car elle avait su se reprendre et gagner un peu de temps avec adresse. Il répéta donc plus lentement ses premiers mots et cette fois, elle lui répondit avec plus d’assurance.

— Je sais tout à fait pourquoi vous me contactez aujourd’hui Mr Jones. En fonction de ce que vous voulez exactement, nous allons être amis ou ennemis je suppose.

Elle était honnête et malgré sa menace à peine voilée, cela rassura Everett. Il n’avait pas besoin de perdre du temps à lui tirer les vers du nez. Il décida néanmoins de poser une contexte, une base pour construire leur future entente ou mésentente selon l’évolution de leur discussion et choisit ses mots avec soin.

— Loin de moi l'idée de faire de vous mon ennemie, lui dit-il pour essayer de la rassurer. Simplement, hier dans la soirée nous vous avons vue sur les caméras de surveillance de Salt Lake City sortir du laboratoire avec un individu censé être mort depuis soixante ans. J’imagine que cela est lié à l'incident sur votre machine et à votre voyage récent au Kazakhstan puisque c’est même là qu’il est décédé.

Son expédition avait déjà attiré quelques soupçons qui avaient enflé lorsque quelques agents étaient parti interroger les gardes de l’aéroport. Mais une description physique, même précise d’un homme aux cheveux argentés dans un brancard n’était pas un argument suffisant. Une preuve en image changeait la donne.

— Je vous avoue, Madame Ozark, que je suis très curieux de savoir comment vous avez réussi cet exploit. Mais si je vous appelle aujourd’hui c’est principalement car j’aimerai vivement m’entretenir avec cet ancien espion et éclaircir certains points avec lui.

Il savait que ses prédécesseurs n’avaient pas été tendres avec lui, l’avaient utilisé comme un vulgaire objet, une arme. Et Everett n’était pas un idiot, il voyait le potentiel de ses aptitudes et ce que cela pouvait leur apporter. Il ne voyait malheureusement pas comment recruter Eugène avec tout ce que les services de renseignement lui avaient déjà fait. Ils ne pouvaient le contrôler sans devenir inhumains et surtout, le médium possédait dans son esprit la connaissance de nombreux secrets bien cachés qu’il ne valait mieux pas ébruiter.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 4 Déc - 11:07
In extrémis, Fanella avait reprit le contrôle de la situation. Elle avait décidé de dire la vérité cette fois. Au moins la CIA savait qu’elle ne faisait pas n’importe quoi n’importe comment. Sans quoi,  ils auraient pu être tentés d’intervenir immédiatement. Elle espérait avoir éviter le plus gros de l’escalade sans pour autant laisser à Jones le sentiment qu’il pouvait lui marcher sur les pieds. Il ne fallait pas penser qu’il s’agissait du directeur de la CIA. Elle avait son mot à dire. Elle ne laisserait pas des droits humains être bafoués par simple timidité. Avec toute l’assurance dont elle était capable, elle avait signifié que la CIA pourrait devenir son ennemi fonction de ce qu’ils attendaient d’elle.

— Loin de moi l'idée de faire de vous mon ennemie,
commença son interlocuteur. Simplement, hier dans la soirée nous vous avons vue sur les caméras de surveillance de Salt Lake City sortir du laboratoire avec un individu censé être mort depuis soixante ans. J’imagine que cela est lié à l'incident sur votre machine et à votre voyage récent au Kazakhstan puisque c’est même là qu’il est décédé.

Pendant qu’il parlait, elle s’était forcée à respirer et écouter. Une autre astuce utile lorsqu’on a de l’anxiété sociale et qu’on doit s’exprimer face à quelqu’un qui n’est pas d’accord avec soi et qui possède en plus une autorité manifeste. Pour l’instant, il ne disait rien d’alarmant sinon que les pires craintes de Spencer étaient confirmées. Elle chassa du mieux la culpabilité d’être en partie responsable de l’apparition du visage d’Eugène sur les écrans de surveillance de la ville. Une chose à la fois. Il fallait s’occuper de comment faire maintenant.  Comme il n’avait posé aucune question, elle le laissa poursuivre et ajouta simplement.

— Vous imaginez correctement.

Plus elle y pensait, plus l’idée de dire la vérité lui semblait la bonne. Au moins, elle ne se mettait pas à dos quelqu’un qui après tout pouvait très bien s’avérer coopératif. Se méfier était une chose. Jeter le bébé avec l’eau du bain, une autre.

— Je vous avoue, Madame Ozark, que je suis très curieux de savoir comment vous avez réussi cet exploit. Mais si je vous appelle aujourd’hui c’est principalement car j’aimerai vivement m’entretenir avec cet ancien espion et éclaircir certains points avec lui.


Fanella n’avait pas pensé à ce léger détail  : aussi bien, la CIA pensait qu’elle avait découvert le remède contre la moralité. Si l’idée germait dans la tête de personne mal intentionnées on courait à la catastrophe alors il fallait commencer par rectifier le tir tout de suite.

— Comme vous le savez, Eugène est un cas très particulier. Je n’ai fait que faire quelques calculs et réunir des conditions pour qu’une probabilité ait un maximum de chances de devenir une réalité. Mais cela serait trop complexe à expliquer.


Quand à sa demande, elle fut tentée de refuser catégoriquement. Déjà Spencer l’aurait tuée sur place si elle avait accepté. Les personnes n’étaient plus les mêmes mais c’était comme se trouver face à ces anciens tortionnaires. Mais c’était le choix d’Eugène. En même temps, il était possible qu’il veuille essayer d’apaiser les choses par lui-même… Elle allait le supplier de ne pas leur parler peut-être. Mais à la fin il prendrait ses responsabilités comme il le demandait. Pas sans laisser Spencer prendre les mesures nécessaires évidemment.

— Tout d’abord sachez que nous parlons d’une victime de tortures et d’actes de barbaries.  Une demande d’asile à été déposée auprès de l’immigration et nous entendons prouver les sévices infligés par la Russie dans le but d’obtenir sa coopération. Vous devez comprendre que vous n’avez affaire ni à un espion toujours en fonction, et encore moins à un vulgaire rat de laboratoire, mais à une personne humaine avec des droits. À ce titre, je vais demander au principal intéressé ce qu’il en pense et on vous tiendra au courant.


Fanella n’était pas peu fier de son ton faussement assuré, même si son coeur battait à tout rompre. Le jeu en valait la chandelle. Là encore, c’était une des rares occasions dans la vie où on a la certitude de faire quelque chose de bien.
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# Re: La nouvelle se répandMar 6 Déc - 15:03
Everett avait résumé en quelques mots la situation et ce que ses équipes avaient découvert la veille au soir. L'hypothèse que la machine de la jeune et brillante scientifique qui avait provoqué un trou noir fonctionne vraiment et appelle des fantômes semblait s'ancrer un peu plus dans la réalité d'heure en heure et elle venait justement de confirmer que tout était lié. Pouvoir ramener des fantômes de l'au-delà et discuter avec eux, voilà quelque chose qui pouvait totalement intéresser la CIA et les aider sur certaines enquêtes mais pas au prix de la création de trous noirs. Et, au vu du ton quelque peu méfiant de Fanella, Everett savait déjà quelle réponse elle risquait de donner s'il posait la question ; ses recherches n'étaient pas à vendre. Le sujet ne serait pas débattu tout de suite, mais il n'excluait pas la possibilité d'un jour l'aborder.

— Comme vous le savez, Eugène est un cas très particulier. Je n’ai fait que faire quelques calculs et réunir des conditions pour qu’une probabilité ait un maximum de chances de devenir une réalité. Mais cela serait trop complexe à expliquer.

— Oui surtout au téléphone, acquiesça le directeur qui savait qu’elle n’en dirait pas plus même en face à face.

Plus la discussion avançait et plus Everett avait l'impression que ramener un ancien espion russe à la vie n'avait pas été un acte totalement intéressé de la part de Fanella. Comme il avait pu le voir dans le dossier, Eugène s'était souvent trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et surtout, avec les mauvaises capacités. Tout le monde en avait plus ou moins profité, américains, comme russes. Il aurait été normal qu’il soit en colère et il ne savait pas si la jeune femme était au courant de tout. Ses paroles confirmaient que la vengeance n'avait rien à voir avec son retour, du moins, du côté de la scientifique. Eugène lisait dans les esprits comme dans un livre ouvert mais le sien restait hermétiquement fermé. Aurait-il pu la manipuler pour parvenir à ses fins ? Everett ne cachait pas qu'une partie de lui avait bien envie de proposer à l'ancien soldat de rempiler pour aider les Etats-Unis mais au vu de la situation cela semblait très clairement malvenu sans avoir tâté le terrain au préalable. Il voulait éviter les incidents, pas en causer un.

— Tout d’abord sachez que nous parlons d’une victime de tortures et d’actes de barbaries. Une demande d’asile a été déposée auprès de l’immigration et nous entendons prouver les sévices infligés par la Russie dans le but d’obtenir sa coopération. Vous devez comprendre que vous n’avez affaire ni à un espion toujours en fonction, et encore moins à un vulgaire rat de laboratoire, mais à une personne humaine avec des droits. À ce titre, je vais demander au principal intéressé ce qu’il en pense et on vous tiendra au courant.

De l’autre côté du combiné, l’homme fut d’abord surpris de ne pas se voir affligé d’un refus sans ambages. Il avait prévu bon nombre d’arguments et de répartie pour ce cas de figure, celui auquel il s’attendait le plus, mais force était que de constater qu’une discussion calme et sans mensonges pouvait aussi amener à un résultat positif.

— Je sais ce qu’on lui a fait, du moins en partie, j’ai son dossier sous les yeux, confirma-t-il en y jetant d’ailleurs un regard. Néanmoins, même s’il n’est plus espion, il a eu accès à des informations, des projets, des codes et beaucoup de secrets encore aujourd’hui classés secret défense. J’ai besoin de m’assurer que tout cela ne va pas s’ébruiter ou se vendre ailleurs et d'en avoir la garantie.

La demande d’asile était une technique ingénieuse et il était un peu surpris qu’ils y aient pensé. Everett avait évidemment imaginé les pires scénarios si les choses devaient se compliquer et cette demande légale l’incitait à abandonner toute idée, disons, plus violente. Il ne voulait pas se débarrasser de lui et se salir encore plus les mains. Vu sa résurrection, il semblait d’ailleurs plus difficile que prévu de s’en débarrasser. Il n’avait qu’à espérer que les choses continuent de se passer pour le mieux et qu’Eugène accepte de lui parler. Par téléphone ou en visio-conférence serait le mieux mais il allait pour l’instant laisser Fanella se charger de lui annoncer la nouvelle, avant de demander des conditions comme si tout était déjà acté. Il préféra donc aller encore un peu dans leur sens pour éviter les dommages collatéraux.

— En ce sens, votre demande d’asile tombe à point nommé puisqu’il faudra peut-être qu’il signe un contrat de confidentialité si nous tombons sur un accord. C’est effectivement mieux lorsqu’on possède une identité légale derrière. S’il accepte effectivement de me parler, peut-être que je pourrais… faire un peu avancer les choses. Ce serait dans notre intérêt commun à tous, n’est-ce pas ?

Après tout, il valait mieux pour tout le monde qu’Eugène reste sage dans son coin. Everett était prêt à oublier l’idée qu’il puisse retravailler pour eux, l’idée de le lui proposer, pourvu qu’il garde le silence sur certains projets, qui, s’ils étaient révélés au grand public, entacheraient l’image des services de renseignements tout entiers, voire même de l’Amérique. Mais tout reposait entre les mais de Fanella désormais.
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# Re: La nouvelle se répandDim 11 Déc - 14:32
Fanella était assez fière, elle n’avait pas laissé sa timidité prendre le dessus. Pour autant elle avait laissé la porte ouverte à Eugène. Il se pouvait très bien qu’il veuille essayer d’arranger les choses. Plus elle y pensait et plus elle se disait qu’à plus ou moins long terme, il faudrait de toute façon faire la paix avec la CIA. S’ils devaient s’affronter sans fin, peut-être qu’ils pourraient l’emporter, mais ils allaient au devant d’une vie d’affrontement et ça n’était pas ce qu’elle voulait pour Eugène. Elle avait donc proposé d’aller demander à Eugène s’il souhaitait discuter avec eux, tout en rappelant qu’il avait des droits et qu’elle entendait bien les faire respecter. En cela, la demande d’asile, même non encore aboutie, aiderait grandement.

— Je sais ce qu’on lui a fait, du moins en partie, j’ai son dossier sous les yeux, concéda Jones. Néanmoins, même s’il n’est plus espion, il a eu accès à des informations, des projets, des codes et beaucoup de secrets encore aujourd’hui classés secret défense. J’ai besoin de m’assurer que tout cela ne va pas s’ébruiter ou se vendre ailleurs et d'en avoir la garantie.

La jeune femme pouvait tout à fait comprendre cette préoccupation si elle se plaçait du point de vue de son interlocuteur. Une partie d’elle aurait voulu qu’Eugène puisse aller voir la presse en racontant ce qui lui était arrivé. D’une certaine manière les crimes dont il avait été victime devraient sans doute rester impunis et non dénoncés. Mais à quoi bon attiser la haine lorsque la plupart des personnes responsables étaient décédés. Là encore elle décida donc de jouer la carte de l’apaisement.

— Je peux comprendre votre préoccupation, comme je pense que vous pouvez comprendre la mienne,
reprit-elle.

De toute façon, il n’était dans l’intérêt de personne que des connaissances qui pourraient être dangereuses dans de mauvaises mains s’ébruitent. Elle-même voulait limiter au minimum l’impact potentiel du retour d’Eugène sur tous ces enjeux qui la dépassaient sans doute très loin.

— En ce sens, votre demande d’asile tombe à point nommé puisqu’il faudra peut-être qu’il signe un contrat de confidentialité si nous tombons sur un accord. C’est effectivement mieux lorsqu’on possède une identité légale derrière. S’il accepte effectivement de me parler, peut-être que je pourrais… faire un peu avancer les choses. Ce serait dans notre intérêt commun à tous, n’est-ce pas ?

Plus le temps passait, plus Fanella appréciait le tour que prenait cette discussion. Finalement sortir la veille n’avait pas été la meilleure idée mais après tout il était possible que dans quelques mois tout soit solutionné pourvu qu’une confiance mutuelle puisse s’installer. Selon elle, Eugène avait peu de chance de vouloir ébruité quoique ce soit en lien avec son histoire. Elle savait à quel point tout cela le couvrait de honte. Sa priorité semblait être d’obtenir son statu afin de pouvoir sortir du laboratoire et ce que proposait Jones allait justement dans ce sens.  

— Très bien, je lui en parlerais dès que je le verrais. Si de votre coté vous pouviez faire progresser la procédure alors oui nous aurions probablement une entente, mais encore une fois, ce n’est pas moi qui décide… Je reviens vers vous dès que possible.

Fanella termina cette discussion beaucoup plus calmement qu’elle ne l’avait débuté. Lorsqu’elle raccrocha elle se sentait confiante. Évidement, tout cela n’allait pas être facile pour Eugène mais il y avait là plus de bonnes nouvelles que de mauvaises. De toute façon, Spencer serait là pour veiller à ce que tout se passe bien. Elle rassembla ses affaires sereinement. Le froid lui mordit le visage lorsqu’elle sortit du laboratoire. Le magasin de vêtements où elle se rendit était au bord de la fermeture mais elle trouva ce qu’elle cherchait juste à temps. Elle fit aussi un passage éclair chez elle pour prendre une douche en enfiler une tenue plus confortable avant de renter pour retrouver Eugène à nouveau.

Elle fut soulagée de le trouver dans son lit après avoir posé ses affaires sur une chaise non loin, elle lui embrassa le front.

— Alors comment vas-tu ? Ça a été avec l’immigration ? Ils n’ont pas posé trop de questions ?


Une chose à la fois en effet. Si Eugène lisait ses pensées, il pouvait savoir ce qu’elle avait à lui dire, et aussi qu’elle lui avait acheté un pyjama qui ressemblait au sien avec une petite fusée sur le pull, mais elle voulait d’abord s’assurer qu’il allait bien. Nécessairement des sujets difficiles avait été abordés et si elle respectait sa juriste, Fanella savait qu’elle n’était pas du genre à mâcher ses mots.
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# Re: La nouvelle se répandDim 11 Déc - 18:49
La discussion entre Fanella et Everett s’était finalement terminée sur une note assez positive. Il devrait avoir de quoi rassurer ses collègues, au moins pour l’instant. La scientifique lui avait promis de parler à Eugène et il allait devoir attendre une réponse. Il lui avait donné le numéro de sa ligne directe pour le rappeler plus aisément dès qu’elle aurait des informations à lui transmettre. Le directeur ignorait combien de temps cela prendrait mais il était capable d’attendre, un peu, si cela pouvait en valoir la peine.

Du côté d’Eugène la journée avait continué d’être un peu mouvementée après l’entretien avec la juriste. Il n’avait finalement pas eu le temps d’aller dans sa chambre au laboratoire et était parti directement chez le kiné. Les séances n’étaient jamais simples mais il était content de se défouler un peu sur le drôle de vélo qu’il utilisait pour se servir de ses jambes. Il n’arrivait toujours pas à démarrer en appuyant assez fort sur les pédales, le kiné devait lancer le premier tour, mais ensuite, il était capable de tenir un peu sur la longueur. Il avait toujours très mal ensuite et sans doute besoin d’une douche mais, une fois sorti de cette épreuve, ce fut l’immigration qu’il dut aller voir pour un entretien. Il aurait aimé que Fanella soit là pour être sûr de ne pas dire de bêtises, surtout que les questions étaient intrusives et le brassèrent pas mal. Il en sortit un peu déprimé et hagard d'avoir du se replonger dans ce qu'il y avait de plus sombre dans son passé. Lorsqu’on le ramena finalement à sa chambre, il était trop épuisé pour être vraiment triste de la revoir, au contraire, c’était l’endroit le plus accueillant de la journée, si on oubliait l’appartement de sa petite amie qu’il avait quitté le matin même.

Il demanda non sans un peu de gêne si on pouvait l’aider à prendre une douche et l’installer au lit après tout ça, ce qu’une gentille infirmière n’hésita pas une seconde à faire. Une fois propre et sous les draps, il se sentit tout de suite bien mieux et ferma doucement les yeux. A peu de choses près, il pouvait imaginer être dans la chambre de Fanella et cela l’aida à se détendre. La journée avait filé avec une vitesse folle mais elle avait tout de même eu le temps de lui manquer. Il sut néanmoins qu’elle arrivait avant même qu’elle ouvre la porte de sa chambre et il s’était redressé avec un grand sourire, ravi de la voir. Elle déposa ses affaires dans un coin et il compta avec impatiences les secondes jusqu’à ce qu’elle s’approche de lui pour lui embrasser le front.

— Alors comment vas-tu ? Ça a été avec l’immigration ? Ils n’ont pas posé trop de questions ?

Il avait attendu la douceur de leurs retrouvailles toute la journée. Néanmoins, lorsqu’elle le toucha, d’autres pensées vinrent s’imposer à son esprit. Il la vit entrer dans le magasin et choisir un beau pyjama qu’elle voulait lui offrir. Le détail de la petite fusée le fit sourire. La surprise était gâchée, comme souvent, mais l’attention lui tira déjà des larmes de joie et de gratitude. Ces dernières s’effacèrent pourtant face à l’idée qui n’avait pas quitté la jeune femme ; elle avait quelque chose à lui dire. Il ressentit la même panique qu’elle comme s’il avait décroché le téléphone de ses propres mains pour entendre le directeur de la CIA et cela le tétanisa. Tout arrivait en même temps avec une telle intensité qu’il se mélangea un peu les pinceaux dans sa réponse, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture après avoir traversé au mauvais moment.

— Oui, ça va, la journée a été longue et fatigante… l’immigration oh la la, c’était horrible et laborieux et oh, merci pour le pyjama tu n’aurais pas du acheter ça, il a l’air si beau… mais et la CIA, qu’est ce qu’on va faire ? Ils te voulaient du mal ? Oh non c’est encore une de leurs magouilles et je t’ai mise en plein milieu de tout ça…

Il se prit la tête entre les mains et se força à respirer, il ne pouvait pas répondre à tout en même temps au fur et à mesure que les pensées défilaient dans sa tête. Il était hors de question d’éteindre sa montre pourtant, il était trop terrifié pour ne pas vouloir savoir ce qu’ils avaient bien pu dire à Fanella. Elle ne semblait pas inquiète, comme si tout s’était bien passé mais Eugène craignait qu’il ne s’agisse que de l’une de leurs manipulations. Ça ne pouvait que mal finir, sur un pont, au-dessus du vide, avec une arme pointée sur lui et un ultimatum. Il ne voulait pas que tout ça recommence, juste pour une petite sortie volée à l’extérieur.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 17 Déc - 12:21
Fanella avait eu hâte de retrouver Eugène d’autant plus depuis qu’elle se sentait plus sereine quand à sa sécurité. Il se pouvait très bien qu’il soit malhonnête mais elle avait envie de croire à ce que disait Everett Jones. Après tout, il était objectivement dans leur intérêt à tous les deux que le passé reste avec le passé. Elle pouvait comprendre qu’il soit préoccupé de la sécurité de divers secrets auxquels Eugène avait du avoir accès. Tout en lui achetant un pyjama, elle espérait finalement qu’Eugène accepterait de parler à ses anciens ennemis.
Elle était ravie et calme lorsqu’elle entra dans la chambre. Chez elle, elle n’avait pas vraiment eu le temps d’hésiter sur sa tenue alors elle avait passé un épais legging gris et une robe pull rose dans laquelle elle se sentait bien. Eugène l’attendait dans son lit et elle déposa un baiser sur son front alors que ses yeux se mouillaient de larmes. Il devait bien être la personne la plus émotive qu’elle connaissait. En même temps, elle le serait aussi après avoir vécu dans un laboratoire, avoir été ramené à la vie pour enfin vivre une vie normal, avoir du réapprendre des gestes de la vie quotidienne. Elle ne savait pas si il lisait ses pensées ou non alors elle lui demanda comment s’était passé l’entrevue avec l’immigration. La jeune femme redoutait en effet que leurs questions parfois intrusives ne l’aient blessé. Sa réponse lui indiqua qu’il lisait effectivement ses pensées à ce moment précis et que, débordé par l’émotion il avait omis le fait qu’elle même avait besoin que dans la conversations, les choses soient discutés une par une et pas toutes en même temps.

— Oui, ça va, la journée a été longue et fatigante… l’immigration oh la la, c’était horrible et laborieux et oh, merci pour le pyjama tu n’aurais pas du acheter ça, il a l’air si beau… mais et la CIA, qu’est ce qu’on va faire ? Ils te voulaient du mal ? Oh non c’est encore une de leurs magouilles et je t’ai mise en plein milieu de tout ça…

Fenalla s’assit près de lui sur le lit. Il se prit la tête entre les mains, paniqué. Visiblement l’optimisme qu’elle ressentait ne suffisait pas à le rassurer. Elle pouvait le comprendre. Pour lui, c’était la possibilité d’être enfermé et exploité à nouveau qui se dessinait et puis, il l’avait dit, sa journée avait été fatigante.

— Respire, Eugène, calme-toi.


Elle passa son bras autour de lui, en espérant que cela l’aiderait à se reprendre un peu. Le voir en détresse lui fendait le coeur mais elle espérait pouvoir arranger les choses.

— Oui c’est vrai Everett Jones m’a appelé, et nous avons essayé de négocier. Pour le moment, il demande simplement à te parler. Je lui ai répondu que je te demanderais ton avis. En fait, il veut échanger ta signature sur des accords de confidentialité, contre un coup de pouce pour la demande d’asile. Il n’a pas été menaçant du tout. On ne sait pas si on peut lui faire confiance, mais à mon avis il a intérêt à négocier plutôt qu’à t’affronter lui aussi. J’ai réfléchis et je pense que si on veut que tu puisses vraiment vivre tranquille il va falloir faire la paix d’une manière ou d’une autre.

Fanella lui caressa le doux doucement pour l’aider à finir de se calmer.

— Et de rien pour le pyjama, ajouta-t-elle avec un sourire, je me suis juste souvenue de ce que tu m’avais dit hier soir. Mais il faudrait qu’on aille faire les magasins… tu as très peu d’affaires tu ne peux pas rester comme ça.

Il ne restait plus qu’à espérer que Spencer ne poserait pas son véto. Peut-être que les choses seraient plus faciles après qu’Eugène et la CIA aient trouvé un compromis. Elle ne voyait pas qui d’autre pourrait connaître l’existence de ses capacités et vouloir les utiliser à mauvais escient. Ses pensées dérivèrent vers la fin de Interstellar et la soirée à venir. Elle fit un effort pour ne pas lui révéler l’intrigue.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandSam 17 Déc - 17:30
Eugène avait peut-être un peu paniqué en percevant les pensées de Fanella, effectivement. Encore brassé par ses entretiens et les questions sur les sévices qu’il avait subis mais également sur les manipulations pour qu’il reste une arme de guerre disciplinée et docile, son cerveau n’avait fait qu’un tour en percevant la discussion de la jeune femme avec le directeur de la CIA. Au téléphone. Evidemment, au téléphone, c’était ainsi que cela fonctionnait mais c’était aussi le mode opératoire de ses supérieurs de l’époque pour qu’il ne lise pas dans les pensées et n’ait pas connaissances des vices cachés de ses missions, dont celle ayant amené à sa mort. La scientifique ne lisait pas non plus dans les pensées mais il avait ce terrible pressentiment que tout allait mal tourner puisqu’ils étaient au courant. Les souvenirs avaient déferlé tout comme les scénarios catastrophes et le médium avait pris sa tête entre ses mains pour tenter d’en calmer le tourbillon. Toutes ces fois où il avait songé à pareille situation en faisant appel à son bon sens, en se trouvant des arguments rationnels semblaient envolées, ou du moins bloquées derrière le mur de son angoisse, alimentée par sa fatigue.

— Respire, Eugène, calme-toi.

Il sentit Fanella s’installer à côté de lui et le prendre dans ses bras. Son contact l’aida à reprendre pied dans la réalité et il se serra contre elle en essayant de se concentrer sur sa respiration comme elle le lui demandait. Il pouvait le faire à présent, car il était vivant. Sous forme de fantôme, cette crise aurait pris des proportions autrement plus dangereuses. Eugène attrapa une des mains de la jeune femme pour la serrer dans les siennes et ferma un moment les yeux jusqu’à ce qu’il sente les battements de son cœur se calmer, comme s’ils se calquaient peu à peu sur ceux de sa nouvelle et adorable petite amie. Que ferait-il sans elle ? Si la CIA la lui enlevait ? Il n’osait pas y penser. Elle reprit la parole et ce fut plus facile de se concentrer sur ce qu’elle disait.

— Oui c’est vrai Everett Jones m’a appelé, et nous avons essayé de négocier. Pour le moment, il demande simplement à te parler. Je lui ai répondu que je te demanderais ton avis. En fait, il veut échanger ta signature sur des accords de confidentialité, contre un coup de pouce pour la demande d’asile. Il n’a pas été menaçant du tout. On ne sait pas si on peut lui faire confiance, mais à mon avis il a intérêt à négocier plutôt qu’à t’affronter lui aussi. J’ai réfléchis et je pense que si on veut que tu puisses vraiment vivre tranquille il va falloir faire la paix d’une manière ou d’une autre.

Le médium lâcha un rire nerveux et ironique à l’évocation d’un accord de confidentialité. Evidemment la CIA devait vouloir qu’il garde le silence sur beaucoup de choses. Une négociation valait mieux qu’une divulgation de tout ce qu’il savait. Et en même temps, même s’il parlait, Eugène ne savait pas si quelqu’un le croirait. La presse risquait de le considérer comme fou. Les dirigeants d’autres pays peut-être et encore. Il n’avait pas la force de se replonger dans ce genre de souvenirs de toute façon. Tout ce qu’il souhaitait, c’est que lui comme Fanella restent en dehors de leurs manigances. Lui voulait la paix mais était-ce vraiment ce qu'ils voulaient, eux ? Ne cachaient-ils pas d'autres buts plus sombres ?

— Me parler, répéta Eugène en s’étranglant un peu. S’il veut me parler ou me demander de signer quoi que ce soit, ce sera en face à face, pas par téléphone. Je refuse qu’ils me manipulent et me mentent encore. Je… je verrais demain, je ne voudrais pas y réfléchir ce soir, c'est trop...

C’était ainsi que ça avait commencé. Ainsi que cela risquait de se reproduire. Il ne ferait pas la même erreur une seconde fois. Pour l’instant, pour ce soir, il voulait juste penser à autre chose, profiter de ce petit moment où Fanella était là. Se concentrer sur le film qu’ils devaient finir et sur sa présence. Il était trop fatigué pour avoir envie de faire un choix éclairé sur tout ça. Peut être que Spencer aurait son mot à dire aussi, ou un conseil à donner ? De toute façon il venait de donner ses conditions, c'était un début.

— Et de rien pour le pyjama, je me suis juste souvenue de ce que tu m’avais dit hier soir. Mais il faudrait qu’on aille faire les magasins… tu as très peu d’affaires tu ne peux pas rester comme ça.

L’angoisse finissait de partir doucement et il put lui faire un vrai sourire, quoiqu’un peu faible et timide malgré tout, mais heureux. Hormis la CIA qui planait tel un vautour au-dessus de leurs têtes, il était heureux. Elle lui caressait le dos et cela lui faisait du bien alors il se poussa un peu pour lui faire plus de place et la serra dans ses bras à son tour, posant sa tête contre son épaule.

— Merci c’est un beau cadeau et je suis touché que tu te sois souvenue de ce que j’ai dit. Est-ce que je peux déjà le porter ce soir tu crois ? J’aimerais bien aller faire les magasins mais… pas tout de suite. Je ne manque de rien tu sais…

Il était si beau avec cette petite fusée et semblait si doux. C’était son pyjama à lui. Il s’imagina un instant faire les magasins d’habits avec la jeune femme. C’était tentant mais les conséquences de leur première sortie étaient toujours fraîches dans son esprit. S’il parvenait effectivement à se tirer des problèmes avec l’agence de renseignements, ils pourraient sans doute sortir à nouveau sans risquer d’autres soucis.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 24 Déc - 10:03
Fanella venait de résumer à Eugène sa conversation avec Everett Jones, tout en essayant de le rassurer. Visiblement, il imaginait déjà les pires scénarios. Elle pouvait comprendre  : à sa place elle ferait probablement la même chose. Son commentaire sur les accords de confidentialité lui tira un rire nerveux. La jeune femme ne savait pas vraiment ce dont il s’agissait, et elle ne voulait de toute façon pas le savoir.

— Me parler, reprit Eugène, avec la voix cassée. S’il veut me parler ou me demander de signer quoi que ce soit, ce sera en face à face, pas par téléphone. Je refuse qu’ils me manipulent et me mentent encore. Je… je verrais demain, je ne voudrais pas y réfléchir ce soir, c'est trop...

Fanella trouva que c’était une proposition intelligente en effet. De cette façon, ils sauraient pour de bon si leur intentions étaient mauvaises ou non. Le don d’Eugène avait vraiment du bon dans ces moments-là. Un détecteur de mensonges à lui tout seul. Elle déposa un nouveau baiser sur son front.

— C’est une bonne idée je pense… mais tu as raison de prenons pas de décision hâtive. De toute façon ça n’est jamais une mauvaise chose d’attendre pour négocier. Je le rappellerais quand tu seras prêt et qu’on aura discuté avec Spencer.

La jeune femme allait quand-même prendre le temps de le tenir au courant à minima dès le lendemain. Mais rien ne pressait. Ainsi Mr Jones verrait qu’ils étaient confiants et pas désespérés de se débarrasser de cette menace.

Ensuite ils parlèrent du pyjama que Fanella avait ramené à Eugène et elle proposa qu’ils aillent dans les magasins. Il avait encore si peu d’affaires. Sans savoir pourquoi, elle pensait qu’il se sentirait mieux une fois qu’il aurait retrouvé des vêtements à lui, des draps qu’il aurait choisis…

— Merci c’est un beau cadeau et je suis touché que tu te sois souvenue de ce que j’ai dit. Est-ce que je peux déjà le porter ce soir tu crois ? J’aimerais bien aller faire les magasins mais… pas tout de suite. Je ne manque de rien tu sais…

Elle lui fit un sourire, c’était une si petite chose pourtant. Elle avait toujours grandit dans l’opulence elle s’en rendait compte mais aujourd’hui encore plus qu’habituellement. « Je ne manque de rien » avait-il dit.  Comme quoi tout était vraisemblablement relatif.

— Il faudrait peut-être le laver avant. Ça serait dommage que tu te retrouves avec une crise d’urticaire… Mais demain je pense que oui. Pour le reste... on a le temps.


Elle se redressa pour sortir du lit. Elle n’avait pas oublié leur projet pour la soirée. Elle tira de son sac son petit ordinateur et brancha le chargeur avant de s’installer près de lui à nouveau.

— Tu veux voir la suite du film d’hier ? demanda-t-elle.

Elle n’avait pas envie de s’éclipser déjà de toute façon. Elle allait très probablement s’inviter pour le reste de la nuit ou s’il refusait, elle allait sortir de plaid de sous le canapé de son bureau ou passer la nuit sur ses recherches. Dans tous les cas elle n’avait comme souvent aucune envie de rentrer chez elle passer la nuit. Elle était certaine que l’appartement lui apparaîtrait vide et froid à nouveau. Non sans une certaine timidité, elle osa se glisser sous les draps et se lover contre lui alors qu’elle plaçait l’ordinateur sur leurs genoux. L’objet s’alluma tranquillement, éclairant leur visages de sa lumière bleue. Elle était presque déjà certaine qu’Eugène apprécierait la fin de l’histoire.
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# Re: La nouvelle se répandMer 28 Déc - 15:41
Eugène avait donné un semblant de première réponse à Fanella concernant Everett Jones et son appel qui était un peu la cerise sur le gâteau de cette longue journée. L’idée d’une négociation faisait peser beaucoup de choses sur ses épaules ; il ne fallait rien oublier, penser à bon nombre d’aspects bien particuliers à traiter, savoir faire preuve de maîtrise et de calme, tout ce que le médium n’était pas ce soir. Il ne pensait qu’aux scénarios catastrophes et à l’horreur de se dire que la CIA était déjà à l’œuvre pour gâcher sa seconde vie qui venait à peine de commencer. Bien évidemment, il ne refusait pas une opportunité de discuter, mais il faudrait que cela se déroule en face à face, pas par téléphone. Pour le reste, il ne voulait pas y réfléchir ce soir, il n’en était pas capable.

— C’est une bonne idée je pense… mais tu as raison de prenons pas de décision hâtive. De toute façon ça n’est jamais une mauvaise chose d’attendre pour négocier. Je le rappellerais quand tu seras prêt et qu’on aura discuté avec Spencer.

En parler à Spencer était une bonne idée, cela faisait partie de son métier après tout. Il aurait peut-être des solutions à proposer auxquelles personne n’aurait pensé. Eugène hocha la tête, un peu rassuré qu'elle lui donne raison, préférant se concentrer sur le cadeau de Fanella que sur les mauvais souvenirs qui tourbillonnaient. Il aurait voulu l’enfiler tout de suite, comme si cela allait l’aider à tourner la page pour ce soir, à passer à autre chose comme on passe d’un chapitre à un autre dans une histoire. Mais la jeune femme semblait ne pas trouver ça très prudent.

— Il faudrait peut-être le laver avant. Ça serait dommage que tu te retrouves avec une crise d’urticaire… Mais demain je pense que oui. Pour le reste... on a le temps. Tu veux voir la suite du film d’hier ?

C’était logique si l’habit sortait d’une usine, il n’y avait pas songé. Il s’imagina le corps aussi rouge qu’une crevette à cause de son impatience et modéra ses envies. Le pyjama était à lui désormais et il le serait toujours demain, en plus d’être propre et de sentir bon.

— Oh bien sûr… demain c’est bien aussi, je crois que j’arriverai à attendre. Et oui j’aimerai beaucoup voir la fin du film avec toi.

Il aurait préféré que cela se fasse chez elle mais au moins ils étaient ensemble. Fanella sortit du lit pour aller chercher ses affaires et il en profita pour arranger un peu les coussins et les couvertures. Le lit était petit pour eux deux mais Eugène aimait bien l’idée de la garder dans ses bras comme sur le canapé et de dormir ainsi blottis l’un contre l’autre. Il fit de son mieux pour ne pas bouger avec le petit ordinateur sur ses genoux même s’il glissa à plusieurs reprises de petits bisous dans le cou de la scientifique ou sur sa joue avant de se faire happer par l’histoire à nouveau.

Ils reprirent là où ils s’étaient arrêtés alors que l’équipe venait de quitter la planète remplie d’eau. Les 23 ans de messages le firent pleurer, tout comme la trahison odieuse du Dr Mann sur la planète suivante. Eugène avait eu l’impression que quelque chose clochait mais il ne s’était pas attendu à pareil coup bas. La suite l’avait tenu en haleine jusqu’à la fin qui le laissa perplexe et l’esprit rempli de questions. Il avait du se répéter plusieurs fois qu’il ne s’agissait que d’un film créé de toutes pièces par un ordinateur. Finalement, Interstellar l’avait laissé épuisé autant qu’il l’avait fasciné lorsque les crédits de fin défilèrent sur le petit écran.

— Je vais essayer de dormir là-dessus mais ça mériterait bien un deuxième visionnage, la fin m’a un peu perdu. Je suis content d’avoir partagé ça avec toi. Tu peux rester dormir là si tu veux, promis je me ferais tout petit.

Elle avait peut être du travail à faire encore et il ne voulait pas la retarder mais la nuit était elle vraiment un moment pour travailler ? Carter ne verrait sans doute aucun inconvénient à ce que Fanella se retrouve à dormir avec lui. Ils ne seraient pas beaucoup moins sages que la veille au soir. Celle-ci lui semblait d’ailleurs si loin déjà, comme si cela faisait une semaine qu’il était sorti. Il ne savait pas ce que le lendemain allait lui réserver.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 31 Déc - 14:21
La jeune chercheuse avait hâte de mettre derrière elle les préoccupations autour de Jones Everett, la CIA et plus largement tout ce qui concernait l’ancienne vie d’Eugène. Il lui avait demandé du temps et elle estima qu’ils en avaient. Plus ils attendaient, plus ses adversaires seraient tentés d’accepter ses conditions. Ainsi ils envoyaient un message fort, selon lequel, ils estimaient avoir l’avantage. Eugène attendrait également pour étrenner son nouveau pyjama. Elle ne voulait pas qu’il termine avec une crise d’urticaire. Il était possible qu’elle se comporte comme une sorte de mère poule avec lui. Il fallait dire qu’elle avait été à bonne école, avec sa propre mère. Il faudrait qu’elle songe à l’appeler, d’ailleurs.

Finalement ils se lovèrent l’un contre l’autre pour regarder la fin du film. Elle avait attendu ce moment toute la journée et il s’avéra à la hauteur de ses attentes. Les petits baisers qu’il déposa sur sa peau la firent frissonner et son ventre s’emplit d’une délicieuse chaleur qu’elle s’expliquait mal. Son esprit était à deux doigts de s’emplir de toutes sortes de pensées avant que le visionnage de commence. Pour autant qu’elle sache, Eugène n’avait pas rallumé sa montre. Elle aimait toujours aussi ce film en tout cas. Pour son message surtout.

— Je vais essayer de dormir là-dessus mais ça mériterait bien un deuxième visionnage, conclut Eugène, la fin m’a un peu perdu. Je suis content d’avoir partagé ça avec toi. Tu peux rester dormir là si tu veux, promis je me ferais tout petit.

Elle posa ses lèvres sur son front avant de lui sourire. Elle aurait pu se lancer dans une explication scientifique sur les trous noirs, les trous de verre, les singularités, les tesseracts et leurs liens avec l’espace temps. Mais il était sans doute un peu tard pour ça et malgré tout, l’histoire restait une fiction. Il y avait un écart entre la théorie à la pratique phénoménal, quand on touchait à la cosmologie.

— Je l’ai regardé trois fois, pendant que je pensais que… tu ne reviendrais pas. Ça me disait que d’une manière ou d’une autre, tu pouvais être toujours là, quelque part…
confia-t-elle à la place.

Immédiatement après, elle regretta d’avoir amené ce triste sujet dans leurs esprits respectifs. Ces  souvenirs là étaient malgré tout presque aussi difficiles à oublier que celui de la détonation de l’arme à feu de Joy. Elle secoua la tête et sourit à nouveau.

— Je veux bien rester dormir avec toi, après tout on est épais ni l’un ni l’autre…

Elle se leva, autant pour chasser l’anxiété qui naissait à nouveau que pour ranger l’ordinateur qui trônait toujours sur leurs genoux. Elle replaça le tout dans son sac avec un soin un peu excessif, en se demandant quand cette sensation à mi chemin entre un léger malaise et une attente anxieuse disparaîtrait. Avant de le rejoindre, elle alla se passer un peu d’eau sur le visage.

— Tout va bien, calme-toi, se murmura-t-elle à elle-même face au petit miroir.

Naïvement, Fanella pensait toujours que la capacité d’Eugène était perturbée par les murs. Elle n’avait aucune raison scientifique de croire une telle chose. Simplement, il était difficile de réaliser qu’elle n’était pas complètement seule alors qu’il n’y avait personne dans la pièce. Alors, elle prit un moment pour se demander ce qui lui arrivait. Son coeur battait un peu à ses tempes. Elle ressentait toujours cette étonnante sensation dans son ventre. Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait peur, et encore moins qu’elle avait envie de rentrer chez elle. Ils en avaient parlé et elle savait que Eugène ne lui demanderait rien. Une partie d’elle avait envie qu’il lui demande quelque chose. Elle se maudit pour avoir cette idée juste après. Après tout, il ne tenait pas encore sur ses jambes. Et puis, de ça, elle avait peur, un peu.

Le visage rougeâtre apparût à la lisière de sa conscience, très brièvement. Juste assez pour lui donner la nausée. Gagnée par l’angoisse elle attrapa les deux bords du petit lavabo. Évidemment, c’était ça qui lui arrivait. Quoi d’autre ? Elle ne voulait pas y penser alors elle arrosa son visage encore une fois. Lorsqu’elle sorti de la petite salle de bain, elle s’était recomposée un visage. Mais elle savait que de toute façon, Eugène ne mettrait pas longtemps à comprendre. Si elle pouvait éviter d’en parler, elle ne s’en porterait que mieux. Lorsqu’elle se lova contre lui à nouveau, une fois la lumière éteinte, elle remarqua que l’odeur qui envahissait ses poumons était la sienne, celle qu’elle avait appri à aimer, et pas la légère fragrance d’alcool et de tabac qui hantait ses souvenirs. Cela acheva de la rassurer. Heureusement dans le noir, elle n’avait pas à croiser son regard. Peut-être que demain, elle prendrait rendez-vous avec son ancien thérapeute. Elle allait avoir besoin d’aide pour pouvoir vivre cette relation et elle ne se sentait pas de raconter tout ça à Carter qui restait un collègue de travail.
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# Re: La nouvelle se répandDim 1 Jan - 16:32
Interstellar avait au moins eu le don de faire oublier à Eugène le coup de fil d’Everett Jones, juste un peu. Juste ce qu’il lui fallait pour ne pas se torturer l’esprit et se concentrer sur autre chose, même s’il n’avait pas tout compris de la fin. Fanella adorait ce film, il le voyait dans son esprit tandis qu’il l’enlaçait. Elle semblait avoir compris tous les sujets évoqués, aussi complexes soient-ils. Il était toujours admiratif lorsque son esprit mettait en lumière cet iceberg de savoir dont il ne faisait qu’observer la surface habituellement. Mais il était trop tard pour de grandes explications et la fatigue pointait le bout de son nez alors, en lui donnant son avis sur le film, il lui avait aussi proposé de dormir là.

— Je l’ai regardé trois fois, pendant que je pensais que… tu ne reviendrais pas. Ça me disait que d’une manière ou d’une autre, tu pouvais être toujours là, quelque part…

Sa mésaventure avec Tanner lui revint en mémoire en même temps qu’elle, tout comme les semaines d’incertitude difficile qu’elle avait passées avant que la machine ne soit réparée et qu’il ne revienne. Il ne savait pas ce qu’il y avait après l’entre deux, il l’avait plusieurs fois affirmé sans mentir. Mais ce qu’il savait c’était que même sans retour en arrière possible, il y aurait eu une trace de lui au moins encore dans l’esprit de certaines personnes. C’était une manière d’être toujours là.

— Ne t’en fais pas, lui dit-il pour la rassurer. C’est bien d’en reparler un peu de temps en temps, même si ce sont de mauvais souvenirs. Ça m’aide à me rendre compte, au fur et à mesure, qu’ils perdent de l’emprise sur moi. Et je ne laisserai pas une situation comme celle là se reproduire à nouveau.

Qu’il s’agisse de Tanner ou de la CIA, il était tout simplement hors de question de se retrouver dans une situation dangereuse comme celles qu’il avait vécu une nouvelle fois. Avec un brin de curiosité, il se demanda comment le scientifique qui avait été si mauvais avec lui réagirait s’il le voyait en chair et en os à présent. Il n’aurait sans doute jamais la réponse à cette question. Il sourit à Fanella qui se secouait un peu dans le lit.

— Je veux bien rester dormir avec toi, après tout on est épais ni l’un ni l’autre…

Elle se leva pour ranger l’ordinateur non sans une certaine tension qui lui était palpable aussi et qui le rendit un peu nerveux. Il savait bien de quoi il en retournait et qu’il n’y était pas étranger. Pour se donner une contenance tandis qu’elle s’esquivait à la salle de bain, il fit un peu d’ordre dans le lit, lissa la couverture, fit rebondir les coussins. A quoi s’attendait-il aussi, après l’avoir enlacée et embrassée ? Sur le moment, ça ne lui avait pas paru déplaisant mais bien sûr qu’au bout d’un moment il fallait songer à ce qui devait se passer ensuite. Il en avait déjà fait l’expérience évidemment mais tout cela lui avait souvent paru compliqué et angoissant aussi. Au moins, grâce à la montre, Fanella lui offrait aussi la possibilité que ce soit moins pire. La présence des fantômes avait toujours rendu ces moments censés être intimes difficiles, à l’époque. Une partie d’elle voulait qu’il lui demande quelque chose, il l’avait lu dans ses pensées, mais il n’était pas certain d’être prêt à ça tout de suite, surtout dans son lit d’hôpital. Chez elle, ce serait peut-être différent, ils ne risquaient pas d’être importunés, sauf par de mauvaises pensées comme c’était le cas pour elle. Il regrettait terriblement de ne pas pouvoir se lever pour la rejoindre. Au lieu de cela, il devait la laisser affronter cette épreuve seule dans la salle de bain, où elle ne pouvait pas se cacher de lui quoi qu’il arrive. Quand elle ressortit de la salle de bain, il s’était presque assis au bord du lit pour tenter de la rejoindre par il ne savait quel moyen.

Mais, même s’il avait réussi, que lui aurait-il dit ? Face à son visage, il se sentait un peu démuni. Elle ne voulait pas en parler, du moins pas avec lui et ça il le comprenait. Il ne savait même pas exactement quels mots trouver pour l’apaiser, tous risquaient de lui rappeler ce visage, ces sensations qui collaient de manière dégoutante à sa peau. Alors il lui tendit simplement les bras et se rallongea avec elle. Une fois la lumière éteinte, il caressa doucement ses cheveux et son dos en espérant qu’elle se détende.

— Ça va aller, Fanella, finit-il par murmurer. Je suis là et je veille sur toi, tout va bien se passer.

Eugène ne laisserait rien de ce qui s’était déjà produit arriver à nouveau. Pour elle comme pour lui. Evidemment qu'il y aurait des moments difficiles pour eux mais main dans la main ils seraient capable de les affronter. Et surtout, ça ne changeait rien à ce qu'il ressentait et il comptait bien le lui prouver. Il pouvait veiller sur ses rêves aussi. Toute cette histoire qui tournait dans son esprit risquait de le maintenir éveillé encore un peu avant que l’épuisement ne prenne le pas sur sa conscience. Même si elle ne voulait rien lui dire avec des mots, il était là pour la soutenir et pour l’épauler après tout.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 8 Jan - 13:32
Fanella avait confié à Eugène avoir regardé Interstellar trois fois pendant l’absence d’Eugène. Puis elle avait regretté d’avoir abordé ce sujet plutôt douloureux, mais finalement, il semblait s’en accommoder mieux qu’elle. Où avait-il été pendant ce temps, qu’avait-il « fait » si on pouvait employer ce terme. Sans doute des mystères que la science mettrait probablement encore quelques centaines d’années à percer.
]b]
— Ne t’en fais pas,[/b]
la rassura-t-il. C’est bien d’en reparler un peu de temps en temps, même si ce sont de mauvais souvenirs. Ça m’aide à me rendre compte, au fur et à mesure, qu’ils perdent de l’emprise sur moi. Et je ne laisserai pas une situation comme celle là se reproduire à nouveau.

La jeune femme était bien obligée d’admettre qu’ils perdaient de l’emprise sur elle aussi. Surtout depuis qu’il était là en chair et en os, il lui paraissait plus solide, même s’il n’était pas encore sur ses deux pieds.

— Et je jure de ne plus jamais laisser quelqu’un qui ressemble de près ou de loin à Tanner me laisser croire qu’il m’est indispensable, ajouta-t-elle avec un sourire.

La promesse qu’il lui venait de lui faire, rien ne disait qu’il pouvait la tenir, même si ses capacités le rendaient plus difficile à atteindre que n’importe quel être humain. Celle de la jeune chercheuse en revanche lui semblait à sa portée. Malgré tout, ils allaient tout mettre en oeuvre pour qu’Eugène puisse être en sécurité. Fanella avait retrouvé l’espoir que ça soit possible.

Elle avait ressenti le malaise augmenter lorsque le film s’était terminé de même que leur conversation. Son corps lui envoyait des signaux inconnus, comme elle avait accepté de passer la nuit là. Elle était sûre de mieux dormir ici que seule chez elle, ou sur le canapé trop petit de son bureau. De toute façon si elle s’écoutait, elle risquait de ne pas dormir du tout et passer la nuit sur ses recherches. Elle voulait dormir là, mais elle était rattrapée par des craintes. Tout ou tard, cette relation allait évoluer et toutes ces choses qui lui faisaient peur, il faudrait s’y confronter.

Elle s’était éclipsée un court moment et il n’avait fallut s’arrêter qu’une seconde pour que les souvenirs remontent à la surface. Prise de court, elle ne pensait jamais au fait qu’Eugène pouvait très bien la percevoir à travers les murs. Lorsqu’elle sortit à nouveau son expression lui apprit qu’il n’avait rien manqué de cet échange interne mais elle préféra ignorer cette idée et se préparer à le rejoindre. De toute façon, il savait très bien de quoi il retournait, il n’y avait jamais vraiment eu de secrets autour de cela entre eux. Il n’y avait jamais de secret avec Eugène de toute façon.

Alors, ils se retrouvèrent l’un contre l’autre dans l’obscurité. Là elle se sentit mieux parce que son odeur éloignait celle de ses souvenirs. Il caressa son dos et ses cheveux pendant qu’elle se cachait dans son torse, un peu honteuse de toutes ces pensées qui l’envahissaient. Silencieusement elle pria pour qu’il ne fasse pas de commentaire. Mais lorsqu’il ouvrit la bouche elle fut finalement soulagée.

— Ça va aller, Fanella,
dit-il très doucement. Je suis là et je veille sur toi, tout va bien se passer.

L’émotion l’étrangla d’un seul coup. C’était si simple et pourtant exactement ce qu’elle avait besoin d’entendre. Elle n’était plus seule avec cela. Bien sûr quelques professionnels de santé avaient été dans la confidence. Sa mère le savait aussi bien sûr mais elle n’y comprenait rien. Eugène comprenait. Mieux, il savait exactement ce qu’elle vivait. Il était la seule personne sur terre à pouvoir avoir une idée de cela et à la respecter quand-même.

— Je n’en reviens toujours pas, d’à quel point tu es gentil avec moi,
répondit-elle sans oser le regarder pourtant.

Évidement, il y aurait eu beaucoup de choses à discuter mais il était finalement trop tôt et puis elle était fatiguée. Son corps continuait de lui envoyer des messages contradictoires qu’elle décida d’ignorer pour le moment. Elle était juste bien là. Ravie de passer cette deuxième nuit avec lui près d’elle au point qu’il n’était pas encore vraiment question de celle d’après ou celle d’encore après. Pendant des années, elle avait pensé que son oncle était gentil. Elle réalisait à présent à quel point elle s’était trompée. Ces quelques mots avaient chassé le peu de nausée qu’il lui restait, aussi après toutes les émotions de la journée elle s’endormit finalement sans trop de difficultés. Aucun cauchemar ne vint perturber son sommeil.

Le lendemain elle fut réveiller par des bruits indistincts, elle ouvrit les yeux et une silhouette noire se dressait au dessus d’elle dans l’obscurité.  Elle poussa un cri. Dans la panique elle avait oublié où elle se trouvait et la petitesse du lit qu’elle partageait avec Eugène. Alors elle chuta durement sur le sol, tentant vainement de reprendre ses esprits.

L’infirmière alluma finalement la lumière.

— Oh, Fanella, ça va ? Je ne pensais pas que vous dormiez ici  ! Désolée… il est 9h le kiné arrive dans une petite heure.

La jeune femme se redressa, parfaitement confuse, en pyjama et les cheveux défaits. Elle ne sut pas quoi dire.

— Euh je…


L’infirmière secoua ses mains en signe d’excuse.

— Mais euh ce n’est pas grave hein, si j’avais su j’aurais… bon hein je repasserais dans un moment.


Sur ce, elle disparût. Fanella se tourna vers Eugène mi-amusée mi-gênée.
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# Re: La nouvelle se répandMer 11 Jan - 9:58
Eugène n’avait pas manqué une miette du cours des pensées de Fanella dans la salle de bain. Même si elle se pensait isolée dans sa bulle par les murs, il était là à rôder comme un fantôme sans bouger de son lit. Il s’en voulait de cette forme d’espionnage sur laquelle il avait pourtant un contrôle désormais et en même temps, il se disait que c’était un fardeau que la jeune femme n’avait pas forcément à porter seule. Lorsqu’elle était revenue se blottir contre lui dans le lit d’hôpital, il avait cherché un moment quoi lui dire, un peu désemparé. Quelle force pouvait avoir les mots face à de telles horreurs ? Finalement il avait choisi de faire simple parce qu’il savait qu’elle ne voulait pas en parler avec lui. Quelques mots, qu’il doutait de trouver suffisants mais qui l’étaient bel et bien.

— Je n’en reviens toujours pas, d’à quel point tu es gentil avec moi.

Le médium la serra tendrement dans ses bras un peu plus fort. Il ferma les yeux, soulagé d’avoir pu alléger un peu sa peine, qu’elle comprenne qu’il serait là pour l’épauler, pour la porter en sécurité au travers de tous les champs de bataille qui pouvaient faire rage autour d’elle et en elle. Il n’avait pas oublié ce que c’était que de courir sous les bombes et ne l’oublierai jamais.

— Je ne veux que ton bonheur, je ferais tout pour te voir heureuse. C'est sincère, je tiens énormément à toi.

Il était un peu tôt pour les grandes confessions mais celle-ci, comme il l’avait dit, était sincère. Il n’en revenait pas non plus d’à quel point Fanella avait été gentille avec lui également. Elle aurait pu être comme tous les autres scientifiques mais au lieu de cela, elle avait fait preuve de compassion. Avec un sourire, Eugène ferma les yeux car malgré tout, il était tard et le film tout comme les émotions les avaient un peu fatigués. Il était content qu’elle reste avec lui pour ce soir, quoi qu’en pense son esprit. Il s’endormit plus facilement et avec la douce sensation d’être moins seul au fond d’un grand lit, dans une pièce souterraine d’un laboratoire. C’était un peu comme être dans son appartement à nouveau. Tant qu’elle était là, tout pouvait faire office de nouveau foyer.

Emerger au petit matin fut un peu moins agréable que la veille cependant. Il y avait certes eu un sursaut, mais pas du même niveau que celui auquel Eugène allait devoir faire face. Il fut réveillé par un cri, des images et des pensées indistinctes, entremêlées, confuses. Un instant il se crut en mission, caché dans une vieille bâtisse et pensa que les allemands venaient de le surprendre, lui et ses amis. Il se redressa brusquement et sa main vint chercher l'arme qu'il tenait dans son holster d'épaule avant de se rendre compte qu'elle n'était pas là. Cela le ramena à la réalité et soudain tandis que la lumière s'allumait et l'éblouissait il comprit qu'il était dans sa chambre, au laboratoire avec Fanella.

L'infirmière ne s'en rendait sans doute pas compte mais elle venait d'échapper de peu à un malheur. Il n'avait pas ses lunettes et voyait donc tout ce qui l'entourait de manière floue mais distinguait chaque personne par ses pensées. Parmi la confusion de la situation, il la reconnut avant qu'une chaise ou du matériel médical ne vole dans sa direction et ne l’éjecte jusque dans le couloir ou pire, se fracasse sur sa tête. Le mobilier qu’il avait fait s’envoler, tremblant de peur, retomba par terre dans un fracas de fin du monde. Il s'agrippa à la barrière du lit pour tenter de calmer les battements erratiques de son cœur et sa tête qui lui tournait. Il remit en tremblant ses lunettes sur son nez. Il n’avait même pas été capable d’entendre ce que l’infirmière avait essayé de dire et elle disparut aussi vite qu’elle était arrivée, le laissant dans un état pantois et un peu pétrifié. Il rassembla deux neurones pour se tourner vers Fanella qui s’était relevée.

— Est ce que ça va ? Qu'est ce qui s'est passé ? J'ai eu.. tellement peur...

Il ne se rappelait pas que son premier réveil avec elle soit si mouvementé, même s'il avait aussi été un peu rude. Celui-là lui avait littéralement retourné l'estomac. Comme lorsqu’on se réveille trop vite d’une massive sieste pour se rendre compte qu’on est en retard. Il s’allongea doucement en espérant que l’impression d’être sur un bateau en pleine tempête se calme un peu. Sans le vouloir, il se mit à pleurer et s'empressa de sécher ses larmes avec sa manche car il savait que c'était juste la lente redescente de la terreur qui s'était emparée de lui qui cherchait à tout prix à disparaitre plus vite.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandSam 14 Jan - 12:00
En proie à de tristes pensées, Fanella était allé se lover près d’Eugène. Comme toujours il avait su trouver les mots pour la rassurer. Peut-être était-ce plus facile lorsqu’on était capable de lire les pensées, mais tout de même. Elle se rassurait avec son odeur et le sentiment que le sommeil la trouverait peut-être après tout. Alors elle lui avait dit à quel point elle continuait d’être toujours étonnée par sa gentillesse.  

— Je ne veux que ton bonheur, je ferais tout pour te voir heureuse. C'est sincère, je tiens énormément à toi,
répondit-il.

Ses doigts passaient entre ses cheveux et le long de son dos et là elle était juste bien.

— Je le sais, je n’ai pas besoin de lire tes pensées pour savoir que tu es sincère.

Les caresses d’Eugène lui procuraient de léger frissons qui achevaient de détendre son corps et de chasser les restes de la nausée des souvenirs. Ses yeux se fermaient tous seuls et elle sentait qu’elle n’allait pas tarder à s’endormir.

— Moi aussi, je tiens à toi, ajouta-t-elle encore.

Elle profita encore un peu de la chaleur de sa présence avant de sombrer. Malgré ses préoccupations, cette journée avait été relativement éprouvante, assez pour que l’angoisse ne la tienne pas éveillée toute la nuit. La nuit dernière avec lui près d’elle, elle n’avait pas fait de cauchemars. Celle-là se déroula de la même manière. Habituée à se réveiller tôt spontanément, Fanella n’avait pas mis de réveil. Aussi, c’est la présence de l’infirmière dans la chambre qui la tira brutalement de son sommeil. Elle tomba du lit et eut à peine le temps d’échanger quelques mots avec elle que soudain, le mobilier convergeait dans sa direction.

— Eugène  ! appela Fanella qui n’avait pas eu le temps de se relever vraiment.

L’infirmière était tombé elle aussi, le visage baigné de terreur elle s’était recroquevillée contre la porte de la chambre qu’elle n’avait pas eu la présence d’esprit d’ouvrir pour s’enfuir. Les meubles retombèrent avec fracas et Fanella eut encore un cri de terreur avant que tout ne redevienne calme. La jeune femme voulu tendre la main vers la soignante mais aussi vite qu’elle le put, elle ouvrit la porte et détala dans le couloir.

La chercheuse se tourna vers Eugène, qui visiblement prenait lentement conscience du cataclysme qui venait de se produire. La chambre ressemblait à un champ de bataille, avec la desserte à matérielle cassée, la table en travers, le fauteuil retourné. Il n’était jamais venu à l’idée de Fanella qu’Eugène pouvait représenter en danger parce qu’il était une bonne personne. Mais s’il ne maîtrisait pas, il y avait là un réel risque. Une seconde de plus et la pauvre infirmière se retrouvait écrasée. Elle avait eu tendance aussi à oublier à quel point il pouvait être puissant, lorsqu’il déployait ses facultés.

Évidemment, elle n’aima pas avoir ce genre de pensées, encore moins en sa présence, mais il fallait se rendre à l’évidence et rechercher des solutions pour éviter le pire.

Il n’était pas fier de lui, car immédiatement il se mit à pleurer. Attendrie à nouveau, elle alla l’enlacer à nouveau sur le lit.

— Qu’est-ce qui t’es arrivé ? demanda-t-elle.

Elle se doutait de la réponse. Vraisemblablement, le fait qu’elle ait sursauté contre lui lui avait fait peur, et dans un demi sommeil, il avait confondu l’infirmière avec un ennemi potentiel de son ancienne vie. Elle caressa ses cheveux. Après tout rien de tout cela n’était de sa faute. Si personne ne lui avait fait de mal il n’aurait pas eu besoin d’être sur la défensive de la sorte. Mais à présent, cela posait une réelle difficulté.
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