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La nouvelle se répand - Page 2


 
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La nouvelle se répand :: 

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50 states of American Dream

 
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandSam 14 Jan - 18:25
Après le passage de l’infirmière et le réveil brutal, la chambre d’Eugène était sans dessus dessous. Il ne pouvait que constater les dégâts qu’il avait causés. Il n’avait pas d’argent pour payer tout le matériel qu’il venait de casser et, pire que tout, son réflexe malencontreux alimenté par la peur aurait pu sévèrement blesser quelqu’un. Il était terrifié, confus et honteux. Il ne s’était même pas vraiment rendu compte que la douleur ne l’avait pas freiné, puisque les puces dans son cerveau avaient été retirées. Peut-être que si elles étaient toujours en place, il se serait interrompu plus vite. C’était encore plus terrifiant de se dire qu’il n’avait plus cette espèce de limite.

La pauvre infirmière s’était littéralement jetée sur la porte pour sortir et la peur qu’il lisait en elle l’atteignit aussi. C’était comme s’il venait d’avaler une brouette de pierres et il ne put s’empêcher de pleurer, encore une fois. Est-ce qu’elle allait chercher Carter ? Est-ce qu’ils allaient l’enfermer parce qu’il venait de faire quelque chose de dangereux ? Est-ce qu’elle avait eu si peur qu’elle ne reviendrait plus le voir ? Elle n’était peut-être même pas au courant qu’il pouvait user de télékinésie, la pauvre. Il aurait voulu disparaitre dans un trou.

— Qu’est-ce qui t’es arrivé ?

Fanella venait de le rejoindre pour l’enlacer et Eugène hésita un instant à se recroqueviller, à défaut d’avoir le geste malencontreux de la repousser, ce qu’il ne voulait de toute façon pas. Elle le trouvait attendrissant alors qu’il aurait pu faire tellement pire. Ses pensées se mélangeaient à son angoisse et il ne parvenait pas à en ressortir grand-chose si ce n’était que ce qu’il venait de se passer était un problème à résoudre. En lui remettant des puces dans le cerveau ? Les sons et les images des chercheurs effarés tournant autour de lui pour savoir comment le gérer revenaient dans son esprit. Les discussions fraîches à propos de ses sévices de la veille ne l'aidaient pas à se calmer.

— J’ai entendu crier et tout s’est mélangé, toutes ces pensées en même temps… et tu es tombée… j’ai cru qu’on était en train de nous attaquer… Je suis désolé, vraiment désolé, je ne voulais pas vous faire peur.

Heureusement qu’il n’avait pas eu réellement d’arme à feu, finalement. Cela aurait peut-être été pire qu’une chaise volante. Fanella avait beau penser qu’il n’était pas coupable, il était le seul à avoir cassé le mobilier. Contrit, il préféra se concentrer à relever les victimes matérielles pour les remettre à leur place d’origine mais pour la desserte il ne pouvait plus faire grand-chose. Comme si cela allait effacer, au moins un peu, la bêtise qu’il venait de faire. Il avait très peur que Carter vienne lui crier dessus, ou lui dise à quel point il était déçu de son comportement. il fit de son mieux pour sécher ses larmes d'une main tremblante.

— Il faut que j’aille m’excuser avant que tout le monde ne se mette à croire que je suis un monstre…

Les mots lui avaient plus ou moins échappé en même temps que ses pensées mais c’était présentement le seul faible moyen qu’il avait de reprendre le contrôle sur la situation. Sur ce que ceux qui le soignaient allaient penser de lui. Il ne voulait pas qu’ils viennent avec la peur au ventre. La meilleure chose à faire c'était d'assumer au lieu de se chercher des excuses.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 22 Jan - 16:08
L’infirmière avait à peine eut le temps de dire bonjour avant la débâcle. Les meubles s’étaient mis à danser tout autour d’eux et Fanella avait cru mourir l’espace d’un seconde. Mais tout était retombé juste un fraction de seconde à temps pour que personne ne soit blessé ce qui en soit relevait d’un petit miracle. Cependant le mal était fait, et la soignante avait détalé à toute vitesse sans demander son reste. En voyant les lieux ravagés, la jeune chercheuse avait compris que même si ça n’était pas l’intention d’Eugène, il y avait là un réel danger. Immédiatement il avait fondu en larmes alors l’empathie et l’amour l’avaient emporté sur la crainte et elle lui avait demandé ce qui lui était arrivé.

— J’ai entendu crier et tout s’est mélangé, toutes ces pensées en même temps… et tu es tombée… j’ai cru qu’on était en train de nous attaquer… Je suis désolé, vraiment désolé, je ne voulais pas vous faire peur,
expliqua-t-il confusément.

La pensée la traversa que c’était peut-être un peu comme ce coup de feu qu’elle entendait parfois à l’arrière de sa tête, plus ou moins lointain. Parfois, elle était convaincue qu’elle allait recevoir une balle, l’espace de quelques secondes. En plus de cela, la veille, il y avait eu l’appel de la CIA. Eugène avait toutes les raisons d’être inquiet dans la réalité, même si le laboratoire restait un lieu ultra sécurisé.

— Tu n’as pas fait exprès, tu as eu peur… essaya Fanella en caressant ses cheveux mais elle ne voyait pas bien laquelle. Etait-ce de la honte qu’elle lisait dans son regard ? Ou de la terreur ? Elle aurait voulu pouvoir lire les pensées, elle aussi.

Paniqué, il redressait le désordre et la desserte s’installa en tremblotant sur ses pieds de fer pendant que les ustensiles la remplissaient à nouveau. Le fauteuil s’achemina péniblement vers sa place et retomba lourdement sur le sol.

— Il faut que j’aille m’excuser avant que tout le monde ne se mette à croire que je suis un monstre…
reprit Eugène

Elle chercha à croiser son regard sans être sûre de pouvoir y arriver. Une boule lui montait dans la gorge. Elle avait eu peur elle aussi et elle ne pouvait pas mentir à ce sujet, mais elle ne voulait pas le laisser croire ça.

— Personne ne va penser ça Eugène, parce que ce n’est pas vrai, essaya-t-elle d’appuyer.

Puis elle déposa un baiser sur son front. Ensuite son esprit se remis en route. Il fallait prendre le problème par un bout.

— Bon. Je vais prévenir Carter et le faire venir. Vous allez essayer de mieux comprendre ça et de voir si ça peut se reproduire. Aussi je vais aller parler à l’infirmière. Elle n’était pas au courant que tu pouvais faire ça, peut-être que j’ai voulu trop protéger tes secrets. En tout cas, il faut que je lui explique.

Elle prit une grande inspiration, avec le sentiment de parvenir à appréhender les choses de manière suffisamment rationnelle. Elle jeta un coup d’oeil à sa montre, pour constater que l’heure tournait. Plus vite tout cela serait réglé, moins gros le problème deviendrait. Elle fila à la salle de bain pour s’habiller après un dernier baiser sur ses lèvres.

— Ça va aller, d’accord ? conclut-elle avant de franchir la porte de la chambre.

Elle espéra que rien d’autre ne se passerait durant son absence et que Carter saurait mieux expliquer ce qui venait de se produire. Carter expliquait toujours tout, se rassura-t-elle. Fanella n’avait pas peur d’Eugène même si elle devait bien admettre qu’elle avait oublié à quel point il pouvait être puissant, mais elle redoutait que la peur et l’incompréhension ne mènent à de nouvelles catastrophes.

La jeune femme trouva le médecin à son bureau assez facilement. Un peu vite, elle commença à lui raconter ce qui venait de se produire.

— Recommence Fanella, j’ai rien compris, lui répondit le docteur avec un sourire.

Elle se força à s’assoir à son bureau de bois au pieds tarabiscotés. Contrairement à elle, Carter avait un goût pour le baroque. Elle inspira à un grand coup et recommença. L’arrivée de l’infirmière, la desserte, le fauteuil, la catastrophe évitée de peu.

— Il commence sûrement à avoir des symptômes type reviviscence… expliqua Carter, en fait on pourrait se demander pourquoi ce n’est pas arrivé plus tôt…

— C’est dangereux ? demanda Fanella tout en redoutant la réponse.

— Ça peut l’être oui, il faut qu’on s’en occupe, déclara-t-il. Déjà.. je vais conseiller à Eugène de garder sa montre allumée… et puis peut-être on va tenter un petit traitement ?

Instantanément, Fanella se sentit mieux. Finalement ça ne serait peut-être pas si compliqué. Quelques aménagements seraient nécessaires rien de plus.

— Je vais lui parler… toi va voir Johanna. Je n’ai pas l’accréditation pour lui expliquer ce qu’elle vient de vivre.


Fanella avait trouvé l’infirmière près des vestiaires. Elle venait visiblement de se changer et s’apprêtait à rentrer chez elle alors que ce n’était que le début de son service. Johanna, puisque c’était son prénom sursauta en voyant la jeune femme.

— Oh Fanella, dit-elle je voulais vous appeler…

Elle accepta malgré tout de venir discuter dans son bureau. Elle attendit les yeux baissés que Fanella prenne la parole. La jeune femme détestait se trouver dans cette posture de supérieur hiérarchique mais elle n’avait pas franchement le choix. Cela arrivait lorsqu’on gérait une aussi grosse structure.

— Tu allais rentrer chez toi, Johanna ? Sans prévenir personne ?

— Oui, avoua le jeune femme blonde. Je sais que je n’aurais pas du partir comme ça mais… j’ai eu peur.


Un silence maladroit planta entre eux. Fanella se dit que le fait qu’elle l’ait trouvé dans le lit d’Eugène ce matin n’aidait peut-être en rien toute cette situation.

— Je comprends, tu ne savais pas qu’il était capable de ça...

— Vous le saviez ?
demanda l’infirmière.

— Oui, je le sais depuis avant qu’on le ramène. Je voulais qu’un minimum de personnes soient au courant, pour ne pas susciter trop de crainte.


Cette idée sembla rassurer quelque peu l’employée.

— Je ne pensais pas que c’était possible, commenta-t-elle.

Un autre silence passa entre elles, avant que Johanna ne prenne son courage.

— Écoutez, Fanella je… je sais que quand vous m’avez engagée, vous m’aviez dit que je serais probablement exposée à toutes sortes de choses étranges et j’étais très curieuse mais là… je suis désolée c’est trop pour moi. Je sais qu'Eugène n'est pas méchant mais... mais je ne me vois pas retourner dans cette chambre. Je.. je voudrais démissionner.

La jeune chercheuse eut beau chercher à négocier, il n’y eut pas moyen qu’elle revienne sur sa décision. Alors elle se contenta des formalités à régler et d’un accord de confidentialité.

Pendant ce temps, Carter était allé trouvé Eugène sans perdre de temps. Il passa son visage souriant dans l’entrebaillement de la porte, après avoir frappé pour annoncer sa présence.

— Alors ? Il semblerait qu’il y ait eu un petit incident ce matin ?
Commença-t-il, dans l’espoir de dédramatiser un peu.
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandDim 22 Jan - 17:13
Fanella caressait doucement ses cheveux et tentait de le réconforter après l’incident qui venait de se dérouler dans la chambre. Eugène parvint à calmer ses larmes mais pas vraiment à apprécier la sérénité qui voulait se dégager de ce geste. Même la présence de la jeune femme n’arrivait pas à calmer le flux de ses pensées. Ce qu’il avait fait était terrible. Il l’écoutait à peine, trop concentré à essayer de remettre à sa place tous les objets qu’il venait de renverser. Puis il lui fallut trouver un autre but sur lequel se focaliser pour canaliser ses angoisses. Celui d’aller s’expliquer. Il exprima à demi-mot la nécessité de ne pas passer pour un monstre, ce qu’il avait déjà l’impression d’être.

— Personne ne va penser ça Eugène, parce que ce n’est pas vrai.

— Les gens pensent tout un tas de choses quand ils ont peur... en premier lieu à la façon d'écarter le danger de la manière la plus efficace possible.


Le médium ne trouva pas la force de chercher à la contredire davantage. Il aurait aimé la croire mais il voyait déjà quelles mesures on risquait de prendre pour empêcher cet incident d’arriver à nouveau. L’enfermer dans une salle aux murs tellement épais qu’il n’entendrait plus personne. Remettre des puces dans sa tête. Carter allait certainement regretter de les lui avoir fait enlever. Il n’osa pas regarder Fanella dans les yeux lorsqu’elle vint placer un bisou sur son front, même si cela lui provoquait toujours des papillons dans le ventre. Cette pointe de bonheur comparée à son esprit qui restait figé sur sa culpabilité provoquait un décalage perturbant.

— Bon. Je vais prévenir Carter et le faire venir. Vous allez essayer de mieux comprendre ça et de voir si ça peut se reproduire. Aussi je vais aller parler à l’infirmière. Elle n’était pas au courant que tu pouvais faire ça, peut-être que j’ai voulu trop protéger tes secrets. En tout cas, il faut que je lui explique.

Carter était la dernière personne qu’il avait envie de voir parce qu’il s’imaginait tout un tas de choses illogiques, Eugène en avait plus ou moins conscience. Sa présence rassurante lui ferait peut-être du bien mais il n’avait pas envie de parler de cet incident avec lui. Il restait focalisé sur la peur de cette pauvre infirmière. Après, il aurait pu aller se cacher dans un trou ou disparaître. Cela lui rappela un instant ce moment où il avait pleuré au plafond de la salle des ordinateurs comme un vieux ballon à hélium dégonflé et à quel point Tanner et ses acolytes l’avaient trouvé pathétique.

— Mais ce n’est pas à toi de lui expliquer… Enfin, elle ne voudra probablement pas me voir de toute façon...
tenta-t-il de lui dire d’une petite voix malgré tout résignée.

Fanella coupa de toute façon court à ses jérémiades en l’embrassant puis en filant à la salle de bain. Elle rattrapait encore ses erreurs alors qu’Eugène était le seul responsable. Et en même temps, comme il l'avait formulé, l’infirmière risquait de refuser de lui parler. La jeune femme était peut-être mieux placée que lui pour la rassurer. Vouloir à tout prix résoudre la situation quand on était coupable faisait parfois empirer les choses. Alors il acquiesça faiblement, tête baissée, quand la scientifique tenta de le rassurer en partant.

Résigné à se débrouiller seul, ce dont il ne se plaignait pas vraiment puisqu’il l’avait cherché, il fit le transfert seul du lit à son fauteuil pour aller se débarbouiller à son tour et s’habiller dans la salle de bain. Il eut d’abord envie de gifler son propre reflet dans le miroir. Parce qu’il était ridicule et qu’en même temps, toute cette situation était de sa faute. Il n’apprenait jamais rien, n’était pas capable de se contrôler. S’imaginer une vie meilleure était illusoire s’il ne parvenait pas à devenir meilleur en même temps. Il gâchait sa deuxième chance de manière stupide. Il était occupé à faire des allers retours dans son fauteuil autour de son lit lorsqu’il sentit Carter arriver avant même qu’il n’entre dans la chambre. Une partie de lui aurait voulu se jeter sous le lit pour se cacher mais c’était tout à fait puéril.

— Alors ? Il semblerait qu’il y ait eu un petit incident ce matin ?

S’il n’avait pas été responsable de cet accident, Eugène aurait peut-être pu prendre le même ton que le médecin mais ce n’était pas le cas. Il ne pouvait pas être aussi désinvolte, faire comme si rien ne s’était passé. La culpabilité triste s’était transformée en une sourde colère.

— Il fallait s’attendre à ce que ça arrive de toute façon,
constata-t-il.

C’était sûrement ce que Carter se disait aussi. Il avait déjà vent de la discussion que Fanella avait eu avec lui. La montre pouvait régler le problème du réveil, c’est juste qu’il n’y avait pas pensé. Et surtout personne ne comprenait ce que c’était d’accepter de se couper de l’esprit des autres quand c’était la seule manière qu’il avait de se rassurer sur son environnement. Il ne rechignerait pas, c’était après tout très pratique et si cela permettait d’éviter de terrifier toutes les infirmières du laboratoire ou le kiné, il était bien sûr totalement pour.
Eugène (The Sorrow)
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandJeu 26 Jan - 17:38
Eugène avait protesté quand Fanella était partie. Oui, les gens pensaient toutes sortes de choses quand ils avaient peur. Il n’était pas étonnant qu’il réfléchisse comme cela, si peu de temps après l’épisode de Tanner. « La façon d’écarter le danger de la manière la plus efficace possible » Elle espérait encore que ça n’était pas comme cela que Everett Jones réfléchirait. Au lieu de lui répondre, elle lui avait présenté son plan d’action. Elle-même avait un peu peur que tout cela ne dégénère. Mais Johanna n’était pas Tanner. N’importe qui aurait été terrifié à sa place. Vraisemblablement elle ne s’attendait pas à ce degré d’étrangeté malgré les avertissements au moment de l’embauche. Fanella pouvait se souvenir d’à quel point elle avait eu du mal à intégrer tout ça elle aussi, au moment où Eugène lui avait révélé ses secrets. Elle se souvenait que sa première réaction, à chaud, avait été la peur aussi. C’était inquiétant mais c’était la preuve qu’il était possible de dépasser cela, avec un peu de bonne volonté.

— Mais ce n’est pas à toi de lui expliquer… Enfin, elle ne voudra probablement pas me voir de toute façon...
protesta encore Eugène.

Fanella songea qu’il était possible que Johanna ne veuille plus intervenir là. Mais elle espérait qu’il serait possible de la raisonner.

— Même si c’est Carter qui s’occupe d’elle en général, je suis sa supérieure hiérarchique, dans tous les cas je dois revenir avec elle sur ce qui s’est passé. Après peut-être qu’elle reviendra te voir ?

La jeune femme essaya de ne pas penser à ce que Eugène ressentirait si effectivement elle choisissait de ne pas revenir, ou même si elle demandait un arrêt maladie. Il avait déjà l’air si perturbé. Elle ne savait pas quoi exactement, mais elle voyait bien qu’il imaginait déjà les pires scénarios. Pourvu que Carter arrive à le rassurer un peu. Elle voyait bien qu’elle échouait pour l’instant. En tout cas, il valait mieux parler à l’infirmière avant le début de sa journée de travail. Plus elle attendait, plus la situation risquait d’empirer. Elle s’éclipsa donc rapidement.

Carter arriva une petite demi-heure plus tard. Évidemment, Fanella lui avait raconté la scène du matin. Aussi, il préféra se montrer direct mais ne pas dramatiser la situation.  Il fut surpris de le trouver déjà habillé et dans son fauteuil. Il pensait qu’il avait encore besoin de davantage d’aide, mais c’était un sujet pour plus tard. La priorité était de régler le problème du matin.

— Il fallait s’attendre à ce que ça arrive de toute façon, déclara Eugène sombremment.

Carter n’aima pas ça, il l’avait rarement vu comme ça, même autour de son opération dont il savait qu’elle avait été une épreuve pour lui. Il tira à lui le fauteuil et s’assit près de lui pour être à sa hauteur. De toute façon, il était probable que cette discussion prenne un moment.

— Ça faisait parti des possibilités oui… commença le médecin. Mais on peut pas toujours tout contrôler sinon c’est la vie qu’on interdit, non ?

Il espérait que cette remarquait rassurerait un peu Eugène. Il semblait redouter sa réaction suite à tout cela. Quoiqu’il lui propose il faudrait prendre le temps d’avoir son consentement réel, sinon il ne verrait plus la différence entre le laboratoire de Fanella et ceux où il avait vécu par le passé.

— J’aimerais que tu me raconte à nouveau ce qui s’est produit, si tu veux bien, juste pour que je sois sûr de bien comprendre. Ensuite on discutera ensemble de la meilleure manière d’y faire face, d’accord ?

Le médecin avait retrouvé son sérieux. Il fallait voir si c’était bien d’un symptôme traumatique dont il s’agissait. En fonction de ce que dirait Eugène, la solution du problème serait peut-être différente.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandVen 27 Jan - 10:42
Carter venait d’arriver dans la chambre d’Eugène après une petite discussion avec Fanella qui l’avait mis au courant de l’incident survenu plus tôt dans la matinée. Au final, le médium était plutôt soulagé de voir arriver quelqu’un pour mettre un terme à ses déambulations angoissées. Il aurait continué de faire le tour de la chambre en fauteuil roulant encore longtemps, s’il n’était pas entré pour tenter de canaliser son angoisse et la colère qu’il ressentait au fond de lui d’avoir laissé la situation lui échapper. Alors forcément, quand le médecin tenta d’amorcer la discussion, il répondit plus sombrement qu’à l’accoutumée. Eugène n’était juste pas habitué à devoir cacher ce qu’il était, ni à faire peur aux gens dans un environnement qu’il pouvait considérer stable et sécurisant. Ses amis n’avaient jamais eu peur de ces incidents qui arrivaient parfois. Mais l’infirmière n’était pas là pour être son amie, elle n’était même pas au courant de ses pouvoirs avant tout cela. Ces deux situations étaient bien différentes et son esprit faisait des raccourcis douteux et dangereux ; comme par exemple celui de se dire que s’il terrifiait les gens, cela signifiait qu’il n’était pas en sécurité. En prime, lorsqu’il se retrouvait dans ces états, les fantômes avaient tendance à s’amasser autour de lui et à appuyer ces mauvaises pensées. Il y en avait déjà quelques-uns qui flottaient au plafond, comme des requins attendant le bon moment pour mordre.

— Ça faisait partie des possibilités oui… lui dit finalement Carter. Mais on peut pas toujours tout contrôler sinon c’est la vie qu’on interdit, non ?

Il s’était assis près de lui sur une chaise et Eugène avait hoché la tête avec un demi sourire, mais sans vraiment le regarder, les yeux perdus au travers du sol. Il avait raison et cela le calma un peu, d’autant que Carter ne semblait pas nourrir l’idée de l’enfermer ou de le punir. Ce n’était pas surprenant puisqu’il était gentil, mais l’imagination du médium partait toujours dans des proportions trop catastrophiques.

— J’aimerais que tu me raconte à nouveau ce qui s’est produit, si tu veux bien, juste pour que je sois sûr de bien comprendre. Ensuite on discutera ensemble de la meilleure manière d’y faire face, d’accord ?

Eugène savait qu’il allait falloir revenir sur l’incident. Il devait se sortir de la tête l’idée culpabilisante qu’il fallait peut-être plutôt se concentrer sur l’infirmière qui avait eu peur au lieu de venir le voir lui. Mais Fanella s’en occupait déjà, il n’y avait pas grand-chose à faire de plus. Il prit une grande inspiration en serrant ses mains qui tremblaient un peu pour tenter de se calmer et rester cohérent.

— Je crois que l’infirmière est venue nous voir et à réveillé Fanella en sursaut. Elle a crié, elle est tombée du lit, ça m’a réveillé et j’ai eu peur.

Un instant, Eugène songea à s’arrêter là mais il savait ce que Carter attendait de lui, au fond. Ils ne discutaient pas que des faits, lors de leurs rendez-vous, jamais que des faits. Il était bel et bien question de ce qu’il y avait au fond de lui. De comment fonctionnait le cours de ses pensées. Carter n’était pas dans sa tête pour comprendre comme il pouvait se sentir, quelles images ou souvenirs se cachaient derrière ses réactions ou ses décisions. Alors, même s’il hésita quelques secondes, l’air tiraillé, il reprit :

— Je l’ai sentie avoir peur et mal et j’ai perçu cet autre esprit dans la chambre qui avait peur aussi, c’était confus. Un instant j’ai cru que… je ne sais pas… des allemands nous avaient surpris ou tendus un piège et qu’on allait mourir. C’est idiot… et illogique. Ça n’est jamais arrivé par le passé en plus, on prenait toujours des tours de garde pour éviter de se retrouver dans cette situation. Mais du coup j'ai réagi par instinct comme si je devais me défendre et défendre mes amis et Fanella.

Il rit un peu tristement en se rappelant de toutes les fois où il avait dormi avec son unité dans des endroits dangereux, entourés d’ennemis, priant pour ne pas se faire repérer et grapiller quelques instants de repos avant de continuer. Il se prit la tête entre les mains pour faire disparaître ces souvenirs qui lui pinçaient le cœur. Ses amis lui manquaient beaucoup en réalité, même s’il avait du mal à l’admettre. Il aurait aimé avoir leur soutien en plus de celui de Fanella et de Carter.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 29 Jan - 16:00
Carter avait plus ou moins fait mouche. L’idée qu’on ne pouvait pas tout prévoir semblait rassurer Eugène en plus probablement de ses pensées qu’il devait lire. Alors il lui avait demandé de raconter les choses depuis le début pour essayer de confirmer ou infirmer son hypothèse de départ. De là découlerait sa stratégie pour éviter que de tels évènements se reproduisent. Il fallait prendre les choses une part une et rester prudent. L’essentiel était qu’Eugène puisse suivre son raisonnement et ne pas interpréter ce qu’il lui proposerait comme une forme de punition ou d’enfermement. Carter n’avait pas besoin de lire ses pensées pour savoir que c’était cette direction là qu’elles prenaient. Un peu de logique suffisait.

— Je crois que l’infirmière est venue nous voir et à réveillé Fanella en sursaut. Elle a crié, elle est tombée du lit, ça m’a réveillé et j’ai eu peur.

C’était un résumé bien trop court pour les besoins de Carter mais Eugène avait bien compris le principe leurs échanges. Aussi il patienta tranquillement, le temps qu’il trouve ses mots pour expliquer ce qui s’était produit dans sa tête. Il eut l’air d’hésiter avant de formuler sa pensée, toujours probablement dans cette crainte de rencontrer du jugement, de la désapprobation.

— Je l’ai sentie avoir peur et mal et j’ai perçu cet autre esprit dans la chambre qui avait peur aussi, c’était confus. Un instant j’ai cru que… je ne sais pas… des allemands nous avaient surpris ou tendus un piège et qu’on allait mourir. C’est idiot… et illogique. Ça n’est jamais arrivé par le passé en plus, on prenait toujours des tours de garde pour éviter de se retrouver dans cette situation. Mais du coup j'ai réagi par instinct comme si je devais me défendre et défendre mes amis et Fanella.


Le médecin lui sourit. C’était exactement ce à quoi il pensait. Il n’y avait là rien d’idiot ou d’illogique. C’était une réaction émotionnelle tout à fait compréhensible. Expliquer cela à Eugène aiderait peut-être un peu son sentiment de culpabilité.

— Beaucoup d’anciens soldats expérimentent des phénomènes de ce type, commença-t-il, peut-être ça n’est jamais arrivé en vrai, mais le simple fait de vivre avec sa vie menacée constitue un traumatisme.

Lui-même avait eu à traiter quelques patients, dont un qui avait manqué de tuer son épouse dans son sommeil. Il espérait que le visage de l’homme en pleurs surgi depuis ses souvenirs échapperait à Eugène. Il en doutait. « Elle est dans le coma docteur, elle est dans le coma » répétait-il. Carter ne voulait pas faire peur à Eugène alors il reprit  :

— Nos émotions, notre instinct réagissent plus vite que notre intelligence. C’est utile en temps normal, mais cela peut être dangereux lorsqu’on a vécu des situations de vraie menace.  Dans ce cas là, sur la base de tous petits éléments, ici la peur et la douleur que tu as senties, le cerveau se met à confondre le présent et le passé et à agir dans l’ici maintenant comme à l’époque.

Mieux valait ne pas non plus en rester là. Peut-être avait-il omis d’observer Eugène. Il semblait souvent calme et mesuré, mais peut-être dissimulait-il mieux ses émotions habituellement.

— Normalement, ce n’est pas le seul symptômes que les patients ressentent. Est-ce que tu es souvent anxieux, Eugène ? Tu as souvent peur ? Tu dors bien ? Tu es triste parfois non?


Il se pouvait bien qu’il ait sous estimé le problème. Après tout le corps d’Eugène se remettait si bien, il avait si courageux qu’il avait très bien pu passer à côté de quelque chose ?
Fanella Ozark
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandDim 29 Jan - 16:37
Eugène profita de cette discussion avec Carter pour tenter de lui expliquer le problème. Il avait honte de révéler avoir pensé à une attaque des allemands après ce réveil en sursaut car tout cela manquait de logique. Mais il savait aussi que son cerveau faisait parfois n’importe quoi, comme celui de n’importe quel soldat traumatisé par la guerre et la mort. Cela semblait plus facile à porter lorsqu’il était un fantôme, finalement. Comme si tout ces souvenirs s’ancraient dans la réalité à nouveau maintenant qu’il en faisait partie. Il se rappelait l’appréhension du sommeil qu’il avait ressenti même avant de revenir à la vie et il avait vu juste ; c’était la partie la plus difficile de son retour. Au moins, Carter sembla content qu’il explique ce qui l’avait poussé à agir par réflexe. Il le prenait au sérieux alors que le médium continuait de se dénigrer. Cette ambivalence entre leurs deux pensées le fit douter.

— Beaucoup d’anciens soldats expérimentent des phénomènes de ce type, peut-être ça n’est jamais arrivé en vrai, mais le simple fait de vivre avec sa vie menacée constitue un traumatisme. Nos émotions, notre instinct réagissent plus vite que notre intelligence. C’est utile en temps normal, mais cela peut être dangereux lorsqu’on a vécu des situations de vraie menace. Dans ce cas-là, sur la base de tous petits éléments, ici la peur et la douleur que tu as senties, le cerveau se met à confondre le présent et le passé et à agir dans l’ici maintenant comme à l’époque.

— Oui je… je connais ça.

A l’époque, Fury avait après tout la tête remplie d’images et de flashs horrible du champ de bataille, malgré son air inébranlable. Il était souvent en colère à cause de cela aussi, c’était sa manière de gérer la chose. Bien évidemment, Eugène se doutait que cela finirait par lui arriver aussi mais peut-être avait-il été un peu dans le déni. Il vit des images horribles dans l’esprit du médecin et il ne put retenir une grimace dérangée mais il ne releva pas. Cela tenait après tout du secret médical, il n’était pas censé savoir. Carter ne lui aurait jamais partagé ces informations si le médium n’avait pas lu dans son esprit. Et de toute façon, il se voyait mal étrangler Fanella dans son sommeil, jamais il n’aurait fait une chose pareille même pour se défendre. Du moins il l’espérait. Il ne voulait pas être un danger pour elle. Il se redit encore une fois tristement qu’il avait bien fait de ne pas avoir d’arme à portée de main comme autrefois. Il ne voulait plus jamais y toucher.

— Normalement, ce n’est pas le seul symptôme que les patients ressentent. Est-ce que tu es souvent anxieux, Eugène ? Tu as souvent peur ? Tu dors bien ? Tu es triste parfois non?

Eugène soupira et baissa les yeux une nouvelle fois. Il aurait du être heureux, après tout, tout se passait plutôt bien avec Fanella mais ces derniers jours, depuis leur petite escapade qui leur avait valu des réprimandes, depuis la veille et les entretiens où il s’était épuisé à raconter des souvenirs difficiles à des gens qu’il ne connaissait pas et l’appel de la CIA, il était étrangement las et épuisé, comme autrefois. Un état qui le rendait anxieux. Il ne voulait pas redevenir un fantôme vivant et s’enfermer dans de sombres pensées.

— Peur non, je dirais que ça va, sauf quand je fais des bêtises qui poussent les gens à me craindre… mais la tristesse et l’anxiété, c’est bien ce qui m’a toujours caractérisé. Mes amis me manquent, parfois j’ai l’impression que je ne devrais pas être là et j’ai du mal à m’endormir parce que je pense à plein de choses qui pourraient arriver ou à des souvenirs que je voudrais oublier. Mais quand Fanella est là… ça va mieux.

Tourner en rond dans cette chambre ne l'aidait pas non plus alors qu'il rêvait d'une vie normale. Déjà lors de son ancienne vie il était réputé pour sa mélancolie et la tristesse qui se dégageait de son corps tout entier. Tout cela avait atteint un nouveau stade d’abîme après le Débarquement, quand il s’était mis à torturer des gens et à boire, parfois. Il n’était alors jamais tombé aussi bas. Il trouvait même que sa résurrection, au contraire, représentait le plus haut sommet qu’il lui avait été donné de franchir mais il fallait redescendre de la montagne à présent, du moins c’était ainsi qu’il l’interprétait. Il avait souri un peu malgré tout en prononçant le nom de Fanella, ce qui était la vérité. Il s’endormait vite et bien lorsqu’il était à ses côtés, son esprit se mêlant au sien. Mais peut-être qu’il devrait allumer sa montre, les prochaines fois, c’était plus sage puisque le réveil semblait poser problème aussi.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 5 Fév - 15:47
Carter était soulagé de voir qu’Eugène comprenait ce dont il était question. Peut-être connaissait-il des personnes ayant déjà expérimenter ce type de symptômes. Mais plus long il en savait, moins il risquait de prendre la suite personnellement. Alors le médecin avait reprit son explication, pour essayer de savoir si son patient ressentait d’autres manifestations plus diffuses. Après tout, il se pouvait qu’il ait négligé de lui demander comment il allait de manière assez explicite. Il avait été si courageux et la rééducation avançait bien ce qui témoignait malgré tout de son envie de vivre.

— Peur non, je dirais que ça va, sauf quand je fais des bêtises qui poussent les gens à me craindre… mais la tristesse et l’anxiété, c’est bien ce qui m’a toujours caractérisé.


Carter songea que cette première déclaration n’avait rien de rassurant.  Eugène avait passé une bonne partie de sa vie plus ou moins enfermé. Forcément, il confondait ses symptômes avec des traits de sa personnalité. Il avait sans doute peu d’espoir que quoique ce soit puisse changer, encore maintenant. Tout cela prendrait du temps.

— Mes amis me manquent, parfois j’ai l’impression que je ne devrais pas être là et j’ai du mal à m’endormir parce que je pense à plein de choses qui pourraient arriver ou à des souvenirs que je voudrais oublier.

Le médecin n’avait pas encore envisagé les choses sous cet angle. Mais en effet, en plus du sentiment  d’illégitimité, Eugène avait aussi quelques deuils à faire, coup sur coup. Ceux qu’il aimait étaient mort depuis longtemps et cette réalité devenait sans doute plus criante à mesure que lui revenait vers la vie.

— Mais quand Fanella est là… ça va mieux.


Heureusement cependant, il n’était pas seul pour affronter. Carter soupçonnait parfois que leur amour était plus vieux que le retour d’Eugène dans le monde des vivants. Il avait du se passer quelque chose de particulier entre eux d’emblée. En même temps, Fanella était si particulière, elle aussi. Il se sentait toujours attendri quand il y pensait. Mais il fallait rester concentré. Reprendre depuis le début.

— Evidemment, Eugène tu as été amené à croire que la tristesse et l’anxiété de caractérisent mais… il est très possible que ce soit des effets secondaires de ce que tu as vécu.. Il y a peut-être plus de joie en toi que ce que tu penses.

Il appuya cette remarque d’un sourire puis reprit l’air grave.

— Il est normal que tu aies l’impression que tu n’aurais pas dû être là. C’est vrai que… tout ça… eh bien ce sont des circonstances très particulières et oui… tu es revenu tout seul, tu n’as pas pu ramener toute ta vie avec toi, les gens que tu aimais… et tu as appris que tout peut tourner au vinaigre très très vite.


Un nouveau sourire alluma son visage.

— Heureusement tu n’es pas tout seul, oui… Mais on doit réfléchir à comment faire justement, pour éviter que tout ne tourne au vinaigre. Confondre le passé et le présent, comme je te disais tout à l’heure, ça peut être dangereux. Est-ce que tu confierais une arme à quelqu’un qui mélange ses souvenirs avec la réalité ? Sans doute pas. C’est pour ça que je pense qu’il faut que tu sois prudent, avec ta capacité.

Carter pris le temps d’observer sa réaction. Il préférait être direct et reprendre après si Eugène avait mal compris.

— Évidement on ne peut pas te la retirer et ce n’est pas le but. Et évidemment tu peux garder ta montre éteinte lorsqu’on se parle, comme je te l’ai dit ça ne pose pas de problème si tu en as besoin. Mais dans la vie de tous les jours, peut-être que tu ferais mieux de l’allumer ? Comme ça si quelque chose te surprends ou te fait peur, tu pourras faire un vrai choix au lieu de te laisser emporter par les émotions du passé.

Le médecin espéra qu’il retiendrait d’abord cette notion de choix. Il n’était pas question de lui retirer sa liberté, mais plutôt de s’assurer que chacun était en sécurité. Si de nouveaux incidents devaient se produire, même sans gravité, de toute façon son estime de soi ne ferait que décliner.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandDim 5 Fév - 19:48
Eugène s’était confié sur le deuil qu’il vivait malgré tout assez difficilement. Il tombait un peu au mauvais moment tandis qu’à côté il assistait aux débuts de sa relation avec Fanella. Il aurait du n’être qu’heureux mais lorsqu’elle disparaissait pour travailler, ses vieux démons reprenaient le dessus et il ne pouvait que les imaginer à ses côtés. Il gardait toujours en son cœur l’envie de se recueillir sur la tombe de Joy mais ne voulait pas faire peser un tel voyage sur ceux qui prenaient soin de lui. Il allait patiemment attendre de travailler, d’avoir de l’argent, d’avoir réglé ce souci avec la CIA, avant d’espérer entreprendre des choses. Mais tout de même, il gardait ce sentiment d’illégitimité dans son cœur. Carter comprenait au moins, il était même attendri lorsqu’il avait parlé de Fanella, ce qui le fit rougir et sourire un peu.

— Evidemment, Eugène tu as été amené à croire que la tristesse et l’anxiété de caractérisent mais… il est très possible que ce soit des effets secondaires de ce que tu as vécu.. Il y a peut-être plus de joie en toi que ce que tu penses. Il est normal que tu aies l’impression que tu n’aurais pas dû être là. C’est vrai que… tout ça… eh bien ce sont des circonstances très particulières et oui… tu es revenu tout seul, tu n’as pas pu ramener toute ta vie avec toi, les gens que tu aimais… et tu as appris que tout peut tourner au vinaigre très très vite.

Eugène n’avait jamais vu les choses sous cet angle. Comme cela arrivait régulièrement en ce moment, sa vie défila une nouvelle fois devant ses yeux, mais plus lointaine cette fois. Du temps où il vivait encore avec ses parents et ses frères et sœurs que leur humble métier de bateliers et de pêcheurs sur la Volga peinait à nourrir. Du temps où, en hiver, le sol était tellement gelé qu’on ne pouvait enterrer ceux qui étaient morts de vieillesse ou de maladie et que leurs esprits avaient commencé à le hanter, en plus de l’esprit des vivants. Des effets secondaires de ce qu’il avait vécu… Oui, dès lors il avait assumé seul la tristesse des défunts qui l’envahissaient mais ce n’était pas la sienne. Puis ses pouvoirs avaient été utilisés pour gagner plus d’argent, il avait été vendu au gouvernement. Ça avait été sa première trahison, celle qu’il connaissait à l’avance mais dont il n’avait rien fait pour l’empêcher. Il voulut étouffer ses sanglots en serrant les dents mais il retira finalement ses lunettes pour prendre son visage entre ses mains. Personne ne lui avait jamais parlé de cela.

— Merci, pleura-t-il d’une voix, étranglée par l'émotion. J’ai toujours cru, oui évidemment, que j’étais né triste et sombre comme j’étais né avec mes pouvoirs et que c’était immuable mais peut être pas tant que ça en fait…

Encore hier, tout avait un peu dégénéré avec l’appel d’Everett Jones. Evidemment qu’il avait l’impression que tout bonheur était synonyme de fin abrupte et douloureuse. Il avait cru que se séparer du passé serait facile, une fois revenu, mais comme les fantômes, il s’agrippait à lui de toutes ses forces pour essayer de l’entrainer en arrière. Carter et Fanella lui tendaient la main pour l’aider à en sortir mais c’était aussi à lui de trouver la force de se débattre, plutôt que de se complaire dans la mélancolie. Il avait provoqué un incident qui aurait pu avoir de lourdes conséquences mais cela ne signifiait pas la fin, tant qu’il apprenait de ses erreurs et s’excusait.

— Heureusement tu n’es pas tout seul, oui… Mais on doit réfléchir à comment faire justement, pour éviter que tout ne tourne au vinaigre. Confondre le passé et le présent, comme je te disais tout à l’heure, ça peut être dangereux. Est-ce que tu confierais une arme à quelqu’un qui mélange ses souvenirs avec la réalité ? Sans doute pas. C’est pour ça que je pense qu’il faut que tu sois prudent, avec ta capacité.

— Oh n-non, ce serait une terrible idée… bredouilla-t-il pendant que ses pleurs se calmaient.

Carter avait peur de le vexer ou de le braquer mais heureusement, Eugène comprenait. Bien sûr que sa capacité était une arme, d’autant plus dangereuse qu’elle avait été libérée du carcan des puces. Et le médium ne voulait plus commettre d’impairs, volontairement ou involontairement. Il voulait essayer d’être le plus normal possible. Il laissa Carter continuer en prenant un mouchoir.

— Évidement on ne peut pas te la retirer et ce n’est pas le but. Et évidemment tu peux garder ta montre éteinte lorsqu’on se parle, comme je te l’ai dit ça ne pose pas de problème si tu en as besoin. Mais dans la vie de tous les jours, peut-être que tu ferais mieux de l’allumer ? Comme ça si quelque chose te surprends ou te fait peur, tu pourras faire un vrai choix au lieu de te laisser emporter par les émotions du passé.

Eugène hocha la tête. Il comprenait ou Carter voulait en venir. Ce n’était pas une mauvaise idée au fond, après tout, Fanella avait créé cette montre pour lui donner un semblant de liberté. Il l’utilisait principalement contre les fantômes mais pour bloquer les pensées des autres, elle fonctionnait aussi après tout. Il ravala ses dernières larmes pour le regarder, remettant ses lunettes en tremblant toujours un peu.

— C’est difficile… de la laisser allumée. Parce qu’alors je ne sais pas ce que les gens pensent et s’ils prévoient de s’en prendre à moi ou à ceux que j’aime.

Il avait conscience de passer pour un paranoïaque avec cette phrase, aussi Eugène tint à clarifier ses paroles même si cela impliquait de chercher ses mots un court instant. Il voulait aussi convaincre son propre esprit qui lui jouait des tours, surtout en ce moment.

— C’est très angoissant de se retrouver coupé de tout le monde quand on a entendu les pensées des autres toute sa vie. J’y avais trouvé une forme de sécurité et de contrôle même si j’admets volontiers que c’est malsain et que ce n’est pas normal. Mais je commence à connaître tout le monde ici maintenant alors je suppose que je pourrais l’allumer plus régulièrement et surtout la nuit… parce qu’il ne m’arrivera rien.

Après tout, il fallait bien faire des concessions. Il ne pouvait pas promettre de la laisser allumée tout le temps mais il pouvait faire des efforts, avoir confiance en l’équipe qui le soignait. La CIA ne semblait pas disposée à attaquer par surprise le laboratoire, Everett Jones cherchait d’abord à discuter, de ce qu’il avait semble-t-il affirmé au téléphone. Eugène devait accepter qu’un peu du contrôle qui le sécurisait doive lui échapper s’il voulait vivre, comme l’avait dit Carter juste avant.
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Fanella Ozark
# Re: La nouvelle se répandDim 12 Fév - 10:05
Parfois, souvent même, Carter sous estimait le poids de ses mots. Il avait suggéré à Eugène que peut-être s’il était triste et anxieux ça n’était pas parce que c’était sa nature profonde, mais plutôt parce qu’il avait d’excellentes raisons de l’être.  L’émotion de son patient l’avait pris de cours parce qu’elle était monté d’un seul coup. Le médecin lui offrit un sourire rassurant, le temps qu’il puisse expliquer à quoi il pensait. Il adorait toujours ces moments où il se sentait touché et calme à la fois. C’était toute la magie des rencontres humaines.

— Merci, articula-t-il J’ai toujours cru, oui évidemment, que j’étais né triste et sombre comme j’étais né avec mes pouvoirs et que c’était immuable mais peut être pas tant que ça en fait…

Carter avait l’habitude de comparer certains de ses patients à des cactus. Si peu habitués à recevoir de l’eau pour les abreuver, ils offraient de magnifiques fleurs chaque fois qu’on leur présentait ne serait-ce qu’un tout petit peu d’espoir et de considération. Eugène était de ceux-là. Le fait qu’il ait gardé cette capacité de recevoir permettrait qu’il progresse vite et bien. Le médecin pouvait l’imaginer déjà plus fier, plus serein, plus confiant. Mais il faudrait encore du temps évidemment.

— Cette idée va faire son chemin en toi, répondit-il, je suis confiant.

Mais cette phrase était peut-être inutile puisque ses pensées devaient parler pour lui. La plupart des phrases étaient inutiles d’ailleurs, mais il fallait bien faire une conversation qui ait un sens et de la ponctuation pour se comprendre.

Le médecin ne perdait pas de vue son objectif cependant. S’il voulait qu’Eugène aille mieux, il fallait s’assurer que tout se passe sans accrocs. Il avait donc poursuivit en comparant la capacité de son patient à une arme qu’on ne laisserait pas à quelqu’un qui n’est pas en pleine possession de ses moyens puis il avait proposé de garder sa montre allumée la plupart du temps. Eugène le prenait moins mal que ce qu’il avait pu redouter.

— C’est difficile… de la laisser allumée. Parce qu’alors je ne sais pas ce que les gens pensent et s’ils prévoient de s’en prendre à moi ou à ceux que j’aime.


Évidemment, Eugène avait appris à percevoir cette hypervigilence comme quelque chose d’utile. Le postulat de départ était qu’il était en danger, quoiqu’il fasse et où qu’il aille. Il faudrait essayer de travailler cette idée, mais cela serait plus facile une fois hors des murs du laboratoire.

— Ça fait du sens, se contenta-t-il de commenter.

Dans le contexte de l’époque, la survie des personnes à qui il tenait reposait sans doute sur cette stratégie. Y renoncer serait naturellement difficile. Il allait donc le laisser developper sa pensée en entier avant d’essayer de négocier avec lui à nouveau.

— C’est très angoissant de se retrouver coupé de tout le monde quand on a entendu les pensées des autres toute sa vie. J’y avais trouvé une forme de sécurité et de contrôle même si j’admets volontiers que c’est malsain et que ce n’est pas normal. Mais je commence à connaître tout le monde ici maintenant alors je suppose que je pourrais l’allumer plus régulièrement et surtout la nuit… parce qu’il ne m’arrivera rien.

Finalement il n’était pas utile d’intervenir à nouveau. Il était arrivé tout seul à la bonne conclusion. Il ne restait pas grand chose à faire sinon reformuler et regarder le passé avec bienveillance pour éviter les sentiments dévalorisants qui accompagnent tout changement. Dans ces moments-là son travail était facile. Il était d’ailleurs assez stupéfiant que ses mécanismes de défense ne soient pas plus rigides, compte tenu du contexte. Probablement que le fait qu’il lise ses pensées l’aidait aussi malgré tout. Carter faisait confiance à son esprit pour ne contenir qu’une dose raisonnable de jugement, alors tout allait bien.

— Avant c’était difficile de se sentir en sécurité alors il fallait faire avec les moyens du bord. C’était ce qui marchait à l’époque. Mais tu as raison maintenant il y a toute une équipe de sécurité qui veille à ce que tout se passe bien pour toi. Alors oui, tu peux avoir confiance dans le fait qu’il n’y a rien à craindre. Et si jamais vraiment tu as peur, tu peux toujours éteindre à nouveau, donc le risque est minime.


Carter lui adressa encore un sourire. Il espéra qu’Eugène comprenait qu’il pouvait garder le contrôle de la situation. Mais peu à peu oui, il faudrait qu’il apprenne à ne pas systématiquement surveiller les pensées de son interlocuteur. Il ne doutait pas qu’une Fanella pouvait s’adapter. En revanche cela serait un problème lorsqu’il chercherait à se réinsérer dans la société.

— Il y a autre chose dont je voudrais te parler, mais j’imagine que tu sais déjà ce dont il s’agit ? poursuivit Carter.

Dans son esprit, il hésitait depuis quelques minutes déjà. Un antidépresseur et un anxiolytique. Ou seulement le second. Non c’était trop d’un coup pour lui. Anxiolytique plutôt. La tristesse il en avait peut-être besoin pour ressentir le deuil à faire, mais il fallait éviter que son système nerveux reste en alerte de manière permanente. Sur le long terme, cela pouvait avoir d’autre conséquences néfastes, maux de ventre, maux de tête, maux de dos, et autre joyeusetés causés par l’overdose de cortisol.

— Je pense qu’un petit traitement pourrait t’aider, reprit-il parce que malgré tout il était plus facile de se parler. Rien de bien méchant hein… juste quelque chose pour t’aider aussi à être plus détendu ?

Après tout, il avait eu la preuve qu’il pouvait s’appuyer sur une bonne relation de confiance alors quel risque prenait-il à proposer. Si jamais Eugène se braquait et bien il n’y avait après tout rien d’urgent.
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Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: La nouvelle se répandMer 15 Fév - 14:59
Eugène était admiratif du travail de Carter, en réalité. En quelques mots, avec juste un petit temps de parole et d’écoute, il avait réussi à transformer son désespoir en quelque chose de beaucoup plus positif. C’était quelque chose que le médium aimait à faire aussi quand il était confronté aux difficultés des autres et voulait apporter son aide, les apaiser. Cela lui rappelait la première fois qu’il avait enlacé Fanella, alors qu’il n’était encore qu’un fantôme. Aujourd’hui c’était à son tour de recevoir cette aide et maintenant il culpabilisait moins d’être triste alors qu’une nouvelle vie lui tendait les bras. Il devait peut être passer par là tant que le passé s’agrippait à lui, le temps de s’en défaire. Et l’une des manières de s’en défaire c’était apparemment d’allumer sa montre plus souvent, de faire confiance aux autres. Eugène avait tout de même du expliquer au médecin pourquoi il lui était si difficile de l’allumer et l’anxiété que cela pouvait provoquer de se couper des autres. Carter comprenait son cheminement de pensées à ce sujet là en tout cas.

— Avant c’était difficile de se sentir en sécurité alors il fallait faire avec les moyens du bord. C’était ce qui marchait à l’époque. Mais tu as raison maintenant il y a toute une équipe de sécurité qui veille à ce que tout se passe bien pour toi. Alors oui, tu peux avoir confiance dans le fait qu’il n’y a rien à craindre. Et si jamais vraiment tu as peur, tu peux toujours éteindre à nouveau, donc le risque est minime.

Mais le passé faisait partie du passé, Eugène n’était plus en guerre, il ne voulait plus jamais être utilisé ou manipulé sans considération pour servir un parti ou un autre. Cette histoire avec le directeur de la CIA réveillait toutes ses vieilles angoisses et il attendait avec impatience d’en être débarrassé pour être plus tranquille à nouveau. C’était comme une porte entrouverte dont on ignore si elle va se fermer ou s’ouvrir en grand. Mais il pouvait effectivement avoir confiance en Carter, Spencer et Fanella et éteindre sa montre quand il le souhaitait. C’était donc un moindre mal.

— Il y a autre chose dont je voudrais te parler, mais j’imagine que tu sais déjà ce dont il s’agit ? Je pense qu’un petit traitement pourrait t’aider, rien de bien méchant hein… juste quelque chose pour t’aider aussi à être plus détendu ?

Eugène hocha la tête, il avait évidemment bien suivi le cours de pensées de Carter et où il voulait l’amener, petit à petit. S’il n’avait pas eu confiance en lui, il aurait pu prendre ça pour une tentative de manipulation mais il avait compris depuis le début que le médecin ne lui voulait que du bien. Un anti dépresseur, il aurait refusé mais un anxiolytique perturbait un peu moins l’alchimie du cerveau. A l’époque, les russes avaient tenté surtout les benzodiazépines pour mieux gérer ses capacités mais ça n’avait pas eu vraiment d’effet. Si un médicament pouvait empêcher ses pensées de filer à toute allure, a son cœur de battre la chamade, peut être pouvait-il l’utiliser comme une aide, comme un pied dans l’étrier avant de monter en selle.

— Quelque chose pour calmer mes angoisses, résuma-t-il de ce qu’il lisait dans son esprit. Je crois que… ça serait bien. J’aimerai pouvoir dormir plus paisiblement même quand Fanella n’est pas là et arrêter d’imaginer tout un tas de scénarios catastrophes. Je crois que je devrais prendre quelque chose mais je voudrais pas y devenir accoutumé.

Il y aurait peut-être des soirs où elle allait devoir travailler, ou bien des moments où elle préférerait se retrouver seule dans son lit, ce qu’il pouvait comprendre. Eugène n’était même pas sûr de savoir ce que voulait dire être détendu mais il en avait sans doute bien besoin avec cette accumulation de petites choses et l’acclimatation à sa nouvelle vie. Et surtout, cela rassurerait peut-être tout le monde qu’il ait un traitement, la jeune femme qui partageait sa vie y compris.
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