« La petite citation pour faire joli. »
JAuteur de la citation
Underco
Appel vers l'autre monde - Page 2


 

Appel vers l'autre monde :: 

Demons & Angels

 :: 

50 states of American Dream

 
Aller à la page : Précédent  1, 2
Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeDim 22 Aoû - 16:31
Eugène savait les douleurs et le vide des nuits tourmentées sans sommeil. Celles de Fanella devaient être particulièrement rudes vu les souvenirs qui rejaillissaient, sournois et pernicieux. Il se promit, d’une manière ou d’une autre, dès que cela serait possible, de l’aider à passer de meilleures nuits. Ce n’était pas son rôle d’aborder un sujet aussi horrible avec elle et de le travailler. Il n’avait fait que sous-entendre la connaissance de son traumatisme et elle se couvrait déjà d’un linceul de honte qui picotait tout autant son enveloppe de fantôme. Mais il pouvait chasser les cauchemars, lui permettre de se reposer et il évoquerait sans doute ce sujet à un moment plus propice, s’il le pouvait.

Pour l’heure, il fallait surtout se rendre à cette fameuse réunion et l’esprit suivait anxieusement la scientifique dans le dédale de couloirs. Vivant, il se serait probablement perdu. Mort, il n’avait qu’à traverser les murs jusqu’à se retrouver dehors, sauf si bien sûr, le laboratoire était enterré sous terre. Mais ce ne semblait pas être le cas ici. Il tenta de rassurer sa nouvelle amie du mieux qu’il pouvait malgré sa propre peur. Son remerciement eut au moins le don de réchauffer le maigre sourire sur le visage du fantôme. Il savait que la tâche serait plus ardue pour elle. Là où il n’avait qu’à attendre son signal, elle allait devoir batailler devant ses collègues, prendre la parole, risquer de se faire juger. Lui n’avait jamais été doué pour les prises de paroles en public, bien trop contaminé par les pensées environnantes. Celles des scientifiques et des équipes de logistique dans la salle de réunion commençaient déjà à pénétrer son esprit. Plus il s’approchait, plus elles étaient nombreuses, envahissantes, martelantes. Si ses pensées étaient de l’eau dans un récipient, on venait d’y verser mille et un colorants ; la transparence qui faisait son identité s’effaçait au profit d’une myriades de couleurs qui l’enveloppaient, le redéfinissaient mais sans être tout à fait lui. Il avait l’habitude de ce chaos environnant et resta concentré du mieux qu’il pouvait sur l’instant présent.

Eugène ne savait pas à quoi il s’attendait en entrant dans la salle. Un petit groupe tout au plus mais pas une trentaine de personnes. Perdu dans cet amas de pensées, il ralentit sa course derrière Fanella, le regard perdu dans le vide mais il se reprit assez vite et se secoua pour ne pas trop l'inquiéter. De son vivant, il se concentrait sur sa respiration ou d'autres sensations physiques pour garder les pieds sur terre mais cet exercice était bien impossible à présent. Sa volonté n'était pas encore suffisamment mise à mal pour qu'il se laisse emporter cependant. Elle lui offrit une chaise et il s'y installa. Tout ce monde, inconscient de sa présence là juste à côté d'eux l'amusait et le terrifiait aussi un peu. Il observa avec attention son entourage et apprit en quelques minutes bien plus de secrets et de détails sur leurs vies que s’il avait pu discuter des heures avec eux. Il n’était que moyennement rassuré de ce qu’il percevait de leurs pensées à l’encontre de Fanella et de sa découverte.

Il aurait voulu la soutenir davantage tandis qu’elle se retrouvait là, seule derrière son ordinateur, mais il ne pouvait que rester là à attendre, retenant sa frustration et l’impression angoissante d’étouffer au milieu de personnes qui n’attendaient que de découvrir le phénomène de foire ou de confirmer que la scientifique avait bel et bien perdu la tête. Heureusement, puisqu’il n’apparaissait qu’à Fanella, il put replier ses genoux contre lui pour tenter vainement de se rassurer sans que cela interpelle qui que ce soit tandis qu’elle commençait à prendre la parole. Il avait confiance en elle, aussi comptait-il bien la laisser parler et finir sans s’interposer. Cela ne lui rendrait au final pas service s’il venait à son secours, la décrédibilisant davantage aux yeux de personnes qui avaient déjà du mal à accepter son statut. Lorsqu’elle évoqua le Kazakhstan, une vague montante de refus s’écrasa sur lui, mais celle-là, il l’avait sentie venir. Il ne pouvait pas demander ce genre de choses à de parfaits inconnus et espérer qu’ils acceptent. Peut-être une fois qu’ils l’auraient aperçu ?

Lorsque Fanella tapa du poing sur la table pour essuyer la défiance et la dérision de ses collègues, il ne put s’empêcher d’entrevoir l’attitude de Joy en elle. Elle avait toujours du se battre contre des hommes plus âgés qu’elle qui pensaient que les femmes n’avaient rien à faire à la guerre, que sa parole et ses idées ne méritaient pas d’être écoutées. Ses exploits avaient prouvé le contraire et même si son existence demeurait aujourd’hui effacée, lui s’en souvenait avec énormément de respect. La même lueur déterminée brillait aujourd’hui dans les yeux de son amie qui commençait tout doucement à le présenter. Si cela avait suffi à le rassurer sur le moment, la suite de la discussion le tétanisa lorsque le dénommé Tanner menaça soudain de l’enfermer. Bien évidemment, il ne l’avait pas prononcé ainsi mais les idées et images de son esprit ne laissaient que difficilement la place au doute et un instant, il fut attaqué par d’horribles souvenirs.

Les murs blancs d’une pièce complètement nue. Lui sur une table en métal froid, bardé de capteurs, de perfusions. Les examens tous plus intrusifs que les autres. Les puces, les électrodes, les sangles, les coups parfois. Les demandes de résultats, les exigences toujours plus hautes, le conditionnement. Eugène prit sa tête entre ses mains sans pour autant pouvoir exercer une quelconque pression sur ses tempes. Même s’il avait eu un corps ça ne l’aurait pas vraiment apaisé et il tenta à grand peine de refouler la panique qui menaçait de le submerger. Si ça ne tenait qu’à lui, il aurait d’ores et déjà disparu. Planter Fanella là, lors d’un des moments les plus importants de sa carrière, pour que tout le monde la pense folle… il ne se le serait jamais pardonné. Il sursauta à nouveau lorsqu’elle haussa encore la voix pour remettre toute cette foule à sa place puis se tourna vers lui. Elle lui demandait d’apparaître maintenant ? Après tout ce qui s’était dit et qui n’était que le quart de ce qui s’était pensé ?

Il songea à refuser. Méritaient-ils vraiment que Fanella partage sa découverte ? Méritaient-ils qu’il leur accorde un fragment de sa confiance après tout ce qu’ils venaient de déblatérer ? D’un autre côté, la chercheuse venait de le défendre jusqu’au bout, rien que ce combat était louable. Il se rappela qu’il le faisait pour lui et pour elle, pas forcément pour eux et se fustigea un instant d’avoir laissé la panique s’emparer de lui. S’écraser, rester terré tel un animal blessé craignant une nouvelle vague de douleur, tout cela était derrière lui. Peut-être pas autant qu’il l’aurait cru mais le souvenir de ses amis le rabrouant pour sa timidité ou sa capacité incroyable à se faire marcher sous les pieds transforma peu à peu son appréhension en un ressentiment presque colérique, alimenté par l’ambiance électrique tout autour de la table. Après tout ce qu’il avait vécu, il n’y avait aucune raison qu’il accepte de se faire traiter de la sorte. Eugène était un grand garçon qui avait appris à se défendre et il allait le montrer.

Les néons clignotèrent soudainement tandis qu’il se levait de sa chaise pour aller léviter au milieu de la table. Il apparut à l’équipe, flottant et translucide, bras croisés et un air courroucé qu’on lui connaissait peu défigurait ses traits. La surprise générale et la peur, ça aussi il y était préparé mais pour ces gens qui n’avaient fait que le blesser et n’avaient eu aucun respect pour lui, il n’allait dans un premier temps pas tenter de les rassurer.

- Si j’avais eu un accueil aussi antipathique hier soir je n’aurais clairement ni accepté de rester, ni proposé mon aide. Heureusement pour vous tous ici, Fanella a eu la décence et la politesse de m’accueillir en ces lieux et de m’écouter. Et pour votre gouverne à tous, je suis là depuis le début de la réunion.

Il n’allait pas leur faire tout un laïus sur le fait que même les fantômes avaient des sentiments. Son visage était suffisamment expressif pour comprendre qu’il se sentait blessé. Il soupira en décroisant les bras. Il ne pouvait pas rester en colère bien longtemps face à des hommes et femmes de science qui ne pouvaient croire aux fantômes que s’ils en avaient la preuve formelle. Il y en avait un cela dit, qu’il avait fortement besoin de recadrer dès maintenant. Si ce fameux Tanner dénonçait sa présence à qui que ce soit en dehors du labo, tout le monde ici risquait d’avoir de très gros ennuis. Il se tourna vers lui et s’approcha à grandes enjambées comme s’il marchait sur la table. Le sourire qu’il lui décocha n’était pas rassurant du tout lorsqu’il se pencha vers lui. Ses yeux pénétraient jusqu’au plus profond de son esprit et ce n’était même pas une métaphore.

- Sachez, Monsieur Tanner, que je ne suis pas passé par la guerre, ma propre mort puis l’incommensurable solitude d’une existence fantomatique pour me faire menacer de cette manière par un scientifique avec un égo mal placé. Je vous excuse pour cette fois car je peux comprendre vos doutes et appréhensions mais si cela devait se reproduire et, croyez-moi, je le saurais très vite… la peur que vous ressentez à mon égard risque fort de devenir le cadet de vos soucis.

S’il l’avait voulu, il aurait pu lui faire cracher ses plus sombres secrets ici même devant tout le monde. Le faire léviter jusqu’au plafond ou le clouer au sol. L’envoyer récurer les toilettes toute une journée. La tentation était grande pour qui possédait du pouvoir mais Tanner pouvait bien prêter les intentions qu’il voulait à Eugène, ce dernier n’était pas méchant et il n’abusait pas de ses capacités pour faire du mal gratuitement. Et terrifier l’assemblée était la dernière chose à faire donc il s’était contenté de recadrer l’élément perturbateur sans faire plus de vagues que cela. Il perdit un peu de sa superbe lorsqu’il se redressa et se retrouva face à d’innombrables paires d’yeux qui le fixaient et il se rappela l’endroit où il se trouvait. Il serait devenu rouge comme une pivoine si le sang pouvait encore monter à ses joues.

- Oh ! Désolé, j’ai marché sur la table ce n’était pas très poli, s’excusa-t-il, confus, en retournant léviter jusqu’à à sa chaise comme un écolier revenant du tableau. J’espère que je n’ai rien dérangé, je me suis un peu emporté…

Quelques feuilles avaient peut être volé, quelques portables ou ordinateurs peut-être grésillés mais il aurait pu faire bien pire. Il remit ses lunettes proprement sur son nez et s’assit sagement, non sans avoir adressé un regard compatissant à Fanella. Un petit merci discret mais plein de reconnaissance lui échappa à son intention. Il ne laissait rien paraître mais son discours l’avait beaucoup touché.

- Pour ceux que ma présence pourrait intéresser ou qui auraient des questions, je m’appelle Eugène. Et… je viens en paix ? proposa-t-il, un peu mal à l’aise de devoir user de cette expression presque humoristique pour se justifier. Je suppose qu’il est nécessaire de le préciser.

Mine de rien, cette situation était un brin comique. Il ne voyait pas comment détendre l’atmosphère autrement qu’en présentant patte blanche. Il espérait juste que tous ces scientifiques n’allaient à présent pas lui poser des questions trop compliquées, ou s’y mettre à trente en même temps. L’esprit restait sur la défensive, sondant les membres de l’assemblée au cas où l’un d’entre eux décide de lui tendre un piège qu’il n’aurait autrement pas vu venir.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 24 Aoû - 21:55
Contrairement à ce qu’elle redoutait Eugène apparut. Cependant, il ne choisit pas la chaise qu’elle avait sortie pour lui et sur laquelle il s’était tenu depuis le début de l’échange dans une posture qui par moments trahissait son anxiété. Le fantôme se manifesta au dessus de la table, au milieu d’eux tous, alors que les lumières de salle clignotaient. Même Fanella eut un mouvement de recul. Une partie d’elle songea à la portée sociologique de ce qui était en train de se produire. L’assemblée se faisait une image menante d’Eugène, et aussitôt, il se mettait à y correspondre. Elle pria pour que les choses ne dégénèrent pas davantage. Les feuilles avaient volé partout, les ordinateurs étaient pour la plupart hors service y compris le sien, et plusieurs collaborateurs s’étaient levés pour aller se caler contre les murs, dans un réflexe de survie.

- Si j’avais eu un accueil aussi antipathique hier soir je n’aurais clairement ni accepté de rester, ni proposé mon aide. Heureusement pour vous tous ici, Fanella a eu la décence et la politesse de m’accueillir en ces lieux et de m’écouter. Et pour votre gouverne à tous, je suis là depuis le début de la réunion.

Suite à cette dernière révélation, il y eut quelques regards un peu coupables. Fanella songea qu’elle n’avait pas adopté la bonnes stratégie. Peut-être aurait-t-elle d’abord raisonner tout le monde, et aller chercher Eugène en salle de test après. Peut-être qu’égoïstement, elle avait voulu qu’il l’accompagne dans ce moment difficile. Elle pouvait voir que les propos tenus l’avait blessé, ce qu’elle pouvait entièrement comprendre. Il l’était plus qu’elle l’avait anticipé cela dit. Sans doute ignorait-elle encore beaucoup de choses à son sujet. Elle hésita à prendre la parole, mais Eugène se tourna soudain vers Tanner dont le visage changea instantanément de couleur.

- Sachez, Monsieur Tanner, que je ne suis pas passé par la guerre, ma propre mort puis l’incommensurable solitude d’une existence fantomatique pour me faire menacer de cette manière par un scientifique avec un égo mal placé. Je vous excuse pour cette fois car je peux comprendre vos doutes et appréhensions mais si cela devait se reproduire et, croyez-moi, je le saurais très vite… la peur que vous ressentez à mon égard risque fort de devenir le cadet de vos soucis.

Fanella devait admettre qu’elle prenait un certain plaisir à voir  Tanner pointé du doigt de la sorte. Malgré tout il fallait à tout prix éviter qu’Eugène aille plus loin. Premièrement Eugène venait ni plus ni moins de sous entendre qu’il avait accès à ses pensées. Elle espérait que personne ne ferait la même déduction qu’elle au moins dans un premier temps. Deuxièmement elle sentait Eugène confiant dans le fait qu’il pourrait s’en prendre à Tanner. Cela contribuait à faire grandir la peur chez tout le monde. Et puis, elle avait besoin de Tanner qui était le meilleur dans son domaine.

- Eugène…, essaya-t-elle pour l’inciter au calme.

Elle ne savait pas bien quoi lui dire d’autre cela dit. Sa colère était tout à fait légitime.

Heureusement, Eugène sembla soudain prendre conscience du spectacle qu’il venait de donner.

- Oh ! Désolé, j’ai marché sur la table ce n’était pas très poli, s’excusa-t-il,  J’espère que je n’ai rien dérangé, je me suis un peu emporté…

Marcher n’était pas vraiment le terme exact. A présent, il lévitait en position assise légèrement au dessus de la chaise et semblait beaucoup plus humain. Peu à peu l’assemblé s’autorisa à venir se rasseoir. Certains rassemblèrent quelques feuilles éparses. Tanner restait debout dans son coin, le regard noir. Discrètement, il se tourna vers Fanella pour la remercier. Elle lui fit un sourire de façade. Elle se sentait malgré tout assez coupable de ce qui venait de se produire.

- Monsieur Tanner, exigea-t-elle venez vous rassoir.

- Mais il… essaya-t-il de se défendre.

Elle se fit aussi ferme que possible.

- Ne faites pas l’enfant et venez vous rassoir.

Il consentit en croisant les bras sur la poitrine. Son regard disait cependant qu’il n’en resterait pas là. Elle se tourna vers Eugène afin qu’il s’autorise à poursuivre.

- Pour ceux que ma présence pourrait intéresser ou qui auraient des questions, je m’appelle Eugène. Et… je viens en paix ?  Je suppose qu’il est nécessaire de le préciser.

Le silence suivit cette déclaration. Toutes sortes de regards se tournaient vers Eugène. Certains commençaient visiblement à être gagnés par la curiosité, mais beaucoup d’autres avaient surtout encore peur. Tanner se murait dans le silence et personne n’osa prendre la parole.

Fanella se racla la gorge.

- Je vais commencer par résumer ce que j’ai appris hier soir, si tant est que ça soit possible. Eugène ne provient pas du « monde des morts » tel qu’on peut l’entendre mais plutôt d’une forme d’entre deux où il est bloqué. Cela semble être un cas particulier car selon lui, la plupart des défunts passent « de l’autre côté » par cet entre deux. Par conséquent il se peut qu’Eugène ne soit pas complètement mort, pas autant en tout cas que les entités avec lesquelles nous sommes habitués à travailler. Cela m’a amenée à penser qu’il existerait une continuité entre notre monde, le sien et l’au delà ou vont les morts et bien.. quand ils sont bien morts. Cette continuité serait fonction des taux d’antimatières ainsi que du taux d’inversions des ondes.


- Et si c’était comme pour les états des matériaux ? demanda une jeune femme. Ils peuvent passer d’un état à l’autre, il y trois états différents pour autant à l’échelle moléculaire ces changements sont absolus et non continus…

Fanella considéra l’idée.

- Je n’avais pas pensé les choses de cette manière, mais justement, étudier les corps sera intéressant en ce sens, s’il existe des traces d’activité alors, pour moi, ça ira dans le sens de la continuité. Sinon oui, peut-être qu’on a plus affaire à des états de l’antimatière et de l’agencement des fronts d’ondes..


Autour de la table, les hypothèses fusèrent en langage technique. Fanella en oublia un peu la difficulté de la situation alors que son vaste esprit se remettait en route, considérant toutes les idées les unes après les autres. Quand enfin, passés les problèmes humains ont pouvait se concentrer sur la science, tout ce travail au laboratoire reprenait sens tout à coup. Elle avait récupéré quelques feuilles déjà noircis de notes lorsque Jonathan pris la parole brusquement.

- Excusez-moi tout le monde mais euh… personne n’a envie de demander à ce fantôme ce que ça fait de mourir ? Ce qui nous attends tous, une fois qu’on sera morts ?

A nouveau, tous les regards convergèrent vers Eugène. Evidemment tout le monde se posait la question. Comme toujours seul Jonathan trouvait le courage de formuler ce type de pensées. C'était pour cela qu'il la secondait.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeDim 29 Aoû - 17:48
Eugène s’était tranquillement assis à côté de Fanella après son apparition quelque peu colérique. Une fois l’émotion passée, il était plus calme voire même quelque peu gêné d’être le centre de l’attention de l’assemblée. Il tentait de ne rien laisser paraître car, après sa tirade envers Tanner, montrer un quelconque trouble risquait de tourner en sa défaveur. On ne le prendrait pas au sérieux. Malgré tout, il souhaitait rester accessible à ceux qui auraient des questions, au lieu de sembler intimidant, il avait donc précisé venir en paix. Si le chercheur qu’il avait incendié continuait de jeter des regards noirs, il choisissait de ne pas les lui rendre pour l’instant mais ne laissait rien échapper de ses pensées.

Fanella reprit la parole pour poursuivre la réunion et essayer de focaliser le groupe à nouveau. Certains étaient curieux, d’autres avaient peur mais quand la chercheuse repartit dans ses explications scientifiques, de nouvelles questions fusèrent et l’esprit n’y comprit de nouveau plus grand-chose. Ils émettaient des théories qui leur paraissaient fascinantes mais pour l’ancien soldat, l’état des matériaux n’était que solide, liquide ou gazeux mais il semblait être à côté de la plaque. Aussi préféra-t-il ne pas se prononcer et évita même de prendre l’air faux de celui qui comprends tout, de peur qu’on lui pose ensuite une question. Au final, il s’éloignait même du centre de l’attention, ce qui n’était pas pour lui déplaire. Du moins jusqu’à ce que Jonathan s’enquière lui aussi d’une question, cette fois à son encontre.

- Excusez-moi tout le monde mais euh… personne n’a envie de demander à ce fantôme ce que ça fait de mourir ? Ce qui nous attends tous, une fois qu’on sera morts ?

Aussitôt les yeux se tournèrent vers lui une nouvelle fois et il lâcha un sourire timide. Tout le monde avait peur de la mort, lui y comprit même si cela sonnait peut être étrangement drôle. Jonathan venait de lui poser une question difficile, à laquelle il ne pouvait que partiellement répondre. A l’époque, mourir avait été pour lui comme une délivrance, raison pour laquelle il s’était dévoué à ne pas se défendre, à accepter la finalité de sa vie. Maintenant, il regrettait un peu d’avoir eu envie de mourir, à cette autre époque. Malgré ce que tous ces gens avaient pensé de lui au départ, celle-ci semblait plus accueillante.

- J’ai pris une balle… dans l’œil gauche. Je crois que j’ai eu mal sur l’instant mais je me suis surtout senti tomber. Ensuite c’est comme se réveiller d’une longue absence dans un endroit inconnu mais pourtant familier, terrifiant et rassurant à la fois. Le plus compliqué, c’est de perdre la notion du temps et de ne plus avoir de corps mais de n’être qu’une sorte… d’amas d’émotions que l’esprit peut modeler pour ressembler à ce que j’étais avant ou du moins le souvenir que je m’en fais. J’ai longtemps eu l’impression de m’éparpiller aux quatre vents. C’est à minima très déstabilisant et je peux comprendre que ça puisse paraître insupportable pour certains.

Et pourtant, à côtoyer des morts même vivant, il avait su bien avant son heure ce qu’il risquait de ressentir. Cela ne l’avait pas vraiment aidé à réfléchir tant les sensations étaient viscéralement paradoxales et nouvelles.

- Il ne faut pas prendre mon cas pour une généralité, je suis un peu spécial comme le disait Fanella. Je ne peux vous parler que de mon expérience de fantôme, mais la vraie expérience de la mort, celle qui arrive quand le reste de l’esprit disparaît… je suis au regret de vous décevoir, je n’en sais trop rien. Si cela peut vous rassurer, les fantômes qui partent et que j’ai côtoyés l’ont fait en paix.

Il était rare d’en trouver qui étaient angoissés à l’idée de disparaître entièrement. Comme si cela arrivait pile au bon moment, lorsqu’ils étaient enfin prêts à accepter ce dernier voyage. Qu’il n’y avait plus rien à regretter, ou a espérer. Eugène n’était sans doute pas prêt de partir. Encore moins maintenant qu'avant et il espérait secrètement que retrouver son corps ne précipite pas les choses.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeLun 30 Aoû - 22:32
A la place d’Eugène, Fan n’aurait pas aimé être l’objet d’autant l’attention. La question de Jonathan avait fait converger la totalité des regards dans sa direction. Evidemment, même ceux qui restaient marqué par son intervention d’abord pleine de colère ne pouvaient être indifférents à la réponse qu’il allait donner. A quoi cela ressemblait-il de mourir exactement ?

- J’ai pris une balle… dans l’œil gauche. Je crois que j’ai eu mal sur l’instant mais je me suis surtout senti tomber.

La jeune chercheuse déglutit douloureusement, et imagina une arme braquée sur elle.  Se souvenant qu’il lisait ses pensées, elle fit de son mieux pour secouer cette image dérangeante. Il fallait rester concentrée sur l’aspect scientifique de la chose.

-Ensuite c’est comme se réveiller d’une longue absence dans un endroit inconnu mais pourtant familier, terrifiant et rassurant à la fois. Le plus compliqué, c’est de perdre la notion du temps et de ne plus avoir de corps mais de n’être qu’une sorte… d’amas d’émotions que l’esprit peut modeler pour ressembler à ce que j’étais avant ou du moins le souvenir que je m’en fais. J’ai longtemps eu l’impression de m’éparpiller aux quatre vents. C’est à minima très déstabilisant et je peux comprendre que ça puisse paraître insupportable pour certains.


Un endroit inconnu mais familier, sans doute façonné par l’esprit qui s’y trouvait à cause des fronts d’ondes. Si l’on y perdait la notion du temps, il se pouvait bien que celui-ci s’écoule autrement là bas. Ou alors s’agissait-il d’une impression subjective ? Plus elle y pensait, et plus elle se disait que l’esprit à ce moment précis avait l’air de se replier sur lui-même comme une chaussette qu’on retourne pour avoir soudain accès à ses représentations directement. Alors quelle serait cette sensation de s’éparpiller aux quatre vents ? Peut-être que l’esprit se délitait parce qu’après tout la conscience n’en constitue probablement qu’une infime parti ? Ou ce lieu comprend-t-il malgré tout la possibilité d’une altérité véritable ? Un monde qui résiste malgré tout comme sur terre ? En tout cas, suite à cette description, Fanella ne se sentait aucun désir de mourir prochainement en tout cas. Elle avait moins de volonté qu’Eugène, à sa place, elle aurait été surement réduite à l’état de courant d’air.

L’assemblé écoutait, silencieuse, visiblement la plupart partageaient son sentiment. Tous auraient aimé qu’Eugène puisse être un peu rassurant, au fond, il y avait en quelques sortes, survécu tout ce temps, non ?

- Il ne faut pas prendre mon cas pour une généralité, je suis un peu spécial comme le disait Fanella. Je ne peux vous parler que de mon expérience de fantôme, mais la vraie expérience de la mort, celle qui arrive quand le reste de l’esprit disparaît… je suis au regret de vous décevoir, je n’en sais trop rien. Si cela peut vous rassurer, les fantômes qui partent et que j’ai côtoyés l’ont fait en paix.

Au moins cet état là était sensé être transitoire, pour succéder à une forme de paix. Elle l’espérait de toutes ses forces. Il était triste qu’Eugène n’y ait pas eu accès finalement, après tout ce qu’il avait du vivre, la guerre, la trahison de son épouse…

- Je ne sais pas si je me sens… rassuré, commenta Jonathan dont l’avis comme souvent reflétait la pensée générale.

- Bon, reprit Fanella, nous voilà avec beaucoup d’informations qualitatives et teintés de subjectivité… Cela va nous prendre du temps de tout appréhender dans tous les cas. Je veux l’équipe d’analystes sur mes données d’hier soir, celles du générateur. La technique comme je disais une partie de l’équipe sur la réduction de la taille de nos appareils et une autre pour réparer la machinerie.  L’équipe de terrain, je veux que vous alliez me retrouver les corps des autres entités ? L’équipe quantique, peut-être que vous pouvez vous pencher sur cette question performative que vient de soulever Eugène et aussi sur l’écoulement du temps en cas d’inversion de front d’ondes…

- Fanella vous n’allez pas nous faire passer des mois de travail sur de simples propos tenus par ce… dont on…

Tanner, évidemment, qui ne peut jamais s’empêcher de protester en fin de réunion.

- Les données qualitatives sont importantes Tanner quoique vous puissiez en penser. D’autres questions ?


Jonathan lâcha un léger soupire avant de prendre la parole.

- Et pour le voyage ? Qui part ?


Fanella haussa les épaules, elle voulait remettre cette épineuse question à plus tard.

- Je viendrais dans tous les cas, après on va déjà laisser à la technique le temps de faire son travail et on verra…


- Et toi ? Qu’est ce que tu vas faire ?


- Moi… je vais me pencher sur la question de savoir si, théoriquement on pourrait pousser plus loin l’inversion des fronts d’ondes et les taux d’antimatières de sorte qu’on atteigne l’au delà, le vrai et pas juste l’entre deux. Et puis je vais continuer de discuter avec notre invité évidemment.

Cette réponse sembla satisfaire Jonathan qui avait finalement conclut qu’elle n’avait pas complètement perdu la tête. Tout le monde commençait à se lever et la rumeur des conversations enflait peu à peu.

- Une dernière chose  ! conclut la jeune femme en se levant. Pas un mot sur notre rencontre du jour. Pas un seul. A personne. Je compte sur vous. Vous avez tous signé un accord de confidentialité d’accord ? On décidera en temps et en heure quoi dire à qui.

Fanella ne se sentait pas de réfléchir à cette cornélienne question aujourd'hui. La salle se vida peu à peu et lorsqu’elle eut discuté d’encore quelques points techniques avec les uns et les autres elle se tourna vers Eugène.

- Bon.. vous voulez faire le tour de la ville ? Sans vous montrer évidemment…

- Quoi ? commenta ironiquement Jonathan, tu vas sérieusement sortir d’ici ? Et pas entre 4 et 6h du matin ?

Fanella savait que son second ne voulait que son bien. Même si chaque fois elle riait nerveusement, ces petites remarques ne manquaient jamais de la blesser un peu.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 31 Aoû - 16:36
Eugène avait tenté d’expliquer ce que cela pouvait faire de mourir mais même pour lui, la tâche était compliquée. Une fois que le cerveau cessait de fonctionner tout devenait blanc le temps de reprendre conscience, reprendre forme. Certains fantômes ne se rappelaient même pas de leur décès. Il suffisait parfois de ne pas le voir arriver ou de ne pas le sentir pour se retrouver complètement perdu. Bien sûr, son but n’était pas de faire céder son auditoire à la panique et il avait voulu être le plus rassurant mais également le plus honnête possible. Il aurait pu leur montrer même directement ses souvenirs mais c'était bien trop tôt. Cela n’avait pas totalement marché comme Jonathan l’avait fait remarquer. Tout le monde ne finissait pas comme lui, exilé sur une plage à regarder les autres disparaître tout en restant soi même accroché à son corps pourrissant comme une moule à son rocher. Le pire dans cette histoire, c’est que l’esprit était vraiment incorrigible. Dans sa propre terreur à l’idée de mourir, voila qu’il commençait à se trouver autre chose, une autre cause à quoi s’accrocher, au cas où l’on retrouve vraiment son corps. Et cette autre chose n’était ni plus ni moins que Fanella. Il ignorait combien pesait ce poids qu’il déposait sur ses épaules sans qu’elle n’ait rien demandé et il en était à la fois attristé, honteux et incapable d’en arrêter l’échéance.

Il revint à ses pensées justement lorsque les conclusions de la chercheuse prirent fin sur une nouvelle remarque de Tanner. Il n’était même pas parvenu à mettre un nom sur ce qu’il était en essayant de le qualifier. De toute façon il voyait bien les ébauches de qualificatifs qui s’amoncelaient dans son esprit. S’ils avaient été seuls, Eugène l’aurait défié de tenter d’en donner un seul. Il ne voulait pas se donner en spectacle plus que nécessaire en public et estimait que son message était passé mais au détour d’un couloir et d’une discussion, tout était possible. Il s’agissait ensuite de reparler un peu du voyage, qui ne serait pas pour tout de suite mais qu’il fallait préparer. Il n’osa pas se prononcer, toujours gêné de déranger tous ces travailleurs pour une expédition à l’autre bout du monde. Comme la réunion touchait à sa fin et que tout le monde commençait à se lever il se laissa lui aussi flotter au-dessus de sa chaise, comme balloté au gré d’un courant invisible dans une piscine ou une mer infinie.

- Une dernière chose  ! conclut la jeune femme en se levant. Pas un mot sur notre rencontre du jour. Pas un seul. A personne. Je compte sur vous. Vous avez tous signé un accord de confidentialité d’accord ? On décidera en temps et en heure quoi dire à qui.

Eugène hocha la tête discrètement, un petit sourire approbateur mais aussi vaguement désolé aux lèvres. Contrairement à ce qu’elle se répétait, Fanella avait fait preuve de beaucoup de tact en demandant la confidentialité plutôt que d’expliquer pourquoi il valait mieux ne pas parler de lui. Certains de ses collègues auraient pu prendre peur et d’autres entre-apercevoir l’atout stratégique qu’il pouvait représenter et céder à la tentation d’aller tout rapporter en échange d’argent ou de faveurs. Il se montrait peut-être un peu paranoïaque mais sa conscience lui disait qu’il savait maintenant depuis bien longtemps comment l’humain se comportait. Ses propres parents l’avaient vendu au gouvernement russe contre de l’argent, donc tout le monde devait en être capable. Perdu dans ces bribes de souvenirs que ses réflexions lui rappelaient, il mit un peu de temps à comprendre que Fanella et Jonathan parlaient vaguement de lui et à revenir dans la conversation.

- Bon.. vous voulez faire le tour de la ville ? Sans vous montrer évidemment…

- Quoi ? Tu vas sérieusement sortir d’ici ? Et pas entre 4 et 6h du matin ?

Son sourire s’étira à nouveau, plus joyeux. La blague de Jonathan n’était pas destinée à la piquer au vif mais tout de même c’était un constat triste à faire et à annoncer, surtout en public. Lui ne savait pas qu’il lisait dans les pensées et les raisons qui empêchaient Fanella de sortir. Il ne devait pas savoir à quel point le regard des autres où leur simple présence pouvait être si drastiquement épuisante parfois.

- Peut-être qu’avec les bonnes personnes et pour les bonnes raisons, c’est plus facile de sortir, proposa-t-il gentiment, la tête penchée de côté comme s’il réfléchissait. Je serais vraiment très heureux de pouvoir visiter un peu en votre compagnie.

Eugène était un peu comme un ange gardien en beaucoup moins angélique. Elle ne risquait normalement rien dehors et puis, Salt Lake City ne sonnait pas comme une ville particulièrement dangereuse. Il s’imagina par avance flâner dans les rues, invisible de tous. Ou alors bien vivant, comme il se surprenait un peu à le regretter ou à l’espérer.

- Vous savez quoi, leur avoua-t-il, amusé. Si j’avais un corps je crois que le premier truc que je ferais… bon ce n’est pas très ‘’russe’’ mais je n’en ai jamais vraiment eu la mentalité… ce serait d’aller manger un cheeseburger. Mais à défaut, je vais me contenter d’observer comment les choses ont évolué, soixante ans après ma mort. Est-ce qu’il y a enfin des voitures volantes ?  Les reportages Netflix n’en ont pas parlé.

Il se surprit à rire de cette idée. De son vivant, quand était la dernière fois qu’il avait vraiment bien mangé ? été dans un restaurant ? Jamais, en y réfléchissant. Les rats de laboratoire ne mangeaient rien, les chiens de l’armée n’avaient que les restes à la caserne et à la guerre, peu de choses ragoutantes à se mettre sous la dent. Il pouvait continuer de rêver, il avait au moins cela pour attendrir ses sombres pensées.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeSam 4 Sep - 17:05
Heureusement la réunion se terminait. Tout cela s’était passé moins mal qu’anticipé. Finalement tout restait comme d’habitude. Il avait fallut remettre Tanner à sa place et répondre à toutes leurs questions. Seuls quelques ordinateurs devraient être réparés.

Fanella voulait se retrouver seul avec Eugène à nouveau, comme la veille. La réunion l’avait tendue et d’ordinaire elle retournait s’enfermer dans son bureau. La plupart des gens pensaient qu’il était difficile pour elle de sortir à la vue des autres. En réalité il s’agissait d’autre chose. Pendant qu’elle était dehors, elle n’était pas en train de travailler. Si elle ne travaillait pas, elle avait de l’espace pour penser, réfléchir sur sa vie et sa propre solitude, ou l’inquiétude des échéances à venir. Mais aujourd’hui elle se sentait emplie de quelque chose de différent. Alors oui, pour la première fois depuis longtemps elle avait envie de faire une pause. Alors elle avait proposé à Eugène de faire le tour de la ville. De toute façon, il n’aurait pas été de bon ton de le forcer à rester enfermé entre les quatre murs du laboratoire pour une fois qu’il avait l’occasion de voir autre chose que son « entre deux ».

Evidemment Jonathan s’était fendu d’une remarque. Elle ne releva pas se contentant d’un petit rire nerveux.

- Peut-être qu’avec les bonnes personnes et pour les bonnes raisons, c’est plus facile de sortir. Je serais vraiment très heureux de pouvoir visiter un peu en votre compagnie.


En temps normal, elle n’en voyait pas vraiment l’utilité, mis à part quand les yaourt venaient à manquer dans le bureau du laboratoire.

- Il semblerait oui, que je vais passer un petit moment dehors aujourd’hui, répondit-elle à l’attention de Jonathan, puisque ma proposition a été acceptée.

- Tu m’as jamais proposé à moi, argumenta-t-il, je vais finir par croire que tu préfères passer du temps avec les morts que les vivants.

Il se tourna vers Eugène, mi-désolé, mi-amusé.

- Désolé, mais il faut dire ce qui est… non ?

Le fantôme ne sembla pas relever.

- Vous savez quoi? Si j’avais un corps je crois que le premier truc que je ferais… bon ce n’est pas très ‘’russe’’ mais je n’en ai jamais vraiment eu la mentalité… ce serait d’aller manger un cheeseburger.


Fanella se sentit un peu triste en entendant cela. Après leur soirée de la vieille, elle percevait surtout Eugène comme un autre être humain avec qui elle pouvait partager en s’épargnant toutes les difficultés des sous entendus. Mais Jonathan avait raison, il y avait beaucoup de choses auxquelles il n’avait plus accès.

- Mais à défaut, je vais me contenter d’observer comment les choses ont évolué, soixante ans après ma mort. Est-ce qu’il y a enfin des voitures volantes ?  Les reportages Netflix n’en ont pas parlé.

Elle eut un sourire et Jonathan éclata de rire de son côté.

- Non, toujours pas, dit-elle. Je ne sais pas pourquoi dans toutes les cultures et à toutes les époques, les voitures volantes sont le symbole du futur. On n’est pas très loin avant l’avènement des voitures qui se conduisent toutes seules cela dit. Je pense que le plus gros changement, ce doit être internet.


- Oui ça et quelques milliardaires qui se payent des voyages dans l’espace, compléta Jonathan. Je vous laisse, je vais aller superviser l’équipe des analystes.. y’en a qui travaillent ici hein…

Il sourit à Fanella avant de s’en aller.

- Bon, je suppose que nous pouvons y aller, conclut-elle en relevant les yeux vers lui.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeSam 4 Sep - 18:57
Eugène allait donc pouvoir sortir de cet immense complexe avec Fanella et visiter la ville de Salt Lake City. Bien qu’il soit un fantôme, l’idée de prendre l’air lui plaisait et tel un enfant qu’on emmenait pour la première fois à un parc d’attraction, il était incroyablement curieux de savoir à quoi ressemblait le monde, dehors. Il en avait une très vague idée, images éparses piochées dans la tête des personnes de la réunion mais il voulait le vivre et découvrir par lui-même. Pas claustrophobe pour un sou, il commençait malgré tout à se sentir un peu enfermé par ces murs blancs immaculés qui lui rappelaient les laboratoires. Les remarques de Tanner n’avaient pas aidé. Jonathan était resté pour discuter un peu avec eux et pointer du doigt les sorties exceptionnelles de Fanella.

- Tu m’as jamais proposé à moi, je vais finir par croire que tu préfères passer du temps avec les morts que les vivants. Désolé, mais il faut dire ce qui est… non ?

Eugène avait cru relever une pointe de jalousie dans la petite pique envoyée par Jonathan mais il ne releva pas, se contentant de pouffer de rire pour montrer que sa remarque ne l’avait pas blessé, comme il semblait le croire. Mieux valait plaisanter de son état qu’en pleurer, d’autres s’en étaient longuement chargés à leur place. On l’avait d’ailleurs pleuré plus longtemps qu’il ne l’aurait pensé. Son estime de soi n’avait jamais réellement été au beau fixe et brouillait parfois son jugement. Quoi qu’il en soit, il appréciait Jonathan. Avec un peu de distance car après tout, il s’était rangé du côté de Tanner lors de la réunion avant que le fantôme n’apparaisse mais il ne pouvait pas réellement lui en vouloir d’avoir voulu rationnaliser pour se rassurer. L’avenir lui dirait assez rapidement s’il pouvait lui faire confiance ou non. Lorsqu’Eugène évoqua les voitures volantes ce dernier se mit à rire et la chercheuse à sourire. Sa question était pourtant très sérieuse mais il se doutait que sa curiosité candide devait amuser… et que les voitures volantes n’étaient pas d’actualité même une fois les années 2000 passées.

- Non, toujours pas. Je ne sais pas pourquoi dans toutes les cultures et à toutes les époques, les voitures volantes sont le symbole du futur. On n’est pas très loin avant l’avènement des voitures qui se conduisent toutes seules cela dit. Je pense que le plus gros changement, ce doit être internet.

- C’est effectivement un gros morceau cet Internet, je réalise encore mal les possibilités et les limites de cette invention.

Qui aurait encore besoin d’un vieux médium qui lisait dans l’esprit des gens quand on avait internet. Qu’on pouvait tout savoir en un clic sur un ordinateur. Si la technologie arrivait à présent à rappeler les morts, elle arriverait sans doute très bientôt à lire dans les esprits. Alors il ne serait plus si unique que ça. Plus personne ne lui chercherait d’ennuis au moins.

- De mon temps les russes avaient essayé de créer toutes sortes de plateformes volantes à usage militaire, renchérit-il en direction de Fanella. Enfin les prototypes ne sont jamais sortis des hangars, ça ne marchait pas très bien. Beaucoup de crashs et de fantômes avec qui discuter du coup. Mes collègues me prenaient pour un fou et pour tout vous dire, ça ne me dérangeait pas. Au moins ils me laissaient tranquille.

De cette manière, il dépensait moins d’énergie à discuter pour rien avec des gens qu’il ne supportait pas. Tout ça pour dire qu’encore une fois, il comprenait quand la chercheuse était mise à l’écart parce qu’elle était différente. Jonathan semblait lui aussi avoir des petites remarques concernant la technologie de cette folle époque.

- Oui ça et quelques milliardaires qui se payent des voyages dans l’espace. Je vous laisse, je vais aller superviser l’équipe des analystes... y’en a qui travaillent ici hein…

Il adressa un petit salut au jeune homme ainsi qu’un sourire, désolé de lui donner tant de travail à lui aussi. Et dire que des gens pouvaient se payer des voyages dans l’espace et en revenir. Peut-être que de cette manière ils se rendaient compte eux aussi que la Terre n’avait pas de frontières et qu’il ne servait à rien de s’entretuer dans des guerres vides de sens. Peut être qu’il était un peu utopiste pour un fantôme cloué au plancher des vaches.

- Bon, je suppose que nous pouvons y aller, déclara Fanella lorsque son collègue eut disparu au détour du couloir.

Eugène hocha la tête joyeusement et la suivit de près dans les couloirs, mémorisant d’instinct le chemin vers la sortie. Il ne pensait pas en avoir réellement besoin un jour mais c’était une habitude qu’il avait gardée. Il espérait que la pluie d’hier soir s’était dissipée et qu’il ferait beau. Une sortie était toujours moins agréable sous la pluie.

- Je serais discret personne ne me verra, précisa-t-il pour la rassurer. Désolé pour l'entrée remarquée, je n'aurais peut être pas du me fâcher... j'espère que vos collègues finiront par avoir un peu moins peur de moi. Jonathan à l'air de commencer à s'y faire, c'est déjà ça.

Il avait peut être un peu mis les deux pieds dans le plat en se fâchant, c'était vrai. Heureusement pour lui, ils ne savaient pas tout de l'étendue de ses capacités. C'était sans doute mieux ainsi pour commencer, pour sa sécurité comme pour la leur. Même Fanella ne savait pas tout. Le coup de lire dans les pensées avait déjà été beaucoup alors si elle apprenait qu'il pouvait les modifier à sa guise... elle aussi risquait d'avoir peur de lui et il ne voulait surtout pas cela.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeJeu 23 Sep - 22:30
Fanella était heureuse que cette réunion se soit terminée sans que rien n’aille trop de travers finalement. Et pour la première fois depuis très longtemps, elle avait franchement envie de sortir du labo, alors elle avait proposé à Eugène d’aller en ville avec elle.

Eugène manifesta d’emblée son intérêt pour cette nouvelle époque qu’il ne connaissait pas et fut surpris d’apprendre que non, les voitures volantes n’étaient toujours pas une réalité.

- De mon temps les russes avaient essayé de créer toutes sortes de plateformes volantes à usage militaire, renchérit-il en direction de Fanella. Enfin les prototypes ne sont jamais sortis des hangars, ça ne marchait pas très bien. Beaucoup de crashs et de fantômes avec qui discuter du coup. Mes collègues me prenaient pour un fou et pour tout vous dire, ça ne me dérangeait pas. Au moins ils me laissaient tranquille.

Fan ne trouva rien à répondre à cela, gagnée soudain par un aiguillon de tristesse. Sa manière de rire de choses qui n’étaient pas vraiment drôle pouvait la dérouter parfois.  Heureusement Jonathan rebondit à sa place sur sa dernière remarque.

- Oui ça et quelques milliardaires qui se payent des voyages dans l’espace. Je vous laisse, je vais aller superviser l’équipe des analystes... y’en a qui travaillent ici hein…


Le fantôme salua le second du laboratoire, et elle lui sourit en lui disant qu’ils pouvaient à présent profiter quelque peu du soleil naissant. La jeune chercheuse l’entraîna dans le dédale des couloirs. En chemin elle croisa nombre de collaborateurs de son laboratoire mais aussi d’autres collègues qui travaillaient pour d’autres laboratoires sur des sujets de physique quantique. Elle s’attarda un instant pour discuter de la temporalité dans l’infiniment petit avec une collègue avant de pousser les portes battantes du laboratoire. Elle n’éprouva aucune angoisse, mais en revanche ses yeux lui firent payer les heures passées dans l’obscurité.


- Je serais discret personne ne me verra, précisa le fantôme Désolé pour l'entrée remarquée, je n'aurais peut être pas du me fâcher... j'espère que vos collègues finiront par avoir un peu moins peur de moi. Jonathan à l'air de commencer à s'y faire, c'est déjà ça.

- Moi non plus, je ne supporte pas Tanner, mais il est bon dans ce qu’il fait, je pense qu’il vous détestera de tout son être jusqu’à la fin. A mon avis il a participé à cette étude surtout pour essayer de prouver que l’au delà n’existe pas. Jonathan avait juste besoin de vous… rencontrer je crois… Je pense que la plupart le respectent et suivront son exemple.  Cependant, je ne leur dirais rien de votre passé militaire car il y a là de quoi en inquiéter plus un. Sans parler de votre capacité à entendre les pensées.

Fanella dirigeait Eugène le long de la route fréquentée qui passaient devant le laboratoire. Les montagnes entouraient la vue et les sommets blancs perçaient le ciel bleu comme autant de lames. Le froid, mordant, la fit aussitôt frissonner. La jeune femme marqua un temps d’arrêt.

- D’ailleurs ce n’est pas que les pensées je me trompe ? Plus je repense à notre soirée d’hier et plus j’ai la certitude qu’il s’agit plus de voir les choses du point de vue de l’autre, sentir ses émotions.

Ils croisèrent un passant qui la dévisagea sans vergogne et Fanella réalisa soudain qu’elle devait surement avoir l’air de parler toute seule en pleine rue.

- Oh.. je pense que ça… ça va nous poser des problèmes, dit-elle. Surprise, elle entendit un rire s’échapper de sa gorge. Il réalisa soudain avec embarras qu’il y avait une éternité qu’elle n’avait pas franchement rit et regretta aussitôt que cette idée fut accessible à Eugène. Mais après tout, comme il l’avait souligné à plusieurs reprises, aucun n’avait le choix, alors elle haussa les épaules.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeSam 25 Sep - 17:52
Eugène suivit sagement Fanella au travers du laboratoire. Il était curieux de découvrir l’extérieur qu’il devinait au travers des pensées de toutes les petites mains qui s’affairaient ici mais il ne pressa pas sa nouvelle amie qui s’autorisait à discuter science avec ceux qu’elle croisait. Plus ils se rapprochaient des murs extérieurs et plus les pensées de l’esprit devenaient parasitées par ceux qui arpentaient les rues, là dehors. Il partagea la sensation des yeux de la chercheuse qui s’acclimataient à l’extérieur comme si c’était les siens. Il ne manquait plus que la caresse du vent sur ses joues, un cœur battant à l’intérieur de sa poitrine, un peu de chaleur… et il aurait pu se sentir totalement humain.

Comme il passait les portes, invisible à tous sauf à elle, il eut l’impression de revenir à la surface après une longue plongée dans les ténèbres. Les montagnes enneigées étaient si belles, le ciel et les nuages soudain si beaux à contempler. Les voitures vrombissaient face à lui, luisantes, aux courbes futuristes telle qu’il n’en avait jamais vues. Les devantures lumineuses des magasins lui donnaient envie de rentrer dans chacun d’entre eux. Son esprit mêlé à celui des autres se retrouva tantôt à conduire, à courir vers un arrêt de bus, à se demander quoi cuisiner ce soir, à tenter de se rappeler désespérément d’une tâche à accomplir et il resta ballotté dans ce bouillonnement comme s’il avait mis la tête dans une cascade assourdissante. Heureusement la vois de Fanella était assez proche pour le ramener les pieds sur Terre. Au sens figuré.

- Moi non plus, je ne supporte pas Tanner, mais il est bon dans ce qu’il fait, je pense qu’il vous détestera de tout son être jusqu’à la fin. A mon avis il a participé à cette étude surtout pour essayer de prouver que l’au-delà n’existe pas. Jonathan avait juste besoin de vous… rencontrer je crois… Je pense que la plupart le respectent et suivront son exemple.  Cependant, je ne leur dirais rien de votre passé militaire car il y a là de quoi en inquiéter plus un. Sans parler de votre capacité à entendre les pensées.

Il se sentait à la fois un peu triste et courroucé à l’idée que quelqu’un qui ne le connaisse pas du tout puisse rester sur son jugement premier et le détester. Néanmoins, il pouvait le comprendre. A son époque, on détestait bien les nazis ou les juifs peu importe leur histoire de vie. De manière générale il avait toujours eu beaucoup de mal avec ces jugements de valeur, lui qui ne parvenait jamais réellement à détester quelqu’un. Tanner risquait de faire partie du groupe très privé et sélectif des personnes qu’il ne pouvait pas apprécier. Le fantôme se dit qu’il allait tout de même essayer de s’excuser et d’engager une conversation avec le scientifique lorsque l’occasion se présenterait, mais si ce n’était que la peur ou l’orgueil qui animait sa haine, il ne pourrait rien faire pour changer cela et jetterait sans doute l’éponge.

- C’est vraiment dommage. J’essayerai d’aller lui parler, parfois j’arrive à quelque chose de bien mais s’il ne veut finalement rien savoir de moi, je resterai avec des gens dont la compagnie m’est plus agréable, déclara-t-il en lui confiant un de ses sourires fantomatiques.

Concernant son passé, il en avait vendu une petite partie à Jonathan mais rien de bien inquiétant ou capable de menacer la sécurité de qui que ce soit. Il allait faire de son mieux pour rester discret concernant le reste de ses capacités, qu’il utilisait plus ou moins sans le vouloir. Puisque c’était sa normalité, il ne se rendait parfois pas compte que les pensées sur lesquelles il rebondissait oralement n’avaient pas été prononcées à voix haute. Fanella s’arrêta un instant pour partager une réflexion et il fit de même.

- D’ailleurs ce n’est pas que les pensées je me trompe ? Plus je repense à notre soirée d’hier et plus j’ai la certitude qu’il s’agit plus de voir les choses du point de vue de l’autre, sentir ses émotions. Oh.. je pense que ça… ça va nous poser des problèmes, lâcha-t-elle soudain après qu’on l’ait étrangement dévisagée.

En effet, vu de l’extérieur, elle semblait parler toute seule ce qui pouvait intriguer les passants. Eugène lâcha un petit rire, écho amusé à celui de Fanella qui sortait timidement. Elle était décidément bien perspicace et semblait avoir percé à jour une bonne partie de ses pouvoirs. Eugène voulait faire preuve d’honnêteté, elle avait accepté qu’il lise dans les pensées, peut être qu’elle pouvait accepter le reste ?

- Poser problème alors que vous vous baladez avec un fantôme qui peut lire dans les pensées ? Vous n’êtes pas obligée de parler pour que je vous entende et que je vous réponde. Ou que je ressente les émotions oui, c'est presque la partie la plus difficile à contrôler…

Certaines étaient même plus fortes que les pensées et il se perdait parfois dans leur furieuse incohérence. Différencier ses émotions de celles des autres était un travail de longue haleine. Longtemps il s’était dit qu’il n’était qu’une coquille vide faite pour héberger les émotions des autres. Que sans eux, il ne serait rien, incapable de penser, de ressentir, de réfléchir. Qu’il n’avait aucune identité, un tableau blanc que d’autres avaient façonné, éclaboussé par leur volonté et non la sienne. L’expérience et la guerre avaient fini par l’aider à forger ce qui semblait être sa propre personnalité mais quelques fois, le doute le rongeait toujours. Pour cesser de ressasser ces sombres pensées, il s’employa à réfléchir à une façon d’expliquer toutes les nuances de sa sensibilité si particulière.

- Voyez l'esprit comme un livre. Habituellement je ne lis que la page qui s'impose à mon regard mais avec un peu de réflexion je peux retourner jusqu'au début de l'histoire. Je pourrais tout aussi bien en déchirer certaines pages, mélanger les mots et les chapitres pour en annuler toute cohérence ou en réécrire totalement certaines parties.

Durant des années, c’était ce qu’il avait fait. Eugène avait toujours préféré la persuasion lorsque cela était possible mais on lui avait ordonné à plusieurs reprises d’altérer les pensées, d’effacer les souvenirs ou de faire cracher la vérité à des prisonniers ou à des espions au moyen d’une torture mentale aussi atroce pour eux que pour lui. Instinctivement, il serra ses bras autour de lui pour tenter de résister à la honte. Il n’avait pas eu le choix, c’était ce qu’il se répétait avec dépit.

- Quand j'étais en laboratoire, les scientifiques m'ont implanté tout un tas de puces dans le cerveau pour tenter d'augmenter la portée de l'emprise que je pouvais avoir sur quelqu'un. Ça n'a jamais vraiment marché. Du coup, vous pouvez comprendre pourquoi je pourrais intéresser certaines personnes sous cette forme qui fait fi des limites physiques imposées aux humains faits de chair et d’os.

Ce qui avait fonctionné en revanche c’était les douleurs presque perpétuelles qui en avaient découlé et les antalgiques qu’il s’autorisait à prendre de temps en temps pour les apaiser. Il avait parfois eu l’impression que son cerveau brûlait dans de l’acide. Sous forme d’esprit, il était au moins libéré de cette torture qui ne l’avait jamais lâché. Sans cela, il aurait sans doute dû retenir un haut le cœur face au déferlement de souvenirs abominables qui dansaient derrière ses yeux soudain voilés de tristesse.

Et puis soudainement un passant affairé sur son téléphone vint le traverser. Il eut l’impression que ses souvenirs venaient d’être happés comme une dent qu’on arrache et il retint tant bien que mal un petit cri. L’espace d’une seconde il était devenu Tanguy, 27 ans, se demandant comment il allait s’habiller pour son rencard coquin de ce soir et l’expérience lui avait plutôt déplu. Tandis que l’homme poursuivait sa route, accusant à tort le vent pour le coup de froid et l’obsolescence programmée pour la mort de sa batterie, Eugène s’ébroua.

- Oh ça j’ai pas aimé, déclara-t-il avec un sourire crispé.

Il se mit à léviter un peu au-dessus de la tête de Fanella, pour éviter que d’autres badauds ne lui foncent dessus. Il pouvait techniquement posséder les gens sous cette forme mais son esprit était si perméable qu’il craignait d’y perdre beaucoup dans la manœuvre.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeLun 27 Sep - 22:41
Evidemment Eugène partageait son sentiment désagréable vis à vis de Tanner. Elle-même n’avait accès qu’aux paroles du chercheur mais Eugène avait du avoir un aperçu de ses pensées. De ce qu’elle pouvait en déduire celles-ci avaient probablement aggraver les choses. Malgré tout, il se proposait d’aller lui parler. Elle doutait que cela ne change quoique ce fut. Quoiqu’Eugène fasse, Tanner le retournerait contre lui pour en faire la preuve qu’il ne fallait en aucun cas lui faire confiance.

Fanella avait d’ailleurs fait part à Eugène de sa dernière spéculation concernant ses capacités. Juste avant qu’un passant ne la dévisage. En effet, elle parlait seule, elle seule pouvait voir et entendre Eugène.

- Poser problème alors que vous vous baladez avec un fantôme qui peut lire dans les pensées ? Vous n’êtes pas obligée de parler pour que je vous entende et que je vous réponde. Ou que je ressente les émotions oui, c'est presque la partie la plus difficile à contrôler…

La jeune chercheuse résolut en effet de se taire, un brin amusée. Oui après tout, le dialogue était une habitude inutile dans de tels circonstances. Elle s’imagina plongée dans le bain émotionnel des autres autour et conclut que cela devait être difficile en effet de maîtriser une telle capacité. A mesure qu’il développait elle l’emmenait vers le coeur de la ville là où les immeubles de plus en plus haut reflétaient le soleil et les montagnes dans leur interminables façades vitrées. Bientôt ils débouchèrent sur une place toute de dalles blanches surplombés par les façades ultramodernes.

- Voyez l'esprit comme un livre, reprit-il. Habituellement je ne lis que la page qui s'impose à mon regard mais avec un peu de réflexion je peux retourner jusqu'au début de l'histoire. Je pourrais tout aussi bien en déchirer certaines pages, mélanger les mots et les chapitres pour en annuler toute cohérence ou en réécrire totalement certaines parties.

Fanella s’arrêta inexplicablement en pleine rue, sous le regard incrédule des passants. Elle manqua de prendre la parole mais s’interrompit juste avant de se souvenir que c’était parfaitement inutile. Un poids venait de tomber dans son estomac et elle savait qu’il le sentait alors elle ne fit aucun effort pour maîtriser ses pensées. Fanella était d’accord pour tolérer ce qui était différent d’elle et pour reconnaître que ses capacités ne disaient rien de la personne qu’il était. Mais lui savait tout d’elle. Tout. Y compris certaines choses que personne ne savait. Certes elle n’aurait rien confié de tout cela si elle avait eu le choix. Mais elle avait espéré qu’hier soir marquait la fin des secrets qu’il gardait. Elle essayait de se rassurer en se disant qu’après tout, il lui disait cela maintenant, sans qu’elle ne l’y ait forcé ou incité.

Aussi, elle devait bien admettre que l’idée qu’une telle chose soit possible la dérangeait. S’il pouvait manipuler les pensées, quelle réalité avaient-elles ? Que voulaient encore dire les concepts de soi, d’identité, de décision, ou même de souvenir ? L'idée qu'on puisse arracher des pages de son livre avait quelque chose de glaçant. Son livre, c'était elle en quelques sortes.

Elle se reprit. Elle ressentait cette peur devant ce qu’elle ne connaissait pas à présent elle aussi. Il fallait se garder de tirer des conclusion hâtives. Elle pensa juste très fort qu’elle voulait qu’il lui dise toute la vérité. Avait-il autre chose à cacher ? Combien de fois encore aurait-elle cette sensation que le sol s’ouvrait sous ses pieds ?

- Quand j'étais en laboratoire, les scientifiques m'ont implanté tout un tas de puces dans le cerveau pour tenter d'augmenter la portée de l'emprise que je pouvais avoir sur quelqu'un.

Fanella se remit à marcher et se sentit immédiatement coupable. Evidemment il lui cachait des choses. C’était inévitable au regard de comment il avait traité.

- Ça n'a jamais vraiment marché. Du coup, vous pouvez comprendre pourquoi je pourrais intéresser certaines personnes sous cette forme qui fait fi des limites physiques imposées aux humains faits de chair et d’os.

La chercheuse comprenait sans comprendre. Quelles que soient ses capacités, comment pouvait-on vouloir utiliser un être humain  ? Une créature pensante et sensible ? L’explication tenait sans doute dans la peur qu’elle avait ressenti la minute d’avant.

- Oh ça j’ai pas aimé, déclara-t-il avec léger sourire.

Encore une fois, il passait du drame au rire. Pourtant elle avait vu sur son visage passer une expression pas très loin de la douleur alors que le corps du passant avait traversé le sien. Il s’éleva au dessus d’elle et elle continua de le guider. Ils traversèrent la place. Au fond, une passerelle piétonne monumentale en arc de cercle pour rejoindre le léger relief en face tout en passant par dessus un court d’eau. Au détour du virage en pente douce, la vue se libérait et l’on découvrait le lac brillant et sa rive, en face, ou les grattes ciel luisaient comme des joyaux.

La jeune chercheuse s’installa sur la rambarde argenté et fit mine d’admirer le paysage. En réalité, elle espérait surtout une réponse à sa question. Restait-il des choses qu’elle ignorait à propos de la créature qui flottait au dessus d’elle. Pensait-il qu’elle ne pouvait pas l’accepter, comme il l’avait fait pour elle ?
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 28 Sep - 21:16
Eugène suivait Fanella à travers la ville comme tout bon fantôme savait si bien le faire. Elle l’emmenait il ne savait où et les pensées de tous les êtres vivants de cette immense fourmilière qu’était Salt Lake City ne l’aidait pas vraiment à rester concentré sur elle. Cela ne le dérangeait pas, au moins il se gardait la surprise des beaux paysages qu’il découvrait comme lorsqu’il était sorti pour la première fois du laboratoire. Il dut néanmoins y prêter un peu moins d’attention lorsque les remarques de la chercheuse sur ses capacités l’obligèrent à se focaliser un peu plus sur lui-même que sur ce qui l’entourait.

Eugène savait mentir, il avait bien fallu apprendre, non sans souffrance. Simplement pas avec les personnes qu’il appréciait et qui comptaient pour lui. Fanella avait prouvé qu’ils pouvaient se faire confiance mutuellement et il avait ressenti le besoin de se confier, d’ôter ce poids qui pesait sur ses épaules translucides. Il savait ce que c’était ; de la peur, tout simplement. Peur qu’elle le rejette parce qu’il aurait pu être dangereux. Qu’il avait été dangereux. Lui dévoiler l’étendue des tourments qu’il pouvait infliger était risqué mais il ne se voyait pas poursuivre son amitié avec elle sans être honnête. Et dans le tourbillon angoissé des pensées de la jeune femme, il en oublia les jolis paysages montagneux.

Elle s’était arrêté net sur une place qu’il aurait pu trouver magnifiquement intrigante, aurait apprécié de prendre le temps d’explorer et d’observer mais il n’avait d’yeux que pour elle et ses réactions, scrutant avec appréhension les traits de son visage, le fil de son esprit, les mains tordues d’angoisse à l’idée qu’elle se sauve en courant, le rejette, ou veuille finalement l’enfermer. Il comprenait son raisonnement bien sûr, cette espèce d’injustice à ce qu’il sache tout d’elle et l’idée qu’il puisse manipuler ses pensées ou ses sentiments. Le médium était certain de ne pas pouvoir le faire de manière inconsciente, cela lui demandait toujours une certaine implication. Il devait sacrifier un peu de lui dans le processus. Comme elle se posait une myriade de questions, il reprit la parole pour tenter de rattraper l’erreur qu’il semblait avoir commise.

- Je suis désolé si les omissions que j’ai pu faire vous ont causé du tort. Je me suis dit que le morceau était un peu gros à avaler et je n’ai plus vraiment l’habitude de discuter ou de faire confiance à de nouvelles personnes… La seule chose qu’il me reste à révéler concernant mes pouvoirs c’est la capacité de bouger des objets. Et avec cela, vous savez tout.

Avant elle, la quasi-totalité des relations qui avaient parsemé sa vie étaient bien au courant de ses pouvoirs. Seule Joy et ses amis lui avaient régulièrement demandé des éclaircissements pour savoir comment réagir ou se comporter en équipe et en combat sur le terrain. Sergei le seul autre russe de son ancienne unité était capable de pyrokinésie alors il s’était senti moins seul entouré de gens étranges. Bien sûr, ils l’avaient jugé au début, il avait du faire ses preuves. Peut-être avait-il confondu souvenirs et présent. Fanella n’était pas de la même époque, ne faisait pas le même métier. Le début de leur relation ne se construisait pas autour des mêmes liens. Il avait eu tort de la relier à ce qu’il connaissait pour se rassurer. Se faisant, il l’avait blessée.

- Sachez seulement que j’ai du respect pour vous et que même si personne ne peut avoir de secrets pour moi si je fouille un peu, je ne me le permettrais pas si n’est pas nécessaire ou autorisé, expliqua-t-il encore en espérant que cela suffirait à chasser l’inquiétude. Je n’ai vu que ce que votre esprit m’a montré et je n’irais pas plus loin. Tout cela vous appartient et je n’en parlerai à personne. Je ne vous jugerai pas pour ce que vous avez vécu, personne n’en a le droit.

Fanella avait repris sa marche vers une passerelle qui offrait un paysage magnifique. L’eau bruissant en contrebas, apaisante tant qu’il ne laissait pas les souvenirs des derniers moments de sa vie se mêler au présent. Il flotta de l’autre côté de la rembarde pour se remettre à sa hauteur, là où aucun humain ne pourrait le traverser par inadvertance. Le lac et les montagnes offraient une vue à couper le souffle. Il aurait aimé ne plus penser pour simplement profiter de cet instant hors du temps. Il s’autorisa quelques secondes pour se perdre dans le scintillement du lac avant de tourner vers elle son regard

- Si vous le souhaitez, parce que je comprends l’injustice de plus ou moins tout savoir de vous et que ce ne soit pas réciproque… je pourrais vous montrer toute ma vie, je n’ai rien à cacher. Mais dehors me semble être un endroit assez inapproprié.

Il aurait aussi pu lui faire ressentir ce que c’était de partager son esprit avec toutes les personnes aux alentours mais l’expérience pouvait très vite devenir étouffante et angoissante. Il n’était pas certain que ce soit une bonne idée surtout si elle avait du mal avec les relations sociales et le fait de sortir. C’était une intrusion parfois agressive dans les deux sens.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeSam 2 Oct - 18:26
Fanella  n’avait pas maîtrisé ses pensées lorsqu’elle avait comprit qu’Eugène avait encore des choses à cacher. L’idée qu’il puisse non seulement lire mais aussi modifier les esprits lui semblait profondément déstabilisante. Presque pire était la pensée qu’il lui avait caché cela. Elle ne voyait plus la place devant ses yeux, et ses pieds la conduisaient sur le chemin qu’ elle connaissait. Dans sa tête les pensées se bousculaient et elle imaginait combien fragile était l’esprit humain s’il était possible de le manipuler de la sorte. Mais comme toujours Eugène expliquait aussi les raisons qui le poussaient à dissimuler des éléments.

- Je suis désolé si les omissions que j’ai pu faire vous ont causé du tort. Je me suis dit que le morceau était un peu gros à avaler et je n’ai plus vraiment l’habitude de discuter ou de faire confiance à de nouvelles personnes… La seule chose qu’il me reste à révéler concernant mes pouvoirs c’est la capacité de bouger des objets. Et avec cela, vous savez tout.

Elle devait bien admettre qu’une partie d’elle s’était sentie trahie d’une certaine façon oui et ce sentiment ne faisait que croître avec ce qu’il venait de lui dire. La veille, ils lui avaient si étrangement proches. A présent, Eugène apparaissait comme un étranger à nouveau et pour elle, qui peinait à nouer des relations, cela était d’autant plus douloureux. Et ce dernier élément lâché comme si ça n’était rien. Qu’est ce que cela voulait dire « capacité de bouger des objets » parlait-on d’une fourchette ou d’une montagne ? Celui dont elle avait cru pouvoir se faire un ami lui apparaissait à présent comme une sorte de demi Dieu. Elle se maudit d’avoir pensé cela, car elle ne voulait pas lui faire du mal, ni qu’il se sente exclu ou monstrueux

- Sachez seulement que j’ai du respect pour vous et que même si personne ne peut avoir de secrets pour moi si je fouille un peu, je ne me le permettrais pas si n’est pas nécessaire ou autorisé, reprit-il.

Cela Fanella le savait déjà. Elle leva les yeux au ciel comme ses pieds la menaient sur la passerelle. Le problème n’était pas tant qu’il fouille ou non. Le problème était que son maudit cerveau pensait à pleine allure et qu’elle-même était bien incapable de filtrer ses pensées et ses émotions. Ce n’était pas qu’il sache tel ou tel chose sur elle. C’était plutôt qu’à cet instant précis il suivait le défilée de ses émotions, ses sensations. Il n’y avait rien de plus intime à ses yeux. Il pouvait même sentir comme son coeur s’accélérait comme elle gravissait le relief, car décidément, elle ne sortait pas assez.

- Je n’ai vu que ce que votre esprit m’a montré et je n’irais pas plus loin. Tout cela vous appartient et je n’en parlerai à personne. Je ne vous jugerai pas pour ce que vous avez vécu, personne n’en a le droit.

Oui, peut-être qu’il ne la jugerait pas mais il ne pouvait pas plus qu’elle s’empêcher de ressentir ce qu’elle lui inspirait, quoique ce fut à ce moment précis. La vue du lac s’ouvrit devant elle alors elle s’arrêta parce qu’il devait difficile de marcher et penser à autant de choses à la fois. Il apparut devant elle, de front. Elle l’observa et réalisa que malgré tout elle reconnaissait l’homme, où plutôt le fantôme qu’elle avait rencontré la veille. Alors elle se força à se calmer pour l’écouter un peu mieux parmi le tourbillon dans lequel elle se sentait prise. Sans qu’elle le veuille pourtant des images de son apparition dans la salle de réunion lui venait et elles lui apparaissaient sous un jour plus inquiétant.

- Si vous le souhaitez, parce que je comprends l’injustice de plus ou moins tout savoir de vous et que ce ne soit pas réciproque… je pourrais vous montrer toute ma vie, je n’ai rien à cacher. Mais dehors me semble être un endroit assez inapproprié.

Cette proposition eut pour effet de la dérouter un peu plus. Qu’est ce que cela voulait dire si une telle chose était possible ?  « Je pourrais vous montrer toute ma vie », rien que cette phrase soulevait des tonnes de questions. Est-ce que cela voulait dire qu’il lui montrerait sa vie telle qu’il s’en souvenait ou celle qu’il avait vraiment vécu ? Combien de temps une telle chose pouvait prendre ? Se contenterait-il des images ou aurait-elle accès à ses sensations comme il avait accès aux siennes à ce moment précis ? Finalement, elle décida que cela serait injuste d’exiger cela de lui. Elle n’avait pas eu cette tendance à vouloir se venger. Peut-être qu’elle avait juste besoin de temps pour digérer tout cela.

Vitesse grand V son esprit imaginait tous les tests qu’elle pourrait faire. Etudier une créature telle que lui, cela pourrait prendre des années si tant est qu’il veuille bien se soumettre à sa curiosité aussi longtemps. S’il pouvait déplacer des objets, quelqu’ils soient alors il y avait là de quoi vérifier ou infirmer sa théorie performative ce qui serait une sacrée avancée pour ses recherches. Elle se remit à marcher pour canaliser son esprit qui se mettaient à fourmiller dans milles hypothèses scientifiques chassant ainsi les émotions désagréables qui l’animaient jusque là.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 5 Oct - 18:28
Eugène avait tenté de rassurer Fanella et de se rattraper mais rien ne semblait changer quoi que ce soit à la situation. Elle se sentait trahie et blessée par ce qu'il lui avait caché. Il lui semblait que plus il voulait se justifier et plus il allait s'enfoncer. Là où un rapprochement empli de curiosité innocente se profilait auparavant, il ne voyait que la barrière dressée de ce qu'il était, de la malédiction qui collait à sa peau. Quand bien même la jeune femme regrettait certaines de ses pensées, ces dernières avaient touché l'esprit aussi violemment qu'une balle. Bien sûr elle ne voulait pas qu'il se sente monstrueux, que ses pensées qui filaient à toute vitesse le mettent face à sa différence. Elle ne pouvait empêcher cela d'arriver et lui ne pouvait s'empêcher de le penser très bien tout seul. Au fur et à mesure de sa vie il avait déployé beaucoup d’énergie et d’effort pour finir par s’accepter, s’accorder le droit d’exister. Parfois il retombait lui aussi dans ses anciens travers. Avant d’être un fantôme, il n’avait été qu’un humain avec ses faiblesses et ses doutes. Il avait beau posséder une certaine omniscience elle était teintée de souffrance, pour lui comme pour les autres. Sa gorge inexistante sembla lui faire mal lorsqu’il ravala ses larmes, comme si elles étaient réelles et palpables. Avec une teinte de désespoir, il lui avait proposé de partager avec elle toute sa vie pour qu’ainsi il n’ait plus aucun secret pour elle mais bien évidemment, elle ne l’interpréta pas exactement comme il l’avait supposé. Eugène lui aussi pouvait céder à cette espèce de panique qui l’induisait en erreur. Il posa alors sa main sur la sienne, espérant que le contact glacé brise un peu ce tourbillon d’émotions.

- Tout dépend, j'aurais pu vous faire vivre les choses à ma place ou avec un regard extérieur, comme dans un rêve, tenta-t-il de clarifier pour la rassurer. Je suppose que cela aurait été principalement les souvenirs les plus marquants de ma vie, imprégnés de beaucoup d'émotions...

Les émotions ne mentaient pas. Avec ses aveux, il aurait été facile pour Fanella de le croire capable de manipulation en lui montrant de faux souvenirs. Après tout, elle était en train de croire qu’il donnait le bâton pour se faire battre, l’opportunité pour elle d’exercer une sorte de vengeance et elle en allait jusqu’à remettre en doute leur rencontre et tout ce qui en avait été découlé. Sa main sur la sienne était là aussi pour lui rappeler son étreinte d’hier soir. Il ne comptait pas laisser ses paroles mourir noyées dans le doute et le ressentiment. Elles étaient toujours vraies.

- Pourquoi pensez-vous a une vengeance ? Je vous le propose car je vois les dégâts qu'on fait mes secrets et mes propres peurs... C’est parce que je vous considère déjà comme mon amie que je me suis autorisé à tout vous dévoiler. Pardonnez mon égoïsme s’il vous plait, je ne voulais pas gâcher cette confiance. Je suis vraiment désolé...

Une partie de lui, celle qui souffrait et qui regrettait, se disait qu’il n’aurait jamais dû lui révéler l’étendue de ses pouvoirs. Le reste de sa conscience plus raisonnable rétorquait qu’elle l’aurait découvert d’une manière ou d’une autre, empirant la situation, et qu’il n’aurait jamais eu la conscience tranquille. Finalement il retira sa main de la sienne car il se sentait étouffer par la peine et les sentiments de la jeune femme et il recula un peu, continuant de flotter au-delà de la passerelle.

- Concernant la télékinésie tout dépend de la taille et du poids de l'objet, vous vous doutez que cela demande beaucoup d'énergie et que je ne compte pas en abuser sous cette forme.

Eugène s’était senti le besoin de clarifier ce point au cas où elle décide de mener des expériences comme ses pensées retournaient à des questions plus techniques, sans doute pour se rassurer, tenir à distance toutes ces émotions. Il aurait aimé être capable de faire pareil à certains moments. Un instant elle le qualifia de créature et il se glaça. Dans le courant de ses pensées, cela lui avait peut-être échappé. Et l’inconscient était parfois révélateur. La peur revint au galop et il se demanda si elle allait changer d’avis, se rallier à Tanner et l’enfermer pour faire des expériences. Il se refusait à le croire mais il savait que la peur tentait déjà de se frayer un chemin dans son esprit.

- Si je vous incommode je peux retourner au laboratoire, proposa-t-il en baissant les yeux.

Après tout, une part de ses pensées semblait dire qu’elle avait besoin de temps pour digérer tout ça et la présence d’un être inquisiteur capable de fouiller la moindre de ses pensées ne devait pas aider. Cela, il pouvait le comprendre. Retourner au laboratoire était peut-être un piège duquel il ne pourrait plus s’enfuir si elle décidait qu’il était bel et bien une créature monstrueuse. Si elle souhaitait l’enfermer et qu’il n’avait pas possibilité de disparaître, il se résignerait tant que cela restait pour le bien commun et ne nuisait à personne. Il n’aurait jamais cru que dire la vérité l’emporterait aussi loin.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Fanella Ozark
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 5 Oct - 22:36
Fanella distinguait difficilement la silhouette d ‘Eugène face à elle car la lumière qui se réverbérait sur le lac passait à travers lui. Mais elle voyait suffisamment son visage et son expression pour savoir à quel point il était blessé par toutes les pensées qui l’avaient traversée. Il lui avait proposé un accès sur son intimité. Mais elle avait refusé. Ce n’était pas comme cela que les choses pourraient s’arranger. Elle ne voulait pas lui donner le sentiment de vouloir se venger.  Aussi, il était déjà difficile de s’imaginer ce que cela pouvait être comme expérience de partager une vie, ou une tranche de vie avec quelqu’un d’autre. Il posa sa main sur le sienne et le contact glacé la fit frissonner. Son instinct premier fut de vouloir la retirer mais elle la lui laissa, parce qu’elle ne voulait pas le blesser davantage. Juste après, elle réalisa que de toute façon l’illusion serait veine.

- Tout dépend, j'aurais pu vous faire vivre les choses à ma place ou avec un regard extérieur, comme dans un rêve, tenta-t-il de clarifier pour la rassurer. Je suppose que cela aurait été principalement les souvenirs les plus marquants de ma vie, imprégnés de beaucoup d'émotions...

Elle ne savait toujours que penser de cette proposition, mais elle sentait qu’il voulait en retour partager quelque chose avec elle, comme si cela pouvait l’empêcher d’être particulièrement déroutée par ce qu’elle venait d’apprendre. Elle se sentait déjà terriblement dépassée, bouleverser dans ses croyances comme rarement elle l’avait été depuis qu’elle étudiait l’autre monde, ou même depuis le début de sa vie. Se faire lire dans les pensées, il lui fallait déjà s’y faire. Elle n’était pas prête pour une autre expérience déroutante loin de là.

- Pourquoi pensez-vous a une vengeance ? Je vous le propose car je vois les dégâts qu'on fait mes secrets et mes propres peurs... C’est parce que je vous considère déjà comme mon amie que je me suis autorisé à tout vous dévoiler. Pardonnez mon égoïsme s’il vous plait, je ne voulais pas gâcher cette confiance. Je suis vraiment désolé...

Il lui demandait de lui pardonner mais ça n’était pas la colère qui dominait, bien qu’elle eut préféré qu’il lui dise d’emblée toute la vérité, hier soir, avant qu’elle ne le présente à l’équipe, avant qu’elle ne décide quoi faire. Elle avait honte de l’admettre mais c’était la peur qui prenait le dessus. Elle avait beau savoir qu’elle devait reprendre le dessus, elle se sentait comme si on venait de la pousser dans le vide, sans filet de sécurité. Alors comme quand elle se sentait dépassée, sans qu’elle veuille, son esprit se mettait à tourner à plein régime sur les implications scientifiques de ce qu’elle venait d’entendre. Il pouvait bouger les objets et il y avait des centaines de tests à réaliser autour de ce seul sujet. Il retira sa main de la sienne et elle remua les doigts, parce que le contact les avait engourdis.

- Concernant la télékinésie tout dépend de la taille et du poids de l'objet, vous vous doutez que cela demande beaucoup d'énergie et que je ne compte pas en abuser sous cette forme.


Non, en réalité, elle n’avait aucun moyen de se douter que cela lui demandait beaucoup d’énergie. Pourquoi ne comprenait-il pas ? Elle ne pouvait rien deviner. Elle avançait en terrain inconnu dans le noir total et…


- Si je vous incommode je peux retourner au laboratoire, lâcha-t-il alors que son visage s’assombrissait encore un peu plus.

Cette phrase lui fit l’effet d’un électrochoc. Allez, il fallait trouver une manière de ce sortir de ce cercle vicieux dans lequel ils étaient en train de rentrer inexorablement. Elle avait peur, elle était en colère, il devenait de plus en plus triste. Elle savait très bien dans quels genre d’abysses tout cela pouvait les conduire. Elle refusait d’être cette personne qui rejette ce qui est différent, ou qui accuse l’autre d’avoir trop peur.  Soudain heureusement, son esprit dégagea une issue.

- Nous avons fait une erreur, déclara-t-elle soudain la voix tremblante d’émotion sans aucune considération pour les passants qui se tournèrent vers elle.

- En fait, je ne dois pas arrêter de parler. Il y a une énorme différence entre ce que je pense sans pouvoir le contrôler  et ce que je choisi, délibérément, de dire.


Ses mains se mirent à s’agiter alors qu’elle parlait, trahissant une certaine anxiété.

- Vous connaissez le principe du larsen ? Les ondes du micro sont diffusées par l’amplificateur puis recaptés par le micro qui les diffuse à nouveau et tout cela s’ajoutant au bruit ambiant, tout cela peut faire s’écrouler un bâtiment au murs solides… C’est ce que nous sommes en train de faire. Je suis un micro, vous êtes un amplificateur et nous sommes entrés en larsen. Un larsen émotionnel et psychologique.

Elle inspira profondément, un peu plus calme, convaincue par sa propre explication.

- Oui je suis un peu en colère parce que vous ne m’avez pas du tout dit, mais au regard de ce que je sais de vous, je peux le comprendre. Et oui… j’ai… je n’aime pas me l’avouer mais j’ai un peu peur parce que… parce que tout cela dépasse de très très loin de tout ce que j’ai pu hypothétiser depuis le début de mes recherches et que j’ai l’impression que des concepts fondamentaux à ma compréhension du monde perdent leur sens. Mais vous n’avez rien fait qui me laisse penser que vous pourriez avoir de mauvaises intentions, au contraire.

Elle essaya de le regarder droit dans les yeux.

- Alors ce que je choisi de dire c’est… j’ai besoin de temps… j’ai besoin de temps pour absorber tout ce que je viens d’apprendre. Et j’ai besoin de prendre ce temps sans que vous puissiez lire en moi sans quoi le larsen va nous emporter tous les deux. Alors je vais rentrer chez moi, prendre une douche, essayer de me reposer un peu si j’y arrive et oui, après ça, je vous retrouve au laboratoire disons dans 3h. D’ici là, faites ce que bon vous semble, mais restez loin du générateur. Déjà parce que j’ai peur que vous l’abîmiez, aussi parce que Tanner pourrait essayer de s’en servir pour vous piéger.

Oui, plus elle y pensait, plus elle pensait que si le générateur avait pu attirer Eugène vers ce monde, il pouvait l’y retenir et l’empêcher de s’éloigner comme bon lui semblait. Une boule se forma dans son estomac. Eugène avait-il pensé qu’elle pourrait elle aussi choisir de l’enfermer ? Ah  ! Qu’il était si difficile d’essayer d’être conscient de tout ce qu’on pense, juste pour pouvoir suivre le fil de la conversation.
Fanella Ozark
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021

Eugène (The Sorrow)Lost Ghost
# Re: Appel vers l'autre mondeMar 5 Oct - 23:28
Eugène songeait de plus en plus à disparaître au fil de la discussion. Il tentait de suivre les pensées chaotiques de Fanella mais plus elle s’enfonçait dans la peur, plus il culpabilisait et s’enfonçait avec elle, faisant enfler en lui le moindre geste et la moindre idée. Voila que la créature monstrueuse qu’il était la terrifiait à présent et il ne pouvait que lui donner raison. Si la situation avait été inversée, il aurait été terrifié aussi à l’idée de ne pouvoir contrôler l’emprise qu’un autre pouvait avoir sur lui. Contre toute attente, prenant les passants au dépourvu tout autant que lui, elle choisit de se remettre à parler à voix haute.

- Nous avons fait une erreur. En fait, je ne dois pas arrêter de parler. Il y a une énorme différence entre ce que je pense sans pouvoir le contrôler et ce que je choisi, délibérément, de dire.

Eugène n’y voyait pas grande différence. Elle pensait des choses qu’elle ne s’autorisait pas à dire et devait réfléchir pour formuler des phrases. Dans les deux cas, sa présence l’influençait. C’était ce qu’il craignait au début et ce qui l’avait rassuré, qu’elle puisse parler à cœur ouvert sans se douter de rien. Bien évidemment ça n’avait pas été très honnête et il avait choisi d’être clair avec elle presque dès le début, distillant petit à petit ses informations. Comme un bon espion ou un parfait manipulateur l’aurait fait. Ce qu’il était. C’était peut-être son enfer personnel, de rester coincé dans l’entre deux. Peut-être qu’il le méritait.

- Vous connaissez le principe du larsen ? Les ondes du micro sont diffusées par l’amplificateur puis recaptés par le micro qui les diffuse à nouveau et tout cela s’ajoutant au bruit ambiant, tout cela peut faire s’écrouler un bâtiment au murs solides… C’est ce que nous sommes en train de faire. Je suis un micro, vous êtes un amplificateur et nous sommes entrés en larsen. Un larsen émotionnel et psychologique.

Eugène hocha la tête, chassant les pensées sombres de son esprit par le prétexte de devoir se concentrer sur les explications scientifiques de la chercheuse. Le Larsen, il connaissait à peu près et la métaphore était bienvenue. Il laissa échapper un petit rire mais il n’était malheureusement teinté d’aucune joie.

- Je connais oui… Et l’amplificateur possède une radio longue portée en plus de ça, ce qui est vraiment embêtant pour tout le monde. Je suis très doué pour amplifier les choses. Désolé... pour ça aussi.

Il se rappelait les paroles de certains de ses coéquipiers qui, au début, trouvaient qu'il en faisait toujours trop. Empirait les choses avec son caractère d'éponge. Même si on lui avait coupé la tête, ou l’antenne, il aurait continué à capter. Grand Dieu, même mort, il captait tout et il n’y avait aucun bouton pour l’éteindre. On ne pouvait même pas retirer ses piles. Pas étonnant que la Russie en ait fait son plus beau joujou. Au moins, même si Fanella attirait l’attention de ceux qui passaient trop près d’elle, reprendre la parole avait semblé pouvoir la calmer un peu et lui aussi, par la même occasion. Davantage de pensées cohérentes, moins d'émotions palpitantes.

- Oui je suis un peu en colère parce que vous ne m’avez pas du tout dit, mais au regard de ce que je sais de vous, je peux le comprendre. Et oui… j’ai… je n’aime pas me l’avouer mais j’ai un peu peur parce que… parce que tout cela dépasse de très très loin de tout ce que j’ai pu hypothétiser depuis le début de mes recherches et que j’ai l’impression que des concepts fondamentaux à ma compréhension du monde perdent leur sens. Mais vous n’avez rien fait qui me laisse penser que vous pourriez avoir de mauvaises intentions, au contraire.

Eugène se fit violence pour tenter de se convaincre qu’elle n’avait pas peur de lui mais plutôt de toutes les portes qu’il avait ouvertes d’un seul coup. L’inconnu était effrayant, surtout avec de solides idées et conceptions sur le monde et son fonctionnement aussi sauvagement fracassées. Il ne savait pas comment il aurait pu faire mieux, mais en tout cas, il ne pouvait plus vraiment faire pire. Sauf s’il lui avait menti ou caché la vérité, mais ça n’avait jamais été une option. Il saurait se rassurer avec les mots de Fanella en temps voulu mais lui aussi avait de sales pensées et des émotions étouffantes à faire décanter. Elle voulut le regarder dans les yeux et il eut du mal à lever les siens mais il fit un effort parce que tout ne semblait pas perdu malgré tout.

- Alors ce que je choisi de dire c’est… j’ai besoin de temps… j’ai besoin de temps pour absorber tout ce que je viens d’apprendre. Et j’ai besoin de prendre ce temps sans que vous puissiez lire en moi sans quoi le larsen va nous emporter tous les deux. Alors je vais rentrer chez moi, prendre une douche, essayer de me reposer un peu si j’y arrive et oui, après ça, je vous retrouve au laboratoire disons dans 3h. D’ici là, faites ce que bon vous semble, mais restez loin du générateur. Déjà parce que j’ai peur que vous l’abîmiez, aussi parce que Tanner pourrait essayer de s’en servir pour vous piéger.

Eugène hocha la tête, serrant les bras contre son corps. Elle ne l’avait pas justifié ainsi mais son propre esprit s’était muré dans cette idée qu’il la dérangeait à présent et que c’était pour cette raison qu’elle prenait de la distance. Qu’il allait continuer de la déranger parce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de lire dans sa tête et que c’était intrusif et désagréable pour tout le monde. Il allait sans doute lui falloir bien plus que trois heures pour réellement s’en remettre. Même mort, il arrivait à repousser les gens, c’était tout de même incroyable.

- J’ai bien compris que vous aviez besoin de temps, c’est pour cela que je proposais de vous le laisser et de retourner au laboratoire… Pas trop près du générateur, c'est sans doute mieux, oui.

Mais s’il ne devait pas aller dans la pièce du générateur, où allait-il aller ? Partout ailleurs il risquait d’embêter quelqu’un d’autre. Dans le pire des cas, la moindre salle vide ou placard à balai ferait l’affaire. Un instant, il songea même à s’en retourner sur la plage noire pour réapparaître volontairement à Washington et visiter la tombe de sa femme, mais en plus d’être une entreprise risquée, cela allait drainer l’énergie qu’il lui restait et qui s’écoulait lentement depuis l’extinction du fameux générateur. Et elle ne serait pas là pour lui répondre et le réconforter. Mieux valait être prudent et ne pas tenter d'actions inconsidérées tant qu'il n'était pas capable de faire preuve de sang froid.

- Je vous dit à tout à l'heure alors... dit-il d'un ton presque moyennement convaincu, comme s'il n'était au final pas sûr de la revoir car tout dépendait d'elle.

Il laissa l’air ambiant déliter son apparence translucide et s’en retourna vers le laboratoire tout penaud. Eugène devait vraiment avoir l’air d’un fantôme bloqué parmi les vivants et s’apitoyant sur son sort maintenant. Dans d’autres circonstances il aurait même pu aller discuter avec Tanner, quand bien même Fanella semblait elle aussi penser qu’il pouvait le piéger, mais il n’en avait plus le cœur ou la force après tout ce qu’il venait de se passer. Il se cacha dans la première pièce qu’il trouva et qui lui sembla dénuée d’une quelconque importance stratégique et se laissa peu à peu flotter au plafond comme un ballon gonflé d’hélium qu’on aurait oublié, roulé en boule. Il entoura sa tête de ses mains, comme pour former un bouclier bien inutile contre toutes les pensées des scientifiques qui s’affairaient dans le bâtiment. Elles s’infiltraient, comme toujours, lointaines, distantes, confuses. Ses sanglots les firent taire quelque peu puisqu’il suffisait d’un bruit assez fort pour en occulter un autre. Ce n’était pas vraiment efficace sur les pensées mais c’était mieux que rien. Et au moins, cela lui faisait du bien, ses idées et émotions se clairsemaient déjà au fur et à mesure qu’il lâchait du lest.
Eugène (The Sorrow)
en bref
Messages : 137
Date d'inscription : 31/07/2021
Age : 29
Localisation : Entre la vie et la mort

Contenu sponsorisé
# Re: Appel vers l'autre monde
en bref

Aller à la page : Précédent  1, 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum